Les tensions entre les détenus palestiniens et les autorités pénitentiaires israéliennes sont présentes depuis des mois. Depuis le début de l’année, les prisonniers palestiniens ont entamé cinq grèves de la faim, qui ont été interrompues le premier jour après la conclusion d’un accord.
Les prisonniers palestiniens détenus par Israël subissent une grave détérioration de leurs conditions de détention en raison de la guerre politique qui oppose la coalition d’extrême droite au pouvoir et des institutions telles que l’administration pénitentiaire israélienne (IPS).
Déjà incarcérés dans des conditions humiliantes, leur situation est appelée à s’aggraver car le ministre israélien de la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, mène une croisade personnelle contre eux, s’opposant à l’IPS.
Des sources palestiniennes ont longuement parlé à The New Arab de la sitaution tendue entre les prisonniers et les autorités israéliennes d’occupation, qui dure depuis des mois, soulignant la façon dont les prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes sont pris au piège des différents internes israéliens.
Les tensions entre les prisonniers palestiniens et les autorités pénitentiaires durent depuis des mois. Depuis le début de l’année, les prisonniers palestiniens ont entamé cinq grèves de la faim, qui ont été interrompues le premier jour après avoir conclu des accords avec l’IPS.
Au début du mois, plus d’un millier de prisonniers palestiniens ont déclaré, à la surprise générale, une grève de la faim collective après que les forces israéliennes ont violemment investi deux sections de la prison du Néguev et placé quelque 47 prisonniers palestiniens à l’isolement.
La grève a été interrompue après que les services pénitentiaires israéliens ont apparemment accédé aux demandes des prisonniers palestiniens. Selon le Club des prisonniers, tous les prisonniers isolés et transférés à la prison du Néguev ont été réintégrés dans leurs cellules communes avec d’autres prisonniers.
« Le ministre de la sécurité de l’occupation a souvent poussé à l’escalade avec les prisonniers alors que les services pénitentiaires tentent de maintenir la stabilité », a déclaré à The New Arab, Aayah Shreiteh, porte-parole du Club des prisonniers.
« Alors que le ministre, Ben Gvir, introduit de nouvelles restrictions à l’encontre des prisonniers pour son propre bénéfice politique, les services pénitentiaires tentent de parvenir à des accords avec le mouvement des prisonniers avant que leurs protestations ne deviennent incontrôlables », a-t-elle souligné. « Il s’agit d’une lutte politique interne israélienne, et les prisonniers palestiniens en paient le prix. »
La répression à l’initiative de Ben-Gvir
Pendant ce temps, dix détenus palestiniens dans les prisons israéliennes poursuivent leur grève de la faim individuelle pour protester contre leur maintien en détention sans inculpation ni jugement.
L’escalade dans les prisons israéliennes a accompagné le discours de plus en plus intransigeant du ministre israélien de la sécurité, Itamar Ben-Gvir, à l’égard des prisonniers palestiniens.
Le raid des forces israéliennes contre les prisonniers palestiniens dans le Néguev il y a deux semaines, a fait suite à une visite de Ben-Gvir, au cours de laquelle il a appelé à restreindre davantage les conditions de détention des prisonniers palestiniens.
Depuis le début de l’année, Ben Gvir a introduit une série de restrictions aux conditions de vie des prisonniers palestiniens, notamment en réduisant la quantité et la qualité de la nourriture, le temps passé à l’air libre, les visites familiales et le temps passé sous la douche.
En juillet, la directrice des services pénitentiaires israéliens, Katy Perry, a annoncé qu’elle quitterait son poste à la fin de l’année, après des mois de conflit avec Ben Gvir au sujet de la gestion des prisons.
« Les services pénitentiaires de l’occupation ne sont pas nécessairement plus humains », a déclaré à The New Arab une source de l’association palestinienne de soutien aux prisonniers Addameer, qui a demandé à ne pas être nommée.
« Il s’agit plutôt d’une institution administrative qui, contrairement à Ben-Gvir, a des décennies d’expérience face au mouvement des prisonniers palestiniens, est plus pragmatique et n’a pas les mêmes calculs de gains politiques », a noté cette source.
« Une grève de la faim massive et unitaire des prisonniers palestiniens dans toutes les prisons israéliennes signifie que les services pénitentiaires devront rester opérationnels au plus haut niveau 24 heures sur 24 pour contrôler les sections de prisonniers palestiniens, en déployant des milliers de membres du personnel de sécurité, en les transférant, en les isolant et en les interrogeant », a-t-elle expliqué.
« Cela est particulièrement risqué dans les conditions actuelles de la Cisjordanie, où les tensions sont déjà fortes et les confrontations quotidiennes en dehors des prisons, et où presque chaque foyer compte un membre qui est actuellement ou a été en prison », a-t-elle ajouté.
Unir les prisonniers palestiniens
Toujours selon la même source, mener une grève de la faim unitaire dans toutes les prisons « est également une tâche difficile pour les prisonniers, car la communication entre les prisons est très compliquée, et il y a rarement un consensus entre toutes les composantes du mouvement des prisonniers sur une telle action ».
Fin mars, le « Comité supérieur d’urgence – UEC », un organe de direction unifiée des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes, a déclaré une grève générale de la faim contre les mesures de Ben-Gvir après deux mois de préparation et d’escalade dans les actions de protestation. La grève a été interrompue dès le premier jour.
Selon Esmat Mansour, analyste palestinien et ancien prisonnier dans les prisons israéliennes, « l’UEC, en tant qu’organe de direction, a fait preuve d’une grande flexibilité, en étant capable de passer d’un point d’action zéro à une confrontation totale, et vice-versa, en quelques jours, parce qu’elle a été forcée de le faire », a déclaré Mansour.
« Même si ses décisions, dans le cadre de la protestation contre les mesures israéliennes, font l’objet d’un consensus national parmi les prisonniers, il s’agit, comme son nom l’indique, de décisions d’urgence », a fait remarquer M. Mansour. « L’UEC déclare une grève de la faim lorsqu’il n’y a vraiment pas d’autre choix et y met fin lorsqu’un accord est trouvé sans mettre en danger la vie des prisonniers ».
« Le reste du temps, chaque tactique de lutte des prisonniers fait l’objet d’un débat, et il y a rarement un consensus », a-t-il ajouté.
« Les prisonniers palestiniens se battent depuis plus d’un an maintenant, uniquement pour maintenir le statu quo actuel, face aux attaques de Ben-Gvir, et non pour faire avancer leurs droits, ne serait-ce qu’un peu », a-t-il ajouté.
Détention administrative : une bataille permanente
Huit des dix grévistes de la faim sont détenus sans inculpation dans le cadre du système israélien de détention administrative. Les grévistes les plus anciens sont des détenus administratifs, Kayed Fadfus, 34 ans, et Sultan Khlouf, 47 ans, qui refusent de s’alimenter depuis 28 jours.
Fadfus a été détenu l’année dernière sans inculpation. Il a été libéré après une grève de la faim de 131 jours, qui a entraîné une grave détérioration de son état de santé.
Bien que l’état de Kayed Fasfus soit actuellement stable, la santé de Sultan Khlouf risque de se détériorer gravement, selon le Club des prisonniers palestiniens.
« Sultan Khlouf souffre de diabète et de problèmes de tension artérielle, et son foie a également commencé à présenter des symptômes de mauvais fonctionnement », a déclaré Ayah Shreiteh du Club des prisonniers à The New Arab.
« Aucun des détenus n’a encore été transféré à la clinique de la prison, mais nous craignons que leur état de santé ne se détériore très rapidement », a déclaré Shreiteh.
Pendant ce temps, des centaines de détenus administratifs palestiniens continuent d’organiser des actions de protestation au centre de détention israélien d’Ofer, près de Ramallah en Cisjordanie occupée, sous la houlette d’un comité de direction des détenus administratifs récemment formé.
Les protestations comprennent le refus de sortir pour le comptage du matin, le dépassement du temps autorisé dans la cour et l’interruption de la routine quotidienne.
Les détenus administratifs demandent l’arrêt de l’utilisation généralisée de la détention administrative, en cours depuis l’année dernière, à l’encontre d’anciens prisonniers palestiniens, de responsables communautaires, de militants et d’étudiants.
Selon le Club des prisonniers, la protestation des détenus exige également que le nombre de fois qu’un ordre de détention administrative peut être renouvelé soit limité.
Le nombre de détenus palestiniens sans inculpation s’élève à 1200 sur les plus de 5000 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, dont 33 femmes et 165 mineurs.
Source : The New Arab
Traduction : Chronique de Palestine