La France, sponsor des terroristes ? Israël et la colonisation (7/10)

Israël, impliqué dans le terrorisme «islamiste» international ? Cette affirmation pourrait sembler farfelue, si l’on ne prenait pas la peine de s’interroger sur les intérêts géostratégiques israéliens dans la région.

 

C’est ce que fait le chercheur Olivier Roy, qui dévoile que le phénomène jihadiste en Irak et en Syrie sert les intérêts d’Israël : « Pour les Israéliens, Daech c’est génial : des Arabes qui tapent sur des Arabes et réciproquement ! Ils ne peuvent que se réjouir de voir le Hezbollah se battre contre des Arabes, la Syrie s’effondrer, l’Iran être empêtré dans une guerre, tandis que la question palestinienne devient une cause secondaire.[1] »

            L’ancien diplomate Mohamed Hassan l’explique assez bien : « les israéliens ont un sérieux problème avec Bachar el-Assad. D’abord, parce qu’ils ont conscience que le Hezbollah n’aurait pas pu gagner en 2006 sans le soutien de la Syrie. Ensuite, parce que la crise syrienne leur offre une occasion en or d’affaiblir leur grand ennemi iranien sans même devoir tirer une balle. Le vice-premier ministre israélien Dan Meridor a d’ailleurs déclaré en octobre 2012 : « La priorité est clairement de briser l’alliance entre la Syrie, l’Iran et le Hezbollah. Cela dépasse tous les risques inhérents à un changement de régime à Damas »[2] ».

            On ne peut guère être plus clair. Il n’est donc pas étonnant d’entendre le premier président du Conseil National Syrien Burhan Ghalioun déclarer que la Syrie arrêterait de soutenir le Hezbollah si Bachar el-Assad était remplacé[3]. Ni d’entendre Bassma Kodmani, l’ancienne porte-parole du Conseil National Syrien (qui a travaillé pour la Fondation Ford et le Council on Foreign Relations), déclarer publiquement : « Nous avons besoin d’Israël[4] ». Mohamed Hassan atteste que « Israël a un intérêt certain à se débarrasser de son soi-disant « dictateur favori ». Tsahal [l’armée de défense d’Israël, ndlr], a d’ailleurs mené plusieurs raids en Syrie depuis le début de la guerre. Et un hôpital israélien a été installé dans le Golan pour soigner les rebelles anti-Assad[5]. »

            Non content de soutenir certains groupes terroristes à l’œuvre aujourd’hui en Syrie contre Bachar el-Assad, le gouvernement israélien est coupable sur son sol de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité[6]. En effet, le rapport de l’ONG Amnesty International sur les droits de l’homme en « Israël et dans les territoires palestiniens occupés » pour l’année 2014/2015 est accablant : « les forces israéliennes se sont rendues coupables de crimes de guerre et de violations des droits humains durant une offensive militaire de 50 jours dans la bande de Gaza, qui a fait plus de 1500 morts, dont 539 enfants, et des milliers de blessés parmi les civils. Elle a également provoqué d’importants déplacements de population et des destructions de biens de caractère civil et de services vitaux. Israël a maintenu son blocus aérien, maritime et terrestre de la bande de Gaza, punissant de façon collective ses quelque 1,8 millions d’habitants et accentuant la crise humanitaire. En Cisjordanie, les forces israéliennes ont tué illégalement des manifestants palestiniens, dont des enfants, et ont maintenu diverses restrictions oppressives à la liberté de mouvement des Palestiniens, tout en continuant de promouvoir les colonies illégales et en permettant aux colons israéliens d’attaquer des Palestiniens et de détruire leurs biens en toute impunité, ou presque. Les forces israéliennes ont arrêté plusieurs milliers de Palestiniens, dont certains ont déclaré avoir été torturés ; elles en maintenaient environ 500 en détention administrative sans procès. En Israël, les autorités ont continué de procéder à des expulsions forcées et de démolir les habitations de Bédouins palestiniens dans les « villages non reconnus » du Néguev/Naqab. Elles ont aussi placé en détention et expulsé sommairement des milliers de migrants étrangers, dont des demandeurs d’asile, et emprisonné des objecteurs de conscience israéliens.[7] »

Un autre article d’Amnesty International montre bien comment Israël utilise des méthodes relevant du terrorisme d’État (intimidations, menaces, torture, destruction de biens privés, expulsions forcées, privations de libertés, restrictions de droits fondamentaux…) en représailles aux actes de résistance palestiniens[8]. Selon Amnesty, les actes du gouvernement israélien ne respectent pas « les droits humains et le droit international humanitaire », et représentent une « atteinte aux Conventions de Genève et un crime de guerre[9] ». Ces méthodes autoritaires et traumatisantes poussent à la radicalisation, et participent à l’entretien d’un cycle de violences perpétuel.

 

Source: Investig’Action

 

Notes:

[1]              . Sara DANIEL et Marie LEMONNIER, « Ces (nombreux) pays que l’existence de Daech arrange bien », Nouvelobs.com, 22 novembre 2015.

[2]              . Mohamed HASSAN et Grégoire LALIEU, Jihad Made in USA, Investig’Action, 2014, p. 119.

[3]      . Ibidem

[4]      . Ibidem.

[5]              . Idem, p. 120.

[6]      . « Rapport Black Friday : carnage à Rafah », Amnesty.org.

[7]              . « Le rapport Israël et territoires palestiniens occupés », Amnesty.org, 2014/2015.

[8]              . Jacob BURNS, « Voici à quoi ressemble la «fermeté face au terrorisme» à Jérusalem-Est », Amnesty.org, 30 octobre 2015.

[9]      . Idem.

 

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