Panem et Circenses, le cirque doit remplacer le véritable soin

En pleine pandémie, la pratique du sport est devenue pratiquement interdite. En revanche, le spec-tacle des grandes compétitions continue à se dérouler sous nos yeux. Une contradiction aberrante que relève et analyse Carlos Perez, auteur de “L’enfance sous pression” et d’ “Au-delà du geste technique.” (IGA)


« La plus belle pensée, la plus neuve, la plus utile n’obtiendront jamais en public autant d’applaudissements qu’une niaiserie convenue », Jean-Baptiste Say.

 

 

La locution latine « Panem et circenses » (en français « du pain et des jeux ») est tirée de la satire X écrite par le poète et écrivain Juvénal qui lui donne un sens critique, satirique. Elle dénonce l’usage délibéré fait par les empereurs romains de distribution de pain et d’organisation de fêtes grandioses et jeux dans le but de flatter le peuple afin de s’attirer la bienveillance de l’opinion populaire.

L’hégémonie culturelle décide de ce qui est utile pour vous ou ce qui ne l’est pas, les idéologies dominantes sont les idéologies des classes dominantes, aucun secteur n’échappe à cette règle !

Existe-t-il un autre horizon culturel pour l’éducation motrice, pour l’hygiène, le bien-être et la santé en dehors du cadre sportif du jeu sous perfusion bourgeoise, en gros du spectacle sportif  ?

En pleine période pandémique l’élite au pouvoir a décrété que se distraire par du spectacle sportif était en première ligne, c’est-à-dire un produit de première nécessité.

De ce fait, les programmes de spectacles sportifs s’enchaînent à la télévision, les clubs de première division ne chôment pas pour nous distraire et canaliser notre attention sur ce qui nous est proposé comme de première nécessité : la compétition sportive. Une distraction abstraite devant les tubes cathodiques qui doit vous mettre sous hypnose et servir de hochet sanitaire.

Étourdir votre esprit est ce qui est consenti et décrété comme essentiel par la bourgeoisie pour les classes populaires. En revanche, est décrétée comme non-essentielle la prise en charge concrète de votre santé par la pratique régulière d’une activité sportive jugée non utile par nos élites au pouvoir.

Puisque vous ne pouvez pas vous rendre au club de sport pour votre pratique sportive quotidienne sous peine d’amende, regardez des émissions sportives à la télévision comme solution pour prendre soin de votre santé ! Subir plutôt qu’agir, les dieux sont tombés sur la tête!

En ce sens, les idéologies des classes dominantes sont à la manœuvre : le peuple n’est pas sujet, il est objet du pouvoir, il n’a absolument pas le droit de décider ce qui est bon pour lui et sa santé. Infantiliser les gens à ce point est totalement inédit !

Eric Loridan chirurgien digestif ne comprend pas la fermeture des salles de sport comme des centaines de ses confrères, il pose la question suivante : « Les activités physiques sont excellentes pour les muscles, le cœur, les vaisseaux sanguins, pour le système immunitaire, pour la défense de l’organisme. Pourquoi les salles de sports sont-elles fermées alors que la pratique d’une activité sportive devrait être remboursée par la sécurité sociale tellement elle est importante ? ».

L’expression « Panem et circenses » est l’alternative proposée au peuple. Cela s’apparente plus à canaliser, orienter, distraire. Un choix qui pourrait s’avérer dangereux pour notre santé ! En gros, il s’agit de nous étourdir, nous offrir un leurre en passant sous silence nos droits, notre libre arbitre et par la même occasion la destruction – quant à elle bien réelle – de notre système immunitaire et de notre santé.

Les chiffres des drames de santé publique à venir en raison de cette orientation complètement absurde sont déjà petit à petit relayés dans la presse :

« Après l’épidémie de Covid-19, une épidémie de suicides? Certaines crises entraînent une augmentation du taux de suicide. Celle-ci risque de ne pas faire exception [..] C’est la crainte que relaie un article publié dans la revue médicale The Lancet. «Les effets de la pandémie de Covid-19 sur la santé mentale seront peut-être profonds», s’inquiètent les auteurs. «Il y a un risque réel que le taux de suicide augmente.»[1].

 « Des chercheurs ont constaté que le confinement avait impacté l’obésité chez les enfants. Ils ont moins bien mangé et ont passé plus d’heures devant les écrans.

Pendant le confinement, les Français ont pris en moyenne 2,5 kilos. Apéritifs à foison, grignotage perpétuel, repas plus lourds et manque d’activité physique : quelques kilos de plus qui s’expliquent facilement. Une prise de poids qui existe également chez les enfants. Pour déterminer précisément l’impact du confinement sur l’aggravation de l’obésité infantile ».[2]

 Pour extrapoler, on fabrique notre consentement en nous vendant et en nous permettant de consommer de la distraction de la même façon que l’on conditionne les animaux domestiques.

Ce leurre publicitaire doit nous distraire des restrictions imposées pour orienter l’esprit des gens. Il aura des répercussions graves sur la santé publique dans les semaines et les mois à venir !

 

Carlos Perez

[1]      http://www.slate.fr/story/190263/epidemie-covid-19-risque-suicide 

[2]      https://fr.news.yahoo.com/coronavirus-confinement-aggrave-obesite-infantile-103015124.html?guce_referrer=aHR0cHM6Ly93d3cuZ29vZ2xlLmNvbS8&guce_referrer_sig=AQAAAC1k8hlXoLsqVsEZPE6Mnjcv0NekOTXF7MgavvQ357N8ZTDVD1o2inP-xff0IsfKP0x0FYw047haoaLgeLatJU28JxgvUQg_21Bvf-&guccounter=2

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