Comme partout dans le monde, des étudiants se mobilisent en France pour le droit à la vie des Palestiniennes et Palestiniens. Lors de la manifestation de commémoration de la Nakba, Rose nous explique les obstacles rencontrés depuis novembre pour qu’un collectif d'étudiants en soutien à la Palestine puisse simplement exister. La lutte des jeunes se poursuit malgré la répression et un traitement défavorable dans les grands médias privés et publics.
Vous avez créé un collectif de solidarité pour la Palestine, comment cela s’est déroulé ?
En novembre dernier, après le début des bombardements intensifs d’Israël sur la bande de Gaza, un comité d’étudiants s’est créé à Marseille. Nous à Aix on s’est mobilisé aussi en cherchant à donner de la visibilité à la situation à Gaza. Très rapidement on s’est heurtés à la censure de la part de l’administration. Nous n’avons pu faire aucune manifestation, aucun tractage, aucune conférence, aucune prise de parole publique au sein du campus depuis novembre.
Cela nous a énormément freiné, dès qu’on voulait mettre en place des actions, ou simplement signaler notre présence, on a dû le faire en dehors de la fac ! On a quand même réussi à organiser des manifestations dans la ville d’Aix-en-Provence alors que cette mairie a des positions sionistes. Elle a affiché le drapeau israélien pendant des mois, jusqu’à la semaine passée, sur le fronton de la mairie.
Le drapeau d’Israël a été enlevé suite à des protestations ?
Plutôt pour les Jeux Olympiques selon moi. On est contents qu’il soit finalement retiré mais malheureusement je pense que c’est plus pour les activités liées aux JO que suite à la pression citoyenne.
Cherchez-vous à unir votre collectif avec d’autres collectifs, d’autres universités ?
Tout à fait, on s’est réunis mardi en assemblée générale dans la Faculté Saint Charles de Marseille. Nous avons invité l’ensemble des collectifs et des étudiants mobilisés de l’université Aix-Marseille, sachant qu’il y a une dizaine de campus, c’est très éparpillé. Le but c’est de créer un collectif durable, qui n’existait pas jusqu’alors, pour la libération de la Palestine et contre le sionisme. Nous souhaitons organiser des actions et être un pôle de référence, d’information et d’actions au sein de l’université.
Est-ce que vous travaillez aussi avec des collectifs comme celui contre l’armement d’Israël ?
Oui, on a des liens très forts avec des membres aussi actifs dans Stop Arming Israel et avec Urgence Palestine Marseille. On est aussi en contact avec le mouvement national des lycéens qui organise plusieurs blocages dont un mardi 14 mai également.
Je le souligne, notre but est de s’adresser à la jeunesse et de venir en soutien aux différentes campagnes déjà présentes sur le terrain politique.
Comment communiquez-vous avec les médias au vu du traitement réservé aux soutiens de la Palestine ?
Effectivement, la couverture française des mobilisations étudiantes en faveur de la lutte des Palestiniens et quelles que soient les formes de cette résistance, elle est très compliquée.
On a eu beaucoup d’articles, même une campagne contre notre collectif à Aix. On nous a accusé d’être justement dans l’apologie au terrorisme. Cela nous a extrêmement choqués !
Il y a un collectif qui s’est formé à Aix qui s’appelle, le collectif 7 octobre et qui a notamment mené des grandes campagnes d’affichage avec les otages. Ils disposent de moyens conséquents par rapport à nous, ils ont par exemple organisé cette campagne d’affichage et parallèlement ils n’hésitent pas à arracher nos affiches sur lesquelles il y avait les visages des martyrs de Gaza.
Maintenant que le vent a un peu tourné, l’opinion publique évolue, il y a par exemple France 3 r-Régions qui a fait des reportages dans lesquels ils sont venus nous interviewer. La Provence a publié des articles un peu plus cléments, il y a des chaînes internationales comme Al jazeera et d’autres encore qui sont venues à notre rencontre.
Faites-vous des recherches sur la coopération existante entre universités israéliennes et universités de la régions Provence-Alpes-Cote d’Azur et leurs projets?
C’est une des revendications des comités étudiants, rechercher quels sont les partenariats qui existent entre les universités Aix-Marseille et les universités israéliennes.
Ces partenariats s’expriment par des échanges ou des projets de recherche très spécifiques mais c’est difficile d’avoir une liste claire, de ce que ça sous-entend en termes d’investissement.
Nous n’avons malheureusement ni les moyens ni le temps d’établir une liste claire de ces partenariats. Mais une de nos revendications consiste à dire que c’est le rôle de la direction de nous transmettre une liste claire avec des partenariats et qu’elle les justifient.
Avec votre nom de collectif, Intifada 13, que répondez-vous si il y a des attaques comme ça a été fait contre Rima Hassan ?
C’est un nom provisoire, il a été choisi suite à une décision d’AG prise mardi 14 mai. Mais je pense au contraire qu’il faut se réapproprier ce mot : intifada ça veut dire soulèvement. Aujourd’hui, je pense que la réponse à l’attaque monstrueuse qui est menée contre les Palestiniens, qui est qualifiée de génocide par la Cour internationale de Justice, doit être un soulèvement global, une intifada.
On reconnaît le combat des Palestiniens depuis 1948 et même avant, j’ai envie de revenir à la grande révolution al-thawrat al-kubra de 1936 à 1939, qui était le premier soulèvement qui a concerné une majorité de la population palestinienne. On s’inscrit dans cet héritage, on réclame le droit à l’autodétermination, on s’approprie un mot qui n’a rien de négatif, qui signifie simplement résister pour sa vie et sa terre.
Source : Investig’Action
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