Un ancien ambassadeur britannique ami sincère de la Palestine?

Ce 23 août, la chaîne youtube du journaliste d’origine syrio-arménien, Kevork Almassian, a publié une surprenante interview avec l’ex ambassadeur du Royaume-Uni (2003-2006) en Syrie, Peter Ford. Arabisant formé à Oxford, Ford a travaillé pour le service diplomatique britannique dans des pays créés directement par le Foreign Office, comme l'Arabie Saoudite ou le Bahreïn ( ambassadeur de 1999 à 2003) ou sous son influence comme en Égypte. Il a aussi rempli des fonctions diplomatiques à Beyrouth et Paris. Il a pris sa retraite du service diplomatique en 2006. Et il devient représentant du Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations unies, pour les réfugiés de Palestine (l’UNRWA) dans le monde arabe, basé en Jordanie entre 2006 et 2015.

L’ex-ambassadeur Ford explique le rôle de soutien inébranlable de la République arabe syrienne à la cause palestinienne. Il affirme que l’Occident n’a jamais pardonné à la Syrie d’être l’ami le plus fiable de la Palestine. Il souligne le fait que, lors de sa visite officielle à Paris, en 2018, le président syrien a refusé les pressions françaises pour qu’il salue le représentant d’Israël. Cette preuve de fermeté des peuples arabes face à l’ennemi israélien a mené, selon l’ambassadeur Ford, à la préparation du plan de Change régime qui a éclaté en Syrie, en mars 2011 et a mené à une guerre d’agression dévastatrice qui n’a rien eu de « civil » et tout de conspiration étrangère des puissances occidentales, des monarchies arabes, la Turquie et Israël. 

À cette époque Ford a dénoncé les agressions contre la Syrie. SelonThe Guardian « L’ancien diplomate a déclaré que la politique du Royaume-Uni à l’égard de la Syrie était erronée depuis le début ». Lors de sa récente interview, Ford a rappelé que Washington a essayé pendant 50 ans de renverser le régime baasiste et nationaliste arabe, car la Syrie a toujours été « le cœur battant de l’arabisme et l’ami le plus fidèle des Palestiniens». Ford évoque que son gouvernement lui a ordonné de se plaindre auprès du gouvernement syrien pour héberger les organisations de la résistance palestinienne. Il dit en souriant que les autorités syriennes l’ont mis « fermement à sa place ». Les Syriens étaient et sont intransigeants sur la fidélité à la Palestine. Et il ajoute, sans perdre le sourire : et je le dis « comme compliment » et pas comme la moindre critique envers la dignité syrienne. 

À la question posée par Almassian, s’il pense que l’armée israélienne va s’effondrer, Ford, grand analyste du Moyen Orient, répond qu’il ne le pense pas concernant l’armée mais plus probablement dans le cas de la société israélienne et l’économie du pays. Selon lui, cette société est déjà fracturée par la guerre génocidaire menée contre la population et la résistance palestinienne à Gaza et Cisjordanie, surtout à Gaza. 

Quand on lui demande si l’Iran a besoin d’avoir des armes nucléaires face à la menace israélienne, Ford répond quelque chose d’intéressant : « Ils n’en ont pas besoin. Avec l’attaque de drones et missiles sur Israël ils ont montré leur capacité de frapper Israël en profondeur. Après quoi les Israéliens ont cessé d’attaquer des objectifs iraniens en Syrie, comme ils le faisaient presque toutes les semaines avant la riposte iranienne ». 

Lorsque Almassian lui demande si le gouvernement britannique est l’instigateur de l’invasion militaire ukrainienne de la région russe de Kursk, Ford répond que c’est une possibilité « crédible ». Il dit que la classe dominante de son pays, le Royaume-Uni, a été l’impérialisme « le plus agressif ». « Les Étasuniens sont nos élèves » ajoute-t-il. Il signale que souvent, le Pentagone étasunien est plus calme que les exaltés politiciens de son pays, prêts à tout aventurisme militaire, en laissant les États-Unis payer le prix que les Britanniques ne vont pas payer. 

Photo: @WorkersPartyGB’s video 

L’engagement progressif de ce diplomate chevronné, et sa critique de plus en plus aigüe envers le régime de son pays, ont fait que Ford s’est engagé en politique. En 2023, il est devenu chef adjoint du Parti travailliste britannique fondé par le député Georges Galloway après que Corbin ait été renversé de son leadership du Labour Party. Il refuse de définir son parti comme de « gauche » car, selon lui, cela ne sert à rien. Nous sommes le parti de la paix qui s’oppose à l’OTAN et défend la Syrie et la Palestine. Nous sommes le parti des gens d’en bas qui s’oppose à ceux d’en haut qui les oppriment, dit Ford. 

Est-ce les convictions humanistes de Ford qui l’ont mené à cet engagement courageux, ou bien les peuples arabes, avec leur dignité, qui l’ont mené à ces positions ? On aimerait le savoir. En tout cas Peter Ford est aujourd’hui une voie de la Paix au Royaume-Uni, à un moment où la Paix est gravement en danger par l’agressivité des puissances impérialistes.


Source: investig’Action

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