Le petit village de Madban (District de Ratnagiri, État du Maharashtra) s’est affronté vendredi à l’État indien et a remporté le soir même une victoire indiscutable. Les arrestations préventives, les interdictions de circuler et les barrages routiers n’ont pas empêché 3000 villageois de réclamer leur propre arrestation, dans le cadre d’une action « Jail Bharo*».À 6 heures du soir, la police a demandé aux meneurs de stopper l’afflux des villageois qui demandaient à être mis en garde à vue.
Cette action était essentiellement conçue comme une réponse au gouvernement, qui prétendait que le calme régnait au village et que la contestation du projet de centrale nucléaire de 10 000 MW n’était le fait que d’une poignée d’agitateurs venus d’ailleurs.
Le district de Ratnagiri, dans l’État du Marahashtra, où doit être construite la centrale nucléaire de Jaitapur, équipée de six réacteurs AREVA
L’action a débuté pacifiquement à midi devant le temple de la déesseBhagwati. Des centaines de femmes, certaines déjà âgées, faisaient la queue pour être arrêtées, derrière elle se tenaient les hommes. La police avait affrété quatre bus, ce qui était bien insuffisant, car des villageois du voisinage affluaient pour se joindre à ceux de Madban.
Les 250 policiers présents étaient tous armés de fusils et en tenue de combat, mais on n’entendit même pas crier un seul slogan. « C’est une démonstration de force, le gouvernement doit désormais comprendre qu’il doit tenir compte de notre avis », a déclaré Pravin Davankar de la Fondation Jahit Seva Samoti, qui combat le projet depuis 5 ans.
Arun Velaskar de l’organisation Konkan Bachao Samiti [Association sauvons le Konkan, le Konkan étant la région côtière où se trouve le district de Ratnagiri, entre Mumbai et Goa, NdE] a déclaré qu’ils ne toléreraient pas les mesures répressives du gouvernement. Vivek Monteiro, un leader syndical, a déclaré qu’AREVA, la firme française qui a obtenu le contrat pour les réacteurs, est décriée en Europe.
Les villageois étaient furieux parce que le gouvernement se refuse à leur dire la vérité et ne donne les informations qu’au compte-gouttes. « En définitive, c’est nous qui sommes directement concernés » dit Sanjay Gavankar, un villageois propriétaire d’une usine de conditionnement de noix de cajou.
Les villageois ont fermement refusé les offres de compensation financière et même brûlé en public les titres de compensation révisés que leur avait envoyés le Ministre de finances Narayan Rane, dont le fils Nilesh est député de Sindhudurg-Ratnagiri.
B.G. Kolse-Patil, juge de la Haute Cour en retraite qui s’était vu intimer l’interdiction de se rendre dans le district de Ratnagiri a fait la sourde oreille et s’est joint aux manifestants. Pendant que la police le cherchait sur la route, il était parti par mer et a fait une apparition remarquée au temple à 15 heures. « Je combattrai avec bec et ongles ce mépris de l’État pour ses administrés », a-t-il déclaré. La police a dû le saisir de force pour l’arrêter.
L’amiral en retraite L. Ramdas et le juge de la Cour Suprême en retraite P.B. Samant qui se rendaient à la manifestation en ont été interceptés par la police à l’embranchement de Hativali sur l’autoroute Goa-Mumbai.
Manifestation « Jail Bharo » à New-Delhi
Notes de Tlaxcala:
* Jail Bharo Andolan ("protestez en remplissant les prisons") est une des tactiques de combat non-violente inventées par le Mahatma Gandhi dans la lutte pour l'indépendance de l'Inde. C'est devenu une forme de protestation très courante en Inde.
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Lq NPCIL (Nuclear Power Corporation of India Ltd) projette d’acheter six réacteurs nucléaires non encore testés à la compagnie française AREVA. Ce type de réacteurs n’est en fonctionnement nulle part dans le monde. Des inspecteurs européens et US ont détecté plusieurs failles sur le réacteur et aucun d’entre eux n’approuve sans réserve le modèle. Pour protéger l’Inde des risques liés à ces réacteurs nucléaires, signez la pétition de Greenpeace au Premier ministre Manmohan Singh ici.
Source: Tlaxcala