Israeli volunteers from the Zaka Israeli ultra-Orthodox Jewish emergency response team searches through the debris in Kibbutz Kfar Aza near the border with the Gaza Strip on November 14, 2023, in the aftermath of an attack by Palestinian militants on October 7. - More than 11,000 people have been killed in relentless Israeli bombardment of the Gaza Strip, according to the Hamas-run health ministry, since the war erupted after Palestinian militants raided southern Israel on October 7 killing at least 1200 people, according to official Israeli figures (Photo by GIL COHEN-MAGEN / AFP)AFP

Révélations accablantes contre Zaka, une ONG mandatée pour identifier les victimes du 7 octobre

Négligence dans l’identification des corps, mise en scène sur les réseaux sociaux, diffusion de fausses informations… Le quotidien Haaretz vient de publier une enquête explosive contre l’ONG Zaka. Ce n’est pas la première fois que l’association est prise la main dans le pot à fake news.

Déjà à l’origine de nombreuses révélations sur le déroulement de l’attaque du 7 octobre, Haaretz jette un nouveau pavé dans la mare. Le quotidien israélien vient en effet de publier une nouvelle enquête affligeante pour Zaka.

L’ONG fondée en 1989 participe à l’identification des victimes de terrorisme, d’accidents et autres catastrophes. Ses volontaires aident à rassembler les corps pour les enterrer en entier, selon la tradition juive. Comme l’indique Haaretz, dans les premiers jours critiques qui ont suivi l’attaque du Hamas, « l’armée israélienne a renoncé au déploiement de centaines de soldats spécialement formés à l’identification et à la collecte de restes humains » pour confier la mission aux volontaires de Zaka. Et le résultat n’est pas brillant.

Une mission des plus délicates confiée à des amateurs ?

« Dans le cadre de ses efforts pour obtenir une exposition médiatique, Zaka a diffusé des récits d’atrocités qui n’ont jamais eu lieu, a publié des photos sensibles et choquantes et a agi de manière non professionnelle sur le terrain », rapporte le quotidien sur base des récits de personnel militaire et de volontaires de Zaka ainsi que d’autres organisations qui ont opéré dans les kibboutzim à la frontière de Gaza.

Des sacs mortuaires ont ainsi été transmis sans papiers d’identification, et certains contenaient des parties de corps qui n’étaient pas liées les unes aux autres. « De tels problèmes ont rendu le processus d’identification très difficile », confie un officier. « Certains sacs sont arrivés plusieurs jours après le début de la guerre. » Un autre soldat ajoute : « Si nous avions travaillé comme ils nous l’ont appris, nous aurions pu épargner à de nombreuses personnes des souffrances inutiles [et] amener [les victimes] à l’enterrement beaucoup plus tôt. »

Le buzz à tout prix

Les volontaires de Zaka n’ont pas seulement négligé leur travail. Ils ont également profité de leur mission pour faire le buzz sur les réseaux sociaux, allant même jusqu’à inventer des atrocités pour émouvoir le public.

Certains bénévoles ont ainsi recouvert des sacs mortuaires noirs de l’armée de leurs propres sacs pour mettre en évidence le logo de l’association. L’ONG a également invité des donateurs à se rendre sur les lieux de l’attaque, sans autorisation. Des clips vidéo ont par ailleurs été tournés sur place pour mettre en avant les actions de l’association. Dans l’un d’eux, publié sur les réseaux sociaux de Zaka, un volontaire en larmes raconte l’histoire d’une femme enceinte qui aurait été abattue d’une balle derrière la tête. Son bébé, toujours attaché par le cordon ombilical, aurait été poignardé. « Cet horrible incident ne s’est tout simplement pas produit », dément le quotidien israélien après enquête. Et de préciser : « Un haut responsable de Zaka a admis dans une conversation avec Haaretz que l’organisation savait que l’incident ne s’était pas produit. »

Ceux qui doutent doivent être tués

Le quotidien israélien tire un constat accablant des méthodes de l’ONG. Et les motivations ne valent pas mieux. « Il semble que toutes les règles aient été enfreintes depuis le 7 octobre », peut-on lire dans l’article de Haaretz. « Des vidéos et des photos choquantes des sites horribles ont rempli les comptes des réseaux sociaux de Zaka Jérusalem : des rangées de corps dans des sacs, des taches de sang, et bien plus encore. Ces messages avaient un dénominateur commun : des appels à la collecte de fonds. » Le journal précise ainsi qu’avant le 7 octobre, l’ONG était confrontée à des problèmes d’insolvabilité. « Depuis, selon une source de Zaka, ils ont collecté plus de 50 millions de shekels (13,7 millions de dollars). »

Ce n’est pas la première fois que l’ONG est prise la main dans le pot à fake news. Bébés décapités ou pendus à une corde à linge, dizaines d’enfants ligotés et brûlés vifs, viols en série… Zaka est à l’origine de nombreux mensonges souvent portés par le même responsable dans les médias : Yossi Landau. Interrogé sur la véracité de ses récits, le menteur en chef a confié que toute personne qui doute de ses histoires devrait être « associée au Hamas et tuée ».

La vérité ne suffit pas

Zaka n’a pas le monopole de la désinformation et tout n’est pas une histoire de gros sous. D’autres récits montés de toute pièce ont pour source United Hatzalah. À la base, c’est également une organisation de secouristes. Mais on lui doit notamment la fausse histoire du bébé retrouvé dans un four. Eli Beer, le responsable de l’ONG, a expliqué qu’il était de son devoir de relater les atrocités du 7 octobre afin « d’obtenir un soutien inébranlable des décideurs américains pour Israël ». Et manifestement, la vérité ne se suffit pas à elle-même.

Les dernières révélations de Haaretz s’ajoutent à d’autres informations qui remettent en cause le narratif des autorités israéliennes sur les événements du 7 octobre. Le décompte des victimes a ainsi été revu à la baisse, des civils et des militaires auraient été tués par des tirs amis, l’armée israélienne aurait appliqué la « directive Hannibal » selon laquelle la vie des otages passe après la mort des ennemis… Par ailleurs, depuis le 7 octobre, les autorités israéliennes ont régulièrement allumé des contre-feux médiatiques sur base d’informations pas toujours fondées ou recoupées : atrocités commises sur des bébés, viols en série ou encore montages vidéo fournis par l’armée. Dernier exemple en date : les accusations portées contre l’UNRWA, quelques jours après l’arrêt de la Cour internationale de Justice.

L’objectif est de détourner l’attention du massacre commis à Gaza et de justifier l’opération en cours en jouant sur les émotions. En réalité, rien ne pourrait justifier la mort de 11 500 enfants. Et si l’attaque du 7 octobre et le massacre d’innocents suscitent bien évidemment des émotions légitimes, ce doit être le point de départ d’une réflexion pour comprendre d’où vient cette violence. C’est le seul moyen d’y mettre un terme. L’attaque du 7 octobre mérite ainsi une véritable enquête indépendante pour que toute la lumière soit faite sur les événements. Hélas, les autorités israéliennes viennent encore de réaffirmer leur refus de coopérer avec la commission d’enquête formée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Le gouvernement Netanyahou la considère comme antisémite.


Source: Investig’Action

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