Accusé de corruption, Lula avait été emprisonné par l’extrême droite soutenue par les États-Unis afin d’empêcher sa participation aux élections présidentielles de 2018. Après 580 jours de captivité, Lula avait finalement été blanchi et libéré. Revenu dans l’arène politique, il a pris sa revanche en battant Jair Bolsonaro au deuxième tour des élections présidentielles ce dimanche. C’était l’un des scrutins les plus cruciaux de l’histoire du Brésil.(IGA)
Dimanche 30 octobre, des milliers de personnes sont descendues dans les rues du Brésil pour célébrer la victoire de Luiz Inácio Lula da Silva, du Parti des travailleurs (PT), aux élections présidentielles. Syndicaliste ayant occupé la présidence de 2003 à 2010, Lula a obtenu près de 50,9% des voix et a ainsi battu le président sortant Jair Bolsonaro du Parti libéral qui a obtenu environ 49,1 % au second tour de l’élection. Le mandat de Lula s’étendra de 2023 à 2027.
Le second tour de l’élection présidentielle a été organisé après qu’aucun des candidats n’ait réussi à obtenir les 50 % plus une voix nécessaires lors du premier tour qui s’est tenu le 2 octobre. Des élections ont également eu lieu pour le poste de gouverneur dans 12 États. Environ 156 millions de Brésiliens avaient le droit de voter.
Les résultats marquent un retour remarquable de Lula qui, il y a quelques années à peine, était en prison pour des accusations de corruption qui ont ensuite été annulées. Sa campagne pour cette élection a été menée par la gauche, les mouvements populaires, les syndicats et les forces radicales et progressistes de tout le pays.
Beaucoup au Brésil avaient souligné que la victoire de Lula marquerait un moment clé dans l’inversion d’un certain nombre de processus qui ont commencé avec le coup d’État constitutionnel contre la présidente du PT, Dilma Rousseff, en 2016. Lula s’est présenté avec le slogan “ramener l’espoir au Brésil”. Il a promis de répondre aux besoins immédiats de la population et de récupérer les droits sociaux et économiques qui ont été perdus au cours des six dernières années sous les gouvernements de Michel Temer (qui a succédé à Dilma) et de Jair Bolsonaro. Les années de présidence de Lula avaient vu une amélioration drastique des indicateurs sociaux au Brésil.
Sous Jair Bolsonaro, la pandémie de COVID-19 a ravagé le Brésil, tuant plus de 700 000 personnes. Le mandat de Bolsonaro a également été marqué par la réduction des principaux programmes d’aide sociale, mais aussi la détérioration du célèbre système de santé brésilien ainsi que la dégradation de la souveraineté alimentaire. La présidence de Bolsonaro a également vu une augmentation des attaques contre la forêt amazonienne. La déforestation a été accélérée par un assouplissement des normes environnementales.
Les années Bolsonaro ont par ailleurs été marquées par la montée en puissance de la droite devenue plus agressive, le président menant la danse avec les membres de sa famille. Proche allié de l’ancien président US Donald Trump, Bolsonaro a célébré la brutale dictature militaire (1964-85) et s’est attaqué sans relâche aux institutions démocratiques, notamment au système électoral dont il a remis en cause l’équité à plusieurs reprises sans fournir de preuves. La période précédant l’élection de dimanche a été marquée par une campagne massive de fake news menée par la droite.
Source originale: People Dispatch
Traduit de l’anglais par GL pour Investig’Action
Photo: Partido dos Trabalhadores – CC 2.0