Quand Israël tue des Palestiniens, ça ne compte pas

Ce dimanche 29 janvier 2023, le journal télévisé du soir de la RTBF commençait fort en parlant de l’escalade de tensions et de violences en Israël et en Palestine. Alors que l’année 2022 s’avérait être l’une des plus meurtrières, l’année 2023 commencée depuis à peine un mois compte déjà 34 morts Palestiniens tués par l’État israélien.

Pourtant, le présentateur de la RTBF Laurent Mathieu commençait ainsi son JT : « Le week-end qui vient de s’écouler va laisser des traces en Israel, tout a commencé vendredi par une fusillade : un Palestinien a tué 7 personnes à Jerusalem-Est. Aujourd’hui, place à la riposte des autorités israéliennes, la tension au Proche Orient est ce soir remontée d’un cran »…

Tout a commencé ce vendredi, vraiment?

Pourtant la veille était une fois de plus un jour de deuil en Palestine, « journée la plus meurtrière pour les Palestiniens en 2023 et l’un des raids les plus meurtriers en Cisjordanie depuis des années. » Pourquoi ne pas évoquer ces 9 Palestiniens tués par l’armée israélienne quelques jours plus tôt à Jénine, alors que c’était peut-être là que « tout avait commencé » ? En effet, jeudi matin l’armée israélienne lançait un assaut contre le camp de réfugiés de Jénine et tuait neuf Palestiniens et en blessait plus d’une douzaine d’autres. Un dixième Palestinien était tué plus tard dans la journée à al-Ram.

L’introduction de la situation, le choix des informations et la narration qui est en faite laisse penser qu’ Israël agit toujours en situation de victime qui se défend. Le public, pas forcément informé de l’histoire récente et moins récente, de la violence pratiquée au quotidien et des nombreux mécanismes sociaux, économiques et politiques que subissent les Palestiniens, pourrait aisément croire que ce sont toujours les Palestiniens qui attaquent et les Israéliens qui se défendent.

Cette introduction du présentateur était directement suivie par un reportage images à l’appui : « douleurs et deuil des familles des victimes », « détermination et fermeté de la part du premier ministre Benjamin Netanyahou ». On y voit le premier ministre israélien parler de « réponse ferme, rapide et précise » comme la destruction des maisons des familles d’où vient le jeune Palestinien auteur du crime vendredi et tout Palestinien décrété terroriste.

Un extrait montre ensuite le ministre de la sécurité nationale Ben Gvir et son projet d’armer les citoyens israéliens. Les images suivantes montrent une manifestation d’Israéliens contre les mesures du gouvernement avec le slogan : « Il faut lutter contre le terrorisme, pas contre la démocratie ».

Comme l’écrivait récemment Gidéon Levy : « Il n’y a pas et il n’y aura jamais de « gouvernement  de liberté, égalité et qualité «  dans un État d’apartheid, pas plus qu’il n’y a de « lutte pour la démocratie » lorsque l’on ferme les yeux sur l’apartheid. »

Si le JT de la RTBF embraye ensuite sur le contexte particulier de ce « regain de tension » qui serait la mise en place du gouvernement d’extrême droite de Nethanyaou et les projets réactionnaires dont la réforme du système judiciaire, on peut se demander pourquoi reprendre sans pincettes les éléments de langage du gouvernement israélien ? On peut se questionner que signifie « terroriste » de la part de l’État israélien. Est-ce que le mot terroriste serait réservé, comme l’écrit Glenn Greenwald, à toute « violence exercée par des musulmans contre l’Occident et ses alliés » ?

Faut-il présenter systématiquement les Palestiniens comme étant sur un pied d’égalité avec les Israéliens ? Aux premiers, on vole les terres, on colonise, on crée une situation d’ apartheid. Les seconds sont surarmés et sont les occupants d’un pays au nom d’une idéologie colonialiste : il n’y a égalité ni de point de vue, ni dans les forces déployées. Même Amnesty International le dit Israel est un État d’apartheid.

 

Source : https://www.investigaction.net/fr/quand-israel-tue-des-palestiniens-ca-ne-compte-pas/

Photo : Wahaj Bani Moufleh / Activestills

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