Un témoignage de Pascal Brula (PCF) qui travaille en Chine dans le secteur de l'environnement
10/04/2008
Il s’avère que je travaille dans le domaine de l’environnement et qu’un de mes collègues a eu la chance de pouvoir aller en Chine pour la 3ème fois en quelques années, dans le cadre d’échanges interuniversitaires. Il faut savoir que ce collègue, électeur fidèle du PS, gobe généralement toutes les conneries véhiculées par les médias et notamment sur le Tibet. Au retour de son récent voyage professionnel, il a eu des propos étonnants venant de sa part. Certes, il s’agit d’un scientifique pour qui les faits sont les faits. Et bien, il nous a déclaré ne plus écouter tous les ragots qui traînent sur la Chine, car pour lui la situation est complètement différente de ce qu’on avait pu lui raconter, notamment dans notre domaine professionnel, l’environnement. Pour lui, certes, la Chine est un pays très contrasté, entre un arrière-pays très en retard et une partie extrêmement développée ; mais, tenez-vous bien, il nous a affirmé qu’en environnement, les Chinois étaient en avance sur notre pays, la France : oui, vous avez bien lu.
Les normes environnementales sont plus strictes que les nôtres. Aussi bizarre que cela puisse paraître venant de sa part (partisan de l’économie de “marché”, c’est-à-dire capitaliste), il nous a affirmé que cela venait du fait que la Chine avait une production “planifiée” (comme quoi, cela n’a pas que du mauvais) et que lorsqu’une décision était prise, elle était appliquée à la lettre. Il nous a aussi soutenu que, compte tenu de ce qu’il avait appris, les chinois dans le domaine de l’environnement seraient bientôt capables de nous en apprendre, à nous, les “donneurs de leçons”… Que l’on songe qu’ils ont été capables de construire entièrement une ville sur des critères environnementaux. Alors, bien sûr, on fustige le fait que le gouvernement chinois n’ait pas ratifié les accords de Kyoto. Mais ce n’est que l’arbre qui cache la forêt et l’on oublie facilement que les Etats-Unis également, alors que leur consommation énergétique par habitant est sans commune mesure avec celle des chinois.
Deux autres sujets sur lesquels mon collègue m’a également étonné : l’égalité entre les hommes et les femmes et l’ascenseur social. Pour lui, il n’y aurait aucune discrimination entre les hommes et les femmes dans la partie développée du pays : la France, incroyablement sous-développée dans ce domaine, lui faisant honte. Deuxièmement, il a pu constater que de jeunes professionnels se trouvant à des postes très importants étaient issus de milieux extrêmement pauvres. Il existe donc dans ce pays un formidable brassage qui n’existe plus, ou très peu, chez nous.
Et je conclurais en disant que, d’après ce qu’il a vu de la vie des chinois, les rapports humains peuvent être parfois assez extraordinaires. Etant un passionné de musique, et notamment d’instrument un peu particuliers (notamment médiévaux), il a eu de formidables échanges avec des gens dans la rue. En effet, dans les squares, dans la rue, des musiciens, des chanteurs de toutes sortes s’expriment. En France, ils ont généralement une sébile, mais là-bas, ils le font pour le plaisir, rien que pour le plaisir. Il a donc eu le loisir de jouer de la musique avec des inconnus. Il lui a semblé qu’il régnait une joie de vivre qui contrastait avec tout ce que l’on peut raconter ici ou la. Il ne s’agit pas de tomber dans une vision béate de la réalité fort complexe de la Chine (la lutte des classes est bien active…), mais ces infos me confortent dans la suspicion que j’ai déjà acquise concernant la manipulation des médias au service du capitalisme.