A picture taken during a media tour organised by the Israeli military shows a bloody handprint inside a house at the Nir Oz kibbutz, one of the Israeli communities near the Gaza Strip attacked on October 7 by the Palestinian militant group Hamas, on October 31, 2023. Thousands of civilians, both Palestinians and Israelis, have died since October 7, 2023, after Palestinian Hamas militants based in the Gaza Strip entered southern Israel in an unprecedented attack triggering a war declared by Israel on Hamas with retaliatory bombings on Gaza. (Photo by Gil COHEN-MAGEN / AFP)AFP

Le Hamas a-t-il mené une campagne de violences sexuelles le 7 octobre ?

Après la trêve et la libération de Palestiniennes qui ont dénoncé leur traitement dans les prisons israéliennes, des accusations refont les gros titres : le Hamas aurait mené une campagne de viols collectifs lors de l’attaque du 7 octobre. Des accusations très graves qui méritent une véritable enquête indépendante. (I’A)

Le Hamas a-t-il réellement mené une campagne de viols collectifs contre des Israéliennes le 7 octobre ? C’est ce qu’affirment le gouvernement israélien et des personnalités comme Hillary Clinton. Ils appellent le monde entier à condamner ces atrocités préméditées et commises par le Hamas.

Ces allégations ont refait surface presque immédiatement après la trêve de sept jours et l’échange de prisonniers entre le Hamas et Israël. On avait alors entendu des témoignages selon lesquels des femmes palestiniennes étaient violées dans les prisons israéliennes.

Ce type d’accusation doit toujours être pris au sérieux et la parole des femmes mérite une juste attention. Mais il n’y a ici pratiquement pas d’accusatrices – Israël affirmant que toutes ces femmes ont été tuées, pas d’estimation du nombre de victimes et pas de preuves matérielles. La crédibilité des principaux auteurs de ces accusations a par ailleurs été fortement remise en question.

Par exemple, Cochav Elkayam-Levy, la responsable de la commission d’enquête israélienne, est supposée être une experte en droits humains. Or, elle est connue pour avoir rédigé les défenses juridiques de fonctionnaires israéliens qui commettent des crimes contre les Palestiniens, justifiant notamment la méthode de torture par gavage. De plus, elle a des liens directs avec le bureau du Premier ministre israélien.

Pour ne rien arranger, la responsable de la commission d’enquête a été prise en défaut : elle a partagé l’image d’une femme kurde assassinée comme une prétendue preuve photographique des crimes palestiniens. Elkayam-Levy s’appuie également sur des témoignages recueillis par le Shin Bet israélien, connu pour ses actes de torture, ce qui rend tout aveu obtenu dans de telles conditions hautement suspect. Elle s’appuie aussi sur les témoignages de ZAKA, un organisme volontaire humanitaire qui a été ironiquement fondé par Yehuda Meshi-Zahav, un violeur en série connu comme le “Jeffrey Epstein haredi ». ZAKA est également à l’origine d’atroces fausses informations sur les “40 bébés décapités” et les “bébés juifs retrouvés pendus à des cordes à linge”.

Un certain nombre de ces affirmations israéliennes, dont l’une émane d’un membre présumé de l’unité israélienne 669, présentent des incohérences significatives par rapport aux faits établis sur le terrain. Entre-temps, la principale source d’un reportage de la BBC sur les viols de masse du 7 octobre n’est autre que la politicienne May Golan. Elle s’est rendue tristement célèbre après avoir dirigé un rassemblement anti-noir à Tel-Aviv lors duquel elle scandait : “Je suis fière d’être raciste”.

En novembre, le Times of Israel a admis qu’aucune preuve matérielle n’avait été recueillie sur les viols. Ce journal a pourtant rapporté de nombreuses accusations contre le Hamas. En fait, les allégations ont commencé le 7 octobre, avant même que les forces israéliennes ne sécurisent les zones où les atrocités ont été commises. Le 10 octobre, Joe Biden déclarait déjà que des femmes israéliennes avaient été violées, alors que l’armée israélienne elle-même affirmait qu’il n’y avait pas encore de preuves.

La commission israélienne, présentée comme digne de confiance, avait déjà tiré ses conclusions avant même d’avoir recueilli des témoignages directs. Sa réponse aux critiques est que nous devrions “croire toutes les femmes israéliennes”. Ce qui semble très bien, sauf que la plupart des accusations proviennent d’hommes.

Ainsi, tant qu’il n’y aura pas de véritable mission d’enquête indépendante ou de preuves tangibles, il sera impossible de dire si des violences sexuelles massives ont eu lieu. Si c’est le cas, il s’agit certainement d’un crime de guerre qui doit être condamné, tout comme les récentes violences sexuelles commises à l’encontre de femmes palestiniennes dans les prisons israéliennes.

Robert Inlakesh est un analyste politique, un journaliste et un réalisateur de documentaires actuellement basé à Londres. Il a vécu dans les territoires palestiniens occupés et y a tourné des reportages. Il anime l’émission “Palestine Files”. Il est également réalisateur de “Steal of the Century : Trump’s Palestine-Israel Catastrophe”. Suivez-le sur Twitter @falasteen47


Source: Mint Press
Traduit de l’anglais par GL pour Investig’Action

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