A handout photo released by Argentina's Presidency shows US Secretary of State Antony Blinken (L) and Argentina's President Javier Milei (C) waving next to his Chief Cabinet Nicolas Posse (2-R) and Interior Minister Guillermo Francos from the balcony of the Casa Rosada presidential palace after a bilateral meeting in Buenos Aires on February 23, 2024. (Photo by Handout / Argentina's Presidency Press Office / AFP) / RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT "AFP PHOTO / ARGENTINA'S PRESIDENCY" - NO MARKETING - NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS - RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT "AFP PHOTO / Argentina's Presidency" - NO MARKETING - NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS /AFP

Argentine : Le lithium dans la ligne de mire de Blinken

Le voyage d'Anthony Blinken, le secrétaire d'État du président Joe Biden, à Buenos Aires, promet de finir de renforcer le lien qu’au-delà des disparités idéologiques, le gouvernement démocrate est venu essayer de créer avec le gouvernement argentin.

Selon le communiqué du secrétariat d’État, il est clair qu’au-delà de l’importance attribuée à la « gouvernance démocratique », et aux « droits de l’homme », l’axe de la visite sera « la stimulation du commerce et de l’investissement et en particulier l’intérêt pour ce qu’on appelle les « minéraux stratégiques » dont la demande, en hausse, est vitale pour un nouveau schéma énergétique.

Dans le schéma de production qui s’impose au niveau mondial, la première place est occupée par le lithium, même s’il existe d’autres ressources comme le nickel, le cuivre, le titane et le cobalt qui sont essentielles pour fabriquer des véhicules électriques (un nouveau symbole de consommation dans les pays du Nord) ainsi que pour la production des turbines éoliennes et des panneaux solaires.

Mais les États-Unis ont de sérieuses raisons de s’inquiéter puisqu’actuellement, la Chine est le leader indiscutable dans la chaîne mondiale de fourniture des minéraux stratégiques en représentant environ 60 % de la production mondiale des matériaux provenant des « terres rares. »

Ainsi, toute évolution vers des sources d’énergie à faible teneur en carbone ou vers une “économie verte” (comme aime à l’appeler le Gouvernement Biden) est désormais conditionnée par l’influence internationale de Pékin et son énorme pouvoir de marché qui, au moins dans ce domaine, est supérieur à ce que Washington prétend faire, dans une situation qui perdurera pendant plusieurs décennies sans qu’il soit possible de la changer radicalement.

Pour contrebalancer les larges ressources et l’autorité exercée par la Chine dans le domaine des minerais rares, les États-Unis, naturellement, se sont associés avec l’Union européenne, à son tour, livre sa propre guerre commerciale à la Russie pour ces mêmes ressources. Entre les deux associés, un nouveau « forum d’association pour la sécurité des minéraux » qui aura un impact international indubitable pendant les prochaines années a été créé.

Dans cette situation, il est essentiel pour les États-Unis d’établir une alliance solide avec l’Argentine au-delà même des divergences idéologiques qui pourraient subsister entre le Gouvernement démocrate au nord et le soi-disant Gouvernement libertaire (en réalité, un simple régime ultra-néolibéral), établi au sud du continent.

L’intérêt prioritaire, bien que non exclusif, de Washington pour les minerais d’origine locale est centré sur le lithium, une ressource clé pour la construction des batteries pour les moteurs électriques. En 2023, l’Argentine a extrait presque 33 000 tonnes de carbonate de lithium, et elle est le quatrième producteur mondial derrière l’Australie, le Chili et la Chine.

Certains prévoient qu’en 2030, l’Argentine sera le troisième producteur mondial de lithium et le principal fournisseur latino-américain  dans une grande mesure à cause du nombre élevé de projets d’extraction en développement facilités par un régime ouvert à l’investissement étranger.

Les bénéfices de son exploitation s’accompagnent de redevances minimales, de caractère provinciales et qui profitent particulièrement au Gouvernement de Catamarca, Salta et Jujuy, où se trouvent les principaux gisements de lithium.

Le contrôle limité exercé par l’État sur les activités des entreprises étrangères a également un effet incitatif, comme en témoignent la toute nouvelle société Arcadium Lithium, dont les capitaux proviennent des États-Unis et de l’Australie, et d’autres entreprises de la même origine telles que Lake Resources, Lilac Solutions et Albemarle, ainsi que des entreprises canadiennes, britanniques et néerlandaises.

Mais aujourd’hui, le marché du lithium en Argentine est infiltré par des ressources chinoises dans le cadre de sept entreprises parmi lesquels se distingue Jiangxi Ganfeng Lithium Co. Parallèlement, les exportations de lithium argentin sont également principalement orientées vers la Chine, sur un marché qui, jusqu’en 2021, était plus diversifié et dirigé par les États-Unis, aujourd’hui réduits à être un acheteur de quatrième ordre.

Blinken se rend à Buenos Aires dans une situation de tension géopolitique de plus en plus forte autour du lithium et d’autres métaux stratégiques et vise à préserver l’Argentine en tant que fournisseur privilégié des États-Unis et à déloger la Chine de sa place de principal acheteur et investisseur de ce nouvel or blanc. Ainsi, les négociations donneraient lieu à un accord de coopération pour la fourniture de minéraux identique à un traité de libre commerce.

Dans le communiqué du secrétariat d’État, le contraste entre les relations de la Maison-Blanche, entre le Brésil et l’Argentine est évident.

À Brasilia, Blinken a eu des réunions avec le président Lula Da Silva, et avec le groupe du PT au gouvernement pour, entre autres sujets, promouvoir « la gouvernance mondiale », analyser les problèmes transversaux comme la crise environnementale et le développement soutenable et vérifier l’impact de la situation politique au Venezuela et ses conséquences sur la région.

En Argentine, par contre, l’agenda envisagé sera très différent, beaucoup plus limité. Comme cela s’est vérifié à partir du nouveau dialogue avec l’Ukraine et avec le renoncement à la participation aux BRICS, cette mission sera centrée sur la fourniture de ressources stratégiques aux principaux alliés en commençant par les États-Unis et la Grande-Bretagne et sur une nouvelle croisade contre la Chine et la Russie qui pourrait même avoir des répercussions au niveau régional.


Source originale: Resumen Latinoamericano
Traduit de l’espagnol par Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

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