“Il y a urgence à contrecarrer l’USAID”

La majorité des contribuables américains ignorent que des millions de dollars de leur argent sont investis dans des opérations politiques sales dans des pays comme le Venezuela, dénonce l’enquêtrice Eva Golinger.
Interview : Source: Kaos en la red

L’USAID et d’autres agences étrangères violent les principes les plus basiques de la démocratie et de la souveraineté dans nos nations: il est urgent de prendre des mesures concrètes, affirme l’enquêtrice américo-vénézuélienne Eva Golinger, qui s’est consacrée durant la dernière décennie à démasquer les activités nord-américaines d’ingérence et de subversion au Venezuela et en Amérique Latine.

La mal-nommée Agence Américaine pour le Développement International essaie depuis un an d’atténuer les effets sur son image d’un énorme scandale de détournement, découvert par le Général Accountability Office (GAO), le service d’audit du Congrès nord-américain, en faveur d’opérations de subversion qu’elle développe contre Cuba. Le dernier épisode de ce véritable roman vient de se dérouler avec l’inculpation à Washington du fonctionnaire Felipe E. Sixto, qui a détourné un demi-million de dollars du “Centre pour un Cuba libre”, un rejeton de la CIA, avant de s’en aller travailler comme conseiller de George W. Bush.

L’ensemble des opérations de l’USAID pour l’Amérique Latine a été conduit depuis 2002, l’année de l’échec du coup d’Etat contre Hugo Chavez, par Adolfo Franco, un américo-cubain qui, après avoir renoncé à son poste au début de l’année, a été travailler comme conseiller à la campagne présidentielle de John McCain. Franco, bien sûr, a aussi contribué à couvrir les opérations subversives au Venezuela. Cependant, dans son pays, la Département d’Etat utilise une façade différente, appelée OTI; comment fonctionne cette autre tentacule du dispositif d’ingérence de Washington?

EG: Actuellement, la présence de l’USAID au Venezuela se fait de manière différente de ce qui se passe dans d’autres pays d’Amérique Latine. L’antenne de l’USAID qui gère les programmes au Venezuela est “Le Bureau pour des Initiatives vers la Transition” (Office for Transition Initiatives “OTI”), laquelle est supervisée et dirigée par Russell Porter directement depuis Washington, qui y travaille comme Chef de l’Equipe pour l’Amérique Latine de la OTI. La OTI ne relève techniquement pas du contrôle du Bureau pour les Caraïbes et l’Amérique Latine de l’USAID, mais c’est une entité qui a ses propres directives stratégiques et un budget séparé des autres opérations de l’USAID dans la région. Le Venezuela, à la différence de pays comme la Bolivie, l’Equateur, le Nicaragua et d’autres, n’a pas d’accord de coopération officiel avec l’USAID et par conséquent il n’existe pas de programmes de cet organisme nord-américain dirigé vers les affaires “humanitaires” ou de “développement”. Les opérations de l’USAID au Venezuela sont strictement politiques. Cependant il n’y a pas de doute que Adolfo Franco a une influence sur les opérations de l’USAID au Venezuela.

Déjà en 2004 l’USAID/OTI gérait des opérations avec 132 groupes au total. Ce qui préoccupe le plus dans ce gigantesque appareil d’ingérences est que la grande majorité de ces entreprises de déstabilisation reste non identifiée. L’USAID agit sur le territoire vénézuélien avec des techniques de renseignement gardant un secret absolu. Que sait-on de l’identité de ces organisations qui acceptent l’argent Yankee pour prospérer?

EG: L’USAID/OTI s’est établie au Venezuela en juin 2002 et a commencé à fonctionner de façon formelle deux mois après, en août de la même année. La mission de ce bureau était en principe de “soutenir la démocratie au Venezuela” et “renforcer les fragiles institutions démocratiques du pays”. Ces objectifs, s’ils sont nobles, n’en sont pas moins réellement cyniques. La OTI est arrivée au Venezuela seulement deux mois après le coup d’état d’avril 2002 contre le Président Hugo Chavez qui fut financé et conçu par les agences de Washington, comme le National Endowment for Democracy (NED), l’Institut Republicain International (IRI), l’Institut Democrate National (NDI), et leurs antennes au Venezuela. Le fait qu’une autre agence de Washington- du Département d’Etat lui-même- est arrivée au pays pour “aider à renforcer la démocratie” après avoir dirigé une des actions les plus contraires à la démocratie, le coup d’état, était une preuve du véritable cynisme et du manque de respect au peuple et au gouvernement vénézuélien. De plus, l’USAID n’a demandé aucune autorisation pour commencer ses opérations au Venezuela, ce qui doit être considéré comme une violation de la souveraineté vénézuélienne.

Le mode de fonctionnement de l’USAID/OTI au Venezuela est assez mal connu du public. Ses opérations se font réellement sous couverture. Elle fonctionne comme une agence de renseignement. Elle répartit son grand budget ( plus de 10 millions de dollars à son début) au travers de 5 “associés”, qui sont des entreprises ou des institutions nord-américaines ayant des bureaux établis à Caracas: Development Alternatives Inc. (DAI), entreprise liée au Complexe Militaro-Industriel, qui se focalise sur des programmes destinés au “dialogue, au débat public, la participation citoyenne et l’entraînement au leadership démocratique”; l’Institut Républicain International (IRI) et l’Institut Démocrate National (NDI) qui offrent une “assistance technique” aux partis politiques; Freedom House, qui travaille avec les militants et les groupes des droits humains; et Fondation pour le Développement Panaméricain (PADF), qui appuie la dénommée “société civile” avec de l’argent et du conseil politique.

Depuis le début ils ont financé plus de 480 groupes et projets au Venezuela avec plus de 40 millions de dollars.

En 2007 l’USAID/OTI a financé une grande partie des mobilisations et des stratégies du dénommé “mouvement étudiant” de droite, qui est descendu dans les rues du Venezuela pour défendre la TV putschiste RCTV. Depuis 2005 l’USAID/OTI a financé des programmes de “leadership” et de “valeurs démocratiques” dans différentes universités vénézuéliennes, comme l’Université Métropolitaine, l’Université Centrale du Venezuela, l’Université Simon Bolivar et l’Université Catholique Andres Bello. Une partie de ce travail s’est focalisé sur l’aide fournie à des organisations de la société civile vénézuélienne pour entrer en contact avec des correspondants à l’étranger. Selon l’USAID cet appui a aidé le mouvement de la société civile au Venezuela à mûrir et mieux s’organiser. Cette année, l’USAID a financé 63 projets ou groupes au travers de la DAI pour un total de 1.111.096 dollars et a réparti 958.495 autres dollars via la PADF pour les activités de 15 ONG vénézuéliennes.

Les programmes de 2007 s’intensifieront durant le second semestre de l’année avec la campagne du référendum sur la réforme constitutionnelle. L’USAID/OTI a investi une grande partie de son financement et de ses conseils dans la campagne et dans les efforts des ONG et des partis politiques qu’elle finance pour promouvoir le vote et la participation citoyenne au référendum, en promouvant bien sûr le vote contre la réforme constitutionnelle. Ils ont remis 1.379.347 dollars à 18 groupes vénézuéliens durant les mois de septembre à décembre 2007 en appui à leurs campagnes contre la réforme constitutionnelle.

Les propres rapports de l’USAID soulignent comment ce programme et ses financements ont eu pour responsabilité de divulguer de l’information sur la réforme et ses “menaces” pour la démocratie vénézuélienne et qu’ils ont réussi dès lors à faire capoter la réforme.

Durant 2008, les activités de l’USAID/OTI au Venezuela se sont principalement focalisées sur la campagne de l’opposition pour les élections régionales du 23 novembre. Selon ses propres documents, l’USAID/OTI a financé cette année plus de 68 programmes/organisations vénézuéliennes destinées au développement de campagnes politiques et aux stratégies de communication des forces de l’opposition, avec 4 millions de dollars. Certains de ses programmes incluaient la fourniture d’assistance à des projets visant à inclure les principes de “bonne gouvernance” comme faisant partie des élections régionales pour que les urnes reflètent réellement les besoins et les désirs des citoyens; assistance à des groupes locaux qui conçoivent du matériel sur la gouvernance basée sur les valeurs démocratiques (selon Washington)- les matériels furent remis à des leaders communautaires et autres membres de la société civile; appui pour des campagnes pour inscrire les votants/électeurs pour les élections régionales; assistance à des ONG qui promeuvent le débat au travers d’activités communautaires et de programmes de radio touchant aux affaires en relation avec les élections régionales; appui aux organisations qui promeuvent le débat entre les candidats pour les élections régionales; appui et entraînement aux groupes des droits humains qui font le “monitoring” des menaces sur les droits humains pendant les élections régionales; entraînement pour les partis politiques et appui pour des activités promotionnant le leadership jeune et la participation au processus politique.

Malgré que l’USAID ait censuré le nom des bénéficiaires de son financement et de son conseil stratégique au Venezuela, on est parvenu à savoir, au travers de différentes enquêtes, que les principales organisations financées ont été Sinergia, Ciudadania Activa, Sumate, Primero Justicia, Un Nuevo Tiempo, CEDICE, Consorcio Justicia, Hagamos Democracia, IRI, NDI, PODEMOS, Cesap, Accion Campesina, Accion solidaria, Escuela de Vecinos, Universidad Metropolitana, Liderazgo y Vision, Radar de los Barrios, Venezolanos del Mundo, Queremos Elegir, et d’autres encore qui ont joué un rôle-clé dans les actions de déstabilisation durant les dernières années. Sinergia, par exemple, est l’organisation qui chapeaute un collectif de groupes d’opposition ( comme Cedice, Sumate, Radar de los Barrios, Cesap, Accion Campesina et d’autres) et qui a conçu (avec l’aide de Washington) et distribué du matériel de campagne contre la réforme constitutionnelle et pour l’élection régionale de candidats d’opposition. Ils ont réalisé des enregistrements pour la télévision, qui ont été transmis par la TV réactionnaire et de droite Globovision, et ils ont distribué des CD et des vidéos de leurs messages dans les communautés populaires du pays.

Washington a créé un poste de « directeur de mission » du renseignement pour Cuba et le Venezuela. On sait que l’USAID est une dépendance du Département d’Etat qui coordonne ses opérations avec la CIA et les autres agences d’espionnage nord-américaines. En quoi l’examen des organismes subsidiés au Venezuela reflète-t-il le travail d’espionnage que développe cette agence ?

EG : Evidemment les opérations de cette Mission Spéciale de la CIA au Venezuela et à Cuba sont secrètes et assez difficiles à connaître. Cependant, ce que nous savons néanmoins c’est que depuis la créations de cette entité en 2006, il y a eu une augmentation du nombre de fonctionnaires de la CIA au Venezuela (je pense que nous pourrions inclure la Bolivie également en tant que pays directement affecté par cette nouvelle « mission » d’espionnage) et il y a eu une augmentation du financement des forces d’opposition les plus réactionnaires dans la région.

De même, avec cette mission de la CIA, il y a eu davantage de focalisation sur des opérations psychologiques au Venezuela- incluant les campagnes de communication financées par l’USAID et réalisées par des organisations vénézuéliennes comme Sinergia, Sumate et même la télévision Globovision.

L’ex-ambassadeur des Etats-Unis à Caracas, William Brownfield, a été jusqu’à distribuer des fonds de l’USAID dans des quartiers pauvres pour financer des équipes de base-ball et des garderies. Y a-t-il beaucoup d’exemples, d’anecdotes, autour de ce genre de « défense de la démocratie » ?

EG : Comme je l’ai déjà mentionné, l’objectif supposé de l’USAID/OTI au Venezuela est de « promouvoir la démocratie ». Je dirais que cette forme d’ingérence sous couverture d’une façade de liberté et de démocratie est aussi dangereuse qu’une invasion militaire. De fait c’est une invasion- dans la société, les communications, l’esprit des gens, dans ce que nous voyons et écoutons, dans ce que nous disons. J’ai des documents de centaines de programmes de l’USAID au Venezuela, tous ayant des noms qui sonnent « beaux et nobles ». Voici quelques exemples :



1. G-3822-101-001 : « Promotion et Facilitation du Dialogue au Venezuela », 98.600 $

2. G-3822-101-002 : « Le Nouveau Rôle du Maire au XXIème siècle : Leadership Pour l’Efficience Municipale et la Gestion des Ressources », par Mirador Democratico, 45.541$

3. G-3822-101-003 : « Création d’espaces de dialogue pour construire des visions communes à partir de points de vue différents » 59.304$

4. G-3822-101-004 : « Rencontre entre le Pays que nous Avons et le Pays que nous Voulons », Fedecamaras. 4.690$

5. G-3822-101-005 : « Formation de Facilitateurs Communautaires » (Forming Community Facilitators), 25.984,77$

6. G-3822-101-011 : « Appui au Dialogue pour Faciliter la Recherche de Solutions Viables Démocratiques et Institutionnelles », 12.855$

7. G-3822-101-012 : « Prévention de la Violence Quotidienne », 49.830$

8. G-3822-101-013 : « Mon Quartier : Un Espace Démocratique pour le Consensus et le Développement », PETARE et Tejerias. 53.000$/Bs. 108.503.486

9. G-3822-101-014 : Carter Center/Centro Carter, « Appui à la table des négociations et accords », 10.100$

10. G-3822-101-015 : « Forum : Sorties Electorales à la Crise Politique au Venezuela », 16.892,20$

Au final ce que font ces agences c’est pénétrer et infiltrer les communautés populaires et de la classe moyenne du pays pour promouvoir une vision néo-libérale dissimulée sous de la démocratie. De manière lamentable, cette stratégie subversive fonctionne si on ne la combat pas directement par des enquêtes, la dénonciation et la régulation de ses activités.

Quelle responsabilité ont les agences nord-américaines dans le putsch de 2002 et les incidents violents qui se sont déroulés au fil des années ?

EG : eh bien j’ai deux livres écrits sur ce sujet : El Codigo Chavez : Déchiffrer l’Intervention des Etats-Unis au Venezuela, et Bush vs Chavez : la Guerre de Washington contre le Venezuela, qui décrivent avec des milliers de documents que nous sommes parvenu à faire déclassifier par le Département d’Etat, le Pentagone, la CIA, l’USAID, le NED, et d’autres, qui prouvent le rôle de Washington dans le coup d’état de 2002 contre Chavez et les actions déstabilisatrices qui se sont succédées jusqu’à ce jour. Ils ont financé les acteurs et les groupes politiques qui ont engendré ces actions criminelles, ils les ont conseillés et les ont appuyé politiquement tout au long de ces années. Tout cela est prouvé avec des preuves convaincantes. Ils ont aussi monté une Guerre Médiatique et Psychologique contre le peuple vénézuélien via les médias de communication majeurs- nationaux et internationaux. Et cette Guerre- ou les opérations psychologiques, qui sont des campagnes de discrédit contre le Venezuela conçues dans un laboratoire du Commando des opérations Spéciales du Pentagone et financées avec des millions de dollars et puis projetées et transmises par les médias nationaux et internationaux- a eu un impact terrible sur la manière dont la situation actuelle du Venezuela est vue dans le monde. Ces courants d’opinion qui s’expriment sur le Venezuela et le Président Chavez, affirment qu’ici il y a une dictature, qu’il y a un lien avec le terrorisme et le narcotrafic, que la région est déstabilisée, que l’on viole les droits humains, etc, et sont destinées à justifier devant l’opinion publique internationale les agressions de Washington contre le Venezuela.

Il y a un ensemble de facteurs financiers, interventionnistes, médiatiques, subversifs, militaires et politiques que Washington manie en ce qui concerne ses actions contre le Venezuela. Il n’y a aucun doute que cette ingérence constante des agences de Washington et de ses alliés européens a maintenu à vif le conflit et la polémique au Venezuela durant les 6 dernières années. S’il n’y avait pas eu ce financement de l’USAID, la NED et d’autres agences étrangères, et les contacts et les liens et l’appui politique de Washington à l’opposition, combiné avec la Guerre Médiatique et Psychologique, le Venezuela vivrait plus en paix et en tranquillité aujourd’hui. Mais Washington cherche et pousse à la Guerre- son objectif principal. Au Venezuela, la Révolution Bolivarienne menée par le Commandant Hugo Chavez, est un mouvement de paix, de justice et d’amour. Mais nous nous défendrons contre toute agression de Washington. Nous sommes une révolution armée de dignité.

Les nord-américains savent très peu de choses des fortunes dépensées sous le prétexte totalement absurde de défendre la démocratie. Ils en savent encore moins de comment cet argent est distribué à des groupes anonymes. Ils ignorent totalement que celui qui manie cet argent était un américo-cubain qui maintenant est lié à un détournement. Comment se fait-il qu’au Congrès nord-américain, alors que le citoyen nord-américain vit sous la pression d’une crise économique majeure, il ne soit venu à l’idée de personne d’exiger des enquêtes sérieuses à ce sujet ?

EG : il est vrai que les gens ne savent pas que leur argent est utilisé d’une façon si offensive et hypocrite. Mais le peuple américain est vraiment ignorant quand il s’agit des actions de son propre gouvernement. D’une part le gouvernement n’informe pas, mais d’autre part les gens ne s’y intéressent pas. Il y en a peu qui cherchent l’information et enquêtent sur ce sujet. Clairement, je crois que s’ils savaient en ce moment que des millions de dollars de leur argent est investi dans des campagnes politiques de candidats de pays comme le Venezuela, le Nicaragua, la Bolivie ou l’Equateur, ça les dérangerait. Et encore plus s’ils se rendaient compte des millions dépensés à maintenir des conflits violents ouverts en Bolivie, au Venezuela et à Cuba, par exemple, au travers de financement d’ONG politiques et de partis politiques qui ne représentent pas la majorité dans ces pays. Mais au Congrès, on défend et on approuve ce financement, parce qu’on le voit comme un devoir et une obligation en tant que « plus grand pays du monde » devant « promouvoir la démocratie et la liberté » à l’extérieur, bien que le coût soit supporté par son propre peuple. Cela fait partie de ce concept pervers d’ « Impérialisme Humanitaire », duquel ont parlé Chomsky et d’autres analystes, qui justifie les agressions de Washington en Irak, en Afghanistan et dans des pays comme le Venezuela, Cuba ou la Bolivie au nom de « la démocratie et la liberté »

Dans le cas de Cuba, l’enquête du GAO a montré que la majorité des groupes impliqués- la majorité également des groupes non identifiés- manient ces fonds de millions de dollars avec un absolu manque de rigueur. S’agissant de plus d’activités secrètes qui impliquent souvent la corruption de fonctionnaires, on maintient un secret qui ouvre la porte à toutes sortes de détournement de fonds. Si dans le cas de Cuba on parle d’une quarantaine de groupes, que va-t-il se passer avec plus d’une centaine de groupes ? Y a-t-il eu, à un moment, une enquête nord-américaine sur la manière dont est administré cet argent provenant des Etats-Unis ?

EG : il n’y a pas eu enquête que je connaisse autre que la mienne sur le financement de l’USAID au Venezuela. Et il y a encore moins eu d’enquête des entités gouvernementales des USA sur ces programmes. Au Venezuela j’ai demandé au gouvernement d’enquêter en profondeur sur la présence des agences de Washington dans le pays et sur l’affectation de leurs financements et conseils. Il manque de façon pressante une régulation- une loi- qui monitore et régule, et dans certains cas interdit- le financement des agences étrangères aux ONG et organisations qui interviennent dans le pays. Le sujet de la subversion au Venezuela est assez préoccupant car ces agences sont parvenues à pénétrer tous les secteurs de la société vénézuélienne et ont eu un impact évident sur les résultats électoraux au cours des dernières années.

Nous avons demandé à différents membres du Congrès nord-américain des enquêtes sur le financement de l’USAID et de la NED au Venezuela les 6 dernières années. A ce jour nous n’avons reçu aucune réponse sérieuse. Je crois que nous devons faire un effort, entre plusieurs pays d’Amérique Latine affectés par cette subversion et ingérence de l’USAID, la NED et les autres agences de Washington, pour demander une grande enquête du Congrès nord-américain sur le véritable emploi et la destination de ces fonds qui proviennent des impôts que payent les habitants des Etats-Unis chaque année. La Bolivie, par exemple, est un des pays les plus affectés par l’ingérence de l’USAID et a dénoncé de nombreuses fois au gouvernement de Washington l’injection de fonds de ces agences dans le pays.

En Bolivie il y a des preuves très convaincantes concernant les actions politiques et anti-démocratiques des agences et acteurs de Washington contre le gouvernement de Evo Morales. Ensemble, nous pourrions démontrer les cas où l’USAID et les autres agences étrangères violent les principes de base de démocratie et de souveraineté de nos pays. Je pense qu’il y a urgence à réaliser des actions concrètes.

Traduit par Jean-Louis Seillier pour Investigaction.

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