La prise de contrôle de maisons palestiniennes par l’armée israélienne constitue l’une des plus graves violations des droits de l’homme opérées par Israël dans les Territoires palestiniens occupés, en ce qu’elles portent notamment atteinte aux droits, internationalement protégés, à une vie privée, une vie de famille, à la propriété privée et à des voies légales. Israël a fait un large usage de cette politique de prise de contrôle de maisons durant la seconde Intifada.
AIC, 28 octobre 2008
Alternative Information Center
En général, les soldats israéliens annoncent simplement aux familles palestiniennes qu’elles doivent évacuer leurs maisons parce que l’armée en a besoin à des « fins militaires ». Des dizaines de familles ont été confrontées à une telle sanction collective, en particulier à Hébron où certaines maisons sont occupées depuis des années déjà par des soldats israéliens. Mises dans pareille situation, les familles palestiniennes se retrouvent à la rue, obligées de choisir entre louer une autre maison et aller s’établir chez des proches.
Le cas le plus récent, dans lequel l’armée israélienne a pris le contrôle de la maison de la famille Zo’ool, dans le village de Husan, à l’ouest de Bethléem, illustre parfaitement cette politique. Bassam Ibrahim Zo’ool a rapporté à l’AIC (Alternative Information Center) : « La semaine passée, les soldats ont commencé à venir chez moi, ma maison étant située près de la route principale, dans le village de Husan. Les soldats sont venus plusieurs fois le même jour et parfois même la nuit. Ils ont pris des photos de ma maison, sous tous les angles. Vendredi dernier, le 24 octobre, à cinq heures du soir, des soldats sont venus chez moi, ils sont entrés et ont pris plein de photos de l’intérieur de la maison. Quand je leur ai demandé ce qu’ils faisaient, un officier m’a répondu : ‘La ferme, c’est le boulot de l’armée ; tu n’as pas le droit de parler’. Ils sont partis une demi-heure plus tard. »
« Ils sont venus une deuxième fois à trois heures du matin. Nous dormions et avons été réveillés par les coups frappés à la porte. J’ai ouvert et plus de dix soldats sont entrés. Ils nous ont donné cinq minutes pour rassembler tout le monde dans la cuisine. Quelques soldats nous gardaient pendant que d’autres vérifiaient qu’il n’y avait personne d’autre dans la maison. Ils ont emmené notre fils de 20 ans, Ahmad, dans une pièce éloignée de la cuisine et quand nous l’avons entendu crier, nous avons poussé les soldats et avons couru jusqu’à l’autre pièce où nous avons vu des soldats occupés à le frapper. Nous avons crié aux soldats d’arrêter, après quoi l’officier nous a donné l’ordre de quitter notre maison. »
« Nous sommes allés chez mon frère qui habite à proximité. Les soldats ont utilisé notre maison comme un centre militaire. Ils ont hissé le drapeau israélien sur le toit et placé des sacs de sable devant les fenêtres. Les soldats ont alors déclaré que notre maison et toute la rue était zone militaire fermée. Personne n’était autorisé à marcher dans la rue et plusieurs personnes ont été frappées par les soldats, ces derniers jours. »
« Nous avons contacté de nombreuses organisations de droits de l’homme ainsi que des militants et des organisations israéliennes qui avaient l’habitude de venir dans notre secteur. Durant les visites de ces groupes et de ces militants, les soldats israéliens se comportaient (correctement), mais quand il n’y avait pas de militants présents, ils étaient agressifs à l’égard des habitants de Husan. Finalement, le soir du dimanche 26 octobre, ils sont partis de chez moi. »
(Traduction de l’anglais : Michel Ghys)