Afghanistan: ” Ramenez nos troupes à la maison avant qu’il soit trop tard”

Canada et Europe ont beaucoup en commun dans cette guerre.

Encore six jeunes soldats morts en moins de dix jours. Nous sommes à la veille d’une crise économique et le gouvernement Harper déposera son budget de réconciliation en janvier. La tentation sera forte de vouloir sauver l’économie par les dépenses militaires. Mauvaise nouvelle, les dépenses militaires sont la voie la moins efficace pour créer de l’emploi et distribuer la richesse.
Source: Mondialisation.ca

Le 14 decembre 2008

Chaque emploi créé dans l’armée coûte aux contribuables canadiens plus de 250 000 $ par année. Avec un investissement de 1 milliard dans l’économie sociale il est possible de créer plus de 30 000 emplois, un montant équivalent ne permettrait d’embaucher que 4 000 employés du domaine militaires. Loin d’être une solution à la crise, les dépenses militaires constitueraient un frein supplémentaire à la relance économique. Ainsi la mission de guerre en Afghanistan, et les multiples problématiques qu’elle soulève, offrent l’occasion de réfléchir sur le rôle du Canada dans le monde, sa politique extérieure, sa politique de défense et à la solution aux problèmes de l’économie. Ce sont des aspects qui doivent être soigneusement imbriqués pour une action efficace C’est à la lumière d’une telle réflexion que doit être analysée la mission en Afghanistan qui coûte 180 millions de dollars par mois aux contribuables canadiens et que surgissent les questionnements fondamentaux qui doivent remettre en question la présence des troupes canadiennes en Afghanistan.

1- Politique américaine : La mission canadienne en Afghanistan est conduite dans le cadre global d’une politique américaine offensive. Depuis plus de trente ans cette politique a pour but de contenir les influences chinoise, russe et iranienne en Asie Centrale. Avec les récents événements au Pakistan, la stratégie actuelle ressemble de plus en plus à un encerclement géographique de l’Iran. Cette action politique est effectuée dans le but vraisemblable d’appliquer une tactique d’étouffement économique de l’ennemie numéro un de l’Occident. Avec les sondages d’opinion sur la mission, la population du Québec semble reconnaître que tout ceci n’a rien à voir avec le bien-être de la population afghane, et tout à voir avec le maintien d’une influence économique dans la région à plus fort potentiel de croissance économique de la planète. Il n’est pas surprenant de voir l’administration Obama vouloir prendre en main cette nouvelle croisade..

2- Environnement explosif : Cette mission, dangereuse, s’effectue dans un environnement régional impliquant de nombreuses ethnies, qui se disputent depuis des décennies des espaces territoriaux dont la richesse varie. Ces confrontations ont été attisées, directement ou indirectement par plusieurs puissances régionales (la Chine, le Pakistan, l’Iran, la Russie, les « istans » de l’ex-URSS et, moins directement, l’Inde). Ces États ont tous des affinités, ou des animosités historiques et culturelles avec les groupes en présence sur le territoire Afghan. On voit se dessiner une nouvelle confrontation économique entre l’Organisation de coopération de Shangaï (OCS), et l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), ayant pour cœur l’Afghanistan. Qu’on le veuille ou non, une solution politique durable en Afghanistan passe par une coexistence pacifique qui impliquera activement les 40 millions de Pachtounes de la région Afghano-pakistannaise. Les allégeances majoritaires de cette population penchent en direction du radicalisme islamiste des talibans. Il est tout à fait ridicule de vouloir convertir ces populations aux valeurs occidentales, ou de tenter d’imposer un gouvernement fantoche de type occidental dans cette région rongée par la guerre depuis des décennies. Les populations de la région savent que nos alliés talibans d’hier, que nos puissances ont armés, sont maintenant nos ennemis terroristes. Cette réalité confère à la mission militaire canadienne toutes les caractéristiques d’un inextricable bourbier politique et économique.

3- Terreau de l’extrémisme et du terrorisme : Le choix de l’offensive dans cette mission, dicté par la politique économique américaine et les efforts d’éradication du pavot, nourrit présentement les différentes factions radicales dans la région. Les talibans ne sont pas les seuls fanatiques à profiter du commerce de l’opium meurtrier. Plusieurs membres du gouvernement que nous tentons d’imposer à la population afghane sont profondément impliqué dans ces activités criminelles et en profitent allègrement. La culture du pavot, qui avait cessé sous le régime des talibans, est dramatiquement redevenue le pilier économique du pays. Une véritable tragédie pour la population de ce pays, un des plus pauvres du globe. Tout indique que la chasse au taliban, pour espérer un succès, doive se poursuivre en territoire pakistanais. Une réalité qui déstabilise présentement toute la région. Ce guêpier politique devient un véritable terreau fertile pour le recrutement étendu, et la mobilisation massive d’insurgés. Les forces internationales, présentent depuis déjà 5 ans dans la région, sont de plus en plus perçues, et à raison, comme des forces occidentales d’occupation. Les militaires canadiens se positionnent comme les ennemis des désespérés du peuple, qui lui se métamorphose pour nos soldats en opposants à abattre. Plus les militaires canadiens s’enlisent et meurent dans ce conflit, plus les citoyens canadiens risquent de devenir la cible de sympathisants qui ne voient comme issue que l’action terroriste. Continuer les actions militaires en Afghanistan constitue une menace à la sécurité de tous les canadiens.

4- Engagement des alliés peu probable : Les militaires canadiens œuvrent supposément dans le cadre d’une opération multilatérale. Il est évident pour tous que le succès de l’opération ne peut pas reposer sur les 2500 militaires canadiens sur le terrain. Ce succès devait reposer sur l’engagement plus actif, plus offensif, mais peu probable, des dizaines de milliers de soldats alliés présents sur le terrain. Après les attentats du 11 septembre 2001, plusieurs pays européens se sont engagés dans la mission par obligation. C’était un devoir que d’assister un pays allié agressé, une action imposée par les règles de l’Alliance militaire de l’Atlantique (OTAN). C’est aussi ce contexte qui a mené à la persuasion de l’ONU pour endosser l’offensive militaire pour renverser le régime taliban. Le rapport de la Commission d’enquête 9/11 du Congrès américain publié en juillet dernier laisse plusieurs observateurs perplexes. On étale, sans gêne, les ratées des services secrets américains, et sans sourciller, la minimisation de la menace appréhendée par le Pentagone. On a étrangement l’impression que les autorités en place faisaient peu de cas d’une nouvelle menace d’agression en sol américain par Al-Kaïda. On croirait même, parfois, qu’une agression en sol américain était souhaitée. Ce qui a fustigées l’administration Bush, ce n’est pas l’attentat, mais l’envergure du désastre engendré. Dans ce contexte, combiné à l’expérience de l’Irak, l’appui des pays européens dans les actions guerrières en sol afghan est resté symbolique. Qui pouvait sérieusement croire que les membres de l’OTAN accepteraient de prêter au commandant suprême des forces alliées, un général qui a toujours été américain, des troupes qui serviraient à poursuivre une telle mission militaire offensive? La hantise coloniale est encore bien présente dans plusieurs pays, le colonialisme économique moderne n’a pas bonne presse en Europe. Grâce à l’élection des conservateurs, les dirigeants militaires canadiens ont accomplis un tour de force. Ils ont planifié avec succès l’abandon de l’action multilatérale canadienne dans le cadre de missions de paix de l’ONU, pour la remplacer par une participation à une agression militaire qui n’a dorénavant, avec le nouvel engagement américain annoncé, plus rien de multilatérale. Le Canada était l’acteur principal des missions de paix du passé qui ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes. Il est devenu une puissance d’occupation active au service des opérations de conquête économique américaine, ce qui le discrédite un peu plus chaque jour aux yeux de la communauté internationale et de sa population.

5- Lourde hypothèque sur les rôles futurs du Canada : Plus la mission offensive se prolonge, plus on hypothèque les possibilités d’un rôle constructif du Canada dans la région et dans le monde. L’expertise canadienne développée pendant des décennies dans le cadre de missions multilatérales de maintien de la paix, tant du point de vue diplomatique que militaire, s’avèrera inutile. Cette expertise développée au prix de vies humaines et à grands frais aurait pu s’avérer indispensables dans le cas d’une stabilisation ultérieure de la région. Le gouvernement conservateur questionne même la poursuite des opérations du Centre de formation Pearson pour la paix, un des jalons fondamentale de la politique militaire canadienne des récentes décennies. Le gouvernement Harper a positionné le Canada comme un des belligérants principaux dans le bras de fer économique de l’Asie Centrale que se livrent les puissances régionales et mondiales, par le fait même, il s’est complètement discrédité pour d’éventuelles missions futures dans toute cette région du monde. Le monde a beaucoup plus besoin de pays qui considèrent le recours à la force comme l’exception et qui sont prêt à s’investir dans le désamorçage des crises, que de nouveaux pays « matamores », prêts à se lancer tête baissée dans des aventures de guerre. Si cette politique se poursuit, le Canada se disqualifiera ainsi pour tous les rôles de désamorçage des conflits et de prévention internationale. Les approches militaires offensives devraient définitivement être proscrites à moins d’une agression directe sur le pays. Jusqu’à preuve du contraire, la réalité bien active de l’impérialisme économique américain multipliera les besoins en terme d’efforts de modération, de conciliation, stabilisation et de désamorçage des crises. L’impatience maladive de nos généraux « va-t-en guerre » doit impérativement être contenu par des politiciens responsables.

6- Une option politique insoutenable : Cette mission fait partie d’une politique militariste à courte vue, mise en œuvre par un gouvernement minoritaire, et qui n’a été l’objet d’aucune consultation publique et d’aucun débat politique de fond. En moins de dix ans, les gouvernements militaristes ont fait grimper les dépenses militaires annuelles à vraisemblablement 20 milliards dollars. Le gouvernement Harper a procédé aux étapes d’adjudication des contrats militaires en toute hâte en court-circuitant les procédures administratives de suivi des dossiers d’acquisition. Tout le processus d’achat des équipements pour la mission en Afghanistan est présentement sous enquête de la Vérificatrice générale du Canada. Les justifications d’un rôle actif du Canada dans une telle mission, en vue d’une politique extérieure et militaire réaliste, cohérente et soutenue par les canadiens sont inexistantes. A la grande satisfaction des militaires de haut rang, les opérations militaires offensives multiplient les besoins en équipements, décuplent les besoins en nouveaux effectifs et crée un sentiment d’urgence permettant de court-circuiter tout exercice adéquat de suivi administratif et politique. Plus la mission offensive en Afghanistan se poursuit, plus le gouvernement conservateur poussera pour de nouveaux équipements militaires afin de « protéger nos soldat et garantir le succès de la mission ». C’est un chantage éhonté fait sur le dos des soldats qui meurent sur le terrain, au profit des hauts gradés de l’armée et des hauts fonctionnaires qui se taillent des retraites dorées dans le complexe militaro-industriel canadien. Comble de l’ironie, le gouvernement viendra à la rescousse de l’économie grâce aux coûteux et improductifs emplois dans l’industrie militaire. Après le petit scandale des commandites des libéraux, s’annonce en pleine crise économique, le gargantuesque scandale des dépenses militaires conservatrices qui ne se calculera pas qu’en dizaine de millions, mais en dizaines de milliards cette fois. Le budget fédéral à venir devra être scruté à la loupe.

7- L’avenir dans la prévention : Tout indique qu’une future politique canadienne, cohérente avec la tradition du maintien de la paix du pays, et adaptée à la nouvelle réalité d’après guerre froide, devrait s’orienter vers la détection avancée et la prévention des conflits internationaux et des génocides. Le Canada est une puissance économique secondaire et géographiquement isolée. Afin de faire une réelle différence sur la scène mondiale il ne peut se permettre qu’un rôle limité, bien circonscrit et cohérent avec les aspirations d’autonomie des canadiens. Ce rôle, pour des raisons économiques et géographique évidentes, ne peut être que non-offensif, et très spécialisé. Les assises d’une politique internationale de prévention des conflits internationaux se situent au niveau d’un agencement cohérent d’actions politiques visant les élites belliqueuses et les combattants :détection avancée, mécanisme d’alerte internationale, raffinement de l’intervention civile professionnelle, innovation dans la diplomatie préventive et de la mise en œuvre de sanctions diverses (politiques, économiques et sociales). La mise en oeuvre d’une véritable stratégie de prévention des conflits internationaux demande, non seulement l’intervention de militaires en dernier recours, mais la judicieuse gradation d’une expertise professionnelle sociale, légale, politique et de communication de haut niveau. La mission actuelle doit cesser car elle est nuisible à la mise en œuvre d’éventuelles actions de prévention des conflits internationaux et aux perspectives d’engagement à long terme du Canada. L’avenir de l’engagement constructif du Canada sur la scène internationale réside dans le renforcement de la présence des organismes de coopération canadiens dans la détection avancée des conflits et l’intervention civile préventive. On pourrait aussi voir l’implication du Ministère des affaires extérieures du Canada dans le renforcement des sanctions sur les acteurs principaux des conflits par le biais des organismes multilatéraux. Et finalement, dans l’utilisation des effectifs militaires dans un cadre multilatéral de dernier recours. Une véritable économie de paix, basée sur l’action professionnelle préventive reste à construire. Pourquoi continuer à asperger d’huile les feux de la guerre?

8- L’armée, pour aider le peuple : Aucun militaire n’aime risquer de se faire tuer. Ceux qui ont accepté de s’enrôler dans les forces canadiennes, et qui sont mobilisés doivent avoir la certitude que c’est pour le bien de la nation. Le rôle des politiciens lorsqu’ils osent demander le sacrifice suprême « d’aller tuer ou de se faire tuer » pour le pays, est de prouver hors de tout doute raisonnable que le recours à l’action militaire est indispensable. Le recours à la force militaire est un dernier recours qui n’est véritablement utile que lorsque tous les autres moyens non-militaires ont été utilisés, et ont faillis. C’est uniquement dans un tel contexte que, dans le cadre d’une politique canadienne de prévention des conflits internationaux, la population canadienne pourrait accepter le recours aux armes. La mission offensive actuelle n’a pas démontré qu’elle était la voie pour améliorer le sort des populations afghanes. Lors du début des hostilités, on doit se rappeler que les Talibans ne contrôlaient pas le territoire entier du pays. Les forces internationales occupent présentement un territoire qui est resté entre les mains de chefs de guerre qui font la pluie et le beau temps dans le pays depuis des décennies. A quelques exceptions près, la condition des gens occupant ces territoires n’a pas changé, et l’économie criminelle du pavot s’est accrue. Ces gens, dont plusieurs sont représentés au pouvoir, n’ont jamais souhaité l’amélioration des conditions de vie du peuple. L’armée Nationale Afghane a été construite en utilisant les milices de ces dirigeant de clans. Même après plus de cinq ans d’opérations militaires, l’influence des sympathisants taliban est restée inchangée dans les fiefs traditionnels Pachtounes, et dans plusieurs régions, par dépit des gens, elle s’est accrue. Le gouvernement canadien est incapable de fournir des preuves incontestables de progrès sur le terrain. Quelques centaines de puits d’eau potable, et quelques centaines de kilomètres de routes devraient justifier l’appui « à la reconstruction ». Le fait que ces infrastructures ont vraisemblablement installées pour faciliter les opérations d’approvisionnement militaires internationaux et afghans ne semble pas compter. Camoufler l’agression militaire derrière une façade de reconstruction et d’assistance aux populations face aux « démons » à combattre est une tradition militaire millénaire. Malheureusement l’action de nos militaires ne laisse entrevoir aucun résultat plausible. Ce contexte d’aventurisme guerrier se prête-t-il au recrutement massif, et à l’envoi de jeunes soldats canadiens sur le front? Est-ce pour cela que sont mort les 103 militaires canadiens.

9- Défense des droits des afghans? Quelques témoignages de jeunes filles retournant dans les écoles devraient nous convaincre du souci pour les droits de la personne rattaché aux opérations de guerre. Pourtant, les victimes civiles de ce conflit se comptent déjà par centaines. Les premières victimes de la guerre, surtout dans les contrées déshéritées, sont toujours les femmes et les enfants, souvent à causé par le cahot économique. Le traitement digne des prisonniers afghan est la plus importante preuve de respect des droits de la personne et de reconnaissance que le gouvernement canadien puisse offrir à ses militaires au combat. Ce témoignage est de loin plus important que les processions funèbres. Les conventions internationales sur le traitement humain des prisonniers de guerre ont été établies spécifiquement pour protéger les combattants des deux parties en conflit. Si le gouvernement veut prévenir les abus face à d’éventuels prisonniers canadiens, il se doit de montrer « pattes blanches » face aux conditions de ses prisonniers talibans. En continuant de transférer les prisonniers talibans aux autorités afghanes, malgré les preuves de mauvais traitements, et en résistant à l’idée de s’assurer d’un traitement digne des ces prisonniers, le gouvernement canadien a confirmé son peu de souci pour les droits de la personne. Mais encore pire, il trahit le principe le plus élémentaire de sécurité pour ses propres soldats qui pourraient être détenus par les talibans. En ce sens, si le gouvernement Harper avait la moindre compréhension de ce veulent dire les traités internationaux sur les droits des prisonniers, il aurait exigé depuis longtemps la fermeture de la base américaine de Guantanamo Bay. Cette prison illégale en territoire cubain est un exemple patent de non-respect des droits des prisonniers combattants. Comment, dans ce contexte troublant, a-t-on pu engager les militaires canadiens en campagne militaire auprès des américains? Qui peut encore croire que nous sommes en Afghanistan pour améliorer les droits de la population lorsqu’on met, sans honte, la sécurité la plus élémentaire de nos propres militaires en danger? Depuis quand le Canada dépense-t-il plus de 180 millions de dollars par mois pour envoyer des jeunes filles à l’école?

10- Une erreur historique : La politique militaire conservatrice que le gouvernement actuel tente de mettre en opération est coûteuse, nuisible et dangereuse. L’intervention rapide, dans toutes les régions du globe, par des forces militaires offensives est une voie d’intervention militaire économiquement insoutenable pour un pays comme le Canada. Cette voie ne peut se réaliser qu’en appui aux politiques de colonialisme économique américaines. Choisir cette voie de l’appui à des interventions politiques offensives, même justifiées par la « guerre au terrorisme », aligne automatiquement le pays du côté du pouvoir économique mondial. Les canadiens qui voyagent de par le monde souffriront pour les décennies à venir d’un tel alignement politique. Non seulement cette voie empêche le Canada de jouer un rôle politique constructif dans la résolution de futurs conflits internationaux, les canadiens devrons supporter économiquement l’hypothèque humaine de cette guerre. A coups de milliards, pendant des décennies, par le biais du Ministère des anciens combattants, les familles des 103 militaires et plus de 700 vétérans blessés physiquement et psychologiquement par une telle aventure opportuniste devront être supportés. Encore pire, en s’alignant ainsi, le Canada devient automatiquement l’ennemi des plus désespérés, les terroristes. L’achat d’équipements militaires offensifs sera inévitablement suivi d’un accroissement exponentiel des dépenses en équipements policiers, de sécurité intérieure et en engins de surveillance de tout acabit. Le recours à la violence attise les haines, nourrit les peurs et génère à leur tour violence, haines et peurs. Le gouvernement conservateur actuel a tendu la main au nouveau complexe militaro-sécuritaire pour mettre en œuvre sa stratégie électoraliste. Il a entraîné le pays et tous les canadiens un cycle infernal, la spirale internationale de la violence. Si on ne change pas le cap maintenant, l’histoire retiendra cette période du début du millénaire comme une période triste, un des plus importants rendez-vous manqués de l’histoire canadienne.

En conclusion :

Le maintien des troupes canadiennes en Afghanistan a toutes les caractéristiques d’une séquence de gestes politiques opportunistes initiées par les libéraux, envenimées par ces mêmes libéraux et confirmées par le gouvernement Harper. Ces actions politiques ont été initiées pour répondre à des impératifs autres que le meilleur intérêt de la population afghane, des canadiens et du pays. En ce sens, la position des organismes qui demandent le retrait immédiat des troupes semble l’option politique la plus sensée et responsable. La triste mort des soldats canadiens n’aura pas été en vain. Le Canada aura appris qu’il doit de toute urgence redéfinir son rôle sur la scène internationale. Les politiciens auront constaté que ce rôle doit être dissocié des objectifs économiques et politiques américains. Ils retourneront à la signification du geste ultime des casques bleu canadiens morts au cours des récentes décennies, et raviveront le rôle de participation aux actions multilatérales de maintien de la paix des Nations Unies. La leçon principale sera le constat que la prévention des conflits internationaux et des génocides, par la détection précoce et l’intervention civile doivent être les voies privilégiées. Le recours aux militaires et à la force doit, en tout temps, être le tout dernier recours. Encore une fois nos soldats seront morts à la guerre, pour nous enseigner que la voie de la paix, c’est de prévenir les guerres. Se souvenir, c’est prévenir toutes les guerres. Combiné aux actions de paix dans un contexte multilatéral, ce rôle de prévention serait parfaitement adapté aux ressources humaines et financières mobilisables au Canada. L’heure est maintenant venue de regarder la situation en face et de prendre les décisions qui s’imposent : « Soutenez nos troupes, ramenez-les à la maison avant qu’il ne soit trop tard » L’auteur, Normand Beaudet, est membre fondateur du Centre de ressources sur la non-violence et était représentant de l’organisme au collectif Échec à la guerre et siège maintenant au CA de l’organisme Citoyens pour un ministère de la paix.

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