Vous avez été assez nombreux à nous demander comment fonctionne la Bourse, les subprimes, etc… Voici une explication toute simple…
1. Qu’est-ce que la Bourse ?
La bourse est une institution qui peut être privée ou publique. On peut y faire des échanges (achat-vente) d’actifs ou de biens et y fixer le prix par un système de cotation. Il existe 2 types de bourses : les bourses de commerce où se traitent les marchandises et les bourses des valeurs où s’échanges des titres d’entreprises, par exemple les actions. Dans le cas de la crise financière, c’est essentiellement de la bourse des valeurs que l’on parle.
La valeur des actions est surtout fixée par la loi de la demande et de l’offre. Donc, plus il y a d’acheteurs pour une action, plus celle-ci prendra de la valeur monétaire. Moins il y a d’acheteurs pour une action, moins celle-ci aura de la valeur monétaire. Les principales bourses du monde sont des bourses privées : Wall-Street, Londres etc…
2. Les produits financiers, c’est quoi ?
Il existe une multitude de produits financiers. Ils sont divisés en 2 catégories :
1) Les titres financiers tels que les actions, les obligations et les titres de créances.
2) Les produits dérivés : Futures, Swaps, forwards etc..
L’action est censée représentée une part du capital réel de l’entreprise. L’action a une durée de vie illimitée et son propriétaire court le risque total de l’entreprise. Il ne perçoit aucun revenu si l’entreprise va mal et en cas de faillite l’actionnaire passe après le créancier dans la répartition du produit de la vente des actifs, autrement dit la plupart du temps, il ne peut rien récupérer. Mais l’action donne droit chaque année à une participation au bénéfice de l’entreprise qu’on appelle le dividende. En principe, chaque actionnaire a un droit de vote à l’assemblée générale des actionnaires au prorata du nombre d’actions de l’entreprise qu’il détient.
Comme la valeur monétaire d’une action monte avec la loi de l’offre et de la demande, elle représente rarement la valeur réelle d’une entreprise et permet, comme l’expliquait Marx, la constitution d’un capital fictif. Autrement dit : la valeur monétaire totale des actions d’une entreprise est très souvent bien supérieure à sa valeur réelle.
3. Quel est le rôle des banques dans le système financier ?
Le rôle essentiel des banques est :
1) De collecter et de centraliser le capital argent.
2) De mettre à disposition ce capital argent aux entreprises et aux particuliers.
Cette mise à disposition se fait par l’intermédiaire du crédit.
En analysant le rôle du crédit dans la société capitaliste on peut y déceler ceci :
à l’origine, il a permis une formidable explosion des forces productives (usines, machines,…) en concentrant et centralisant le capital permettant l’investissement nécessaire à l’expansion industrielle : « Les prêts permettent à l’industriel d’élargir la production, d’augmenter le nombre des ouvriers et, par conséquent, d’accroître la masse de la plus-value (ce qui est en gros le bénéfice, ndlr) », a dit Marx.
En effet, il est illusoire de croire qu’un seul capitaliste économise afin d’investir sa fortune personnelle et prendre le risque de la perdre. Les capitalistes empruntent aux banques les capitaux nécessaires à l’investissement et, comme leur profit dépasse le taux d’intérêt, ils sont gagnants. De plus avec les différentes formes de société (Société Anonyme, SPRL, etc…) ils ne prennent aucun risque. Si ça tourne mal (faillite), les banques ne peuvent jamais saisir leur patrimoine personnel. Contrairement aux travailleurs qui se voient saisir leur maison lorsqu’ils ne peuvent rembourser.
Les capitalistes jouent aussi avec le capital amassé sur les marchés financiers. Ils utilisent en Bourse donc la richesse produite par les travailleurs et transformé en forme argent. Lorsque les spéculateurs jouent cette richesse à la bourse, c’est le travail accumulé par les travailleurs qu’ils jouent au casino.
4. Qu’est-ce que le subprime ?
Le nom complet de ce type de crédit hypothécaire est « subprime mortgage ».
Subprime parce qu’il est accordé à un emprunteur qui n’offre pas les garanties nécessaires, vu leurs faibles revenus, avec des taux variables (c’est important) peu élevés les deux premières années et ensuite très élevés ce qui apporte de gros bénéfices au prêteur. Ces prêts sont accordés pour de longues périodes : 40 ou 50 ans. Le profit important sur de longues périodes explique l’empressement des banques US à les généraliser. Celles-ci notent leurs clients en subprime, prime et non-prime. Le risque de non remboursement du candidat emprunteur est coté suivant le système du « credit scoring », une cotation en point qui évalue l’âge, la profession, l’adresse, le revenu, la situation familiale, la totalité des crédits en cours, l’historique de défaut de remboursement, parfois même l’extrait de casier judiciaire. Ce « credit scoring » est élaboré par des bureaux privés dont le plus célèbre est Fico. Si le client se révèle être défaillant, c’est-à-dire lorsque son score est inférieur à 620, il est placé dans la catégorie subprime. La catégorie prime concerne les clients avec peu de risques cotés à 650, et les non-primes sont les candidats présentant une solvabilité absolue, autrement dit, les riches. Donc, le « subprime » s’adresse en premier lieu à des pauvres ou des travailleurs pauvres. On estime à 25%, le nombre d’Américains ayant contracté un « subprime ».
Mortgage car ce mot découle du vieux français. C’était une servitude féodale qui contraignait le paysan à un endettement à vie. D’où « Mort Gage ».
Les banques spécialisées dans ces crédits hypothécaires incorporent d’ailleurs le terme dans son nom. Par ex : American home mortgage.
5. Pourquoi la crise des subprimes aux États-Unis a une influence ici ?
Afin d’augmenter la possibilité de faire des prêts, les banques US vont procéder à la titrisation de ces prêts. Ceci bien entendu pour pouvoir faire plus de profit et non pour rendre plus de travailleurs US propriétaires de leur logement.
Sans rentrer dans les termes techniques et afin d’être le plus clair possible, la titrisation consiste donc, pour les banques, à sortir les crédits de leur bilan pour les revendre à d’autres investisseurs ou d’autres banques. Ces acteurs financiers (banques, fonds d’investissements, hedges funds et même les fonds de pension) dans leur soif de profit vont être tout heureux de les acheter car ces crédits ont un rendement très élevés car la prime de risque est très importante. C’est la définition même du subprime. Ces investisseurs sont non seulement américains mais aussi étrangers. Donc, les banques américaines accordent ces crédits et les revendent dans le monde entier. La mondialisation a bien sûr permis cela. Récupérant du cash, les banques US pouvaient accorder de nouveaux crédits et les revendre à nouveaux. La machine s’est donc emballée. Bref, si une banque sait que si elle accorde un crédit, ce crédit peut immédiatement être revendu et sortir du bilan avec un transfert de risque à l’acheteur, cela induit automatiquement deux conséquences. La première est que cette titrisation ne vise en fait qu’à extraire plus de valeur d’un actif financier. La seconde permet une prise de risque plus importante. C’est ce qui explique la possibilité d’avoir pu prêter à des clients insolvables. Si le banquier avait dû garder ces crédits dans son bilan, il aurait étudié beaucoup mieux la solvabilité de l’emprunteur.
Les banques par ce procédé se débarrassent des risques. En Anglais le terme est « securisation » ce qui exprime bien la finalité.
Ceci est un point essentiel pour comprendre la crise. La titrisation des créances est une possibilité technique créée au début des années 80. Il a fallu une législation particulière pour le permettre. Le gouvernement US de l’époque a mis donc en place le cadre légal pour permettre aux banques d’encore augmenter leur profit. Ce n’est donc pas un avatar du système mais une décision délibérée du système néolibéral. Cette technique est apparue plus tard en Europe. Et s’est généralisée à partir de l’an 2000.
Grosso modo la technique consiste pour la banque à découper ses créances en « part de saucisson » et à les transformer en titres négociables. Elle met une part de crédit à haut risque, une à moyen risque, une à bas risque etc. Et en fait un tout pour le revendre. Il est bien évident que, dans la réalité, c’est bien plus compliqué, c’est très technique mais le principe est celui-là.
Comme ces créances titrisées ont été revendues dans le monde entier, les banques européennes sont concernées.
http://www.ptb.be/fr/nouvelles/article/article/comprendre-la-crise-en-5-questions.html