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Les séparatistes touaregs se retirent de Kidal

Mardi dernier l'armée malienne a reconquis la ville de Kidal, fief des indépendantistes touaregs de l'Azawad, réunis au sein de la coalition du Cadre stratégique permanent (CSP). « Nos forces armées ont repris Kidal », a déclaré le président de la junte militaire, le colonel Assimi Goïta, dans un message lu lors d'un flash spécial à la télévision Ortm.

L’insubordination de Kidal et de sa région, où l’armée a subi des défaites humiliantes entre 2012 et 2014, était devenue l’une des « principales priorités » de la junte militaire qui, depuis septembre dernier, avait déclaré vouloir « reprendre le contrôle de l’ensemble de son territoire national ».
La reconquête du fief rebelle représente un succès symbolique pour Bamako, car elle confirme les choix de la junte militaire concernant “l’expulsion” des troupes françaises de Barkhane – accusées de connivence avec les groupes séparatistes – et le nouvel accord de “collaboration militaire” avec Moscou.

Il n’existe pas de chiffres mais, selon diverses sources, les militaires maliens ont subi des « pertes importantes » jusqu’à parvenir à s’emparer de l’aéroport de Kidal grâce à l’utilisation de la technologie wagnérienne russe, notamment avec des drones et lunettes de vision nocturne. Difficile d’ignorer les 200 combattants de Wagner dans les nombreuses images diffusées sur les réseaux sociaux lors de leur entrée dans la ville. Depuis jeudi, les autorités ont montré d’autres images liées à la prise de la ville avec une partie de la population dans les rues pour célébrer l’entrée des militaires maliens. C’est même une guerre de l’information vu que, selon un communiqué des séparatistes touaregs, les images ont été « contrefaites » et une grande partie de la population a fui par crainte « d’éventuelles représailles de la part des militaires et des mercenaires russes ».
Les rebelles touareg ont également quitté la ville pour éviter « de nouvelles effusions de sang parmi les civils » et se sont réfugiés au nord, vers Abeïbara, non loin de la frontière avec l’Algérie, dans une retraite qualifiée comme « stratégique ».

En juin 2015, le gouvernement malien et le Cadre stratégique permanent (CSP) ont signé un accord pour la paix et la réconciliation au Mali, fruit des accords d’Alger, qui consacrait « l’autonomie de la population touarègue de l’Azawad ». Depuis août, le nord du Mali est le théâtre d’une montée des tensions entre différents protagonistes : l’armée régulière, les rebelles touaregs et les djihadistes. Le retrait de la mission Minusma, limogée par la junte pour « ingérence dans les affaires intérieures », a déclenché une course au contrôle du territoire, avec Bamako qui visait à reconquérir les bases abandonnées par les casques bleus (Tombouctou, Tessalit, Aguelhoc) et par la suite à « l’ensemble du territoire national », avec un abandon définitif des accords de paix.
« Il faudra voir si la reconquête du territoire national passera également par un plus grand engagement dans la lutte contre les groupes djihadistes présents dans le nord », a déclaré à l’AFP Seidik Abba, expert du Sahel.


Selon un rapport publié en août par l’agence humanitaire des Nations Unies (OCHA), plus de « 30 000 personnes ont déjà fui toute la région de Tombouctou », sous le contrôle du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda. Une situation de crise et d’insécurité profonde qui s’ajoute aux plus de 80 000 réfugiés dans la région de Ménaka, dans la tristement célèbre zone des « trois frontières » (Mali, Burkina Faso, Niger), désormais sous le contrôle presque total des miliciens de l’État islamique du Sahel.


Source: Investig’Action

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