« Colères siamoises de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon » selon Renaud Dely de France info. Dans son habitude à animaliser Jean-Luc Mélenchon, un représentant de l’éditocratie française comparait la semaine passée sa colère à celle de Marine Le Pen. Pourquoi assimiler le leader de la France Insoumise à la dirigeante d’extrême droite? Que nous dit ce journaliste tout terrain ?
« La justice a fait irruption » dit-il, dans « la campagne des élections européennes avec deux procédures. »
Quelles sont ces procédures ? Pour la France Insoumise il s’agit de la convocation par la police de Mathilde Panot cheffe du groupe la France Insoumise au parlement français (et Rima Hassan, juriste franco-palestinienne candidate aux élections européennes avec la France Insoumise, que Renaud Dely semble oublier) pour “apologie du terrorisme”.
Comme le note l’avocat Me Brengarth, « ce délit doit viser les cas les plus graves, comme les encouragements à une action terroriste. Là, on est plutôt sur des propos critiques à l’égard de la position d’Israël, qui ne sont, en soi, pas constitutifs d’une apologie ou d’une légitimation des attaques du 7 octobre. »
Qu’est-ce qui est reproché au Rassemblement National ? Une plainte est déposée contre Fabrice Leggeri pour complicité de crime contre l’humanité et complicité de torture par la Ligue des droits de l’homme et l’association Utopia 56. Ce dernier est numéro 3 sur la liste du RN de Jordan Bardella aux européennes de juin prochain. L’ex-patron de Frontex est accusé d’avoir multiplié les refoulements illégaux en mer de bateaux de migrants et d’en avoir livré aux garde-côte libyens malgré les risques encourus.
Renaud Dely dans sa chronique reprend sans les critiquer les mots de Marine Le Pen. Cette dernière accuse des “associations d’extrême gauche” de vouloir “réduire au silence” ceux qui s’opposent à la “submersion migratoire” nous dit-il.
On en saura pas plus sur le parcours et les agissements de Leggeri, lui qui est présenté par le parti frontiste comme la prise majeure de cette campagne, discours de respectabilité repris en fanfare par une majorité de médias. Pierre Galand écrivait il y a quelques semaines sur Investig’Action qu’il est épinglé par plusieurs rapports de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF). Ces rapports mettent en évidence de graves manquements et des pratiques illégales de refoulements de migrants (pushbacks) aux conséquences dramatiques.
Renaud Dely reconnait que des ONG « demandaient à la Cour pénale internationale d’enquêter sur les agissements de Fabrice Leggeri depuis déjà deux ans. »
Pourtant, au lieu de montrer la diversité des situations et alors qu’on pourrait s’indigner du traitement réservé aux critiques d’Israël, pourtant condamné par le droit international depuis des années et encore plus depuis des mois, il préfère enchainer par une formule simulant la neutralité : « On constate néanmoins depuis quelques années une inflation des procédures de toutes natures contre des élus de toutes étiquettes. »
Fabrice Leggeri n’est pas visé par l’extrême gauche comme le dit Marine Le Pen mais par des enquêtes menées par des journalistes, des ONG et des entités de l’Union européenne. Au Parlement européen le groupe des sociaux-démocrates réclamait sa démission bien avant qu’il quitte Frontex. Lors de son départ ils déclarèrent: « une première bonne nouvelle pour le respect des droits fondamentaux » pourtant pas spécialement un parti d’extrême gauche.
« Rien ne permet d’affirmer que ces plaintes sont liées au contexte électoral » conclut Renaud Dely. Difficile d’y croire, quand on peut observer que Rima Hassan dérange elle qui bénéficie d’un soutien populaire très important lors des ses interventions publiques. Sa présence oblige à parler de ce qui se passe à Gaza et en Cisjordanie, bien qu’au lieu de parler des massacres à Gaza la majorité des médias français, privés comme publics, préfèrent commenter le vocabulaire des étudiants qui protestent contre ces massacres.
Combien de temps d’antenne pour informer que la plainte contre Guillaume Meurice a été classée sans suite ? Ou que Télématin» sur France 2 a diffusé un «publireportage» à la gloire de Jordan Bardella ? Ou simplement de ce que fait Frontex et ses atteintes permanentes aux droits humains?
Si certains journalistes continuent à traiter du sujet “Rassemblement National” avec complaisance, peut-être que le ton changera au fil des directives gouvernementales? Comme l’explique Libé, le parti gouvernemental Renaissance s’active pour faire monter Reconquête dans les sondages pour les élections européennes, ce qui selon eux ferait baisser le RN et limiterait la casse pour les macronistes. D’autres, comme Maurice Szafran dans Challenges, n’ont pas attendu pour aborder le cas Bardella avec réalisme, constatant “la construction d’une sorte de légende” autour du jeune ambitieux. Szafran ose : “Jordan Bardella est-il… bidon?”
Source : Investig’Action
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