Je reviens en ce moment même au bureau. Bon, la résistance du peuple s’est assez bien déroulée. Comme prévu, nous avons été réprimés par l’armée et la police. Il y a des blessés, des arrestations, et certaines personnes ne sont toujours pas localisées, mais nous espérons qu’elles vont bien.
La pression contre ces usurpateurs va en grandissant. La réaction internationale a été inestimable, un grand nombre de personnes s’informent de l’extérieur, grâce à la constante mobilisation, les gens s’informent de ce qui se passe au niveau international en soutien à notre résistance. Nous avons appris la grande manifestation au Venezuela, nous avons été informés qu’il y aurait également une mobilisation en Argentine. Aujourd’hui, nous appris avec grand plaisir ce qui se fait au Chili.
Maintenant, nous devons quitter le bureau, le couvre-feu a été fixé à six heures du soir, et nous imaginons qu’aujourd’hui, ça va être très dangereux, après tout ce qui s’est passé pendant la journée.
Aujourd’hui Tegucigalpa a été paralysée, les boulevards ont été pris d’assaut, les employés du secteur public se sont réunis, quelques habitants de l’intérieur ont réussi à contourner les clôtures militaires et sont arrivés à la Résidence Présidentielle, les syndicalistes ont fermé leurs lieux de travail et se sont joints à la réunion avec des pancartes et des couvertures pour manifester.
Nous regrettons profondément la mort d’un employé de la compagnie de télécommunications Hondutel, quelques jeunes de Cofadeh ont vu l’armée écraser quelqu’un et avec quel acharnement le véhicule est passé sur son corps, en patinant même sur son aisselle et son bras. Ce fut terrible, je me suis rendu sur place quelques minutes à peine après l’incident, le sang coulait encore sur les pavés.
J’ai discuté avec le Président du Syndicat et il m’a raconté comment l’armée s’est emparée du siège de Hondutel dimanche dans la matinée, ils ont emmené un technicien d’une entreprise privée Multifon qui doit à cette institution plus de 20 millions de lempiras ( 1,2 millions $), ce qui a causé des dommages qui s’élèvent à des millions de dollars. Il y a des endroits où l’on ne peut restaurer la communication sans investir dans des réparations. Cette société appartient à un milliardaire d’ici, Rafael Ferrari, propriétaire des principales entreprises de télévision et radio, et aussi un des acteurs du coup d’Etat.