Le vendredi 17 juin fin de matinée, la décision de la ministre de l’intérieur britannique, Priti Patel, est tombée. Le Royaume-Uni approuve l’extradition de Julian Assange vers les Etats-Unis. Reconnaissons-le, cette décision n’a rien pour surprendre. Elle n’en reste pas moins honteuse.
Approuver l’extradition de Julian Assange vers les Etats-Unis, c’est approuver que l’information doit être muselée, contrôlée par les puissants. C’est approuver que les citoyens ne doivent pas savoir comment les gouvernements agissent et cela pourtant en leur nom. C’est approuver que la démocratie n’est qu’un leurre. C’est approuver la mise à mort de Julian Assange.
Mais ne nous laissons pas faire. Je suppose que les grands médias vont enfin parler de Julian Assange. Je suppose que l’acceptation de l’extradition sera présentée comme une étape si pas finale, tout au moins décisive. Et c’est vrai, si Julian Assange est extradé, nous savons qu’il est condamné, que son procès ne sera pas équitable, que ses conditions d’incarcération seront insupportables et meurtrières.
Nous savons que l’extradition ne sera ni plus ni moins qu’un assassinat.
Ce sera tuer Assange, tuer le droit à l’information, tuer le journalisme, tuer les droits démocratiques d’informer et d’être informés.
Mais ne nous laissons pas faire.
Depuis le début, depuis la publication par WikiLeaks des documents révélant des crimes de guerre des Etats-Unis durant les guerres en Afghanistan et en Irak, les Etats-Unis s’acharnent sur Assange et WikiLeaks et cela par tous les moyens.
- Des dénonciations ne reposant sur rien : dénigrement de la personne, remise en cause de la rigueur de WikiLeaks, dénonciation d’un soi-disant lien avec le pouvoir russe…
- De l’espionnage, celui dont Assange, ses avocats, des personnes qui lui rendaient visite à l’ambassade d’Equateur à Londres, le personnel diplomatique de l’ambassade, ont été victimes. De l’espionnage qui viole le droit inaliénable de la confidentialité des discussions avocat-client.
- Depuis son arrestation brutale le 11 avril, violation de ses droits, maintien en isolement complet en quartier de haute sécurité sans inculpation, dans la seule attente de cette décision qui tombe aujourd’hui après que les procédures ont duré le plus longtemps possible, l’affaiblissant de plus en plus, le privant de sa famille et de contacts humains.
- Le refus de reconnaître qu’il est un journaliste pour le priver des protections accompagnant ce statut. Le refus de le reconnaître comme journaliste et s’éviter ainsi de poursuivre les autres journalistes qui ont travaillé avec lui, notamment à The Guardian en 2010. Des journalistes de grands journaux internationaux , The New-York Times, The Guardian, Der Spiegel, Le Monde, Le Soir, El Païs...qui ont tous publié ces informations. Certains parmi eux ont eu le courage de témoigner en sa faveur lors des audiences d’examen de la demande d’extradition. D’autres ont, semble-t-il, oublié…
- L’utilisation de l’extraterritorialité qui ouvre la voie à n’importe quelle demande de n’importe quel pays d’extrader un journaliste qui ne lui plaît pas.
Nous ne laisserons pas oublier toutes ces violations des droits humains et des droits démocratiques.
Ne nous laissons pas faire.
Nous savons que la défense va introduire un nouvel appel et que cet appel va porter sur le fond politique de l’affaire.
Si l’on se souvient des décisions prises par la juge Baraitser en janvier 2021, elle approuvait déjà l’extradition pour la majorité des points mis en avant par l’accusation et dont la caractéristique était de décrire le travail d’Assange comme de l’espionnage et de nier ainsi le caractère utile et important pour l’information des populations de ce travail.
Ce jugement était en fait très intelligent, elle était d’accord avec l’accusation sur tous les points mais refusait l’extradition pour des raisons de santé. Des raisons dont on savait que les Etats-Unis pourraient les contrecarrer par des « garanties » comme ils l’avaient déjà fait à plusieurs reprises auparavant dans d’autres affaires.
De plus, en approuvant des accusations au fondement politique – qui, de fait, auraient dû bloquer le processus puisque aucune extradition ne peut être accordée si les motivations de la demande sont de nature politique-, mais en refusant l’extradition pour une autre raison, elle focalisait l’attention sur le maintien de ce refus et détournait le regard du caractère politique de l’affaire.
C’est pourquoi aujourd’hui, il faut remettre l’accent sur ce contenu.
La défense d’Assange a maintenant un court délai pour introduire un appel incident sur les points approuvés lors du jugement de la Magistrate’s Court. Encore faut-il qu’une fois introduit, il soit autorisé.
Nous devons donc continuer à manifester pour la libération de Julian Assange.
Pour sauver sa vie et notre droit à l’information.
Ne baissons pas les bras, restons mobilisés.
Ce n’est que si nous parvenons à faire connaître cette affaire et son importance pour la défense de nos droits, ce n’est que si nous parvenons à élargir cette mobilisation que nous pourrons réussir.
La lutte n’est pas finie, nous devons la gagner.
Source: Comité Free Assange