Journal de la marche vers Gaza

RFI

Égypte: Israël appelle les autorités du pays à bloquer une marche pro-palestinienne

« Les ONG ne fonctionnent plus, les politiques ne font rien… Donc, qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce qu’on regarde Gaza mourir ou est-ce qu’on se lève et on marche vers Gaza ? », s’interroge Hisham al-Ghaoui. Ce docteur, qui représente la branche suisse de cette initiative à l’origine de la marche vers Gaza, privilégie la seconde option. 

« Cette initiative est certes pour Gaza, pour un cessez-le-feu. Mais derrière, il y a une autre intention : celle de sauver les droits de l’homme. On y va pour sauver notre humanité. Moi, j’y vais aussi pour mes propres enfants, en Suisse. Parce que je ne veux pas qu’ils grandissent dans un monde où on voit ce genre de choses et on accepte », explique-t-il au micro d’Alice Froussard, du service International de RFI.

Les autorités égyptiennes n’ont donné ni feu vert… ni feu rouge

Plusieurs Français ont ainsi été interpellés dans leur hôtel ou à leur arrivée à l’aéroport du Caire, a déclaré à l’AFP Catherine Le Scolan-Quéré, porte-parole de la délégation française. Une dizaine de militants se trouvent actuellement retenus dans un local à l’aéroport du Caire, selon Coralie Laghouati, une infirmière de 39 ans, arrivée mercredi midi au Caire avec deux amies pour participer à la marche. « Mes amies ont été interceptées sans explication », a-t-elle dit à l’AFP.

Pour l’heure, les autorités égyptiennes n’ont pas donné leur feu vert officiel, alors que toute manifestation est interdite dans le pays depuis plus de dix ans. Samuel Crettenand prône une coopération étroite pour éviter tout débordement avant le départ vers le désert du Sinaï : « On appelle les autorités égyptiennes à nous tendre la main pour pouvoir mettre en place cette sécurité. On n’a pas de feu vert, mais on n’a pas de feu rouge. Le mouvement est en place, les gens viennent de tous les pays du monde et tant qu’on n’a pas un blocage strict des autorités égyptiennes, on continue notre planning de partir en bus et de rentrer dans le Sinaï. »

Israël somme l’Égypte d’empêcher tout manifestant de rallier Gaza

Dans un communiqué publié ce mercredi soir, le ministère des Affaires étrangères égyptien a affirmé conditionner tout accès à la frontière avec Gaza à l’octroi d’une autorisation préalable, sans donner plus de détails. Une première petite victoire pour Israël donc, qui a pressé plus tôt son voisin de bloquer les « provocations » pro-palestiniennes et de soumettre à des « autorisations préalables » toute action de militants étrangers sur son territoire.

« J’attends des autorités égyptiennes qu’elles empêchent l’arrivée de manifestants jihadistes à la frontière israélo-égyptienne et qu’elles ne les autorisent pas à se livrer à des provocations ou à tenter d’entrer dans la bande de Gaza », a indiqué le ministre israélien de la Défense, Israël Katz dans un communiqué.

Parallèlement à cette marche mondiale, un autre convoi terrestre, parti de Tunisie, fait route vers le territoire palestinien. La caravane Soumoud (« Résistance » en arabe), formée d’une dizaine d’autocars et d’une centaine de voitures, a passé sans encombre la frontière entre Tunisie et Libye mardi, et a été accueillie par une foule enthousiaste dans la capitale libyenne.

Blast

Expulsions, arrestations, descentes dans les hôtels, interrogatoires : au Caire, des tensions croissantes entre les autorités égyptiennes et les membres du convoi de la marche pour Gaza

Plusieurs dizaines de participants sont actuellement retenus, expulsés ou interrogés au Caire. Des Français sont bloqués à l’aéroport depuis l’aube, certains sans eau ni nourriture. Un responsable de la délégation française pour la Marche affirme que les autorités égyptiennes arrêtent presque systématiquement les ressortissants français, faute de disposer d’une liste officielle des participants. Des descentes de police ont également eu lieu dans plusieurs hôtels du centre du Caire, où des membres des délégations séjournaient. Plusieurs personnes y ont été interpellées. La France, qui avait été informée de la mobilisation, reste silencieuse malgré les appels à l’aide des organisateurs. Contactée, l’ambassade française au Caire dit n’avoir reçu aucune information.

Des voyageurs français à destination du Caire seraient même interrogés par les douaniers dans les aéroports français.

À cela s’ajoute la situation d’un groupe de trente-six Algériens, eux aussi retenus à l’aéroport. Certains ont été renvoyés dès ce matin.

Le docteur Hicham El Ghaoui est porte-parole de la délégation suisse et l’un des initiateurs de la marche. Pour lui, les agissements des autorités égyptiennes envoient un message clair : « En bloquant cette initiative, l’Égypte montre qu’elle n’est pas sincèrement engagée pour la levée du blocus. S’opposer à cette marche, c’est s’opposer à la paix. » Et d’ajouter : « Nous sommes déjà en marche depuis des semaines, des mois. Il s’agit de faire comprendre au monde entier que cette cause nous concerne tous. Les prochaines 24 heures seront décisives. Le monde verra si l’Égypte choisit la paix ou continue d’en empêcher le chemin. Nous avons un devoir moral d’essayer. Quoi qu’il arrive, je serai à l’aéroport du Caire et ces arrestations ne nous intimideront pas. »

Une action pacifique soutenue notamment par l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin et le médecin humanitaire Rony Brauman.

Mais côté français, le soutien institutionnel est quasi inexistant. « Aucune grande ONG française ne s’est engagée », déplore un membre de la coordination. Seules quelques voix individuelles se sont élevées pour soutenir les marcheurs.

Au départ, Ehab Ahmed Badawy, l’ambassadeur d’Égypte à Paris, avait exprimé son soutien à cette mobilisation et s’était même engagé à trouver des solutions pour faciliter l’entrée des marcheurs. Mais ces derniers jours, le ton a changé. 

Elle évoque désormais un « avis défavorable », en invoquant des risques liés à une potentielle présence de l’armée israélienne dans la zone concernée. Un argument qualifié de « fallacieux » par les organisateurs : « Les camions humanitaires, eux, accèdent sans problème à cette région. Le problème, ce n’est pas la sécurité. C’est qu’on veut empêcher cette mobilisation »

La délégation française au Caire a tenté à plusieurs reprises de contacter Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, pour leur demander un soutien clair à une initiative pacifique. À ce jour, aucune réponse ne leur a été adressée.

Critiquée pour son absence de soutien aux Palestiniens de Gaza depuis le 7 octobre, le président Abdel Fattah Al-Sissi a vu arriver cette marche internationale et ces « étrangers » d’un mauvais œil. Elle le pousse à prendre des décisions de soutien ou d’opposition. Il devient de plus en plus compliqué pour lui de passer pour un ami des Palestiniens et de cacher ses liens privilégiés avec Israël.

Gaza News

L’impressionnant convoi terrestre baptisé « Al-Soumoud » (La Résilience)

L’impressionnant convoi terrestre baptisé « Al-Soumoud » (La Résilience), parti de Tunisie, a atteint Tripoli, en Libye, et poursuit sa route vers l’Égypte, avec pour objectif final d’atteindre Rafah à Gaza et de briser le blocus imposé par l’entité sioniste. Le convoi se compose de 14 autocars et d’une centaine de véhicules, à bord desquels prennent place plus de 1 700 personnes : femmes et hommes de tous âges, venus de Tunisie, du Maroc, d’Algérie, de Mauritanie et de Libye, unis dans un même élan de solidarité.

Témoignage de Selma Benkhelifa, avocate à Bruxelles

On est arrivé hier soir. L’entrée en Égypte s’est fait facilement même pour ceux qui n’avaient pas encore de visa.

Aujourd’hui dès 7h la place face à notre hôtel était remplie de véhicules de police. Tout le quartier était bouclé. Des flics en civil entraient dans certaines chambres. On est sorti de la souricière en disant qu’on voulait voir les pyramides.

La police est sur les dents. Mais notre projet reste inchangé.

Plus que jamais solidaires.

Free Palestine !

franceinfo

« Marche mondiale vers Gaza » : plus de 200 participants, dont plusieurs Français, arrêtés à leur arrivée en Egypte, selon les organisateurs

Ces arrestations concernent aussi des ressortissants d’Algérie, de Tunisie, d’Allemagne, du Maroc, d’Australie ou de Turquie. « Nous appelons respectueusement les autorités égyptiennes à libérer toutes les personnes détenues et à autoriser l’entrée de l’ensemble des participants à la marche ».

« L’objectif de cette grande marche est de mettre la pression pour exiger la fin du blocus humanitaire. On n’a jamais eu l’intention d’entrer dans Gaza. Notre but est d’atteindre le poste-frontière de Rafah, mais pas d’aller plus loin », assure la porte-parole de la délégation française, Catherine Le Scolan-Quéré, médecin généraliste à Rennes. 

Selon le programme établi par les organisateurs, que franceinfo a consulté, les participants vont quitter le Caire vendredi matin, monter dans des bus, direction la ville d’El-Arich. Située à 345 kilomètres du Caire, la station balnéaire est le point de départ de cette marche de 48 km qui doit traverser le nord du désert du Sinaï en longeant la Méditerranée. Arrivée prévue dans la journée de dimanche au poste-frontière de Rafah, situé à l’extrême sud de l’enclave. « Vu la situation que nous connaissons, la marche est en suspens pour le moment », déplore Catherine Le Scolan-Quéré.

Africanews

Reportage sur La caravane de solidarité « Al-Soumoud »

Africanews

Guerre Israël-Hamas : l’Égypte stoppe un convoi humanitaire pour Gaza

Marcheurs détenus au Caire

Des activistes et des avocats ont déclaré que les détentions à l’aéroport et les expulsions ont commencé mercredi, sans que les autorités égyptiennes ne donnent de raison explicite. L’avocate algérienne Fatima Rouibi a écrit sur Facebook que des Algériens, dont trois avocats, ont été détenus à l’aéroport mercredi avant d’être relâchés et finalement expulsés vers Alger jeudi. Bilal Nieh, un militant tunisien qui vit en Allemagne, a déclaré qu’il avait été expulsé avec sept autres personnes originaires d’Afrique du Nord qui détiennent également des passeports européens.

Il a écrit sur Facebook tôt jeudi que les autorités « n’ont donné aucune raison ni aucun document indiquant le motif de l’expulsion ». Les gouvernements des pays dont les citoyens auraient été détenus ou expulsés, y compris la France, n’avaient émis aucun commentaire public sur les activistes jeudi matin.


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