Les bombardements sur la Libye vont débuter le jour même – ou à peu près – du huitième anniversaire du début de la destruction de l’Irak, le 19 mars. La Libye aussi sera détruite – ses écoles, son système d’enseignement, son eau, ses infrastructures, ses hôpitaux, des bâtiments municipaux.
Il y aura de nombreuses « erreurs tragiques », de « dégâts collatéraux », mères, pères, enfants, bébés, grands-parents, aveugles, sourds, écoles, etc. Et les merveilles des vestiges romains et autres plus anciens, très anciens et respectés au travers des tumultes de l’histoire et de l’humanité tout entière, disparaîtront pour toujours, tout comme l’Irak et l’Afghanistan ont disparu.
Les infrastructures seront détruites. L’embargo restera maintenu et il sera donc impossible de reconstruire. La Grande-Bretagne, la France et les États-Unis décideront que le pays a besoin de « stabilisation », « d’aide à la reconstruction ». Ils s’amèneront, assureront la sécurité des installations et gisements pétroliers, le peuple libyen constituera une nuisance secondaire et deviendra rapidement « l’ennemi », « les rebelles », il se fera tirer dessus, des gens seront jetés en prison, torturés, violés – et on installera un gouvernement de « marionnettes » favorable aux États-Unis.
Les envahisseurs récompenseront leurs entreprises avec des contrats de reconstruction, l’argent – vraisemblablement déduit sans le compter des avoirs gelés de la Libye – disparaîtra et une bonne partie du pays restera en ruine.
Et les meneurs de ban de toute l’affaire, comme ce fut le cas pour l’Irak, graviteront autour des stations de radio et de TV à Londres, en Europe et aux États-Unis, puis retourneront dans leurs apparts sécurisés et retrouveront leurs fonctions, aux frais de la Grande-Bretagne, des États-Unis et de l’Europe, en sachant pertinemment qu’on ne larguera par de bombes sur leur personne. Leurs enfants ne souffriront pas de tremblements incontrôlables et ne se souilleront pas de terreur en entendant approcher le bruit des avions.
Et cette opération « shock & awe »? Honte à la France, honte à la Grande-Bretagne et aux États-Unis ! Quelqu’un de l’ONU a même dit : « … sauver les générations à venir du fléau de la guerre. » Chaque cadavre mis en pièces, chaque enfant mutilé ou déchiqueté, chaque veuf, veuve, orphelin, orpheline auront le nom de ces pays et de l’ONU écrit en lettres de sang (le leur !) à l’endroit de leur mort.
Et, aux simples concitoyens de ces démolisseurs occidentaux et assassins en maraude, on dira que nous avons apportions la démocratie, que nous allions libérer la Libye d’un tyran, d’un « nouvel Hitler », le « boucher de Benghazi ».
Ces pays qui, ces derniers jours, se sont ligués pour renverser un gouvernement souverain ont conspiré à Nuremberg une fois de plus, peut-on dire – « (…) un crime suprême d’une ampleur internationale, ne différant des autres crimes de guerre que parce qu’il contient en soi toute la somme de mal de tous les autres » –, et, une fois de plus, ils ont intrigué pour renverser un gouvernement souverain, sous l’apparence de la « légalité » que leur a conféré une ONU au bras tordu. Nous avons déjà vu tout cela auparavant.
En temps voulu, cela finira par faire surface : ceux qui ont remonté le bal, graissé des pattes, déstabilisé – et peu de gens, selon toute vraisemblance, seront étonnés de ces conclusions. Mais, pour alors, la Libye aura été brisée depuis longtemps et son peuple mis en fuite, chassé, déporté et livré aux pires affres.
Quand vous en serez à devoir traiter avec les habituels « libérateurs », faites attention à ce que vous désirez. En six mois, ou quelque chose comme cela, la plupart des Libyens, quels qu’aient été les fiascos des quarante dernières années de pouvoir, regretteront amèrement cette époque.
Traduit de l'anglais par Jean-Marie Flémalle pour Investig'Action