Avant la National March for Palestine qui s'est déroulée à Londres le 13 janvier, Jeremy Corbyn avait appelé les Anglais à soutenir un cessez-le-feu immédiat et l'historique saisine Sud-africaine accusant Israël de génocide. Ceci, dans un entretien filmé entre le député indépendant et l'auteur sud-africain Andrew Feinstein. Avant la manif du 21 janvier à Bruxelles, intitulée Justice for Palestine, Investig'Action relaie et traduit cette vidéo de 4 minutes, « où tout est dit », avec une fin adaptée à l'actu de dimanche. Soyez là !
Traduction de la vidéo réalisée par Jeremy Clancy
Jeremy Corbyn : Je suis ravi d’accueillir, aujourd’hui, Andrew Fenstein, du projet Justice & Paix. Andrew est un formateur de parlementaires pour l’ANC (African National Congress) en Afrique du Sud. Grand militant pour la dénonciation de la corruption du commerce des armes mais, de façon cruciale, aussi un conférencier à Autschwitz sur les questions de génocide. Nous sommes ici pour discuter de ce document : l’Afrique du Sud saisit la Cour Internationale de Justice (CIJ) en accusant Israël de génocide pour ses activités militaires à Gaza.
Andrew Fenstein : Au cours de ma carrière d’enquêteur et d’écrivain sur les conflits armés, la guerre et le commerce des armes qui la soutient, je ne pense pas avoir vu un document juridique aussi complet, précis et impressionnant que celui-ci. En outre, le fait que le pays qui saisit la CIJ soit un pays qui a lui-même subi la forme la plus extrême d’oppression raciste que nous ayons jamais connue, confère à ce document un impact et une importance symbolique supplémentaires. Enfin, nous devrions nous rappeler que Nelson Mandela et l’archevêque Desmond Tutu ont tous deux été très explicites dans leurs critiques à l’égard d’Israël. Mandela a déclaré : « Bien sûr, je critiquerai cette entité qui a soutenu, armé et aidé mon oppresseur ».
Jeremy Corbyn : Quelles sont les implications pour Israël si la Cour donne raison à la requête de l’Afrique du Sud ?
Andrew Feinstein : Cela signifierait que l’une des plus hautes cours du monde a défini ce qu’il fait comme un génocide, le crime de tous les crimes.
Jeremy Corbyn : 30.000 personnes sont déjà mortes, Dieu sait combien d’autres seront tuées dans les semaines à venir et Dieu sait combien de corps se trouvent dans les décombres…
Andrew Feinstein : Tu sais, Jeremy, j’ai vécu dans l’Afrique du Sud de l’apartheid, mais dans le cadre du mouvement de libération pour mettre fin à l’apartheid. J’ai vu les souffrances les plus horribles infligées à des gens ordinaires par l’État sud-africain de l’apartheid. Jamais je n’aurais imaginé que, de mon vivant, je verrais ce que nous avons vu ces deux derniers mois. Jour après jour, après jour, je me suis réveillé avec les images de minuscules enfants bombardés sans pitié, abattus, ayant perdu leurs parents, souvent leurs frères et sœurs, voyant des familles élargies entières anéanties. Je n’ai jamais imaginé que de mon vivant je verrais une telle souffrance humaine, sans parler du fait que cette souffrance humaine est soutenue, aidée, encouragée et facilitée par les gouvernements du Royaume-Uni, des États-Unis, de l’Allemagne, etc., etc…
« Le ciblage massif des foyers et des civils, et la guerre étant une guerre contre les enfants, montrent clairement que le génocide est à la fois compris et mis en pratique. L’intention exprimée est la destruction de la vie palestinienne dans toutes ses manifestations. ».
Tembeka Ngcukaitobi
Avocat et juriste sud-africain.
Conclusion
[adaptée par Investig’Action en vue du 21 janvier à Bruxelles]
Andrew Feinstein : Ce document [la saisine sud-africaine] est d’une importance extraordinaire pour l’humanité. Si l’Afrique du Sud réussit, cela montrera clairement que personne n’est au-dessus de la loi, que personne ne peut massacrer des innocents comme nous l’avons vu. Donc, au nom de l’humanité, sortez dans la rue [le 21 janvier], marchons à nouveau pour la Palestine et marchons pour un cessez-le-feu immédiat.
Jeremy Corbyn : Si vous êtes [en Belgique] et que vous pouvez vous rendre à [Bruxelles] ce dimanche, faites-le. Mais si vous ne pouvez pas vous rendre à [Bruxelles] ou si vous n’êtes pas [en Belgique], joignez-vous à toute manifestation locale en solidarité avec ceux qui traversent une période aussi horrible, en regardant leurs proches et leurs familles se faire assassiner devant eux par des armes fournies par les États-Unis et la Grande-Bretagne [la France et la Belgique].
Soyez là !
