Le processus de paix en Colombie est en danger

La population colombienne qui, en grande majorité, soutient le processus de paix, se demande quand il lui sera possible de l’entrevoir. La réponse semble être entre les mains d’un secteur politique très à droite, dirigé par l’actuel parlement et l’ex-président Álvaro Uribe Vélez, fervent opposé au processus de paix et toujours très influent dans l’armée.

Le 27 juin dernier, le commandant Carlos Antonio Lozada des FARC-EP annonçait dans un communiqué la poursuite d’actions armées contre le gouvernement colombien. Au même moment, les médias et les réseaux sociaux informaient qu’un attentat avait été commis contre un oléoduc dans le sud du pays, causant de graves dommages écologiques et la perte économique de plus de 3000 barils de pétrole.

Grâce au dernier cessez-le-feu unilatéral décrété par les FARC-EP il y a plus de 5 mois, le nombre de victimes s’est considérablement réduit, de même que les attaques contre les infrastructures du pays. Les FARC-EP et les organisations sociales favorables à un cessez-le feu bilatéral ont tenté de négocier ce cessez-le-feu avec le gouvernement de Santos, lequel a refusé. Au contraire, le gouvernement colombien a poursuivi ses attaques contre les structures de guérilla, tuant des dizaines de guerrilleros ainsi que deux délégués des FARC actifs dans les négociations de paix. Devant ces résultats, les FARC-EP ont décidé le 22 mai dernier de suspendre leur cessez-le-feu unilateral, considérant qu’il était logique de se défendre lorsqu’on était attaqué.

Ainsi la population colombienne qui, en grande majorité, soutient le processus de paix, se demande quand il lui sera possible de l’entrevoir. La réponse semble être entre les mains d’un secteur politique très à droite, dirigé par l’actuel parlement et l’ex-président Álvaro Uribe Vélez, fervent opposé au processus de paix et très influent dans l’armée. La droite prétend que l’Etat colombien, dont les rapports avec La Havane s’améliorent actuellement, est en train de livrer le pays aux rebelles. Elle insinue même, dans des discours très médiatisés et assez grotesques que Santos veut rendre la Colombie au “castro-chavisme”, faisant clairement allusion aux gouvernements de gauche de l’Amérique Latine, tels que Cuba et le Venezuela.

L’histoire semble se répéter quand on se souvient de l’année 1985, lorsque le mouvement guerrillero s’empara du Palais de Justice et que l’armée officielle utilisa la force pour en reprendre le contrôle. Tandis que les otages réclamaient avec insistance un cessez-le-feu, les soldats, dirigés à l’époque par le colonel Alfonso Plazas, attaquèrent le Palais de Justice à la roquette, brûlant tout sur leur passage et tuant des dizaines de personnes, magistrats, civils et guerrilleros. Alors comme aujourd’hui, l’armée refusait toute concession sous prétexte d’honneur militaire. Et un colonel déclarait dans les médias qu’il agissait pour “défendre la démocratie”.

Julián Cortés, depuis la Havane, Cuba, pour Investig’action et el Turbión.

Source: Investig’action

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