Les médias américains ont salué un rapport du Newlines Institute accusant la Chine du génocide des Ouïghours comme étant une analyse indépendante « remarquable ». Un coup d’œil sous la surface révèle qu’il s’agit d’un outil de propagande pour le changement de régime, réalisé par des agents interventionnistes au sein d’une université frauduleuse.
Tout au long du mois de mars 2021, les titres des médias de grande diffusion, de CNN au Guardian, ont fait état de la publication du « premier rapport indépendant » établissant de manière officielle que le gouvernement chinois a violé « chacun des articles » de la convention des Nations unies contre le génocide, et qu’il « porte donc la responsabilité étatique d’avoir commis un génocide contre les Ouïghours ».
Le rapport, publié le 8 mars par le Newlines Institute for Strategy and Policy, en collaboration avec le Centre Raoul Wallenberg pour les droits de l’homme, fait suite à une accusation de dernière minute formulée en janvier par l’administration Trump sortante, ainsi qu’à des déclarations similaires des parlements néerlandais et canadien. Ce rapport a été publié peu de temps après la parution, le 8 février, d’un autre remarquablement similaire, commandé par le Congrès mondial ouïghour, soutenu par le gouvernement américain, qui affirmait qu’il existait un « dossier crédible » à charge du gouvernement chinois pour génocide.
CNN, The Guardian, l’AFP et la CBC ont salué le rapport de Newlines du 8 mars comme étant une « analyse indépendante » et un « rapport juridique historique » auquel ont participé « des dizaines d’experts internationaux ». Samantha Power, nommée par l’administration Biden pour diriger l’Agence américaine pour le développement international (USAID), en a également fait la promotion : « Ce rapport montre comment le [génocide] est précisément ce que la Chine fait avec les Ouïghours », a déclaré cette interventionniste humanitaire notoire.
The 1948 Genocide Convention, the UN’s first human rights treaty, defines genocide as attempted destruction of a group. This report shows how this is precisely what China is doing with the Uighurs.
Examine the evidence for yourself: https://t.co/MfOTT8XUF6
— Samantha Power (@SamanthaJPower) March 11, 2021
Les auteurs du rapport ont insisté sur le fait qu’ils sont « impartiaux » et qu’ils « ne préconisent aucune ligne de conduite, quelle qu’elle soit ». Mais un examen plus approfondi du rapport et des institutions qui le soutiennent révèle que les affirmations d’ « indépendance » et d’ « expertise » de ses auteurs sont une tromperie flagrante.
En effet, l’auteur principal du rapport, Yonah Diamond, avait récemment appelé l’administration Biden à « confronter » et « punir » unilatéralement la Chine pour avoir prétendument commis un génocide, et à étendre les sanctions contre le pays. Entre-temps, les groupes de réflexion à l’origine du rapport ont plaidé avec ferveur pour que l’Occident « combatte » et sanctionne la Chine. Ils avaient déjà encouragé les politiques américaines de changement de régime visant la Syrie, le Venezuela, l’Iran et la Russie.
Une majorité des « experts » signataires du rapport sont membres du Newlines Institute et du Centre Wallenberg. D’autres sont des membres de l’Alliance interparlementaire sur la Chine, d’anciens fonctionnaires du département d’État américain et d’ardents partisans de l’interventionnisme militaire américain. Le rapport s’appuie essentiellement sur l’« expertise » d’Adrian Zenz, idéologue évangélique d’extrême droite, dont il a été démontré que les « études » sur la Chine sont profondément erronées, truffées de mensonges et de manipulations statistiques malhonnêtes.
Le fait de se baser sur les travaux volumineux, mais manifestement frauduleux de Zenz n’est pas surprenant, étant donné que le rapport a été financé par l’organisation mère du Newlines Institute, la Fairfax University of America (FXUA). La FXUA est une institution discréditée que les régulateurs d’État ont proposé de fermer en 2019 après avoir constaté que ses « enseignants n’étaient pas qualifiés pour enseigner les cours qui leur étaient assignés », que la qualité académique y était « manifestement déficiente » et que le plagiat y était « endémique » et systématiquement passé sous silence.
Quelques jours seulement avant que le Newlines Institute ne publie son rapport d’« experts » accusant la Chine de génocide, un conseil consultatif du ministère américain de l’Éducation a recommandé de mettre fin à la reconnaissance de l’accréditeur de la FXUA, mettant ainsi sa licence en péril.
Le « nouveau » rapport régurgite des « preuves » anciennes et discréditées
Le rapport du Newlines Institute ne présente aucun élément nouveau sur la condition des musulmans ouïghours en Chine. Au lieu de cela, il prétend avoir examiné toutes les « preuves disponibles » et appliqué « le droit international aux preuves factuelles sur le terrain ».
Plutôt que de procéder à un examen approfondi et complet des « preuves disponibles », le rapport a limité son enquête à un éventail étroit de recherches pseudo-scientifiques profondément erronées, ainsi qu’à des rapports de groupes de pression soutenus par le gouvernement américain en faveur du mouvement séparatiste ouïghour en exil. C’est sur cette base défectueuse que le rapport applique l’analyse juridique liée à la convention des Nations unies sur le génocide.
Le rapport du Newlines Institute s’appuie principalement sur les études douteuses d’Adrian Zenz, sur le média de propagande du gouvernement américain, Radio Free Asia, et sur les affirmations du réseau séparatiste financé par les États-Unis, le World Uyghur Congress. Ces trois sources représentent plus d’un tiers des références utilisées pour construire la base factuelle du document, Zenz étant la source la plus utilisée, citée à plus de 50 reprises.
Bon nombre des autres références citent le travail des membres du « Groupe de travail des universitaires ouïghours » du Newlines Institute, dont Zenz est un membre fondateur et qui est composé d’un petit groupe d’universitaires qui collaborent avec lui et soutiennent ses conclusions.
Comme l’a rapporté The Grayzone, Zenz est un fondamentaliste chrétien d’extrême droite qui s’est dit « guidé par Dieu » contre le gouvernement chinois. Il condamne l’homosexualité et l’égalité des sexes, et il a enseigné exclusivement dans des institutions théologiques évangéliques. Un examen attentif des recherches de Zenz montre que son affirmation d’un génocide est concoctée par une manipulation statistique frauduleuse, un choix sélectif des sources et des déformations propagandistes. Ses rapports largement cités n’ont pas été publiés dans des revues à comité de lecture supervisées par des institutions universitaires, mais plutôt par une filiale de la CIA basée à Washington, la Jamestown Foundation, et par The Journal of Political Risk, une publication dirigée par d’anciens agents de l’OTAN et de la sécurité nationale américaine.
Trump & Biden admins base their accusation of genocide against China on the bunk research of Christian extremist @adrianzenz
Here’s Zenz on the show of anti-gay, Islamophobic @FRCdc Pres. Tony Perkins: “I was actually being prepared by God for this work.” https://t.co/00ZWvHBTE7 pic.twitter.com/dT8nG5oFlC
— Max Blumenthal (@MaxBlumenthal) March 12, 2021
Au fur et à mesure que ses fautes académiques sont révélées, Zenz est de plus en plus surveillé et embarrassé, comme en témoigne sa menace d’intenter une action en justice contre ses détracteurs.
Afin de renforcer la crédibilité du rapport et de détourner l’attention du fait qu’il repose essentiellement sur les rapports de Zenz, ses auteurs ont mis l’accent sur leur « indépendance » et leur « impartialité » supposées.
« Ce [n’est] pas un document de plaidoyer, nous ne préconisons aucune ligne de conduite quelle qu’elle soit », a déclaré Azeem Ibrahim, directeur des initiatives spéciales à l’Institut Newlines. « Aucun militant n’a été impliqué dans ce rapport, il a été purement réalisé par des experts juridiques, des experts de la région et des experts des ethnies en Chine. »
Cependant, quelques semaines avant la publication du rapport, son principal auteur, Yonah Diamond, a lancé un appel belliqueux à l’administration Biden pour qu’elle évite l’ONU (que Diamond considère comme « redevable au gouvernement chinois ») et affronte unilatéralement la Chine. À la suite de la déclaration de l’administration Trump selon laquelle la Chine commet un génocide au Xinjiang, Diamond a affirmé que les États-Unis sont légalement tenus de « punir » la Chine et que « l’administration Biden doit maintenant prendre des mesures concrètes à cette fin avec les alliés des États-Unis ».
Le rapport tente de donner l’apparence d’un large consensus d’experts soutenant ses conclusions, y compris une liste de 33 signataires « experts indépendants ». Comme on pouvait s’y attendre, cette liste comprend des personnes qui prônent une nouvelle guerre froide et une confrontation avec la Chine, et qui soutiennent les efforts séparatistes visant à transformer la région du Xinjiang, riche en minéraux et importante sur le plan géopolitique, en un ethno-État orienté vers l’OTAN :
Irwin Cotler et Helena Kennedy – co-présidents, avec Marco Rubio, de l’Alliance interparlementaire sur la Chine (IPAC). Composée presque exclusivement de législateurs occidentaux blancs, l’IPAC s’est formée en 2020 afin de mettre en place une « défense commune » contre la « montée de la République populaire de Chine ». Des membres de l’exécutif du Congrès mondial ouïghour, Erkin Ekrem et Rahima Mahmut, siègent au conseil consultatif et au secrétariat de l’IPAC ; Adrian Zenz siège également au conseil consultatif.
David Scheffer, Beth von Schaack et Gregory H. Stanton – Scheffer et Schaack sont tous deux d’anciens ambassadeurs itinérants du département d’État américain, tandis que Stanton est un ancien fonctionnaire du département d’État américain.
Lloyd Axworthy et Allan Rock – respectivement ancien ministre canadien des Affaires étrangères et ancien ambassadeur canadien auprès des Nations unies.
Adrian Zenz – membre fondateur du “Groupe de travail des universitaires ouïghours” du Newlines Institute.
Plutôt que de consulter un large éventail d’autorités et d’experts universitaires, ou de soumettre son étude à un examen par les pairs, Newlines s’est entièrement appuyé sur une communauté très restreinte d’idéologues partageant les mêmes idées. Une majorité des signataires sont membres des deux groupes de réflexion à l’origine du rapport, le Newlines Institute et le Centre Wallenberg. Loin d’être « indépendantes », ces organisations sont profondément partisanes et se décrivent comme des « militants » qui s’alignent étroitement sur les objectifs de la politique étrangère américaine et occidentale, en préconisant des sanctions et des interventions contre la Chine et d’autres nations non alignées du Sud.
Newlines Institute : Une collection d’idéologues du changement de régime et d’agents de “la CIA de l’ombre”
Le rapport prétendument indépendant accusant la Chine de génocide a été publié par le Newlines Institute for Strategy and Policy basé à Washington, DC et connu auparavant sous le nom de Center for Global Policy. Fondé en 2019, l’objectif déclaré du think tank est « d’améliorer la politique étrangère américaine » avec une « spécialisation dans les États et sociétés islamiques. »
Ayant des liens étendus avec l’establishment américain du changement de régime, le Newlines Institute est un dépôt fiable de matériel antichinois. Par exemple, il a présenté les divagations de Robert Spalding, l’ancien directeur principal de la stratégie du président Trump et l’un des architectes de la doctrine de sécurité nationale de 2018 de l’administration Trump, qui a officiellement réorienté la politique étrangère américaine d’une focalisation sur la soi-disant « guerre mondiale contre le terrorisme » vers une concurrence entre grandes puissances avec la Chine et la Russie.
La direction du Newlines Institute comprend d’anciens fonctionnaires du département d’État américain, des conseillers militaires américains, des professionnels du renseignement qui ont travaillé pour la société d’espionnage privée, la « CIA de l’ombre » Stratfor, ainsi qu’un ensemble d’idéologues interventionnistes. Ses contributeurs représentent le gratin des partisans du “changement de régime” en Syrie qui ont applaudi l’interventionnisme militaire américain tout en intimidant toute personnalité éminente qui osait présenter une perspective critique sur la guerre par procuration.
Hassan Hassan, directeur, fondateur et rédacteur en chef de Newlines Magazine – Ardent partisan de l’impérialisme américain, notamment des guerres en Irak, en Libye, au Yémen et surtout en Syrie. Avec Michael Weiss, collaborateur de Newlines, Hassan a appelé l’armée américaine à balkaniser la Syrie, à occuper de façon permanente la région de Jazira, riche en pétrole, et à transformer le pays en « protectorat sécuritaire américain ».
Azeem Ibrahim, directeur – professeur adjoint de recherche au Strategic Studies Institute, US Army War College. Ibrahim est l’un des co-auteurs du rapport du Newlines Institute.
Kamran Bokhari, directeur – Il était auparavant coordinateur du cours d’études sur l’Asie centrale au Foreign Service Institute du Département d’État (ministère des Affaires étrangères) américain.
Faysal Itani, directeur adjoint – Ancien Senior Fellow résident de l’Atlantic Council, financé par le Département d’État américain, qui fait office de groupe de réflexion semi-officiel de l’OTAN à Washington, DC.
Michael Weiss, rédacteur en chef – Lobbyiste israélien chevronné, militant néoconservateur et agitateur antimusulman devenu défenseur des insurgés islamistes en Syrie, Weiss s’est autoproclamé expert de la Russie alors qu’il n’a jamais visité le pays et ne parle pas russe.
Muhammad Idrees Ahmad, rédacteur en chef – En 2016, Ahmad a téléphoné au rédacteur en chef de The Grayzone, Max Blumenthal, sans avoir été sollicité, avant que Blumenthal ne publie un exposé d’investigation en deux parties sur les Casques blancs syriens, le menaçant de graves conséquences s’il allait de l’avant. (Écoutez l’enregistrement de l’appel menaçant d’Ahmad ici). Maître de conférences en journalisme numérique à l’Université de Stirling au Royaume-Uni, Ahmad a récemment attaqué Democracy Now ! pour avoir accueilli l’universitaire Vijay Prashad dans le cadre d’une discussion sur le danger d’une nouvelle guerre froide avec la Chine.
Rasha Al Aqeedi, analyste principale – Cette spécialiste d’origine irakienne était auparavant chargée de recherche au Foreign Policy Research Institute (FPRI), un groupe de réflexion néoconservateur fondé à l’origine par des suprématistes blancs et des partisans de la guerre froide, qui a honoré les partisans de la guerre en Irak John Bolton et James Mattis. Comme son collègue Ahmad, Aqeedi consacre une partie importante de son temps à dénigrer les personnalités anti-guerre sur les médias sociaux.
Elizabeth Tsurkov, membre non-résidente – Elle a travaillé auparavant pour plusieurs groupes de réflexion néoconservateurs et de l’establishment, notamment l’Atlantic Council, le Foreign Policy Research Institute et Freedom House. Mme Tsurkov a servi dans l’armée israélienne, lors de la guerre d’Israël contre le Liban en 2006. Tout au long de la guerre par procuration en Syrie, Tsurkov a entretenu des contacts amicaux avec des membres de la milice djihadiste soutenue par l’Arabie saoudite, Jaish al-Islam, et s’est vanté des liens que son appareil de renseignement militaire et celui d’Israël entretenaient avec l’opposition armée syrienne.
Nicholas A. Heras, analyste principal – Ancien associé de recherche à la National Defense University du ministère américain de la Défense, M. Heras est également membre du Center for New American Security, financé par l’industrie de l’armement. En Syrie, il propose d’utiliser « le blé [comme] une arme puissante… pour faire pression sur le régime d’Assad ». En d’autres termes, M. Heras a préconisé la famine massive et provoquée des civils syriens en occupant leurs champs de blé, une politique américaine qui est en cours dans la région nord-est du pays.
Caroline Rose, analyste principale – Elle était auparavant analyste chez Geopolitical Futures dirigé par le fondateur de Stratfor, George Friedman. Stratfor est une société privée d’espionnage et de renseignement communément appelée « CIA de l’ombre ». Elle a passé de nombreux contrats avec le gouvernement américain, a formé l’aile radicale de l’opposition vénézuélienne et l’a conseillée sur les tactiques de déstabilisation.
Robin Blackburn, rédacteur en chef – Pendant 12 ans, Robin Blackburn a travaillé comme rédacteur et éditeur pour Stratfor.
Robert Inks, rédacteur – A précédemment occupé les fonctions de directeur du groupe des rédacteurs et de rédacteur en chef des projets spéciaux à Stratfor.
Daryl Johnson, membre non-résident – A servi dans l’armée américaine et a travaillé auparavant comme analyste principal au ministère de la Sécurité intérieure. Il est le fondateur de DT Analytics, une société de conseil privée pour la police et les forces de l’ordre.
Eugene Chausovsky, membre non-résident – Donne des cours sur la « géopolitique de l’Asie centrale » au Foreign Service Institute du Département d’État américain. A travaillé auparavant comme analyste principal de l’Eurasie chez Stratfor pendant plus de dix ans.
Imtiaz Ali, boursier non-résident – A travaillé auparavant comme spécialiste des programmes d’études au Foreign Service Institute du Département d’État américain.
Ahmed Alwani est le fondateur et président du Newlines Institute. Il a précédemment siégé au conseil consultatif du Commandement de l’armée américaine en Afrique (AFRICOM) et est vice-président de l’Institut international de la pensée islamique (IIIT) ; son père, Taha Jabir Al-Alwani, est l’un des fondateurs de l’IIIT.
Le Newlines Institute a récemment pris des mesures pour contrer les rumeurs sur les liens de l’IIIT avec les Frères musulmans. Dans un courriel interne obtenu par The Grayzone, daté du 17 novembre 2020, le directeur du Newlines, Hassan Hassan, a abordé l’« accusation » portée contre son prédécesseur, l’ancien Center for Global Policy. Hassan a écrit que si une autre « entité plus ancienne » a été financée par l’IIIT, « [l]’entité actuelle n’a aucun lien avec l’IIIT ». Hassan a tenté d’apaiser les inquiétudes en minimisant le lien d’Alwani avec l’IIIT, affirmant qu’Alwani « a hérité de l’Institut international de la pensée islamique en tant que vice-président, comme une sorte de legs », après le décès de son père en 2018.
L’Institut Newlines est supervisé par une « université » frauduleuse discréditée
Le Newlines Institute est une branche d’une institution éducative discréditée qui a violé à plusieurs reprises les normes éducatives de l’État, ce qui soulève d’autres questions sur la qualité du travail du groupe de réflexion.
L’institution mère du Newlines Institute est la Fairfax University of America (FXUA), une école également fondée et dirigée par Alwani, et anciennement connue sous le nom de Virginia International University. FXUA est une université privée située à Fairfax, en Virginie et fondée en 1998. Le court parcours de la FXUA a été émaillé de nombreux scandales académiques et d’efforts des régulateurs de l’État pour fermer l’institution.
En 2019, le Conseil d’État de l’enseignement supérieur de Virginie a entamé une procédure visant à révoquer le certificat d’exploitation de la FXUA (alors connue sous le nom d’ « Université internationale de Virginie »). Cette décision est intervenue après que les régulateurs de l’État ont constaté une non-conformité généralisée aux normes éducatives de l’État.
Selon le Richmond Times-Dispatch, les auditeurs ont déterminé que « les enseignants n’étaient pas qualifiés pour dispenser les cours qui leur étaient assignés », que la qualité et le contenu des cours étaient « manifestement déficients » et que le travail des étudiants était caractérisé par un « plagiat endémique » qui restait impuni.
« Des étudiants non qualifiés soumettent régulièrement des travaux plagiés ou de qualité inférieure ; les professeurs ferment les yeux et abaissent les normes de notation (peut-être pour éviter de faire échouer une classe entière) ; et les administrateurs ne contrôlent pas efficacement la qualité de l’enseignement en ligne dispensé », indique l’audit.
« Le fait que ces cours de qualité inférieure puissent se poursuivre sans que les étudiants, le corps enseignant ou les administrateurs ne se plaignent soulève des inquiétudes quant à la finalité de l’enseignement dispensé à la VIU [Virginia International University]. »
En effet, certains signes indiquent que la FXUA/VIU sert d’ « usine à visas » plutôt que d’établissement d’enseignement légitime. Comme l’explique Inside Higher Ed, le terme « usine à visas » désigne une opération frauduleuse dans laquelle une institution « offre peu de valeur éducative », mais attire les étudiants internationaux en leur donnant accès à des visas d’étudiant et de travail, tout en les exploitant par des frais de scolarité exorbitants. L’accréditeur de la FXUA/VIU, l’Accrediting Council for Independent Colleges and Schools (ACICS), est depuis longtemps accusé de certifier de telles institutions.
En 2019, Inside Higher Ed a rapporté que la FXUA/VIU’s « semble exister principalement pour inscrire des étudiants internationaux », constatant qu’au cours des cinq années précédentes, « le pourcentage d’étudiants d’Amérique du Nord a varié entre 1 et 3 % ». Les auditeurs ont constaté que le corps étudiant était en grande partie composé d’étudiants internationaux ayant une « piètre maîtrise » de la langue anglaise. Les étudiants devaient payer 2 178 dollars par classe de troisième cycle et 1 266 dollars par classe de premier cycle pour recevoir leur enseignement « manifestement déficient ».
Bien que la Virginia International University ait conclu un accord avec les autorités de régulation de l’État qui lui a permis de poursuivre ses activités et qu’elle se soit rebaptisée Fairfax University of America, l’université et sa filiale Newlines Institute suscitent toujours de vives inquiétudes.
Quelques jours seulement avant la publication du rapport de l’Institut Newlines sur la Chine, l’accréditation de sa FXUA était une fois de plus potentiellement menacée. Le 5 mars, un conseil consultatif du ministère américain de l’Éducation a recommandé de mettre fin à la reconnaissance de l’ACICS. Le Comité consultatif national sur la qualité et l’intégrité institutionnelle a voté à 11 contre 1 pour recommander que l’ACICS perde la reconnaissance fédérale dont elle a besoin pour fonctionner.
Le comité consultatif avait fait la même recommandation en 2016, ce qui avait conduit à la révocation de la reconnaissance de l’ACICS sous l’administration Obama, avant que la reconnaissance ne soit rétablie à l’accréditeur en difficulté en 2018 par la secrétaire à l’Éducation du président Trump de l’époque, la tristement célèbre activiste et oligarque de la privatisation Betsy Devos.
Le Centre Wallenberg : Un refuge pour les faucons antichinois et les lobbyistes du changement de régime
L’Institut Newlines a publié son rapport en collaboration avec le « Centre Raoul Wallenberg pour les droits de l’homme ». L’auteur principal du rapport, Yonah Diamond, est conseiller juridique du Centre Wallenberg, et de nombreux signataires du rapport sont affiliés à cette organisation.
Basé à Montréal, le Centre Wallenberg a été fondé par Irwin Cotler, ancien ministre de la Justice et procureur général du Canada. Bien qu’il soit souvent présenté comme un « champion des droits de l’homme », Cotler est, en fait, un champion de la « responsabilité de protéger » (R2P) et des doctrines d’« intervention humanitaire » régulièrement invoquées par les États occidentaux pour justifier des interventions impériales dans les pays du Sud.
Cotler lance régulièrement des accusations propagandistes de violations des droits de l’homme, d’atrocités et de génocide au service de l’impérialisme occidental, notamment lors d’interventions en Libye et en Syrie, en Iran et au Venezuela, où Cotler a été le conseiller juridique du chef du coup d’État vénézuélien d’extrême droite Leopoldo Lopez, soutenu par les États-Unis. L’épouse de Lopez, Lilian Tintori, occupe un poste de conseiller au Centre Wallenberg.
Cotler est également actif en Haïti, où il a travaillé, en tant que ministre de la Justice dans l’administration canadienne, avec les États-Unis et la France pour aider à renverser l’ancien président haïtien Jean-Bertrand Aristide en 2004. En 2014, Cotler a invité Maryam Rajavi, leader de la secte iranienne en exil MEK, à s’exprimer devant le parlement canadien. Quatre ans plus tard, il a proposé la candidature des Casques blancs syriens financés par les États-Unis et le Royaume-Uni pour le prix Nobel de la paix.
Justin Trudeau taps Irwin Cotler, the Canadian version of Alan Dershowitz, as de facto anti-Palestinian czar.
Cotler will lead the center-left government’s assault on free speech and policing of Palestine solidarity organizing. https://t.co/UK7HXdKGlZ
— Max Blumenthal (@MaxBlumenthal) November 26, 2020
Cotler est un ardent partisan de l’apartheid israélien et un conseiller de longue date de Moshe Ya’alon, ancien ministre israélien de la défense et chef d’état-major de l’armée israélienne. Cotler a joué un rôle important dans les efforts du gouvernement canadien pour assimiler la critique d’Israël à de l’antisémitisme et salir le mouvement non violent de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) en faveur des droits des Palestiniens.
Cotler nourrit depuis longtemps des sentiments hostiles à l’égard de la Chine. Pendant plusieurs années, Cotler a fait partie de l’équipe juridique internationale du dissident antigouvernemental chinois Liu Xiaobo, un idéologue de droite qui a appelé à la privatisation et à l’ « occidentalisation » de la Chine, a soutenu ardemment l’ancien président George W. Bush et a encouragé les guerres américaines au Vietnam, en Afghanistan et en Irak.
Plus récemment, lors de la pandémie de coronavirus, Cotler s’est fait l’écho des appels des législateurs américains de droite en faveur d’une action juridique internationale et de sanctions pour punir la Chine d’avoir prétendument causé la pandémie du coronavirus.
Dans son énoncé de mission, le Centre Wallenberg expose en détail sa vision impériale occidentale de droite, identifiant explicitement la Chine, le Venezuela, l’Iran et la Russie comme des pays qu’il cherche à « combattre » par des sanctions.
Le Centre Wallenberg est devenu un refuge pour les faucons antichinois, dont les Senior Fellows David Kilgour, ancien secrétaire d’État canadien, et David Matas, conseiller juridique principal de B’nai Brith Canada, une organisation de droite qui se décrit comme se consacrant à la « défense d’Israël ».
Kilgour et Matas entretiennent des liens étroits avec le Falun Gong, un culte religieux d’extrême droite et antichinois. Les deux hommes contribuent régulièrement à l’organe de propagande du groupe, The Epoch Times, un réseau médiatique que le New York Times a décrit comme un « empire médiatique anti-Chine, pro-Trump » et « principal pourvoyeur de désinformation de droite ». En 2019, un reportage de NBC News a révélé que The Epoch Times a dépensé plus de 1,5 million de dollars pour environ 11 000 publicités pro-Trump en seulement six mois, « plus que toute organisation en dehors de la campagne Trump elle-même, et plus que la plupart des candidats démocrates à la présidence ont dépensé pour leurs propres campagnes. »
En 2006, Kilgour et Matas ont été chargés par le Falun Gong d’écrire un rapport qui portait des accusations sensationnelles selon lesquelles le gouvernement chinois menait secrètement une campagne massive de prélèvement d’organes vivants sur les disciples du Falun Gong. En 2017, une enquête du Washington Post a déterminé que les affirmations de Kilgour et Matas n’étaient pas fondées, les experts commentant que leurs allégations n’étaient « pas plausibles » et « impensables ».
* * *
En avançant sa nouvelle stratégie de guerre froide, Washington a amplifié les accusations de génocide et d’autres atrocités contre le gouvernement chinois, toutes centrées sur la politique de Pékin au Xinjiang. Pour élargir le soutien à ce récit douteux, le gouvernement américain s’est tourné vers une série d’institutions pseudo-académiques et de faux experts pour produire des études apparemment sérieuses et indépendantes.
Toute analyse critique des nombreux rapports sur le Xinjiang et des institutions bellicistes qui les publient révèle rapidement une campagne de propagande minable déguisée en enquête universitaire. Le refus des médias occidentaux de regarder sous la surface de la guerre de l’information menée par Washington contre la Chine ne fait que souligner leur rôle central dans cette opération.
Source Originale: Grayzone
Traduit de l’anglais par AE pour Investig’Action