Depuis le 27 décembre 2008, jusque très récemment, des évènements tragiques ont frappé la population civile de la bande de Gaza. Le bilan, encore plus que provisoire, fait état de plus de 1300 morts et plus de 5000 blessés, c’est-à-dire des personnes devenues paraplégiques, des personnes devenues aveugles, en bref des personnes qui vont devoir vivre infirmes jusqu’à leur mort. Mosquées, écoles, universités, cimetières, habitations civiles, ambulancier, personnel humanitaire, journalistes, absolument rien ni personne n’a été épargné de la folie meurtrière israélienne.
Déjà, le 14 décembre 2008, Monsieur Robert FALK, rapporteur spécial auprès de l’ONU était expulsé par l’Etat Israélien, lui refusant ainsi l’accès à la bande de Gaza, et par la même l’occasion lui refusant la possibilité de s’enquérir de la situation humanitaire dramatique de la population palestinienne. Pourtant, Monsieur Robert FALK, qui a été retenu plus de vingt heures à l’aéroport de Tel Aviv dans des conditions plus que déplorables, affirmait déjà avec force que la situation des palestiniens à Gaza pouvait sans aucun doute être qualifiée de « crime génocidaire ». Cette situation, les habitants de la bande de Gaza, la vivait quotidiennement depuis plusieurs mois…A l’heure actuelle, Amnesty International, rejoint la position de Monsieur Robert FALK. Cette organisation non-gouvernementale affirme ainsi, sans détour, qu’il n’y a pour elle aucun doute sur le fait que des crimes de guerre ont été perpétrés à l’encontre de la population palestinienne.
Pourtant, la position et la ligne éditoriale des médias français frappent par leur silence. Les évènements tragiques qui se sont déroulés dans la bande de Gaza ont été soit passés sous silence soit relayés de manière inexacte, ou soit évoqués en conformité avec les analyses de l’Etat israélien. Des centaines de milliers de personnes ont manifesté pacifiquement en France, en Europe et dans biens d’autres Etats, sans qu’aucun média français l’ait évoqué à chaque fois que cela se produisait, à savoir toutes les semaines depuis le début des massacres israéliens. Quelle honte ! Ce comportement traduit une complicité sans faille à l’égard de crimes de guerre commis par l’Etat Israélien. Pourquoi une telle absence de couverture médiatique ? Pourquoi une sélection aussi injuste des évènements et de leurs analyses ? Pourquoi ce silence ? Les témoignages étaient pourtant nombreux, des journalistes internationaux étaient sur place, des médias internationaux montraient l’horreur de la situation de la population de Gaza, des ONG soulignaient les dérives criminelles de l’armée israélienne et notamment l’usage massif et disproportionné d’armes au phosphore blanc…. et vous avez pourtant choisi le silence.
Face à ce constat que des centaines de milliers de citoyens français ont relevés, et qui a été parfaitement résumé par ce slogan plusieurs fois repris et scandés au cours des importants rassemblements qui ont eu lieu et que vous avez préféré ignorer: « Médias français, montrez la vérité » Aujourd’hui, l’heure de la condamnation s’impose. Nous souhaitons souligner et affirmer avec force l’horreur et la colère que vous avez suscités. Les médias français ont une responsabilité forte. Il s’agissait ici de ne pas se taire face à la commission de crimes de guerre. Il s’agissait de rappeler aux citoyens français en particulier, et du monde en général, qu’aujourd’hui de tels crimes ne peuvent et ne doivent plus se produire et encore moins être cautionnés voire justifiés.
Aujourd’hui, un seul constat s’impose : l’indépendance des médias français n’est certainement pas acquise. Nous en sommes bien loin. Les événements tragiques des Palestiniens et les manifestations de soutien qui se sont tenus, en témoignent avec force : les médias français sont tout sauf indépendants. Les médias français sont tout sauf impartiaux. Les médias français sont tout sauf loyaux. Le silence des médias français est aussi destructeur que des armes. Soyez en certains, par votre silence, vous avez participé activement à la commission de crimes de guerre. Vous tentez de les justifier, vous préférez les « couvrir », vous préférer les taire. Un tel silence, un tel comportement, signent sans aucun doute votre complicité dans la tragédie qu’ont vécu ces derniers jours les Palestiniens, et celle qu’ils continueront à vivre.
Vous avez choisi de vous taire. Nous avons choisi de parler et de témoigner. La présente lettre est notre témoignage, notre témoignage de la complicité dont vous avez fait preuve dans la commission de crimes de guerre. « Grâce » vous cela a été rendu possible. « Grâce » à vous, cela sera encore possible.