Amal Bentounsi : « Ce déni français est scandaleux ! »

« L’enfant qui n’est pas embrassé par le village, le brûlera pour en sentir la chaleur », dit un proverbe africain. Les jeunes noirs et arabes des quartiers de France sont-ils embrassés voire aimés ? La réponse semble négative dans les chef des Autorités comme dans une large partie de la population française. Une détestation et un mépris racistes croissant, annonciateur d’autres crimes policiers et d’autres révoltes… Depuis onze ans, Amal Bentounsi n’a cessé d’alerter sur la dangerosité des violences policières et dénoncé, dès 2017, le vote de la loi qui a « légalisé » l’exécution de Nahel. Entretien avec la fondatrice et porte-parole du collectif Urgence notre police assassine.

 


Investig’Action : Quelle est votre analyse sur la semaine de révoltes et d’émeutes, qui ont éclaté à travers la France, après le meurtre policier de Nahel ? Le gouvernement français va-t-il se pencher sérieusement sur le retrait de la loi du 28 février 2017 ?


Amal Bentounsi : J’en appelle, de tous mes vœux, à ce que le gouvernement se penche enfin sur le retrait de cette loi. Le premiers des gestes politiques à poser pour parvenir à diminuer les tensions… Au lieu de ça, on est en train d’assister à une véritable mascarade sur tous les plateaux télés des médias dominants. C’est scandaleux d’avoir encore une fois ce déni de l’injustice ! La question qui prédomine, c’est de chercher à savoir ce qui n’a pas fonctionné depuis les révoltes des banlieues de 2005 ? Or, la vraie question est celle-ci : qu’est-ce qui n’a pas fonctionné depuis plus de 40 ans ? A chaque fois qu’unun homme tué des policiers et que cela provoque émeutes et révoltes ?! Avant de parler des conséquences, il faut en revenir aux causes ! Revenir à l’essentiel avant de parler de quoi que ce soit. La cause, c’est l’exécution de Nahel dans le cadre de cette loi du 28 février 2017. Qu’il le veuille ou non, L’État français porte une responsabilité dans l’homicide policier de Nahel. Ce sont les législateurs, le gouvernements, actuel et précédents, qui n’ont pas pris en compte l’extrême dangerosité à donner cette décision de vie ou de mort à des policiers. Il s’agit d’un véritable « permis de tuer » qui reste arbitraire, qui est à la gueule du client, qui relève du racisme. Il est insupportable, qu’avec ce nouveau meurtre d’un ado, tué devant le monde entier, nos dirigeants politiques s’enfoncent encore dans leur déni ; persistent à ne pas vouloir nommer le racisme au sein de la police !

 

I’A : En 2017, vous alertiez déjà sur la dangerosité de cette loi (libéralisant les conditions d’utilisation de l’arme d’un policier en cas de « refus d’obtempérer »). Comment expliquez-vous l’immobilisme de tous les Exécutifs français face à ce problème systémique des violences policières racistes ?

 

A.B : Je ne me l’explique pas et je ne suis pas dans leurs têtes. Tant qu’il y aura une impunité policière en cas d’homicide ; tant que les policiers seront les garants d’une insécurité physique dans les banlieues…Vous savez, le vase est plus que plein pour cette jeunesse. Elle subit les humiliations policières au quotidien, les palpations, les matraquages, les passages à tabac et autres injustices. Alors, cette jeunesse, elle s’est immédiatement identifiée à Nahel. Comme chez vous, à Bruxelles, où il y a aussi eu des émeutes [dans la nuit du 29 au 30 juin]… En France, dans le cadre de cette loi relative au refus d’obtempérer, notre collectif a recensé 16 cas d’homicides policiers perpétrés entre 2021 et 2023. Sur ces 16 cas, le profil est quasiment identique : ce sont largement des jeunes hommes noirs et arabes issus des quartiers populaires. Comme Nahel… Cette loi de 2017 a été conçue et fabriquée pour exécuter légalement de jeunes hommes des quartiers populaires. Mais cette norme légale va s’imposer à tous… On l’a bien vu avec l’usage du LBD (« Lanceur de Balles de Défense »). Cette nouvelle arme sophistiquée a d’abord été expérimenté par les policiers dans les banlieues. Elle a ensuite été utilisée dans les manifs des gilets jaunes ou dans celles contre la réforme des retraites. Et, à nouveau, le week-end passé, à Marseille, un jeune homme [Mohamed B., 27 ans, marié et père d’un enfant de deux ans] a perdu la vie après avoir été victime d’un tir de LBD…

 

En 2018, Amal Bentounsi (au centre) avec le couple de comédiens Eric Cantona et Rachida Brakni, venus apporter leur soutien à un évènement du collectif Urgence Notre Police Assassine.

 

I’A : C’est l’assassinat de votre frère, Amine Bentounsi, qui vous a fait entrer dans l’activisme. Après onze années de lutte contre les violences policières, percevez-vous des acquis positifs ou des « progrès » dans ce terrible dossier ?


A.B : Malgré que ce soit beaucoup trop lent, il y a certains progrès. Aux policiers qui ont tué mon frère, j’ai promis que : « Je deviendrai un poison dans vos vies ». Depuis, avec notre Collectif, nous avons travaillé, jour et nuit, à démontrer que les violences policières ne sont ni un épiphénomène ni un fait divers. Il s’agissait pour nous de concentrer un maximum de cas. Ce que nous dénonçons depuis 2012 et les lancements de nos pages sur les réseaux sociaux ont renforcé la perception de cette vérité. Les premières vidéos que nous avons relayé, notamment celle de Théodore Luhaka (*), c’était quelque chose de jamais vu en France à l’époque. Notre travail a ensuite connu un certain succès sur les réseaux sociaux, nous avons été soutenus par certains artistes et tout cela s’est imposé aux médias. Aujourd’hui, chacun.e a conscience que la captation d’images est fondamentale pour défaire les mensonges policiers a posteriori. Même si les témoins prennent un risque en filmant un contrôle policier violent, beaucoup – et surtout les jeunes – dégainent tout de suite leur téléphones ! Les policiers qui ont tué Nahel ont été filmés par trois personnes sous trois angles différents… Même si notre objectif principal est encore loin, on peut estimer qu’il s’agit là de certains acquis.

 

Amine Bentounsi, 29 ans, frère cadet d’Amal, a été tué d’une balle dans le dos à Noisy-le-Sec (Seine Saint-Denis), en 2012, par le policier Damien Saboundjian. Acquitté en première instance, celui-ci a été condamné à cinq ans de prison avec sursis par la Cour d’assises de Paris pour «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner» (2017).

 

I’A : A vos yeux de juriste, la France est-elle devenue est  « un État policier » ?

 

A.B : On est en plein dedans… C’est déjà l’État policier. La prochaine étape, c’est l’armée qui va être envoyée dans nos quartiers. Depuis 40 ans, les différents gouvernements qui se sont succédé vont toujours plus loin dans le sécuritaire. C’est quasi mécanique : ils prennent mesures sécuritaires après mesures sécuritaires. Pour toujours mieux dévier de l’essentiel : le pourquoi, les causes. Oui, il existe une misère sociale et on manque de travailleurs sociaux dans nos quartiers, mais à qui la faute ? C’est encore la responsabilité de ce gouvernement qui ne cesse de donner toujours plus de moyens à la police et toujours moins aux quartiers populaires. D’année en année, chez nous, il n ‘y a plus de services sociaux, plus d’éducateurs, plus de budgets. Ces dernières années, la police a bénéficié de 225 millions d’euros tandis que d’autres services publics (la Santé, l’Éducation, le Social) ne perçoivent pas autant d’argent. Voilà : ces causes, la priorité au tout-sécuritaire, la misère sociale, tout cela est archi-connu et politiquement voulu ! Qu’à nouveau, on n’en tienne pas compte, on persiste dans les mêmes erreurs, on rejoue les mêmes mascarades télévisées avec l’injonction à « s’indigner » ou en appeler les parents des quartiers ou à tenir leurs enfants : c’est scandaleux ! Regardez notre ministre de la Justice [Eric Dupond-Moretti] qui a appelé les magistrats à faire preuve d’une « grande sévérité » envers ceux qui auraient commis des dégradations, mais ce ministre n’a pas eu un seul mot pour condamner avec la plus grande sévérité des policiers auteurs d’homicide ! L’indignation officielle est à géométrie variable. Pour avoir commis des déprédations, casser des vitrines et des commerces, des jeunes sans casier judiciaire sont directement condamnés à de la prison ferme et, dans le même temps, des policiers qui commettent le crime le plus grave – ôter la vie d’un être humain – ne font pas un jour de prison… Comment peut-on admettre cette impunité et protection judiciaires pour des policiers ? Ce que le pouvoir actuel n’a toujours pas compris, c’est qu’il doit explicitement condamner ces policiers. Car c’est insupportable et ça ne peut plus durer. La colère des jeunes est profonde ! Elle ne redescendra pas tant qu’on ne se dirigera pas vers une véritable justice et une égalité de traitement…

 

I’A : Certains vous rétorqueront que des policiers coupables d’homicide ont été condamnés par la justice française. C’est le cas de celui qui a assassiné votre frère, condamné à 5 ans de prison avec sursis, ou des trois policiers qui ont mortellement étouffé Adama Koumé (2015), chacun condamné à 15 mois avec sursis…

 

A.B : Oui, ces condamnations ont été possibles grâce à la jurisprudence Malik Oussekine. Pour rappel, en 1986, un jeune homme, Malik Oussekine, qui n’était pas issu d’un quartier populaire, a été tabassé jusqu’à la mort par deux policiers sur la base d’un… délit de faciès. Ce jeune est mort parce qu’il n’était pas blanc et s’appelait Malik ! Ensuite, comme d’habitude, des syndicats de policiers et certains médias ont tenté de le faire passer pour un « manifestant-casseur » ou un jeune représentant une menace pour l’ordre public. Ce qui était faux. Depuis, cette affaire de meurtre, démonstrative de la violence raciste de la police, a fait jurisprudence lorsqu’il n’y a pas d’autre issue, pour les magistrats, que de condamner des policiers auteurs d’un homicide. ‘Cinq ans de prison avec sursis‘, c’est ce que donnent généralement les juges lorsque les preuves sont là et exigent une condamnation pénale. Mais ils ne vont pas plus loin… Je ne suis pas la seule à estimer que cette clémence judiciaire envers ces policiers criminels (qui ne feront pas un seul jour de prison) relève de l’impunité en lieu et place d’une véritable justice.

 

Amal Bentounsi participant à une manifestation à Paris, le 15 mars 2021.


I’A : Que pensez-vous du différentiel des « cagnottes » (*) : 1,6 millions d’euros récoltés, en cinq jours, pour la famille de Florian M. qui a tué Nahel et, dans le même temps, plus de 400.000 € (quatre fois moins) récoltés pour la mère de Nahel ?

 

A.B : Cela traduit plusieurs choses. D’abord, l’effet néfaste de cette médiatisation à outrance qui ne va que dans un seul sens. Celui où Nahel aurait carrément « mérité » ou  « cherché »  ce qui lui est arrivé. C’est le discours policier : justifier la mort d’un homme sous prétexte que celui-ci aurait commis des infractions, des déprédations ou les aurait menacés. La majorité des médias donne largement la parole à ces prises de positions sécuritaires – qui vont jusqu’à justifier l’exécution d’un mineur -, mais quasiment jamais aux personnes concernées et qui ont des choses pertinentes à dire. Ensuite, nous vivons dans une société individualiste ou beaucoup de gens ne pensent qu’à leur propre situation, leur propre sécurité, sans s’interroger, un seul instant, sur le problème collectif ; sur ce que ça signifie d’accepter d’aller toujours plus loin dans ces lois sécuritaires et cette répression policière mortifères. Enfin, cette cagnotte en faveur du policier qui a tué Nahel est bien sûr indécente, orchestrée par l’extrême-droite puis complaisamment relayée par les médias. Celui qui n’a pas compris le message de cette cagnotte ne peut rien comprendre d’autre. Car c’est limpide : celles et ceux qui ont versé de l’argent pour ce policier ont envie que la police tue des noirs et des arabes. C’est très inquiétant pour l’avenir…

 

 


I’A : Dans l’opposition, il y a un dirigeant politique qui appelle, comme vous, à l’abrogation de la loi de 2017 et ne tremble pas devant les syndicats policiers majoritaires [Alliance et UNSA Police] qu’il qualifie de « factieux » : Jean-Luc Mélenchon (LFI). Que pensez-vous de ses déclarations depuis l’éclatement des révoltes ?

 

A.B : Jean-Luc Mélenchon, c’est quelqu’un que j’ai rencontré en 2015, juste un peu avant la manif « La marche pour la dignité » (**). J’ai discuté avec lui dans une brasserie. Lorsque je lui ai parlé des violences policières, il m’a répondu : « Ah bon ? Je pensais que ça n’existait plus » … Cette anecdote compte du fait que, lorsqu”on voit ses prises de positions actuelles et courageuses, on ne peut qu’être satisfaits du chemin parcouru chez ce dirigeant politique. Maintenant, il ne faut jamais oublier que la gauche – et particulièrement le PS – nous a trahis. Si Mélenchon n’est plus au PS, il est tout de même le leader d’un cartel de gauche dont fait partie le PS (NUPES). Je rappelle que la loi mortifère de 2017 a été principalement portée par Bernard Cazeneuve (PS) et Manuel Valls (ex-PS depuis 2017). C’est un élément qu’il ne faut jamais oublier : les alliés d’aujourd’hui peuvent devenir nos ennemis de demain… C’est très bien que Jean-Luc Mélenchon et LFI demandent l’abrogation d’une loi qui a favorisé le meurtre policier de Nahel et celui de tant d’autres jeunes ! Ce que je regrette, c’est qu’à l’époque, en 2017, où j’ai été parmi les premiers a alerter sur la dangerosité de cette loi, il y avait très peu de parlementaires pour me suivre. Aujourd’hui, sur l’urgence de l’abroger, j’aimerais donc être entendue par les politiciens clairvoyants, et notamment ceux de LFI. Vous savez, au cours de ce mois de juillet, il y aura des tables rondes d’expert.e.s sur le sujet, organisées par plusieurs parlementaires : je n’y ai pas été conviée. J’ai bien reçu un message d’Eric Coquerel (député LFI) mais toujours aucune invitation officielle. C’est regrettable…

 

Affiche électorale pour les Présidentielles 2022 au terme desquelles Jean-Luc Mélenchon est arrivé troisième (21,95 %) derrière Marine Le Pen (23,15%).


I’A : Vous et votre collectif faites aussi l’objet d’une répression discrète des Autorités françaises depuis la création, en 2020, de votre application UVP [Urgences Violences Policières] (***)…


A.B : Oui, il y a une volonté politique d’étouffer la parole de celles et ceux qui s’opposent à leurs justifications inacceptables et qui proposent des outils concrets pour améliorer les choses. Donc, entre autres, nous avons la CNIL [Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés] sur le dos et notre compte Instagram a été supprimé. Ils voudraient sans doute que nous soyons moins actifs et plus nuancés dans nos propos. Non, je suis et resterai radicale parce que c’est la réalité, parce que nous l’avons vécu dans notre chair… Ce que nous exprimons et dénonçons s’appuie sur du factuel et pas sur des fantasmes. Nous sommes des lanceurs d’alerte et de vérités qui dérangent. Bien sûr, il y a une prise de risque me concernant ; un risque qui plane contre mon intégrité physique. On ne sait jamais ce qui peut arriver et ça peut devenir dangereux.. Alors j’en profite pour vous le dire au cas où il m’arrivait « quelque chose » : je ne suis pas suicidaire ; je ne prends pas de stupéfiants ; tout va bien : j’ai encore la tête sur les épaules…

 

Excepté Théo Luhaka (photo dans le coin supérieur gauche), voici une liste photographique (non exhaustive) de citoyens noirs, arabes et asiatiques morts entre les mains de la police française lors de ces deux dernières décennies.

 

I’A : Vu de l’extérieur, depuis une semaine, on a le sentiment d’assister à un renforcement du racisme systémique de la société française. C’est aussi votre analyse ?

 

A.B : L’une des spécialités des élites françaises, c’est de pouvoir nommer, s’indigner et critiquer le racisme systémique, notamment policier, aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Par contre, lorsqu’il s’agit de voir ce qui se passe exactement chez soi, c’est beaucoup plus compliqué… Je le redis : la mort de Nahel est due au fait qu’il n’avait pas la bonne couleur de peau. Pourquoi nous défendons cette affirmation ? Il suffit d’observer les précédents, les profils de toutes les personnes tuées par la police, et d’articuler objectivement les données à disposition. Au bout du compte, le racisme est criant et, si on veut changer les choses, on ne peut plus le nier ! Ne pas reconnaître que la majorité des jeunes gens tués par la police française sont noirs et arabes, c’est cautionner ces meurtres. Eh oui, hélas, ce déni existe encore trop largement dans notre société. Les adeptes du déni permanent nous qualifient de « barbares » ou de « nuisibles », mais je crois qu’à travers l’histoire de l’Humanité, c’est l’homme blanc qui a perpétré les actes les plus barbares. De la colonisation aux génocides en passant par l’esclavage : ce sont des hommes blancs qui ne se sont pas montrés économes en actes de torture et de barbarie… Aujourd’hui, derrière le mot « démocratie », il n’y aurait plus de barbarie. Or, nous l’avons vu toute cette semaine, la barbarie se reflète déjà dans nombre de leurs propos médiatisés, dans ce montant astronomique qu’a rapporté cette cagnotte pour ce policier, dans cette façon violente de se montrer indifférents sinon satisfaits devant ce qu’il y a de plus cruel : l’exécution d’un adolescent de 17 ans…

 

Amal Bentounsi sur le plateau de Paroles d’honneur (PDH), lors de l’émission intitulée « Les émeutes, c’est politique ! », présentée et animée par les excellents Wissam Xelka (au centre) et Samir Bousnina (à gauche).


I’A : Dans la web-émission Paroles d’Honneur
du 3 juillet, vous avez appelé à l’unité militante et associative. L’un des facteurs d’explication du peu d’avancées sur le problème des violences policières réside aussi dans la division, quasi structurelle, des activistes français (chacun.e tirant de son côté, défendant « son » cas de violences policières, sa chapelle idéologique, etc.) ?


A.B : Oui ! J’en ai fait le constat amer… C’est vraiment problématique. Dès le départ, dès 2012, j’ai toujours appelé à l’unité associative et militante. J’ai toujours essayé de mettre mon ego et ma propre douleur de côté pour la cause. C’est la cause qui compte avant tout ! Si nous, les activistes, sommes capables de dénoncer chez les autres l’expression raciste, les politiques et la législation mortifères, il faut aussi être capable d’auto-critique. Voir quand l’ego, l’opportunisme ou le carriérisme risquent de supplanter la cause. On doit comprendre qu’on n’est pas là uniquement pour nous. Moi, je m’en tape d’être interviewée ou de passer à la télé ! Quand je le fais, c’est pour la cause, pour exprimer des choses radicales qui sont absentes ou minimisées. En ce moment, il y a beaucoup de gens qui vont sur les plateaux-télés. Pour ma part, j’en ai fait un : celui de BFMTV (28 juin). Parce que j’estimais qu’il était important de rappeler les choses. D’autres médias audiovisuels m’ont ensuite sollicitée : j’ai refusé. Parce que l’objectif n’est pas de se montrer, chercher à accroître sa notoriété ou tenter de se justifier vis-à-vis des injonctions et questions-diversions des journalistes et politiciens. Le vrai problème est clair : cela fait plus de 40 ans que des policiers tuent des arabes et des noirs, sans jamais être inquiétés par la justice, et que tous les gouvernements les couvrent ! Point final. Tous les activistes, militants et associations doivent s’unir pour tenter de contribuer à résoudre ce problème crucial et non prioriser systématiquement leur propre agenda.

 

Propos recueillis par Olivier Mukuna

 

(*)https://www.rtl.be/actu/monde/europe/la-cagnotte-plus-d16-million-deuros-pour-le-policier-qui-tire-sur-nahel-est/2023-07-05/article/566103 
(**)https://www.dailymotion.com/video/x3bxtuy
(***)https://www.dhnet.be/actu/monde/2020/03/10/violences-policieres-une-application-pour-filmer-la-police-EGIM7V7HO5GENLTKZNFEQ4RCIM/

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