Displaced Palestinians gather to receive food at a donation point in Rafah in the southern Gaza Strip on February 24, 2024, after more than four months of ongoing battles between Israel and the militant group Hamas. UNICEF, the UN Children's Agency, and the UN's World Food Programme have warned Gazans are inching closer towards famine. (Photo by Yasser Qudihe / Middle East Images / Middle East Images via AFP)AFP

Secourir Gaza par mer

A Gaza, quelque 30 000 civils palestiniens ont été tués par l’armée israélienne, sans compter les disparus ensevelis sous les décombres, les malades et les femmes enceintes morts par manque de soins, les blessés à vie, les mutilés sans anesthésie, les enlèvements d’enfants, les déplacements forcés, les réfugiés passant l’hiver sous des abris précaires.  D’autres morts sont prévues par l’attaque annoncée contre Rafah.

Sous couvert de « guerre contre le Hamas » en riposte aux assassinats du 7 octobre, l’Etat d’Israël viole le droit international, notamment, selon les conventions de Genève, le droit humanitaire international qui prescrit la protection des civils.

Sans attendre les jugements sur le fond de la Cour pénale internationale (CPI) et de la Cour internationale de justice (CIJ), saisies par plusieurs Etats ou associations, la communauté internationale des Etats se doit de faire respecter le droit, d’assurer en actes la protection de la population de Gaza.

Mardi 20 février 2024, au Conseil de sécurité de l’ONU, les Etats-Unis d’Amérique ont mis leur troisième véto à un projet algérien demandant aux belligérants un cessez-le-feu humanitaire, donnant ainsi le feu vert à la poursuite des massacres. En continuant ses actions militaires non-ciblées, l’Etat d’Israël méconnait l’ordonnance de la CIJ du 26 janvier 2024 relative à l’application de la prévention et de la répression du crime de génocide dans la bande de Gaza. En 2011, pour des massacres largement imaginaires, le Conseil de sécurité a invoqué la « responsabilité de protéger » pour recourir à la force contre la Libye. En 2016, la Chambre des communes britannique a fait justice des tenants et aboutissants de cette action militaire. Où est la responsabilité de protéger dans le cas de Gaza ?

En refusant d’assumer ses responsabilités, la communauté internationale des Etats entérine les massacres. Il est urgent qu’un groupe d’Etats prenne les siennes. Le plus facile est de forcer le blocus maritime illégal (en droit une « mesure coercitive unilatérale ») de Gaza, pris en dehors de l’article 41 de la Charte de l’ONU.

A l’évidence, les protestations et exhortations ne servent à rien. Il convient qu’un groupe d’Etats envoie vers Gaza des navires hôpitaux, des porte-hélicoptères, des cargos d’approvisionnement. Leurs forces navales et aériennes protégeront la flottille humanitaire.

Plusieurs Etats déploient leur marine de guerre en Mer Rouge pour assurer la libre circulation du commerce et il ne s’en trouverait aucun pour protéger des milliers de vies humaines à Gaza ? Tous les Etats doivent mettre l’embargo sur les livraisons d’armes aux belligérants à Gaza.

Par leur passivité, les Etats sont complices des massacres, génocidaires ou non, perpétrés à Gaza. Puisque les Etats se rendent complices au nom des peuples, il appartient aux citoyennes et aux citoyens d’interpeller puissamment les décideurs politiques pour faire cesser les massacres.

Gabriel Galice, président du GIPRI (Institut international de recherches pour la paix à Genève)

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