Mikhaïl Gorbatchev est décédé mardi en Russie à l’âge de 91 ans. Auteur du “Nouveau défi léniniste”, Georges Gastaud revient sur la mort du dernier dirigeant soviétique. En Occident, beaucoup saluent l’humanisme et le courage de celui qui avait tenté de démocratiser l’URSS et qui avait mis fin à la guerre froide. Ce qui lui avait d’ailleurs valu un Prix Nobel de la paix en 1990. Mais pour Georges Gastaud, on ne peut faire l’économie d’un bilan des grandes réformes entreprises par Gorbatchev. Trente ans plus tard, force est de constater que le capitalisme a gagné sur toute la ligne et que la guerre froide est devenue chaude. “Plus que jamais, il lutter pour le socialisme et la paix mondiale sous la bannière prolétarienne du marxisme-léninisme !”, appelle Gastaud. (IGA)
La mort d’un être humain, quel qu’il soit, nous renvoie tous au tragique de notre condition, et de cet aspect, la disparition de M.S. Gorbatchev nous rappelle à cette triste vérité.
Toutefois, en tant que militants du communisme, de la paix, de la solidarité anti-impérialiste, de la souveraineté des peuples et du progrès social, nous laisserons la bourgeoisie grande, moyenne et petite, la social-démocratie contre-révolutionnaire, les pseudo syndicalistes asservis à l’UE, la « gauche » soumise à l’OTAN et tous les faux révolutionnaires du monde entier feindre de pleurer ce piètre personnage: l’histoire dira ce qui mérite de l’emporter, dans le sinistre héritage politique de Gorbatchev, de sa félonie décomplexée ou de sa veulerie sans limite, si ce n’est… des deux à la fois.
Nous ne sommes certes pas de ceux qui considèrent que tout allait bien en URSS et dans le camp socialiste avant que la clique liquidatrice des « Gorby », Chevarnadzé et autre Yakovlev ne se fût emparée des commandes à Moscou. Des phénomènes négatifs se développaient hélas depuis longtemps en URSS et sur bien des points, la mise en application des principes du socialisme et du léninisme qui avaient permis à l’URSS de vaincre Hitler et de devenir la seconde puissance industrielle et scientifique du monde, laissait plus qu’à désirer. Il n’en reste pas moins que, tant que le drapeau rouge frappé des emblèmes ouvrier et paysan flottait sur le Kremlin, les Soviétiques vivaient sans crainte du chômage, de la misère et des lendemains, le capitalisme-impérialisme mondial était tenu en respect, les peuples en lutte, du Vietnam à l’Angola recevaient un soutien fraternel, le rapport des forces entre Capital et Travail, entre fascisme et antifascisme permettait aux travailleurs occidentaux de jouir d’acquis importants, les droits des femmes progressaient peu à peu dans le monde, la France n’était pas encore totalement devenue la carpette de Berlin et Washington. Quant à l’espérance d’un monde neuf débarrassé de l’exploitation, elle inspirait l’action de millions d’hommes et de femmes de par le monde.
Or, sous prétexte de « privilégier les valeurs universelles de l’humanité sur les intérêts de classe du prolétariat » (telle était la prétendue « nouvelle pensée politique » de Gorbatchov, cette forme achevée du révisionnisme moderne), Gorbatchev et sa clique ont capitulé en rase campagne sur tous les terrains, non seulement militaire, mais politique et idéologique, devant le chantage anticommuniste et exterministe à l’extermination de l’humanité des Reagan, Thatcher et Kohl, lâchement suivis sur ce chemin de mort par le social-impérialiste Mitterrand, . C’est ce chantage sans précédent qu’exprimait le slogan hideux de la réaction internationale « plutôt morts que rouges! », un chantage que Nixon résumait cyniquement ainsi: « les dirigeants russes doivent savoir qu’ils auront la guerre s’ils ne changent pas leur système communiste ». Et c’est bien en 1984 que culmina, à l’initiative des dirigeants euro-atlantistes, la crise des euromissiles: elle consistait à mettre Moscou à 5 mn de tir des Pershing II disposés par Washington en Allemagne, en Hollande et en Italie. Youri Andropov et Constantin Tchernenko, les ultimes dirigeants communistes de l’URSS et du PCUS, ripostaient encore fermement à ce chantage consistant à prendre l’humanité en otage nucléaire pour tenter de détruire le socialisme existant et pour consolider l’hégémonie américaine qu’avait ébranlée la victoire historique du Vietnam moins de dix ans plus tôt…
Exploitant ce climat mondial explosif pour écarter ses rivaux et accéder aux responsabilités suprêmes à Moscou, le clan gorbatchévien – qui a depuis lors fait parade de sa détermination ancienne et inavouable à détruire le système socialiste ! – a cédé sur toute la ligne aux exigences américaines d’alors en prétendant échanger les rapports de production socialistes hérités d’Octobre 17 contre la « convergence » Est-Ouest. Or ce troc de type néo-munichois ne pouvait être qu’une énorme duperie tant le capitalisme est synonyme de guerre, tant l’impérialisme contemporain est plus fascisant et tant, en un mot, la cause du socialisme-communisme est inséparable de celle de la paix et de l’émancipation humaine. On vit alors Gorbatchev et Bush Senior se réunir sur un navire de guerre au large de Malte pour concocter ensemble, loin des yeux des Soviétiques et des peuples du monde, le pacte contre-révolutionnaire abject qui, en échange de l’on ne sait quels arrangements entre les faucons US et les chefs de la future Russie débolchévisée, passait par la trahison des communistes est-allemands, par le démontage sans contrepartie du Traité de Varsovie, par l’abandon à l’UE des pays socialistes européens au mépris des sacrifices énormes consentis par l’Armée rouge, par un coup d’Etat co-organisé à Bucarest par la CIA et le KGB, par l’abandon ouvert du léninisme à l’ultime congrès d’un PCUS totalement divisé, démoralisé et désorienté. Comment ne pas évoquer les sinistres Accords de Munich (1938) où déjà, les dirigeants capitalistes français et anglais avaient prétendu « apaiser » Hitler en lui cédant sur tous les terrains et où ils s’étaient attiré la fulgurante apostrophe de Churchill: « vous aviez le choix entre guerre et déshonneur, vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre! »… Qui ne voit aujourd’hui, comme nous le disions déjà à l’époque, que la Russie « postcommuniste » léguée par Gorbatchev et par son frère ennemi Eltsine n’a pas troqué le socialisme contre la paix: au contraire le honteux marchandage contre-révolutionnaire consenti par Gorbatchev a seulement accru le danger de guerre impérialiste à l’encontre du peuple russe et de tous les peuples !
Non content de céder aux capitalistes sans la moindre contrepartie géopolitique sérieuse (en échange de la vente à la découpe de la RDA socialiste à la RFA capitaliste, Gorbatchev n’a même pas exigé de Bush que l’engagement verbal répété des Américains à ne pas étendre l’OTAN à l’Est de la RFA « unifiée » soit consigné dans un traité en bonne et due forme: on voit le résultat aujourd’hui!), Gorbatchev n’a cessé de désorienter les travailleurs de l’URSS et du monde entier. Ne présentait-il pas comme des « réactionnaires » ceux qui, dans le PCUS, voulaient sauver le socialisme, et comme le chef de file de la « gauche progressiste » l’ivrogne thatchérien Eltsine qui voulait dépecer l’URSS, séparer les Russes des autres peuples de l’URSS, rétablir pleinement le capitalisme, interdire le PCUS (au nom de l’antitotalitarisme et du « pluralisme », ce mafieux personnage a fait bombarder le parlement russe en 1993!), appliquer la « thérapie de choc » qui a fait mourir de faim des millions de Russes, établir une caste d’oligarques et transformer les pays de l’ex-camp socialiste en néo-colonies de l’impérialisme américain et de l’impérialisme allemand résurgent?
« Tu reconnaîtras l’arbre à ses fruits » est-il écrit, de manière fort matérialiste, dans les Evangiles. Et bien les fruits de l’hyper-trahison gorbatchévienne et de la contre-révolution de portée mondiale qu’a provoquée la prétendu perestroïka, on les voit aujourd’hui où le grand capital impose sa logique sur un très grand nombre de pays, où le culte du tout-profit se traduit par des dérèglements environnementaux terrifiants, où le peuple russe est plus menacé que jamais par l’OTAN, où l’UE se mue en Empire supranational piétinant les droits sociaux et poussant à la conflagration est-ouest, où les droits des femmes sont menacés des Etats-Unis aux Etats sous dictature intégriste (à commencer par cet Afghanistan que Gorbatchev abandonna aux talibans et à leurs sponsors de la CIA), où des peuples entiers (Palestine, Irak, Libye, Syrie, Soudan, Venezuela…) sont littéralement torturés ou assiégés, où l’UE criminalise les partis communistes est-européens tout en s’alliant au régime pronazi de Kiev. Et où la social-démocratie européenne, après avoir aidé l’impérialisme à abattre la révolution, se fait un peu partout le suppôt des contre-réformes et du surarmement otanien : bref, le bilan historique du gorbatchévisme c’est la « réaction sur toute la ligne », comme eût dit Lénine…
Par bonheur, trente ans après cette trahison sans égal (car même Judas Iscariote est supposé s’être pendu après avoir livré son Maître, alors que Gorbatchev, hyper-méprisé par 95% des Russes, est devenu une star occidentale !), le capitalisme-impérialisme-hégémonisme est bien moins triomphant qu’en 1991. Face à lui se dressent les BRICS, ces grands Etats aux orientations diverses qui ne supportent plus l’hégémonie de l’Oncle Sam, de sa monnaie de singe mondiale et de son Armada dévastatrice. D’immenses grèves secouent à nouveau le monde, de l’Inde, où des forêts de drapeaux rouges envahissent périodiquement Dehli, à la Grande-Bretagne où le prolétariat, après avoir imposé le Brexit, part offensivement au combat contre les capitalistes anglais. Bref, les profiteurs de la re-mondialisation du capitalisme qu’a permise la contre-révolution russe ont mangé leur pain blanc: l’heure de vastes affrontements de classes pour l’émancipation des peuples, la défense de l’environnement contre le capital, un socialisme-communisme de nouvelle génération tirant leçon, avec esprit critique mais sans reniement, de la première expérience socialiste de l’histoire, sonne de nouveau.
Déjà en 1989, s’opposant indirectement à Gorbatchev et à sa « nouvelle pensée » délétère, Fidel Castro déclarait aux Cubains qu’ « il y a la paix des riches et la paix des pauvres, la démocratie des riches et la démocratie des pauvres »: en clair, il ne faut pas opposer, comme le capitulard Gorbatchev, les ainsi-dites « valeurs universelles de l’humanité » au combat de classe pour une société sans classes permettant enfin la fraternité universelle. L’URSS et le PCUS de l’époque gorbatchévienne sont morts d’avoir oublié ce noyau dur du marxisme-léninisme alors que Cuba, qui a tenu bon à son sujet, est debout! A chacun de s’en souvenir et de comprendre que l’avenir de l’humanité passe par le socialisme, par le communisme et par la construction ou la reconstruction partout de puissants partis léninistes. Et surtout, par le rejet catégorique de ceux qui dissimulent leur trahison de leur classe et de leur pays sous les oripeaux d’une fausse « novation ».
Source: Initiative Communiste