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Un an depuis le 7 octobre, un an de paroxysme européen

Quel est le rôle de l'Union Européenne face aux massacres quotidiens que commet l’État israélien? Yiorgos Vassalos, en tant que docteur en sciences politiques sur les politiques européennes, s'y connait sur le double discours joué par les institutions de Bruxelles. Dans ce texte, il pointe les très nombreuses incohérences des dirigeants européens (IGA).

La une de tous les médias européens du 07 octobre est dédiée aux seules victimes israéliennes. Ursula Von Der Leyen a « fermement condamné » l’attaque récente iranienne contre les infrastructures militaires israéliennes.

Elle n’a pas dit un mot sur l’assassinat de plus de 2 000 civils au Liban y compris des ressortissants européens. Tsahal ne s’est pas limité aux membres du Hezbollah, ni aux localités considérées comme ses bastions, mais il a également bombardé :

– le centre du Beirut

– des villages mixtes chrétiens – musulmans

– un site d’une multinationale européenne, Total.

– la ville de Baalbek où se trouvent certains des monuments romains les mieux conservés au monde.

Tsahal a d’ailleurs intensifié les bombardements après la mort du leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Il tente aujourd’hui d’envahir le Liban, ce pays souverain, internationalement reconnu et lié par un accord d’association avec l’UE. Tsahal attaque l’armée libanaise. Se faisant repoussé au sol par la résistance nationale libanaise, il continue à semer la mort de façon indiscriminée par des bombardements aériens. Ursula n’a pas prononcé un mot de défense des casques-bleus irlandais engagés à la frontière israélo-libanaise qui ont refusé de suivre l’appel de Tsahal de quitter leurs positions

Josep Borrell, le haut représentant pour la politique extérieure de l’UE, a aussi « fortement condamné » l’attaque iranienne, mais il a seulement appelé au cessez-le-feu quand Israël a bombardé et annoncé envahir le Liban. Il a réitéré son engagement à la sécurité d’Israël mais pas à celle du Liban.

Ursula Von Der Leyen n’a pas dit un mot non plus sur les attaques israéliennes de ces derniers jours en Syrie (Damas et Tartus) et en Yémen comme elle n’avait pas dit sur les attaques un peu plus anciennes contre l’lran et l’Irak. L’Israël déclare son intention de continuer à frapper en peu partout au Moyen Orient en violation des principes les plus élémentaires du droit international et l’UE se tait. En même temps, elle se veut garante de la sécurité et de la stabilité mondiale…

Ursula Von Der Leyen n’a surtout pas dit un mot pour condamner le massacre de plus de 42 000 Palestiniens dont l’immense majorité sont des civils. Ces victimes sont aussi invisibilisés par toutes les unes des médias européens du 07 octobre. seules les vies israéliennes comptent même si les victimes arabes sont 58 fois plus nombreuses. On arrive à s’étonner de la montée de l’extrême droite quand médias et institutions européennes réservent un tel traitement discriminatoire à des êtres humains selon leur nationalité ? Tsahal a jeté, sur la minuscule Gaza, plus de bombes que les Nazis et les Alliés réunis sur Londres, Hambourg et Dresden entre 1940 et 1945, et c’est sans même se battre contre une véritable armée. La France et l’Allemagne continuent à lui fournir tous types d’armes, la Grèce (Crète) et Chypre servent de bases de décollage aux avions de l’OTAN qui soutiennent Tsahal dans ses opérations meurtrières.

Les responsables de l’UE n’ont pas dit un mot pour condamner le plus grand massacre des journalistes (128 ) et du personnel de l’ONU (172) qui a jamais été enregistré. Israël a franchi toute ligne rouge en visant délibérément les humanitaires.

En cet automne de 2024, Ursula s’insurge contre la « tentative russe de détruire l’infrastructure énergétique ukrainienne », mais elle avait évoqué son «soutien inconditionnel à Israël» quand le ministre de défense israélien a ordonné le 9 octobre 2023 «le siège complet de Gaza» : «pas d’électricité, pas de nourriture, pas de fuel ».

Cette ordonnance n’a été pas seulement actée avec précision, mais en plus entre 60-70% des tous les bâtiments et 80% des hôpitaux et centres de santé de Gaza ont été détruits par les bombardements israéliens. Les Nations Unis préviennent aujourd’hui du risque de 300 000 morts à cause de la famine, soit 14% de la population totale de Gaza.

L’armée israélienne est arrivée au point d’évacuer une maternité, ensuite d’empêcher les personnel médical et les parents brandissant des drapeaux blancs à y revenir et in fine au point de laisser les bébés mourir de faim et décomposés. Le monde n’a pas vu une telle barbarie depuis le nazisme. A vrai dire et merci de me corriger si je me trompe, j’ai lu sur plusieurs actes de barbarie absolue des Nazis mais pas cela.

C’est un génocide. Il n’y a pas d’autres mot pour qualifier ce qui se passe. Même si la justice internationale n’a pas encore tranché, tous les éléments sont là, devant les yeux de tout le monde. Et ils sont là, parce que l’État qui commet ce génocide, ne cherche pas à se cacher mais plutôt à démontrer «qu’on ne peut pas tuer des Israéliens sans [un maximum] de conséquences ».

Le gouvernement israélien ne vise ni à la libération des otages puisque il est arrivé au point de les viser et les tuer lui-même, ni à l’éradication du Hamas (qui n’a d’ailleurs aucun droit d’éradiquer) puisque l’armée israélienne commet aussi des horreurs en Cisjordanie où il n’y pas de Hamas. Son objectif est de chasser les Palestiniens et voler leur terre. Il existe maintes déclarations des ministres de ce gouvernement qui rend cela évident, ce qu’Ursula Von Der Leyen, Josep Borrell et les autres responsables de l’Union européenne choisissent d’ignorer.

L’Europe n’est pas seulement en train de laisser faire ce génocide, mais elle donne les moyens à Israël pour le poursuivre. Dans la région, seuls les Huthis, le Hezbollah et l’Iran ont essayé de l’arrêter. On peut lutter contre eux sur plein d’autres sujets mais on ne peut pas être en désaccord sur cela. On ne soutient pas un génocide. On l’arrête par tous le moyens à notre disposition.

L’Europe semble être trop près pour continuer à armer et financer l’État qui commet la génocide mais trop loin pour arrêter le génocide. Il est complètement ridicule de désigner comme des principaux ennemis ceux qui tentent ce que l’Europe refuse de faire alors qu’elle en a le devoir absolu : imposer à Israël par tous les moyens nécessaires l’arrêt immédiat du massacre qui met en péril la sécurité du monde entier.

Comme l’a écrit mon collègue de l’Université américaine de Beyrouth Nicola Abu QameLeo Cosmi, nous européens, nous ne sommes pas en sécurité, nous ne sommes pas innocents et nous ne sommes pas prêts.

Salutations fraternelles à tous ceux (aussi bien eux qu’eux ) qui subissent la répression et de pressions multiples parce qu’ils agissent pour un changement de cap.


Source : page facebook de Yiogos Vassalos

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