Du Liban à la Syrie, le Centre Khiam dénonce les tortures perpétrées par Israël

Dans les silences gouvernementaux, libanais et syriens sont détenus en Israël voire disparaissent. Le Centre Khiam porte la voix de ces familles auprès des organismes internationaux afin de retrouver la trace de ces disparus et pousser à leur libération.

Les Libanais détenus et disparus, pris entre le marteau de l’abandon du gouvernement libanais et l’enclume de la faiblesse de l’action populaire face à la criminalité israélienne.

Le Centre Khiam pour la réhabilitation des victimes de torture a déclaré qu’il n’était plus surprenant que les autorités d’occupation israéliennes commettent des crimes, des massacres et des actes de génocide, comme annoncé au monde entier, y compris dans les déclarations publiques du criminel Itamar Ben-Gvir appelant à l’exécution des prisonniers.

Le centre a considéré ses déclarations comme une indication claire et flagrante que l’occupation israélienne a exécuté de nombreux détenus, peut-être des centaines de prisonniers, pendant la guerre d’extermination.

Le fait de ne pas avoir annoncé ou divulgué le nombre réel de prisonniers libanais, dont certains ont été révélés par un prisonnier palestinien libéré après l’accord d’échange, ouvre la voie à l’hypothèse que ce nombre est important, surtout compte tenu du grand nombre de Palestiniens et de Libanais disparus pendant la guerre barbare et après le cessez-le-feu.

Le centre a estimé que le gouvernement libanais n’avait pas agi conformément aux normes éthiques minimales pour découvrir le sort des disparus et des prisonniers libanais. La déclaration précédente de l’ancien Premier ministre Nawaf Salam a constitué une condamnation et un aveu d’abandon des citoyens libanais. Leurs familles sont perdues entre la peur et le désespoir, face à la faiblesse des actions populaires et des revendications visant à révéler leur sort. Un appel pressant du Centre Khiam a été émis pour lancer une vaste campagne de solidarité en leur faveur.

Le Centre a appelé le Premier ministre libanais et les ministres des Affaires étrangères, de la Défense et de l’Intérieur à enquêter de toute urgence sur le sort des prisonniers libanais qui ont été enlevés et sont soumis aux formes les plus horribles de torture. Il demande officiellement au Comité international de la Croix-Rouge de rendre visite aux prisonniers libanais et de déterminer leur nombre et leur lieu de détention. Il a enjoint le Haut-Commissaire des Nations Unies à demander des comptes aux autorités d’occupation sur leur sort et leur nombre, et à obtenir leur libération indépendamment de l’accord de cessez-le-feu conclu entre le Liban et « Israël » l’année dernière. Il s’agit d’une question humanitaire telle que stipulée dans la Convention de Genève relative aux prisonniers de guerre. Le Centre appelle également à une campagne de solidarité locale et internationale plus large afin de révéler le sort des prisonniers et de les rendre à leurs familles. Car, même leur emprisonnement dans les prisons israéliennes, en Palestine occupée, viole la Convention de Genève. Il n’est pas permis de les transférer hors du territoire libanais. Ils sont donc des otages qui ont été enlevés de force.

L’enquête sur cette affaire ne doit pas être menée à la légère ou par le biais de demandes verbales, mais plutôt avec sérieux, en mobilisant les missions diplomatiques à l’étranger. Il s’agit d’une question nationale et humanitaire prioritaire dans les négociations et les discussions avec l’envoyé américain et le Comité « Mécanisme », à placer au premier plan de toutes les discussions.

Centre Al-Khayam pour la réhabilitation des victimes de torture.

Beyrouth, le 26 octobre 2025

Le Centre de réhabilitation pour victimes de torture de Khiam (KRC) est une organisation non gouvernementale libanaise qui œuvre à la prévention de la torture et à la défense des droits humains au Liban et dans d’autres pays arabes. Il fournit des services de réadaptation aux victimes de torture ; il défend les victimes et les droits humains ; il sensibilise le public aux conditions de détentions dans les prisons et alerte sur les effets de la torture sur les survivants.

Le KRC soumet également des déclarations et des rapports à des organismes internationaux tels que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies afin de mettre en lumière les problèmes liés aux droits humains et de recommander des mesures.

Accrédité auprès du Conseil des Droits de l’homme des Nations-Unies à Genève, le Centre a été fondé par d’anciens prisonniers du camp de détention de Khiam, géré par Israël, à l’issue de la libération du Liban Sud en 2000, après 22 ans d’occupation israélienne.

Aujourd’hui, le Centre dénonce les tortures et les conditions de prisonniers au Liban comme dans toute la région. Justement, le Centre Khiam a annoncé, dans un récent communiqué, avoir reçu des messages de résidents de villages syriens nouvellement occupés. Ces messages affirmaient que les forces d’occupation israéliennes commettaient des actes de meurtre, d’intimidation et d’enlèvement, dans un contexte de black-out médiatique et d’absence de toute intervention humanitaire, pour découvrir ce qui se passait dans les villages du sud de la Syrie occupée.

Il a déclaré : « Nous avons signalé de nombreux enlèvements dans plusieurs endroits sans connaître le sort des personnes enlevées, et malgré le signalement des familles au Comité international de la Croix-Rouge et aux forces de la FNUOD. Selon les informations reçues par le Centre de leurs familles, le 12 juin 2025, après minuit, lors de l’entrée de l’occupation dans la ville de Beit Jann dans le gouvernorat syrien de Quneitra, les forces d’occupations ont exécuté le citoyen Muhammad Ahmad Qasim Hamada, et emmené un certain nombre de citoyens vers un lieu inconnu pour un sort toujours inconnu. Parmi les personnes enlevées, on connaissait : Ahmad Hussein Al-Safadi (né en 1991), Muhammad Hussein Al-Safadi (né en 1986), Hussam Muhammad Al-Safadi (né en 1994), Muhammad Badi’ Hamada (né en 1992), Ali Qasim Hamada (né en 1982), Amer Muhammad Al-Badawi (né en 1984), et Mamoun Muhammad Al-Saadi (né (1983).

Le communiqué conclut : « Sur la base de sa mission humanitaire de soutien et d’assistance aux prisonniers arabes dans les prisons israéliennes, le Centre Khiam a adressé une lettre au Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme au Moyen-Orient et en Afrique du Nord pour qu’il prenne d’urgence des mesures afin de découvrir le sort des personnes kidnappées, en particulier suite aux rapports d’enlèvements répétés. » Le communiqué appelle à « donner la priorité à la question des prisonniers, détenus et personnes kidnappées arabes au vu du nombre croissant de personnes disparues signalées par les organisations arabes », et appelle la Ligue arabe à « faire de ce point une priorité pour faire pression sur l’occupation israélienne afin qu’elle libère les personnes kidnappées et lui remette les listes de tous les prisonniers, détenus et personnes kidnappées depuis le 7 octobre 2023. »


Traduit de l’arabe vers le français

Source : NNA

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