Henry Kissinger vient de décéder. Beaucoup saluent ce "géant de la diplomatie". Mais Kissinger était surtout un grand criminel de guerre. Il était notamment aux manettes du coup d'Etat qui renversa Salvador Allende au Chili en 1973. Deux ans plus tard, le chanteur Julos Beaucarne adressait cette lettre à Kissinger. Il y dénonce la mort du musicien Victor Jara, victime de la dictature de Pinochet appuyée par Washington.
J’veux te raconter, Kissinger, l’histoire d’un de mes amis
Son nom ne te dira rien, il était chanteur au Chili
Ça se passait dans un grand stade, on avait amené une table
Mon ami qui s’appelait Jara, fut amené tout près de là
On lui fit mettre la main gauche sur la table, et un officier
D’un seul coup avec une hache, les doigts de la gauche a tranchés
D’un autre coup, il sectionna, les doigts de la dextre et Jara
Tomba, tout son sang giclait, 6 000 prisonniers criaient
L’officier déposa la hache, il s’appelait peut-être Kissinger
Il piétina Victor Jara “chante” dit-il, “tu es moins fier”
Levant les mains vides des doigts, qui pinçaient hier la guitare
Jara se releva doucement “faisons plaisir au commandant”
Il entonna l’hymne de l’U-, de l’Unité Populaire
Repris par les 6 000 voix des prisonniers de cet enfer
Une rafale de mitraillette abattit alors mon ami
Celui qui a pointé son arme s’appelait peut-être Kissinger
Cette histoire que j’ai racontée, Kissinger, ne se passait pas
En 42 mais hier, en septembre 73