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L’OTAN dirigée par les États-Unis est le poing militaire et nucléaire d’une stratégie expansionniste

Le 4 avril 2024 marquera le 75e anniversaire de la création de l'OTAN. Produit de la guerre froide, l'OTAN aurait dû être dissoute, mais au fil des ans, elle a servi de machine de guerre et facilité l'hégémonie des États-Unis.

Le Global Times s’est entretenu avec plusieurs experts et d’universitaires pour révéler comment les États-Unis exploitent l’OTAN pour servir leurs objectifs géopolitiques et comment l’OTAN déstabilise le monde, exacerbe les menaces nucléaires et entraîne des confrontations en Asie. Dans la première interview de la série, le journaliste du Global Times (GT) Wang Wenwen s’est entretenu avec Zivadin Jovanovic (Jovanovic), président du Forum de Belgrade pour un monde d’égaux, qui a été ministre des Affaires étrangères de la République fédérale de Yougoslavie entre 1998 et 2000. La Serbie a récemment célébré le 25e anniversaire du bombardement par l’OTAN de ce qui était alors la Yougoslavie. Il a rappelé cette opération brutale de l’OTAN et la manière dont les États-Unis et l’OTAN font obstacle à un ordre mondial juste.

Comment les bombardements de l’OTAN en 1999 affectent-ils encore les habitants de la Serbie aujourd’hui ?

La Serbie a pleuré et rendu hommage aux quelque 2 000 civils tués par l’OTAN il y a 25 ans. Nous nous souvenons également que l’OTAN a bombardé l’ambassade de Chine à Belgrade, tuant trois journalistes chinois. Nous nous souvenons que l’OTAN a utilisé des missiles à l’uranium appauvri, des bombes à fragmentation et d’autres moyens et méthodes interdits. Cela a entraîné des maladies malignes dont des personnes meurent encore aujourd’hui, ainsi que des dégâts matériels s’élevant à plus de 100 milliards de dollars.
L’objectif de l’OTAN, dirigé par les États-Unis, était de prendre la province du Kosovo et de Metohija à la Serbie, de la transformer en porte-avions des troupes américaines dans les Balkans en vue d’une expansion vers l’Est, de renverser le gouvernement de l’ancien président Slobodan Milosevic et de créer un précédent pour de futures interventions militaires violant la Charte des Nations unies, la suprématie du Conseil de sécurité de l’ONU et le droit international en général. L’objectif était également de discipliner fermement les alliés européens derrière le concept d’ordre mondial unipolaire, en soutenant les intérêts géostratégiques des États-Unis. En 1999, l’OTAN est allée au-delà de son traité fondateur, abandonnant son caractère défensif pour adopter un caractère offensif et agressif.

L’OTAN dirigée par les États-Unis poursuit aujourd’hui ces intérêts. L’agression militaire a été remplacée par d’autres moyens. À l’heure actuelle, ils exercent des pressions, notamment en faisant chanter la Serbie pour qu’elle reconnaisse la sécession de sa province autonome du Kosovo et de Metohija et qu’elle accepte son adhésion aux organisations internationales. La Serbie, bien sûr, ne se soumettra pas. Sur le plan économique, la Serbie ne s’est pas encore totalement rétablie. Les ruines de l’agression sont visibles même au cœur de Belgrade, mais le PIB de la Serbie reste néanmoins en constante augmentation, voire supérieur à la moyenne européenne. Malheureusement, les Balkans sont loin d’être stables. Ils sont divisés, dépendants et militarisés.

Vous avez participé il y a quelques jours à une conférence internationale à Belgrade qui marquait cet anniversaire. Le thème de la conférence était « De l’agression à un nouvel ordre juste ». Quels sont les obstacles à un nouvel ordre mondial juste ?

Le principal obstacle au nouvel ordre mondial fondé sur le principe de l’égalité souveraine et de la non-ingérence dans les affaires intérieures est la politique d’expansion et de domination mondiale de la minorité des pays occidentaux dirigée par les États-Unis. Il semble qu’ils ne comprennent pas les changements mondiaux et les tendances à la multi polarisation et ont tendance à croire qu’ils peuvent arrêter ces tendances historiques, voire les inverser, par la force, y compris nucléaire. Ces doctrines représentent la principale source de graves menaces pour la paix et le développement dans le monde. Il s’agit d’une menace pour l’humanité.

Si l’on considère les actions de l’OTAN, depuis le bombardement de la Yougoslavie il y a 25 ans jusqu’au conflit actuel entre la Russie et l’Ukraine, quel rôle joue l’OTAN dans la facilitation de l’hégémonie américaine ?

L’agression de la Yougoslavie par l’OTAN en 1999 a marqué le début de la mondialisation de l’interventionnisme militaire de l’OTAN dirigée par les États-Unis. Par la suite, nous avons assisté à de nombreuses interventions et agressions basées sur l’intervention de l’OTAN en Yougoslavie en 1999. L’homme politique allemand Willy Wimmer a déclaré en 2022 que les premières bombes sont tombées sur l’Ukraine en 1999. À mon avis, l’OTAN dirigée par les États-Unis est le poing militaire et nucléaire de la stratégie expansionniste, de la domination mondiale dans le cadre de l’unipolarité.

Les États-Unis ont utilisé l’OTAN pour maintenir leur domination sur l’Europe. Pensez-vous que l’Europe a la volonté et la capacité de réfléchir à sa position ? L’Europe se sent-elle en sécurité ?

L’autonomie de l’Europe est actuellement à son point le plus bas depuis la Seconde Guerre mondiale, ce qui inclut sa dignité, son identité et sa moralité. Ce n’est pas à cause des peuples, des nations européennes ou de l’héritage culturel. C’est d’abord à cause de la défectuosité de l’élite politique actuelle qui a perdu le sens des valeurs traditionnelles de la civilisation, qui semble avoir abandonné la morale, la solidarité, la justice et la légalité et qui a pratiquement réduit tout et tout le monde à ce qui lui est profitable quels qu’en soient les moyens.
Je ne sais pas vraiment quel terme exprimerait le mieux ces caractéristiques, mais peut-être que, d’une manière ou d’une autre, « corruption » n’est pas loin. Les changements mondiaux pouvaient difficilement laisser l’Europe intacte. Certains changements vers l’autonomie, la dignité et la souveraineté sont en cours, en particulier dans certains pays européens, comme la Hongrie, la Slovaquie et d’autres. Nous verrons ce que les élections du Parlement européen en juin montreront. J’espère que ce sera le début de changements ; pour tendre vers des améliorations. Une seule élection n’est peut-être pas suffisante, mais les tendances sont importantes.

La Chine a également été victime des bombardements de l’OTAN il y a 25 ans. Ces deux dernières années, l’OTAN a déclaré que la Chine représentait un défi pour la sécurité. Le chef de l’OTAN a également établi un lien entre ce qui se passe en Ukraine et la question de Taïwan. Que pensez-vous des mesures prises par l’OTAN à l’encontre de la Chine ?

C’est vrai. La Chine a été non seulement la victime, mais aussi la cible de l’agression militaire de l’OTAN en 1999. Quelques minutes après l’agression, j’étais sur les lieux et je voyais les services publics extraire les survivants des décombres. Les bombes frappaient encore un hôtel voisin et le parc environnant, lorsque l’ambassadeur chinois de l’époque, Pan Zhanlin, a été sorti des décombres. Je lui ai présenté mes condoléances et l’ai assuré de la solidarité et du soutien de mon gouvernement. Faut-il s’étonner que la Serbie et la Chine soient depuis lors des « amis de fer » et des partenaires stratégiques ?
La question de savoir qui, pourquoi et quoi, cela représente un défi dépendant de la personne qui l’évalue et des valeurs qu’elle défend. En tirant les leçons de l’histoire récente, je suppose que les pays exigeant une sécurité et une souveraineté égales sur les ressources naturelles – telles que les réserves de pétrole et de gaz, l’uranium et d’autres gisements de minéraux stratégiques – les immenses marchés et les lignes de communication et de transport géostratégiques ont toujours représenté un défi pour l’OTAN et les centres de pouvoir occidentaux.


Au cours des dernières décennies, nous avons assisté à l’expansion et au renforcement de la présence des États-Unis et de l’OTAN via leurs alliances en Extrême-Orient et en Indopacifique, telles que l’alliance Quad et d’autres nouvellement créées. Vue d’Europe, la stratégie expansionniste des États-Unis et de l’OTAN est orientée vers l’Est, vers la Russie, la mer Caspienne et le Moyen-Orient. L’Asie et la Sibérie semblent être de véritables objectifs, quelle que soit la position géographique. Les États-Unis et l’OTAN usent de moyens et de méthodes similaires, voire identiques : répandre la peur, l’insécurité et la désorientation, démontrer sa puissance par une série d’exercices massifs de « défense », offrir une protection aux pays meurtris, utiliser le séparatisme, le terrorisme et les droits de l’homme.
Selon leur rhétorique, la Chine représente un défi « systémique » et la Russie une « influence maligne ». Cela signifie simplement qu’ils n’ont aucune solution à leurs propres problèmes et qu’ils n’ont pas le courage d’affronter la réalité d’aujourd’hui. Jusqu’à présent, ils choisissent de continuer à vivre dans le passé, au lieu d’accepter de vivre dans l’altérité ainsi que d’accepter une nouvelle réalité appelée « égalité ».


Source: Global Times

Traduit de l’anglais par Falasteen pour Investig’Action

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