La députée démocrate étasunienne Alexandria Ocasio-Cortez (de l’État de New York) a été au cœur d’un vaste débat sur les réseaux sociaux à la suite de son apparition à l’événement du Met Gala de cette année (2021). Elle était vêtue d’une robe dont le dos était brodé en caractères gras Taxez les riches. De nombreuses personnalités et célébrités fortunées assistent chaque année à cet événement de collecte de fonds.
Le public a scruté à la loupe les motivations personnelles et antécédents de Alexandria Occasion-Cortez. Or, le débat a essentiellement ignoré l’aspect le plus fondamental, à savoir le slogan Taxez les riches. Afin d’appréhender ce message, il s’avère nécessaire de bien comprendre l’exploitation de la classe ouvrière au sein du système capitaliste.
L’essence du problème
Les inégalités de richesse représentent l’une des plus évidentes fractures du capitalisme. Outre la part de richesse dont disposent les citoyens, il existe une contradiction bien plus profonde qui explique l’énorme fossé qui sépare les riches des pauvres.
Parmi toutes les oppositions du capitalisme, celle qui caractérise le plus notre réalité concerne la propriété ; l’opposition entre les possédants et les autres.
La classe bourgeoise détient les moyens de production, source de la création de richesses. Elle revendique dès lors le droit à tous les produits que ses travailleurs génèrent. De ce fait, le prolétariat ne possède rien d’autre que sa propre force de travail.
Bien que certains ouvriers aient la possibilité d’être propriétaires d’un bien immobilier ou même d’une voiture, ils ne jouissent pas de la terre, des outils, des usines et des autres moyens de création de leurs propres biens. Par conséquent, ils sont contraints de travailler pour ceux qui les détiennent, en échange d’un salaire bien inférieur à la quantité de valeur qu’ils créent réellement. Les possédants gardent pour eux toutes les ressources accumulées, en réinvestissant une partie dans le cycle de production. Ils ne distribuent que des miettes aux ouvriers, juste assez pour qu’ils puissent survivre et retourner au travail jour après jour.
Les employés génèrent toutes les richesses de la société pour les voir expropriées par les patrons. Telle est l’exploitation à visage découvert, et pourtant, sans la main-d’œuvre, le capitalisme ne peut exister.
Une augmentation des impôts ne suffit pas à assurer le changement
L’expression Taxez les riches consiste en un slogan relativement progressiste, particulièrement pour susciter l’intérêt des riches qui déboursent près de 30 000 dollars pour participer au Met Gala. Ce message met en évidence la nature corrompue du système capitaliste, dans lequel les riches versent un montant d’impôts disproportionné, voire nul, par rapport à la classe ouvrière. Néanmoins, ce slogan se limite à ce fait et n’explique pas la véritable racine du problème.
En effet, il ne remet pas en question le concept même de l’appropriation privée, pas plus que la réalité de la classe ouvrière et des opprimés qui ne bénéficient ni de la propriété ni du contrôle du capital qu’ils produisent au sein de la société. De plus, ils n’ont pas la possibilité d’exercer un quelconque contrôle sur leur espace de travail.
Le slogan se révèle déficient, car une augmentation du taux d’imposition des plus aisés n’améliorerait pas les rapports de propriété privée. C’est ainsi que le simple fait de relever les taxes ne règlerait en rien la dynamique du pouvoir entre la classe capitaliste dominante et la classe ouvrière exploitée, privée de la possession des moyens de production. En effet, [si leurs taxes augmentent] les capitalistes risquent de modérer les dépenses en réduisant les salaires du prolétariat ou en gonflant les prix à la consommation.
La révolution socialiste et le renversement des relations de propriété privée reflètent l’unique façon pour les travailleurs et les opprimés de bouleverser leur rapport aux moyens de production et de s’autonomiser de manière significative.
Afin d’exiger que les plus fortunés acquittent leur juste part, il convient de recouvrer leurs richesses et leur propriété privée en vue de les restituer aux prolétaires qui les ont collectivement produites.
Source: Workers World
Traduit de l’anglais par Khaoula Amara pour Investig’Action