Quasi invisibilisé dans les médias mainstream occidentaux, le sommet de l'Union africaine, des 17 et 18 février, a réitéré son soutien au peuple Palestinien en proie à un génocide perpétré par le seul Etat colonial et d'apartheid du Moyen-Orient, co-financé par les Etats-Unis et la majorité des pays de l'Union européenne. Les chefs d'Etats africains ont aussi réclamé - pour la quinzième fois - la fin du blocus US contre l'île de Cuba (I'A).
Les 17 et 18 février 2024 s’est tenue la 37ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernements de l’Union Africaine (UA) dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba. Lors de ce sommet deux questions internationales ont retenus l’attention des participants, le génocide en Palestine et le blocus économique états-unien contre Cuba.
La première a été évoquée dès l’ouverture du sommet dans le discours d’ouverture du président de l’Union Africaine, le comorien Azali Assoumani. Celui-ci a déclaré : « En tant que président de l’Union Africaine j’ai soutenu, la plainte initiée par l’Afrique du Sud auprès de la Cour Internationale de Justice, visant à dénoncer le génocide qu’Israël est en train de commettre en Palestine. La communauté internationale ne peut pas fermer les yeux sur de telles atrocités, qui non seulement créent le chaos en Palestine, mais ont aussi des conséquences désastreuses sur le reste du monde, voir ce qui se passe en mer rouge. C’est ainsi que j’appelle notre Conférence, à contribuer à mettre fin aux souffrances du peuple palestinien ».
Le sommet a été également marqué par le règlement définitif de la question du statut d’Israël dans l’Union Africaine. Rappelons que depuis plus d’une décennie l’Etat sioniste a multiplié les démarches et pressions pour obtenir un statut d’observateur dans l’Union Africaine. Il y a deux ans les efforts de Tel-Aviv étaient couronnés de succès et le statut d’observateur était accordé.
Anticolonialisme
Lors du dernier sommet, en février 2023, l’Algérie et l’Afrique du Sud avait cependant obtenus l’expulsion du délégué israélien de l’Assemblée générale de l’Union Africaine pour des raisons de forme liés à la procédure d’accréditation. La question restait cependant en suspend sur le fond. Cette fois-ci la question est tranchée sur le fond a ajouté le président de l’Union Africaine : « Le dossier concernant l’accréditation d’Israël est clos. Le statut d’observateur est retiré à ce pays qui commet un génocide en Palestine. Israël n’a pas été invité à ce sommet ».
Le premier ministre de l’Autorité palestinienne, Mohammad Shtayyeh a lui été, en revanche, chaudement applaudi. Son intervention a été ovationné et c’est sous le signe de la solidarité anticoloniale qu’il a appelé les chefs d’Etat africains à se mobiliser pour faire cesser le génocide à Gaza. « Les Palestiniens défendent leur pays comme vous en Afrique, avez défendu vos terres contre le colonialisme. », a-t-il clamé. Lors de la séance d’ouverture du sommet, le président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki, a qualifié les actes de l’armée israélienne à Gaza de « violation la plus flagrante du droit international humanitaire ». Soutenant la plainte déposée par l’Afrique du Sud, il poursuit : « Cette plainte devant la Cour Internationale de Justice est une victoire du peuple palestinien et une victoire de tous les Etats qui soutiennent la cause palestinienne ».
Le communiqué final du sommet appelle pour sa part à « l’ouverture d’une enquête internationale indépendante concernant les violations israéliennes du droit internationale humanitaire dans la Bande de Gaza, à savoir le recours aux armes non-conventionnelles et le ciblage des hôpitaux, des écoles et des journalistes ».
La résolution finale appelle également à la fin immédiate de l’agression israélienne en ces termes : « Nous condamnons unanimement l’offensive israélienne, appelons à sa cessation immédiate et exigeons qu’Israël respecte les décisions de la Cour internationale de Justice en mettant fin au génocide et en levant le blocus imposé à la Bande de Gaza » Fin de citation. Caractérisant la guerre actuelle la résolution finale la définit comme suit, je cite : « Nous condamnons la guerre israélienne sauvage et le recours illégal à la force disproportionnée contre 2.2 millions de civils qui ont subit une punition collective et qui ont été obligé de quitter leurs maisons pour être déplacés par la force vers d’autres villes en vue de les déporter vers la péninsule du Sinaï »
Appel à cesser l’inhumanité envers Cuba
Le sommet de l’Union Africaine a également adopté à l’unanimité une résolution appelant à la fin du blocus des Etats-Unis contre Cuba. La résolution finale rappelle que c’est déjà la quinzième fois consécutive que l’Union Africaine exige la fin de ce blocus inhumain et meurtrier.
En 5 points, cette résolution finale stipule que « l’Assemblée :
- EXPRIME sa grave préoccupation face à la poursuite de l’embargo économique, commercial et financier illégal imposé au gouvernement et au peuple cubains ;
- RÉAFFIRME son plein soutien à la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies intitulée “Nécessité de mettre fin à l’embargo économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis d’Amérique” ;
- REGRETTE le recul des relations bilatérales entre Cuba et les États-Unis et, une fois de plus, demande instamment au gouvernement des États-Unis d’Amérique de lever le blocus économique, commercial et financier prolongé et injustifiable imposé au peuple cubain ;
- EXPRIME sa vive préoccupation face à l’inscription arbitraire de Cuba sur la liste unilatérale des pays qui parraineraient le terrorisme, ce qui a encore aggravé les restrictions et interdictions financières imposées à Cuba en raison du blocus ; et DEMANDE par conséquent que Cuba soit retirée de cette liste ;
- RÉAFFIRME également sa solidarité avec le peuple cubain. »
Que ce soit sur la Palestine ou sur Cuba, ce qui s’est exprimé au sommet de l’Union Africaine, c’est la conscience des intérêts communs des peuples, nations et pays, soumis aux mêmes injonctions et pratiques spoliatrices des puissances dominant notre planète.
Saïd Bouamama
Source : Investig’Action
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