Une forêt humide qui brûle, c’est plutôt étrange. Le président des pompiers humanitaires du GSCF explique que les incendies qui ravagent l’Amazonie révèlent surtout les problèmes liés à la déforestation du poumon vert. Il relève dès lors toute la vacuité des débats du G7, des débats menés par des gouvernements dont le modèle économique encourage la déforestation de l’Amazonie. (IGA)
Chaque année la forêt amazonienne est en feu. Ces milliers de feux sont principalement dus à une déforestation massive qui a commencé dans les années 1970.
Ce qui brûle actuellement en Amazonie correspond à des zones détruites par l’homme pour l’agro-industrie, particulièrement pour développer des zones plus importantes de culture du soja, de l’huile de palme, pour intensifier l’élevage de bovins et créer des nouvelles zones de pâturage, mais également pour du trafic de bois.
Ainsi chaque année des milliers d’arbres sont abattus, les troncs sont emportés et le reste de la végétation non utilisable est laissée sur place (feuilles, petites branches, végétaux, etc..).
A l’issue de la saison des pluies, au moment de la saison sèche qui dure de juillet à novembre, les branchages, déchets non utilisés sont mis à feu et, ainsi, les forêts sont transformées en espace cultivable.
C’est une erreur de croire que les forêts brûlent en Amazonie, ce qui est la proie des flammes ce sont simplement les déchets laissés lors de l’abattage des arbres.
Une forêt tropicale n’est normalement pas inflammable du fait de son humidité.
Quand le feu atteint et pénètre dans la forêt primaire, les flammes atteignent rarement le sommet des arbres (30 mètres), uniquement le bas des arbres. Néanmoins, même si les incendies ne détruisent pas immédiatement les arbres, ceux-ci, fragilisés, finissent par mourir.
Nous ne pouvons donc pas comparer les feux qui se produisent en Amazonie avec les feux de forêt que nous subissons en Europe.
Les incendies qui sévissent actuellement en Amazonie rendent simplement visible la déforestation : nous découvrons, avec ces incendies et ce dégagement de fumées, la phase finale du processus de déboisement. Ainsi, l’accentuation des incendies illustre malheureusement avant tout l’accélération de la déforestation massive.
La sécheresse a également, en complément d’une déforestation massive, accéléré certains départs de feux. Sans preuve à ce jour scientifique, mais avec une forte probabilité, nous pouvons dire que cette sécheresse est due au réchauffement climatique.
Cette déforestation massive a un impact immédiat sur place et impactera obligatoirement la planète entière.
L’impact sur place est la destruction d’une biodiversité unique et inestimable, aussi bien végétale qu’animale : plus de 40 000 espèces de plantes, 2,5 millions d’espèces d’insectes, etc..
Dans le même temps, les autochtones sont repoussés, éloignés et des villages sont détruits.
La plupart des scientifiques s’accordent pour estimer que l’Amazonie produit entre 5 et 10% de notre oxygène. Les incendies et la déforestation ont un impact sur le climat mondial. De piège en CO2, l’Amazonie pourrait relâcher des gaz à effet de serre. Pour exemple 1 tonne d’ arbres qui brûlent entraînera l’évaporation de 2 tonnes de CO2.
Si nous souhaitons un jour ralentir ces incendies.
Il faut que les gouvernements qui importent des produits de l’agro-industrie (soja, bœuf, bois, etc..) venant de l’Amazonie refusent systématiquement l’importation de ces produits temps qu’ils ne disposent pas de garanties que cela ne provient pas d’une déforestation massive.
Nous devons également travailler en amont pour expliquer les risques auprès des gouvernements qui encouragent cette déforestation. En effet la forêt amazonienne maintient l’humidité ; en produisant de la vapeur d’eau, elle régule notamment le climat de l’Amérique du Sud. Une poursuite de la déforestation entraînera des problèmes de sécheresse et aura un impact inévitable sur l’agriculture et l’élevage.
Les débats qui se sont déroulés dernièrement au G7, notamment sur les incendies, comme les annonces n’auront aucun impact temps que les pays riches ne changeront pas leur mode de consommation et resteront aveugles sur leur mode d’importation de produits quels qu’ils soient.
Cette levée de bouclier et cette agitation lors du G7 fait simplement suite à la médiatisation des incendies qui, comme je l’expliquais en amont, sont seulement la partie visible d’une déforestation massive.
Sans ces incendies visibles des forêts, nous n’aurions peut-être jamais entendu parler de cette déforestation.
Pour conclure n’oublions pas qu’au moins la moitié de notre oxygène provient des océans. Devons – nous allumer des feux pour que nous arrêtions de les polluer ?
Nous espérons que cette hypocrisie des gouvernements qui allument les feux, nous faisant croire que nous pouvons les éteindre en soufflant dessus, s’arrêtera avant notre extinction engendrée par notre propre bêtise.
Thierry VELU
Président-Fondateur du GSCF
Pour l’ONG de pompiers-humanitaires du GSCF
Source: GSCF
Photo: Iubasi