(AFP)

L’armée israélienne tend-elle maintenant des guet-apens aux populations civiles ?

À nouveau jour, nouvelle stratégie. La mascarade habituelle se joue dans le résidu choquant du meurtre de 112 Palestiniens et le balafre de 800 autres, tous désespérés et en attente d’une aide indispensable à leur survie.

C’est inévitable parce que peu importe l’ampleur, la nature ou la manière dont les outrages sont perpétrés, les Palestiniens ont été, et seront toujours, considérés comme du bétail tout juste bon pour l’abattoir par une armée de soutiens et d’apologistes impénitents d’Israël.

Ils sont, bien sûr, à pied d’œuvre pour essayer – comme ils sont conditionnés à le faire – de trouver une explication, une excuse, une justification pour absoudre Israël de sa responsabilité pour les crimes contre l’humanité qu’il commet en toute impunité dans la bande de Gaza et au-delà.

Dans leur vision étriquée, Israël n’est jamais à blâmer, jamais responsable, jamais l’auteur, jamais coupable. Admettre qu’Israël est responsable, auteur ou coupable, signifierait, en fait, admettre également leur culpabilité.

La panoplie habituelle de mensonges, de déformations et d’obscurcissements est déployée, à envi, par les suspects habituels des capitales et leurs salles de presse pour nier ou obscurcir l’évidence.

L’aveuglement est le prolongement obligé de leur complicité. Ils refusent de voir ce que le reste d’entre nous peut voir. Leur allégeance évangélique à Israël l’emporte sur la vérité et la décence. Ce fut toujours le cas. Et ce le sera toujours.

Cette mascarade, désormais familière, prend la forme d’un massacre de plus d’une centaine de Palestiniens désespérés qui se sont jetés sur des camions d’aide humanitaire transportant les produits de première nécessité qui leur sont refusés par un régime fanatique déterminé à les tuer rapidement ou à petit feu.

Cette fois, la terreur a sévi dans la rue al-Rashid, dans la périphérie sud-ouest de ce qui reste de la ville de Gaza, où des milliers de sans-abri palestiniens s’étaient rassemblés à l’air libre de la nuit. Ils avaient froid. Ils sont malades. Assoiffés. Affamés.

Ce qui s’est passé là et à cette heure n’était pas un “incident” ou une “scène de chaos”. C’était, au contraire, la preuve la plus meurtrière du génocide commis par une puissance d’occupation impitoyable contre un peuple emprisonné et impuissant, avec un acharnement délibéré et une efficacité crapuleuse.

Nous savons ce qui s’est passé à cet endroit à ce moment, parce qu’Ismaïl al-Ghoul, de la chaîne Al Jazeera, était sur place. Il n’était pas à Tel Aviv ou à Jérusalem-Est occupée. Il n’était pas dans un studio de télévision à Washington, DC, New York, Londres ou Paris, se fiant au récit d’un porte-parole israélien prétentieux. Il était sur place.

Voici ce dont al-Ghoul rapporte avoir été témoin.

Des dizaines de Palestiniens ont entendu dire que des camions transportant de la précieuse farine étaient sur le point d’arriver. Alors qu’ils attendaient dans la crainte, tôt jeudi matin, les soldats israéliens ont commencé à tirer. Vous pouvez entendre le crépitement des tirs sur la vidéo qui a immortalisé la folie meurtrière. “Nous sommes allés chercher de la farine. L’armée israélienne nous a tiré dessus à l’aveugle. Il y a beaucoup de victimes à terre et nous sommes en train de les évacuer. Il n’y a pas de premiers secours”, a déclaré un témoin à Al Jazeera.

Un autre témoin a ajouté : “Les Israéliens ont ouvert le feu sur nous aveuglément, on aurait dit que nous tombions dans un piège“. Ensuite, après avoir mitraillé les Palestiniens, les chars israéliens ont avancé et écrasé les morts et les blessés, a indiqué M. al-Ghoul.

Ce que les témoins semblent décrire est la tactique militaire connue sous le nom de “double frappe”. La première frappe atteint la cible visée. La seconde frappe vise ceux qui tentent d’aider les morts et les blessés.

Quoi qu’il en soit, lorsque le carnage a été terminé, le nombre impressionnant de morts et de blessés palestiniens ne cessait de s’accroître, comme chaque jour depuis cinq mois, avec une férocité implacable.

Lorsque le jour s’est levé, on a pu prendre la véritable mesure de l’effroyable massacre.

Les ambulances ne pouvaient pas atteindre les dizaines de morts et défigurés car les routes, comme la majeure partie de Gaza, ont été détruites. Les morts ont été chargés sur le plateau d’un des camions humanitaires convertis en morgue mobile, leurs corps mous et sans vie entremêlés en un grotesque amas d’humanité.

Le flot de blessés palestiniens ayant survécu à l’attaque a envahi les hôpitaux débordés et les soignants qui y travaillent encore. “Les hôpitaux ne sont plus en mesure d’accueillir le nombre considérable de blessés parce qu’ils manquent de carburant, sans parler des médicaments. Les hôpitaux ont également manqué de sang”, a déclaré M. al-Ghoul.

Un médecin palestinien qui s’apprêtait à aider les blessés au milieu du chaos meurtrier a admis qu’il ne pouvait pas faire grand-chose. “La majorité des cas nécessitent une intervention chirurgicale et des salles d’opération”, a-t-il déclaré“Pour être honnête, je ne vois pas ce que nous pouvons faire. La situation est … abominable”. La situation est “abominable” depuis longtemps. Mais la soi-disant “communauté internationale” tergiverse. Pire encore, elle débite des platitudes dénuées de sens, “appelant” Israël à cesser de tuer des civils.

Il est clair que les tergiversations et autres platitudes ne fonctionnent pas. Les crimes contre l’humanité ne cessent de se multiplier. Au début, Israël a déclaré que les Palestiniens étaient responsables des tueries et des préjudices subis. Les Palestiniens ont été écrasés et piétinés, selon Israël, lorsqu’ils se sont précipités vers les camions d’aide. C’est faux. Ce “discours” malsain ne tient pas compte des raisons pour lesquelles des hordes de Palestiniens se précipitent sur les camions d’aide humanitaire.

L’objectif déclaré d’Israël est de forcer les Palestiniens à capituler en les privant de nourriture, d’eau, de carburant et de médicaments. Ensuite, Israël a changé de cap. ‘Nous n’avions pas l’intention de tirer sur des civils non armés. Nous avons commencé à tirer uniquement parce que nos soldats lourdement armés se sentaient “menacés” par des civils non armés’.

Israël sait que ces absurdités criantes fonctionneront. Elles ont déjà fonctionné par le passé. Et elles fonctionneront encore. Israël sait qu’il a le droit de tuer autant de Palestiniens qu’il le souhaite, quand il le souhaite, aussi longtemps qu’il le souhaite, de toutes les manières qu’il le souhaite, et que la “communauté internationale” ne prendra aucune mesure concrète pour l’en empêcher. Elle hochera plutôt la tête en guise d’approbation et de consentement. Elle validera la version des événements donnée par Israël pour se disculper.

L’“indignation” va durer un jour ou deux, puis la “communauté internationale” poursuivra son petit bonhomme de chemin dans l’illusion. Pendant ce temps-là, les Palestiniens devront enterrer eux-mêmes leurs morts dans des fosses à ciel ouvert en attendant que l’insatiable “rage meurtrière” d’Israël prenne fin.


Source : Al-Jazeera

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