Israël et médiamensonges par Michel Collon

Vous avez été nombreux à demander des nouvelles d’Israël, parlons-en ! devenu introuvable en librairie… En fait, nous étions en train de préparer une nouvelle version, actualisée. Quel impact les révoltes arabes auront-elles sur Israël ? Comment évoluera l’Egypte ? Les USA risquent-ils de perdre le contrôle du Moyen-Orient ? Quels nouveaux acteurs sont en train de changer les rapports de forces ? Michel Collon explique pourquoi cette nouvelle version et tire le bilan de ses nombreuses rencontres avec le public…

INTERVIEW : Investig'Action
 
 

 
 
Vous rééditez Israël, parlons-en ! dont la première édition était sortie il y a tout juste un an. Pourquoi ?
Michel Collon : Pour deux raisons. D’abord, la demande du public a été et reste très forte…

Des chiffres ?
7000 exemplaires vendus en un an.

Pourtant, on n’en a pas beaucoup parlé dans les médias !
Pas du tout, en fait. Pas une seconde à la télé, pas une ligne dans la presse. Nulle part.

Les médias étaient au courant ?
Bien sûr, avec communiqués, service de presse et tout. Mais critiquer les médiamensonges qui entourent Israël, c’est le plus grand tabou actuel.

Le public montre plus de curiosité ?
Oui, nous avons reçu un énorme courrier : remerciements, encouragements, questions, propositions pour diffuser…

Et votre deuxième raison pour rééditer ?
Il y a urgence politique. Les révoltes arabes ont affaibli les Etats-Unis et il est possible d’isoler Israël.

Vous y croyez ?
De plus en plus. Les Etats-Unis, déjà affaiblis par leur déclin économique, leur endettement colossal, leurs guerres perdues, la montée en puissance de la Chine, la volonté d’indépendance des pays du Sud (Brésil, Venezuela, Inde, Pakistan, Turquie…), sont en train de perdre leur domination mondiale. Si le parrain d’Israël est de plus en plus fragile, il faut absolument en profiter pour aider les Palestiniens à obtenir leurs droits.

Votre livre n’est pas passé à la télé. Par contre, vous avez été fort invité par le monde associatif : près de cinquante conférences, qui se déroulaient selon une méthode originale à ce qu’il paraît…
Oui, j’avais choisi de bousculer un peu les habitudes. Au lieu du traditionnel « exposé, questions, réponses », je commençais par interroger le public.

Original en effet, et pourquoi ?
Pour partir de son expérience, des questions que les gens se posaient et des difficultés qu’ils rencontraient en parlant d’Israël dans leur milieu. Après, j’adaptais mon exposé pour répondre à ces questions spécifiques.

Et que vous a appris leur expérience ?
Un grand paradoxe. D’un côté, les gens comprennent parfaitement que la question d’Israël – le flic des USA pour contrôler le Moyen-Orient et le pétrole – est d’une importance décisive pour le rapport des forces dans le monde, et c’est le problème international qui sensibilise et mobilise le plus aujourd’hui en Europe, de très loin. Et de l’autre côté, c’est la question sur laquelle les gens se sentent le moins en état de changer les choses. Il y a un grand désarroi, un sentiment d’impuissance. On ne sait pas comment s’y prendre !

C’est pourquoi après les interviews de Chomsky, Ramadan, Sand, Gresh, Warschawski, Hassan, qui éclairent chacun un aspect d’Israël et de son histoire, vous concluez par votre apport personnel : « Comment parler d’Israël ? »
Oui, je propose une méthode concrète pour discuter efficacement autour de soi.

Ca marche ?
J’ai reçu beaucoup de mails et de témoignages de gens que cela a bien aidé, oui. Et pour moi, c’est ça la meilleure récompense d’un grand travail. Le plus important n’est pas d’avoir écrit un livre, c’est ce que les gens en font après. C’est alors que commence le vrai travail…

Justement, un tel livre, c’est un gros boulot ?
Oui, mais heureusement, j’ai pu compter sur l’aide précieuse d’Abdellah, Aurore, Ihsane, Vinciane et de nombreuses autres personnes. La démarche d’Investig’Action c’est ça : un engagement bénévole, citoyen, militant, pour apporter à chacun les instruments dont il a besoin pour être actif et efficace.

Bon, mais votre livre s’adresse quand même essentiellement aux déjà convaincus »…
Non. Le courrier reçu montre que ce livre touche deux sortes de publics : 1. Les convaincus qui ne savent pas comment répondre à certaines thèses des pro-Israël et des médias. 2. Les curieux, les gens qui n’ont pas encore pris position et cherchent à voir clair dans la confusion des infos quotidiennes.

Là, vous êtes en train de demander aux « convaincus » d’offrir ce livre aux « pas convaincus » !
Oui, nos lecteurs le savent : tous les revenus de nos livres et films servent à soutenir la réalisation du site www.investigaction.net , en finançant des emplois de jeunes journalistes. Acheter, offrir, diffuser nos livres c’est investir dans l’info libre.

Vous n’avez jamais débattu de ce livre avec des porte-paroles du sionisme, du lobby pro-Israël ? Vous ne voulez pas ?
Je veux bien, mais lorsqu’ils ont été sollicités par diverses associations, ils ont tous refusé.

Pourquoi ?
Il faudrait leur demander. Parce qu’ils n’ont pas d’arguments solides ? Moi, je souhaite qu’il y ait enfin sur Israël un vrai débat poli, calme, basé sur des faits vérifiables par chacun. Ce serait très utile pour faire avancer la vérité et la justice, donc la paix un jour ! 

Le monde arabe vient de se réveiller. Cela aura-t-il un impact sur le conflit israélo-palestinien ?
Evidemment. C’est pourquoi nous avons complété le livre en organisant un débat entre Samir Amin au Caire, Michel Warschawski à Jérusalem et Mohamed Hassan à Bruxelles. Ils éclairent la relation USA – Egypte – Israël et permettent de comprendre les bouleversements qui s’annoncent.

C’est-à-dire ?
Les dirigeants d’Israël sont très inquiets et risquent – comme d’habitude dans ce cas-là – de se lancer dans de nouvelles agressions. C’est notre responsabilité à tous d’empêcher cela en informant au maximum chacun là où nous sommes.
 
 
 
 

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