Le Coup d’Etat, les files d’attente et les guerres impériales

Pourquoi, devant des élections parlementaires imminentes pouvant permettre une solution pacifique des conflits de la société vénézuélienne, des secteurs de l’opposition associés à des puissances transnationales ont-ils choisi la voie du coup d’Etat et de la guerre ?
”C’est l’heure des brasiers,
seule la Lumière doit être vue! »
José Martí
Président Maduro, nous sommes avec vous!

{{{Solidarité, unité d’action et critique}}}

C’est le moment de la solidarité. Si la critique demeure toujours importante, maintenant c’est le moment de la solidarité. Sinon nous risquons de devoir faire notre autocritique dans les cimetières de la désillusion que nous pourrions être en train de nous construire si nous ne savons pas équilibrer la relation entre la critique, la solidarité et l’unité d’action. Dans les circonstances actuelles, il faut mettre l’accent sur la solidarité et l’unité d’action. Pour l’instant, la critique publique doit être très bien pensée et surtout modérée, en raison de l’utilisation que les ennemis pourraient en faire.
Pas besoin de normes, ni de menaces de sanctions (personne n’en a fait, à la connaissance). C’est de conscience et de responsabilité que nous avons besoin. Je suis certain que nous, les révolutionnaires, saurons quoi faire dans chaque cas. Je crois que nous sommes conscients de l’enjeu et que nous savons où il fait mettre l’accent selon les exigences de chaque situation concrète. En ce moment, la solidarité est l’essentielle. Une remarque critique, pertinente, juste et opportune, peut être aussi une pratique solidaire.
Il est important de rappeler le conseil de Marx à l’Internationale : pratique commune et réflexion sur la pratique commune. C’est-à-dire, construire sur la base de la pratique commune et en tirer les conclusions théoriques pour orienter la pratique commune, mais toujours la pratique.
Il faut donc accompagner le Président Maduro dans toutes les circonstances…
La décision de passer de la déstabilisation au renversement immédiat a été prise.
Il n’est plus question seulement d’une politique de déstabilisation. Maintenant il s’agit de renverser le Président Maduro. Ils pensent qu’après plusieurs mois de guerre économique, de pénurie provoquée de nombreuses denrées, dont certaines essentielles ; de coups portés à la stabilité monétaire et financière du Venezuela ; de guerre pour démolir psychologiquement et moralement le peuple vénézuélien ; d’intensification des efforts pour corrompre les fonctionnaires de tout niveau, et très particulièrement ceux de la Force Armée Nationale Bolivarienne et des agents de sécurité.
D’introduire des groupes de trafiquants de drogues paramilitaires qui sont en train d’occuper certaines zones, à partir desquelles ils organisent des réseaux de micro-trafics de drogues et de microcrédits, affrontements de bandes, chaos dans les quartiers et les villages, réseaux de sicaires, enlèvements, agressions, qui tiennent la population dans un sentiment d’insécurité et de peur. Sur cette base sont apparues des zones contrôlées par eux, où ils peuvent vendre « sécurité » et « protection », jouant le rôle de la police et de l’administration de « justice », en punissant les délinquants, allant même jusqu’à les « passer par les armes ». En fait, progressivement ils se sont substitués aux autorités civiles, judiciaires et militaires, parfois en les soumettant. Dans ces zones il a des prisons vénézuéliennes depuis lesquelles on organise des activités criminelles qui vont du trafic de drogue jusqu’à la guerre des bandes, afin de accentuer le climat d’insécurité que le pays connaît.
Ces réseaux sont transnationaux et opèrent des deux côtés de la frontière colombo-vénézuélienne. Ils s’étendent sur un large territoire, même au-delà des frontières nationales. Avec le conseil et le soutien (logistique, politique, financier, etc.) de la CIA. Ces réseaux sont aujourd’hui parmi les principaux acteurs de la contrebande, à petite et grande échelle ; ils sont derrière la spéculation, l’accaparement, la pénurie, les vendeurs à la sauvette qui, en association avec des entreprises, spéculent ouvertement à Caracas, à Maracaïbo, dans toutes les villes et dans tous les villages, violant ouvertement toutes les lois et les décrets pris par le Gouvernement pour combattre ces action illégales.

Ce sont ces réseaux, avec le soutien des Etats Unis, avec des appuis au sein du gouvernement colombien, auprès des autorités et des chefs d’entreprises vénézuéliens, qui gèrent le trafic de l’essence, peut-être la plus rentable de toutes les affaires et la plus dangereuse pour la stabilité des institutions vénézuéliennes. Derrière ces affaires se trouvent également des cadres de l’ancienne PDVSA [Compagnie pétrolière nationale], rassemblés dans l’ONG « Gens du pétrole », les mêmes qui ont organisé de décembre 2002 et janvier 2003 la grève du pétrole qui tellement nuit au pays.
Ces mêmes réseaux mènent aussi la guerre contre le bolivar, la monnaie vénézuélienne, et spéculent sur le dollar, obtenant avec des milliards de bénéfices par jour, utilisées pour financer la déstabilisation et la guerre pour renverser le Président Maduro
Une des questions qui se posent est: Pourquoi, devant des élections parlementaires imminentes pouvant permettre une solution pacifique des conflits de la société vénézuélienne, des secteurs de l’opposition associés à des puissances transnationales ont-ils choisi la voie du coup d’Etat et de la guerre ?
En premier lieu, parce que ce processus de déstabilisation menant à la guerre produit jour après jour des bénéfices, en bolivars et en dollars. Tandis que ces faits sont douloureux et tragiques pour la plupart des vénézuéliens, pour les grands capitalistes transnationaux (donc sans nationalité) ils offrent des opportunités pour investir et obtenir encore plus de bénéfices. Des tragédies bien pires que celle vers laquelle le Venezuela s’achemine ont déjà été provoquées en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie et dans nombreux pays africains et asiatiques. Ils ne peuvent plus tolérer les pertes qu’ils subissent à cause du processus vénézuélien, s’ajoutant à celles subies dans le passé, même si la crise a signifié pour eux des hyper-bénéfices ainsi que pour les banques. Ils préfèrent investir aujourd’hui en ressources financières, politiques, d’intelligence, de guerre psychologique, médiatique, diplomatique, par le financement de mercenaires et de milices privées, et résoudre cette affaire une fois pour toutes, à n’importe quel prix, y compris le prix des vies humaines qu’il faudra sacrifier.
Cette stratégie a déjà été mise en œuvre au Chile, en Argentina, en Uruguay, au Brésil, en Amérique Centrale il y a bien des années … Mais l’histoire des années 60 et 70 a été vite oubliée. Il est cependant important de rappeler qu’en Uruguay, en Argentine, en Amérique Centrale et même au Chili, l’humanité a connu une renaissance et de nouvelles luttes pour la souveraineté nationale, contre la faim, en défense de la nature et de la protection des écosystèmes. Aujourd’hui les puissances mondiales veulent des solutions plus radicales, comme ce fut le cas en Indonésie dans les années 60. Et ces solutions passent par la destruction des fondements mêmes du Processus Bolivarien, ce qui ne peut pas se faire par voie électorale, car la possibilité d’une victoire du peuple bolivarien n’est pas à exclure.
Ils ont l’expérience de l’Indonésie, où ils ont renversé le Président Sukarno dans les années 60, désignant Président le Général Suharto (le Pinochet de l’Indonésie), qui en quelques mois a commandé le meurtre d’un million de militants de gauche, réels ou supposés tels, empêchant tout retour d’un mouvement patriotique opposé aux intérêts du capital financier international, celui qui aujourd’hui gouverne le monde au prix de guerres et de tragédies humaines et environnementales.
Près d’un milliard de personnes souffrant de la faim, trois milliards de pauvres, la destruction des écosystèmes les plus variés, le changement climatique, le perte de la diversité biologique, les processus de désertification, font partie de l’héritage du triomphe de la finance dans les années 80, qui s’est consolidé par la défaite des mouvements patriotiques que dans les années 60 et 70 avaient lutté (pas toujours de la meilleure façon) pour un monde meilleur et par l’imposition du « consensus de Washington » (un des fondements de la mondialisation néolibérale).
Mais le capital financier n’a pas seulement vaincu les mouvements patriotiques qui luttaient pour un mode meilleur, il s’est également imposé aux courants qui au sein même du capitalisme prônaient un minimum de considérations humanitaires, comme le keynésianisme, qui tout en étant pour le capitalisme et pour l’accumulation de bénéfices, accordait dans sa politique économique de l’importance aux salaires des travailleurs et aux conditions minimales de vie des gens. Ce capitalisme, qui croyait à la démocratie représentative, prenait soin de maintenir dans le cadre des institutions bourgeoises, un espace pour la négociation entre classes opposées sous la forme des commissions dites tripartites, dans lesquelles étaient représentés la direction des entreprises, les syndicats et l’Etat, dans le rôle du médiateur.
C’était ce que l’on appelait le « capitalisme à visage humain », qui représenté par l’Etat Providence, démantelé généralement de façon violente. Un peu plus progressive en Europe, mais également violente. Un des cas les plus typiques est celui de la Grèce, où finalement ont triomphé de nouveau les forces patriotiques, en raison de la violence et de l’inhumanité des programmes néolibéraux.
Contre ce « capitalisme à visage humain » (aujourd’hui présenté comme une démagogie bonne à attraper des candides), les banques, le vrai pouvoir derrière le trône, ont ourdi les évènements du 11 septembre 2001, quand une action terroriste a détruit à New York les Twin Towers (il y a assez de preuves que la CIA savait ce qui allait arriver, ainsi que des liens entre la CIA, Al Qu’aida et ses différentes branches). Ces événements ont justifié un coup d’Etat contre la démocratie, la paix et les Droits de l’Homme et instauré une dictature mondiale. L’exécuteur enthousiaste de ce coup d’Etat fut le président George W. Bush. Le continuateur, suivant les ordres et les instructions du pouvoir militaro-financier qui gouverne le monde, est le président Barack Obama. Je ne sais pas si avec autant d’enthousiasme que le Président Bush (seuls Dieu et lui-même le savent), mais certainement avec constance et efficacité. Et même en radicalisant certains aspects du programme de Bush, tout en les camouflant.
Je ne peux passer sous silence, à titre de parenthèse, que, « par hasard » c’est en 2001 que le Président Chávez a affronté l’ALCA au Sommet des Amériques, au Quebec. De là il partit pour organiser la création de l’ALBA, qui à Mar de Plata, Argentine, en 2005, signa la défaite de l’ALCA, avec le soutien des présidents Kirchner, Lula et Tabaré Vásquez. Ces pas ont conduit vers un autre processus que le Président Chávez a eu l’honneur de conduire et de présider, celui de la consolidation de l’UNASUR, de la CELAC, de Petrocaribe et autres initiatives d’intégration qui ont inclus l’Afrique et l’Asie.
La conspiration contre le Venezuela est en partie un règlement de comptes contre le Président Chávez, le Gouvernement vénézuélien et en général, le processus bolivarien, qui s’est mis en travers et a fait échouer les plans impérieux pour la région d’Amérique Latine et des Caraïbes qui passaient par la généralisation des traités de libre échange, fer de lance de la finance internationale. Cela a été et reste la cause de la perte de bénéfices milliardaires, autant dans le passé récent qu’aujourd’hui. Cela, ils ne peuvent plus le tolérer. Ce pourquoi ils ont pris la décision de liquider le processus bolivarien, maintenant ou jamais.
Cette victoire du capital financier (c’es-à-dire du pouvoir de la banque) a représenté un désastre humanitaire et la destruction progressive de la planète, avec en contrepartie l’accumulation de capital la plus importante et la plus spectaculaire de l’histoire avec la possibilité de financer, parmi d’autres choses, le développement d’une science de la mort : création de médicaments qui nuisent à la santé et peuvent être mortels, armes diaboliques de destruction massive capables de détruire la planète et même de nuire au système solaire.
Deuxièmement, comme je l’ai déjà signalé, si le chavisme peut paraître affaibli, le peuple chaviste nous a souvent surpris et une victoire aux élections législatives n’est pas à exclure. Il leur faudra alors refuser les résultats, crier à la fraude, ce qui est plus compliqué à niveau politique, militaire et diplomatique, que d’achever ce qu’ils ont déjà commencé non seulement avec les guarimbas de l’année dernière, mais avec l’eau qui a coulé sous les ponts, en particulier ces dernières semaines.
Surtout car plusieurs des principaux acteurs politiques sont déjà en prison et d’autres peuvent être arrêtés dans les prochains jours. C’est-à-dire que le Président Maduro est en conditions de démanteler certaines forces putschistes du Venezuela. Ce qui les excède et les désespère. En particulier l’inaptitude de leurs acteurs internes. Ce qui les mène à faire pression pour que ce soient le Président Obama, le Secrétaire d’Etat John Kerry et autres porte-parole du Gouvernement des Etats-Unis qui assument directement la conduction de la conspiration contre le Venezuela et qu’ils se sentent pressés d’agir vite car ils savent que l’opération a une composante médiatique, psychologique et diplomatique essentielle et si le Gouvernement vénézuélien fait ce qu’il doit, il peut remporter des victoires importantes et faire échouer la conspiration actuelle. Pour l’opposition, un retard peut signifier un échec.
Ils cherchent une solution dans le style Indonésie années 60, celle mise en œuvre en Afghanistan, en Iraq, en Libye et en Syrie et qui est prévue pour le Liban et l’Iran, ainsi que l’Ukraine et ailleurs. Comme je l’ai déjà dit, un processus électoral rendrait plus difficile une issue de ce genre, et de ce fait favoriser une victoire du Chavisme.
Troisièmement, le secteur ultra radical de l’opposition, celui qui compte avec le plus d’appuis transnationaux, est celui qui a le moins de force électorale aujourd’hui et il a intérêt à ne pas se mesurer non seulement au Gouvernement, mais non plus à ses « alliés » de l’opposition. Il pourrait être dévoilé, car la majorité du peuple vénézuélien ne souhaite pas la violence.
Un secteur de l’opposition en est très conscient, mais il ne veut pas se démarquer des plans impériaux, car il compte aussi avec la possibilité d’en garder le soutien, surtout financier.
Une stratégie mondiale qui détruit la culture et qui démolit psychologiquement et moralement les populations.
C’est une stratégie mondiale née de l’hégémonie du capital financier, du triomphe des politiques néolibérales, du démantèlement de l’Etat Providence avec l’élimination des espaces de négociation entre les différentes classes sociales, base de la démocratie représentative, la formation de gouvernements totalitaires et la destruction des Etats souverains.
Pour paraphraser Kissinger, je dirai que celui qui n’entend pas les cris d’alerte et d’appel à la guerre (comme on disait du temps des pirates dans les Caraïbes) doit se faire examiner les oreilles. La violence et la guerre se répandent partout et la politique devient la continuation de la guerre par d’autres moyens. La peur et l’insécurité deviennent des éléments de cohésion sociale. Dans ce processus on a donné un coup d’Etat contre les droits de l’homme, la démocratie et la paix, comme je l’ai déjà ailleurs, en particulier dans mon article « La stratégie impériale de guerre permanente », publié dans Aporrea et sur le site Red PatriaUrgente et autres média alternatifs.
Nous sommes dans une guerre mondiale qui s’exprime différemment selon les circonstances de chaque pays et de chaque région. Il n’y a pas un lieu où monde où la paix règne. La planète entière est le champ de bataille. Par la guerre médiatique, psychologique et morale, ce champ de bataille s’est glissé dans les interstices de la société, dans les cerveaux et dans les âmes, vidant progressivement les imaginaires collectifs, les valeurs, les émotions, pour implanter un autre imaginaire, celui du fanatisme nazi-fasciste.
La droite s’est attelée à la démolition psychologique et morale de la population et en particulier du peuple chaviste, premier pas vers l’agression par tous les moyens disponibles. Or démolir psychologiquement et moralement le peuple chaviste n’est pas facile. Surtout si l’on sait mener un combat qui ne livre pas seulement au niveau des manifestations et de l’agitation, mais aussi des imaginaires, de la psychologie, de l’éthique, de l’efficacité dans le gouvernement, du bon choix des politiques et de leurs résultats perceptibles, constatables à court terme.
Les files d’attente son la matérialisation de cette stratégie de démolition psychologique, d’implantation des valeurs et des imaginaires capitalistes. Peut-être celui-ci est le défi le plus immédiat pour le Gouvernement bolivarien. J’y reviendrai.
Démanteler le coup d’Etat a été un grand succès du gouvernement du Président Maduro.
Nous ne sommes pas un pays de sots ni une république d’opérette. Nous sommes la patrie de Simón Bolívar. Maintenant nous devons affronter d’autres putschistes, ceux qui ont mis en place les réseaux de contrebande vers la Colombie et les Caraïbes, ceux qui financent et fournissent les vendeurs des rues, et qui s’appuyant sur ces activités illicites, et sur bien d’autres encore, élargissent la base sociale fasciste ; ceux qui condamnent à mort les malades chroniques et autres, en accaparant et en détournant les médicaments et les instruments médicaux et chirurgicaux. S’y opposer n’est pas seulement la tâche du Gouvernement, mais de tout le peuple organisé, des mouvements sociaux, des partis politiques.
On sait que des dollars à 6,30 Bs ont été assignés pour l’importation de médicaments, d’instruments de chirurgie, d’instruments pour sauver des vies. On sait qu’au moins une partie de ces dollars a été utilisée pour spéculer. Un député chaviste l’a dénoncé le 24 février sur la chaîne VTV, sur la chaîne publique, dans une émission du matin. Il ne s’est pas contenté de le dénoncer, il a présenté devant les caméras la liste de chefs d’entreprise impliqués dans ces faits. Il a ajouté qu’il y a des personnes en danger de mort imminente par l’absence de ces médicaments et de ces instruments.
Nous ne pouvons pas les laisser mourir. Les criminels doivent aller en prison. Ceux qui accaparent et qui détournent les médicaments, ceux qui ont gaspillé les dollars, leurs complices des chaînes de télévision menées par CNN et le réseau médiatique national–mondial, toujours aux aguets de n’importe quel malheur pour en faire un scandale au profit des conspirateurs.
Cette chaîne de complicités nous a menés à la situation actuelle, elle est au cœur des initiatives à la base de la conspiration, qui l’alimentent jour après jours, qui génèrent les files d’attente, l’image d’une crise qui encourage les actions qui visent à renverser le Président Maduro. Arrêter Ledezma est important, mais si nous laissons active cette chaîne de conspirateurs, nous donnons une grande preuve de faiblesse.
C’est regrettable qu’un malheur, comme la mort par manque de médicaments ou de matériel chirurgical, présentée comme responsabilité des « mauvaises politiques mises en œuvre par le Gouvernement », puisse devenir une accusation auprès du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU. Ou, pour utiliser l’expression de la Ministre des Affaire Etrangères, Madame Delcy Rodríguez, devant le Conseil de Sécurité de l’ONU, que « ceux qui tordent le bras » saisissent l’occasion pour déclarer qu’aux morts par l’action des corps de sécurité de l’Etat qui a tiré sur des « manifestations pacifiques », à la persécution contre les dirigeants de l’opposition détenus, etc., etc. etc., il faut à présent ajouter les morts dans les hôpitaux car « le gouvernement a gaspillé les dollars et les gens meurent dans les hôpitaux ».
Etonnement, quand le député, avec une indignation évidente, a montré plusieurs fois la liste des entreprises qui ont reçu des dollars préférentiels pour acheter des médicaments et qui ne l’ont pas fait, les caméras ont regardé ailleurs
« Ceux qui tordent le bras » sont en train de construire une justification politique pour nous agresser et briser nos alliances.
« Ceux qui tordent le bras » sont en train de construire une justification politique pour tenter de rompre l’unanimité à l’UNASUR et à la CELAC, en brisant les anneaux de sécurité et de protection mis en place par le Président Chávez, et ainsi pouvoir agir contre le Venezuela sans obstacles diplomatiques.
L’action contre la Libye fut rendue possible par une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU. Résolution à son tour rendue possible parce que la Russie et la Chine n’ont pas mis leur véto, parce que la Ligue Arabe en était l’un des principaux promoteurs et que même Iran a pris position contre Kadhafi. C’est ce solide espace politique qui a permis l’invasion.
L’invasion de la Syrie par le Pentagone – OTAN n’a pas eu lieu parce que le Russie et la Chine ont opposé leur véto au Conseil de Sécurité aux Résolutions dont l’Empire avait besoin, parce que l’Iran et le Hezbollah ont réitéré leur soutien à la Syrie ; en Amérique Latine il y a eu un rejet important des politiques impériales contre la Syrie. C’est-à-dire, les forces impériales n’ont pas pu former un front mondial solide pour soutenir une intervention militaire directe en Syrie.
Toutefois, le soutien de la Ligue Arabe à la politique du Pentagone – OTAN a facilité l’organisation en occident de groupes de mercenaires généralement liés à Al-Qaïda ou à ses différentes branches, qui se sont étendus dans le monde entier grâce au financement de l’Arabie Saoudite et aux divers soutiens du Pentagone et de l’OTAN. Aujourd’hui, l’apparition de l’Armée Islamique a fourni le prétexte nécessaire pour que les Etats-Unis et l’OTAN puissent pénétrer militairement en Syrie et occuper des territoires.
Le coup d’Etat contre le Venezuela se propose de nous isoler de nos alliés, de diviser les organisations multilatérales régionales et de renouveler le rôle de l’OEA.
L’Empire va tenter de diviser la région, en particulier les pays de l’ALBA et en général de l’UNASUR et de la CELAC. Il fera tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher la solidarité régionale, non seulement des gouvernements mais également des mouvements sociaux, des groupes de base, etc.
Comme le Président Maduro l’a dénoncé, cette offensive est en marche et les initiatives politiques et diplomatiques pour neutraliser les manouvres impériales ont été prises.
Sans doute, une attaque contre le Venezuela est un attentat contre la paix et la sécurité de la région. Il est donc indispensable et urgent de discuter à l’UNASUR les thèmes de sécurité et de défense. La défense collective est un principe vital pour se défendre des conspirations et des attaques militaires des forces impériales.

La rénovation du rôle de l’OEA et l’assassinat du Président Maduro.
Des amis ont observé que l’action contre le Venezuela s’est précipitée au fur et à mesure qu’approchait la date du 7ème Sommet des Amériques, qui se tiendra à Panama les 10 et 11 avril prochain. Probablement le Président Obama ne veut pas renouveler l’expérience du sommet de Cartagena, quand il s’est trouvé isolé. Pour la première fois Cuba y participera et un de ses leaders historiques, Raúl Castro. C’est historique pour Cuba, pour la région et pour le monde. Et très spécialement pour les Présidents des Etats-Unis, qui avaient réussi à empêcher que Cuba redevienne protagoniste au sein de son Ministère des Colonies, l’OEA, et ses secrétaires généraux.
En vérité, Raúl Castro, Nicolás Maduro, Daniel Ortega, Rafael Correa, Evo Morales – de l’ALBA – plus Dilma Rouseff et Cristina Fernández de Kirchner, le pouvoir régional qu’ils projettent ensemble, n’est pas ce que le Président Obama pouvait souhaiter de mieux. En plus, la CELAC, l’UNASUR et MERCOSUR ensemble sont une force qui fait pencher la balance. Face à une alliance de cette nature, et malgré ses fissures, le Président Obama, « ceux qui tordent le bras » et l’ « exceptionnalité » des Etats-Unis peuvent se trouver en mauvaise posture.
Or cette situation peut changer si à la date du Sommet le Président Maduro est absent. Il pourrait même être suspendu, sauf si son absence pouvait être utilisée pour obtenir, d’une façon ou d’une autre, une Résolution contre le Venezuela. Le Président Obama peut chercher la revanche du sommet de Mar del Plata, quand le Venezuela, avec le Président Chávez en tête, fut un élément décisif pour l’échec de l’ALCA.
Si le gouvernement bolivarien était renversé, le panorama géopolitique du continent changerait de façon très significative et l’offensive néolibérale se renforcerait pour instaurer l’ALCA, qu’il a toujours gardé présente et agissante.
En outre, le renversement du gouvernement bolivarien pourrait être déterminant pour l’échec du processus de paix en Colombie, contre le pari pris par toute la droite depuis Bogota jusqu’à Washington et autres capitales. D’où le jeu du Président Santos entre deux eaux, entre la guerre et la paix.
D’ici au mois d’avril le Venezuela est en grave danger et la vie du Président Maduro est en péril. Je ne veux pas dire que ce danger disparaîtra en avril, mais nous sommes à un moment critique. Ceci ne semble pas être une simple hypothèse.
Nous pouvons mieux comprendre maintenant les effets géopolitiques de la chute du prix du pétrole.
Ce sujet a été traité abondamment. Je l’ai moi-même abordé plusieurs fois. Je tiens cependant à insister sur le sens de la géopolitique du pétrole promue par Chávez (ce que j’ai appelé une géopolitique de la libération), si souvent attaquée par les forces impériales, par leurs représentants et leurs complices, géopolitique que la chute actuelle des prix du pétrole risque d’anéantir et de détruire.
Cette géopolitique a renforcé la souveraineté solidaire, les processus d’intégration, la coopération sud-sud, le commerce équitable, le troc comme moyen d’échange, le commerce fondé sur les monnaies nationales et, en général, un mur de contention contre la mondialisation néolibérale et ses conséquences politiques, économiques, sociales et politiques, désintégratrices des peuples et intégratrice des marchés.
En plus, la géopolitique du pétrole développée par le Président Chávez était liée à l’élan de la démocratie participative et protagoniste, qui a eu un grand impact sur le continent comme une alternative à la démocratie représentative. Cette politique représente, en général, un réveil des luttes anti-impérialistes, pour la paix et pour l’éradication de la pauvreté.
La mort du Président Chávez, la chute des prix du pétrole et le renversement du gouvernement bolivarien et/ou l’assassinat du Président Maduro, seraient le chapitre décisif d’un macabre plan géopolitique.
Evidemment, avec la chute des prix du pétrole, la géopolitique du pétrole est affaiblie, ce qui ouvre un espace à la politique impériale et à l’OEA en tant que Ministère des Colonies.

Les mercenaires et les milices privées sont aujourd’hui le principal instrument de déstabilisation et d’agression.
Ces corps mercenaires sont aujourd’hui le principal instrument pour les interventions du Pentagone et de l’OTAN. Ce sont eux qui impliquent un moindre coût politique, militaire, économique et diplomatique. Une Résolution spéciale de l’ONU ou d’une autre instance multilatérale n’est pas indispensable pour déclencher une intervention. Ce serait bien entendu important pour gagner la bataille politique. Mais cela ne se ferait pas au Conseil de Sécurité, car la Russie et la Chine peuvent y mettre leur véto.
Dans le cas du Venezuela, peut-être feraient-ils appel au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, le même qui a déjà condamné le Venezuela l’année dernière au sujet des guarimbas. A la Commission Inter-américaine des Droits de l’Homme, dans des organisations comme Human Rights Wacth et d’autres organisations similaires, financées par la CIA, raison sans doute pour laquelle la dictature médiatique internationale diffuse sans tarder leurs affirmations. Déjà la Fondation Robert Kennedy Humans Right, à Washington, s’est prononcée contre le gouvernement vénézuélien et sans doute il y aura d’autres déclarations dans ce sens.
La version selon laquelle le Gouvernement a inventé le coup d’Etat pour donner son propre coup d‘Etat et liquider l’opposition est déjà en circulation. Ainsi avance la campagne pour montrer que nous sommes un Etat-voyou et que la « communauté internationale » doit donc prendre des mesures.
Cette version d’un coup d’Etat ayant pour but de liquider l’opposition nous porte de graves préjudices. Déjà une dirigeantes de Podemos, influente organisation de gauche en Espagne et dans le monde, s’en est fait l’écho.
Tous ces faits sont importants, car une intervention militaire, même avec des forces mercenaires paramilitaires, ne peut être mise en œuvre que si nous sommes vaincus dans la bataille politique sur le plan national et mondial. Nous devons donc faire face par tous les moyens dont nous disposons à l’intense campagne médiatique de propagande et de guerre psychologique visant à justifier toutes sortes d’interventions impériales.
Il est donc nécessaire de prendre très spécialement en considération le thème des mercenaires et des milices privées. Ce qui rend encore plus grave le problème est le fait que derrière eux se cachent des entreprises transnationales comme Black Water (qui a changé de nom), Halliburton et bien d’autres. Elles mobilisent des armées et des milices qui dépassent parfois 100.000 soldats équipés de toutes sortes d’armes et même une aviation. Ils remplissent des fonctions de police, militaires, d’intelligence, de sécurité, de protection, d’interrogation et de torture de prisonniers, des razzias contre la population civile (destruction et incendie de maisons, massacres, viols collectifs, détentions, tortures). Enfin, l’arsenal criminel des guerres contemporaines, utilisé au maximum au Vietnam.
L’Empire a appris la leçon. Désormais il travaille sans laisser des traces pouvant incriminer le gouvernement des Etats-Unis ou tout autre Etat impliqué dans les guerres impériales. C’est une façon de contourner la Charte des Nations Unies et toutes les règles du droit international. C’est l’impunité la plus totale, ce qui accentue le caractère criminel des guerres contemporaines. Parmi d’autres raisons, parce que depuis un certain temps la population civile est devenue une cible fondamentale, pour la terroriser, pour la démoraliser et pour éviter qu’elle devienne la base et le soutien de la résistance antifasciste. Seuls la morale, l’esprit patriotique, la capacité d’organisation de résistance, en plus de l’autorité et de la sagesse de leaders historiques comme Hô Chi Ming et Guyen Giap, qui ont permis aux vietnamiens de surmonter des massacres comme celui de My Lai, de détruire des villages stratégiques et de triompher. C’est ainsi qu’ils ont pu affronter et vaincre trois empires. Et cela est arrivé sur quatre décennies, dans des conditions très différentes de celles d’aujourd’hui.
Mais il ne s’agit pas de vaincre l’empire sur quatre décennies et plusieurs générations. Il s’agit d’éviter la guerre. En Irak la nature est détruite, même la nappe phréatique, contaminée par de l’uranium appauvri. Plusieurs générations naissent et naîtront avec des malformations génétiques. Ce ne sera jamais une victoire. Le même vaut pour les guerres en Afghanistan, en Libye, en Afrique et aujourd’hui en Syrie. Il faut éviter la guerre et cela est possible si nous faisons ce que nous devons faire et ce que nous savons faire. Comme Ghandi l’a dit, il ne s’agit pas de trouver une voie vers la paix, la paix est la voie pour vaincre les guerres impériales.
Comme nous le savons, nous n’affrontons pas une invasion conventionnelle.
En fait, l’invasion se fait devant nos yeux, à travers les narco-paramilitaires qui ont déjà pénétré nos frontières et crée des bases dans les quartiers et dans les villages ; à travers les commandos venus parmi les centaines d’immigrants légaux et illégaux, parfois créant des quartiers, dans une sorte de processus de colonisation, planifié ou pas, une sorte de colonisation culturelle par la musique et autres expressions culturelles, voire délictuelles. Je ne prétends pas encourager une phobie anti-colombienne. Parmi d’autres raisons, parce que des deux côtés de la frontière des milliers de colombiens lutteront avec nous si nous étions agressés.
La nécessaire fraternité entre les peuples a été manipulée et cette manipulation se cache aujourd’hui derrière des plans agressifs. Je crois qu’une des solutions possibles ce serait un dialogue franc sur ces sujets avec nos frères colombiens qui vivent au Venezuela et qui jouissent des bénéfices sociaux que l’Etat vénézuélien leur accorde dans une totale égalité de conditions, sans aucune discrimination
Certains croient encore que les “marines” vont débarquer sur nos côtes, que des bataillons d’infanterie franchiront nos frontières, que des missiles tomberont du ciel. Qui sait… Mais aujourd’hui nous sommes confrontés à une opération politique de grande envergure accompagnée d’une guerre non conventionnelle. L’usage de la force militaire à grande échelle dépendra de l’évolution des plans, surtout après le démantèlement de la tentative de putsch.
Probablement les forces impériales ont un plan B ou elles sont en train de le mettre au point. Si on part de l’hypothèse d’une action avant le 7ème Sommet des Amériques, ils doivent travailler à toute allure.
L’observation du plan précédent, dans la mesure où nous le connaissons, montre que l’objectif était de présenter au monde un fait accompli. Le gouvernement aurait été renversé en un jour, sûrement suivi d’une razzia pour arrêter les leaders du processus bolivarien, des actions auraient été entreprises contre les mouvements sociaux, etc. Le dévoilement du coup d’Etat a mis en échec le facteur surprise.
Cependant une question demeure : S’agissait-il d’une diversion et la vraie opération serait-elle à venir ? Ont-ils su qu’ils étaient découverts et ont-ils prévu la réaction de notre gouvernement, la détention de Ledezma, la levée de l’immunité de Borges, etc. ? Ont-ils prévu de gagner la bataille médiatique en nous présentant partout dans le monde comme un gouvernement qui persécute l’opposition, qui viole la constitution, qui ne respecte pas l’indépendance des Pouvoirs ? Déjà un des leaders de Podemos, en Espagne, a donné des déclarations contre le Gouvernement vénézuélien. C’est probablement lié au travail des média espagnols. Ils ne sont pas parfaits, mais l’hypothèse mérite attention.
Je pense qu’en tout cas, l’opération contre le Venezuela est en marche et ne va pas s’arrêter. Elle devrait plutôt s’accélérer, si on retient l’hypothèse d’une action avant le mois d’avril. Si c’est le cas, il faut s’attendre à une intensification des files d’attente, de la pénurie induite, de la contrebande, d’une dévaluation du bolivar plus importante, d’une campagne médiatique féroce nous accusant de violer les droits de l’homme, de persécuter l’opposition, d’intensifier la guerre psychologique, etc. Ils nous rendent également responsables de l’insécurité, du chaos urbain, des problèmes des hôpitaux et d’autres formes de subversion déjà citées.
Mais ils doivent également accélérer les opérations subversives, car le gouvernement est maintenant en alerte, ainsi que la population et les forces politiques internationales, amies et ennemies.
Quelles sont les forces qui agiraient? Je ne crois pas que l’intense travail de la CIA au sein des Forces Armées Bolivariennes, de la police, des services de sécurité leur permette d’entreprendre un coup d’Etat réussi, sauf si ce travail faisait partie d’un projet bien plus important, comme je le dirai plus tard.
Car il peut y avoir un plan plus complexe, comprenant une action putschiste qui n’aurait pas de succès, mais qui permettrait le déclenchement d’une guerre civile, le scénario qu’ils espèrent et le plus apte à provoquer un massacre.
Ils peuvent avoir déjà préparé la formation d’une sorte d’Autodéfenses Unies du Venezuela (par hasard les initiales du narco-paramilitaire Alvaro Uribe Vélez) qui seraient, pour la forme, sous l’ordre d’hommes politiques vénézuéliens, mais qui n’iraient pas directement à la guerre ; ce ne serait que de la propagande médiatique nationale et internationale. Il y aurait des photos de campements, des déclarations et toutes les activités médiatiques que la CIA leur conseillera d’entreprendre. En attendant ils opéreraient à partir de refuges « clandestins » 5 étoiles.
Depuis un certain temps, depuis que le Président Maduro a annoncé un horaire de fermeture des frontières, j’ai annoncé la possibilité d’une guerrilla dans la frontière colombo-vénézuélienne. Des opérations qui pourraient donner le signal pour l’assaut et la prise de casernes militaires et de police, qui deviendraient des zones sous contrôle de l’opposition radicale, avec le soutien des ceux qui ont voté pour que l’opposition soit dirigée par des narco-paramilitaires qu’ils connaissent bien et qui ont préparé des zones disposant d’une logistique suffisante en aliments, eau, etc. pour tenir un siège.
Une idée complémentaire (que j’ai exposée ailleurs) serait la création, surtout dans la frontière avec la Colombie, de régions « libérées » où pourrait se constituer un gouvernement provisoire qui demanderait l’aide internationale. Il aurait évidemment le soutien immédiat des milices commandées par les Etats-Unis et le Mossad (qui depuis un certain temps occupe un couloir de territoire colombien dans la frontière avec le Venezuela) et des bandes de narco-paramilitaires qui opèrent en Colombie, expertes dans des opérations de pillage et de mort, ainsi que l’appui politique d’Uribe et d’autres leaders politiques ainsi que d’entreprises qui depuis la Colombie, sont dans l’attente d’une occasion propice.
Simultanément, des commandos de narco-paramilitaires infiltrés depuis longtemps dans les quartiers et dans les villes du Venezuela, appelleraient à des soulèvements civils dans diverses régions du pays.
Dans ce scénario, il y aurait tout l’espace pour que les puissances impériales mènent une campagne médiatique visant à déclarer que le Venezuela est un Etat-voyou qui massacre la population civile. C’est le schéma appliqué en Lybie, et, avec quelques variantes, en Ukraine.
Quel pourrait être le champ de bataille?
J’insiste, si notre offensive politique et diplomatique est réussie, il est fort probable que les initiatives décrites ci-dessus n’auront pas lieu. Il faut cependant reconnaître qu’ils ont accumulé assez de force pour les tenter. Pour évaluer l’importance de la bataille politique il est nécessaire d’évaluer les forces pouvant être mises en mouvement, dont plusieurs sont déjà actives.
Je vais exposer d’une façon brève et simple, le champ de bataille sur lequel nous livrons cette lutte.
En premier lieu, il y a la bataille diplomatique. Les objectifs de l’empire sont les suivants :
1) Soutien diplomatique international. Pour cela il faudrait obtenir la condamnation par une instance internationale, par exemple, le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU. Au niveau régional, obtenir une déclaration de l’OEA ou de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme.
Ils ont besoin de neutraliser l’UNASUR, la CELAC, Petrocaribe et Caricom. Ils vont même tenter avec l’ALBA. En principe, ils n’ont pas besoin d’une déclaration contre le Venezuela. Ce qui compte pour eux, il me semble, c’est de rompre l’unanimité et d’éviter les déclarations en soutien du Venezuela, ou assez ambigües pour ne rien dire. Nous pouvons l’éviter, nous en avons les moyens. Mais il ne faut négliger ne serait-ce qu’une seconde, le front diplomatique
C’est sur ce terrain que se joue notre victoire ou notre échec. Nous ne devons pas envisager l’échec, mais agir pour le rendre impossible.
2) D’autres domaines décisifs sont la guerre médiatique et communicationnelle (qui peut atteindre des limites insoupçonnées, comme le montage de la Place verte, en Libye), la guerre psychologique, la destruction des imaginaires collectifs et la création progressive d’autres imaginaires, la destruction éthique et morale. Pour la victoire diplomatique, le succès en ce domaine est essentiel.
3) Des actes terroristes avec différentes cibles: a) élimination de leaders importants autant du gouvernement que des mouvements sociaux et de partis comme le PSUV, qui sont le support politique de l’action gouvernementale, ainsi que d’intellectuels et de journalistes engagés avec le processus bolivarien ; b) attentats contre les infrastructures (autoroutes, réseau routier, ponts, aéroports, réseau électrique et de communication) ; c) attentats pour terroriser la population civile ; d) attentats pour créer le chaos, le désordre, vandalisme, enlèvements, guerres de bandes, etc.
4) Guerre cybernétique pour saboter le réseau électrique et diminuer la capacité de défense en paralysant tous les systèmes civils et militaires qui dépendent de l’électricité ; diffusion de virus qui détruisent les systèmes informatiques, ce qui porterait également atteinte à nos systèmes de défense, contribuant au chaos et à la ingouvernabilité.
5) Guerre robotique. Non seulement par l’utilisation de drones, mais également d’autres moyens qu’ils pourraient tester au Venezuela, si nécessaire. Surtout parce que le Venezuela a une grande importance géopolitique et a été à l’origine de processus géopolitiques visant à réaffirmer la souveraineté, la coopération solidaire, l’autonomie financière, le commerce équitable, le renforcement de la coopération sud-sud et des voies de l’intégration, et surtout d’important défis pour l’empire, comme ce fut le cas de l’échec de l’ALCA en 2005, à Mar del Plata. Si nous ne parvenons pas à mettre fin à l’action contre le Venezuela, l’empire va tenter de nous donner une leçon et de mettre ainsi fin aux processus antérieurs, ce qui est une façon d’effacer la mémoire du Président Chávez.
6) Mobilisation massive de mercenaires et de milices privées avec des caractéristiques criminelles et terroristes bien connues.
Il faut vaincre les files d’attente
Les files d’attente sont devenues, parmi d’autres, un symbole d’échec, de défaite ; de difficultés non surmontées, de frustration, d’inefficacité, de corruption. Elles sont la matérialisation d’espoirs déçus, de rêves brisés, de promesses non tenues. Elles affaiblissent la conscience et l’adhésion à tout projet de transformation.
Les files d’attente sont un symbole terrible car elles se trouvent au milieu des symboles d’abondance, comme les voitures de luxe qui circulent dans les rues ou qui sont objet de contrebande ; comme les hôtels et les restaurants de luxe pleins à craquer de gens qui en profitent sans subir la pénurie, etc.
Les files d’attente sont une sorte de cimetière des espérances. Une compilation d’erreurs. Elles sont aussi un symbole de plusieurs perversions capitalistes, d’individualisme, d’égoïsme.
Mais elles sont également un symbole de stoïcisme, de loyauté, de la conscience d’un large secteur du peuple chaviste. Gloire au peuple brave qui brisa le joug !1 Ce peuple, en union avec le Président Maduro, va sauver ce processus plein d’illusions et d’espoirs ! « C’est l’heure des brasiers et seule la lumière doit être vue! »
Les files d’attente sont un phénomène complexe qui a des racines économiques et politiques, mais aussi une signification psycho-sociale. Il y du mécontentement, que la droite impérialiste tente de transformer en désespoir, en perte de confiance, en rage, en haine, … En encourageant l’égoïsme, les solutions individuelles, en faisant de l’argent facile avec les difficultés des autres. En tentant de tuer les sentiments solidaires semés par le Président Chávez. Les files d’attente sont devenues des écoles où, à travers des pratiques perverses, on apprend l’idéologie capitaliste ; des centres de frustration destinés à élargir la base sociale en formation au Venezuela.
Le Président Chávez a fait du socialisme le réducteur de la pauvreté, le créateur de l’abondance dans le cadre de la démocratie et de la liberté. La pénurie induite, les privations qui ont crée les files d’attente, associent le socialisme aux privations, à la carence, aux files d’attente…
Un retour au socialisme du XX Siècle, ce dont la droite a besoin pour discréditer et détruire le processus bolivarien.
Cette école est au service d’un effort psychosocial de la droite qui vise à inculquer dans les imaginaires populaires « la sortie », « la transition », « le changement de modèle », et dans le comportement quotidien les solutions individuelles, la fraude à la nation, les « petits » délits, la frustration, l’insécurité et la peur comme comportements nécessaires face à « l’inefficacité et l’arbitraire de l’Etat » du régime chaviste.
Il faut vaincre les files d’attente et défendre les conquêtes sociales en remportant la bataille pour la libération de l’esprit, de l’inconscient et de la conscience pou consolider l’espérance et renforcer l’unité avec le Président Maduro.
Le dialogue vaut toujours mieux que la guerre
L’histoire des dialogues au Venezuela est une longue histoire qui s’est toujours achevée par un coup de pied de l’opposition à la table de dialogue. Même si on peut être surpris par le jeu de manœuvres que toute guerre implique, le gouvernement, je crois, doit faire un dernier (ou avant-dernier, qui sait) effort pour le dialogue et un ferme appel à la paix. Faire un appel aux intéressés, fixer un jour et une heure au Palais de Miraflores, siège du Gouvernement, pour que les intéressés se présentent, et convoquer tous les média nationaux et internationaux.
Je ne crois pas qu’il soit nécessaire de donner davantage de détails, car de sont des affaires du gouvernement, le seul qui vit les détails concrets de la situation.
Lui seul peut évaluer le sens de cette proposition et sa pertinence

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