Jean Lévy s’attarde sur la manière dont les médias ont commenté la gifle reçue par Emmanuel Macron. Il pointe un rapprochement douteux avec la violence imputée aux manifestations des Gilets Jaunes. Il constate aussi que le fossé continue de se creuser entre les classes populaires d’une part, et des médias toujours plus flatteurs avec le pouvoir. (IGA)
Ce mardi 8 juin, Emmanuel Macron giflé publiquement par un citoyen, ce n’est plus un film de fiction. Le Président de la République, en campagne électorale, venait s’enquérir dans la Drôme, de l’état d’esprit des électeurs. Et un de ceux-ci a traduit par un geste brutal son sentiment à l’égard du locataire de l’Elysée.
Aussitôt, la machine de propagande au service du chef de l’Etat s’est mis en branle pour dénoncer un acte de violence mettant en jeu nos institutions à travers la personne sacrée du Président de la République. Les journalistes, dont le rôle est de “servir la “soupe à Macron”, se sont répandus aussitôt en vociférations à l’égard du quidam qui avait osé la main sur “sur le premier personnage de l’Etat”.
Ce fut le cas sur franceinfo, dans son émission “Les informés” de 20 heures à 21 heures. C’est à qui dénoncerait le plus fort le sacrilège, présentant Emmanuel Macron comme le successeur de nos monarques du temps passé, sacrés à Reims et oingt des saintes huiles. Donc, la gifle reçue par Emmanuel représente, aux yeux des commentateurs des “Informés” comme un outrage scandaleux, représentant un acte de violence de plus à déplorer dans un climat plus que délétère.
Et les journalistes, en mission commandée, de faire le lien avec “l’action violente” des Gilets jaunes qui avaient eu l’audace d’imaginer un Macron en carton, victime de la guillotine en place publique, lors de leurs manifestations. Il s’agissait, pour les journalistes de démontrer la filiation de ce mouvement populaire contestataire avec la violence politique d’aujourd’hui. Pas un de ces “informés” n’a rappelé le nombre de Gilets jaunes éborgnés par la police, de mains arrachées, de condamnations à de la prison ferme pour le simple fait qu’ils manifestaient contre le pouvoir macronien et pour le droit de vivre dignement. Et sur franceinfo, on a même pu entendre que dénoncer “le président des Riches” participait au climat de violence d’aujourd’hui.
Il faut dire aussi que les leaders qui continuent à se présenter comme la “gauche” se prosternent devant le Monarque et font cause commune avec lui. Ce qui exprime l’état actuel de décrépitude politique.
Cela explique aussi le rejet dans les couches populaires de la politique telle que celle-ci est pratiquée aujourd’hui.
Source: Ca n’empêche pas Nicolas