(AFP)

Les attaques du M23 se poursuivent en RDC contre les camps de réfugiés et les centres de santé

L'extraction minière est la clé pour comprendre la violence de longue date menée par les groupes paramilitaires soutenus par le Rwanda et l'Ouganda en RDC.

La semaine dernière, au moins huit civils ont trouvé la mort lors d’une attaque contre un centre de santé dans l’est de la République démocratique du Congo, qui a été attribuée à la milice des Forces démocratiques alliées.

Cette attaque fait suite à plusieurs attaques récentes contre des civils en RDC, dont celle du 3 mai, au cours de laquelle au moins 35 personnes ont été tuées dans le bombardement de deux camps de réfugiés au Lac Vert et à Mugunga, dans la province du Nord-Kivu. Les États-Unis et l’armée congolaise ont accusé l’armée rwandaise et le groupe rebelle M23 d’être responsables de ces attaques.

La province du Nord-Kivu est la plus touchée par les violences et les déplacements depuis la résurgence du M23, un groupe rebelle soutenu par le Rwanda voisin, en mars 2022. Les rebelles s’étaient brièvement emparés de la capitale, Goma, en 2012, avant d’en être chassés. Ces derniers bombardements ont eu lieu près de Goma.

Kambale Musavuli, militant congolais des droits de l’homme, a comparé les bombardements à la campagne génocidaire israélienne à Gaza. « Qui largue des bombes sur des camps de réfugiés ou des personnes fuyant la guerre ? Israël le fait… les États-Unis le font… et la milice M23, soutenue par le Rwanda, le fait également en RDC en toute impunité », a-t-il écrit sur X.

Le département d’État américain a condamné les attaques du 3 mai. « Nous sommes gravement préoccupés par la récente expansion des Forces de défense rwandaises (RDF) et du M23 dans l’est de la RDC, qui a contribué au déplacement de plus de 2,5 millions de personnes, et nous appelons les deux parties à respecter les droits de l’homme et à adhérer aux obligations applicables en vertu du droit international humanitaire », peut-on lire dans une déclaration de Matt Miller, porte-parole du département d’État.

Les États-Unis, l’ONU et de nombreux pays occidentaux ont toujours condamné les attaques au Congo. Les simples condamnations ne suffisent cependant pas, comme l’a déclaré Musavuli à Peoples Dispatch en 2022 : « Ce dont nous avons besoin, c’est d’action, ce qui implique que les États-Unis et le Royaume-Uni coupent leurs liens avec le Rwanda, pour arrêter d’armer, d’entraîner et d’équiper un pays qui déstabilise la RDC. Les armes que le gouvernement rwandais fournit aux milices proviennent de l’aide militaire, le Rwanda ne les fabrique pas. L’arrêt de ce canal de soutien aura un impact ».

« Il existe une culture de l’impunité en ce qui concerne les crimes commis en RDC, et la communauté internationale, en particulier les États-Unis et le Royaume-Uni, n’a pas la volonté politique de demander des comptes à leurs alliés », a déclaré M. Musavuli. « Pendant ce temps, les habitants du Congo continuent d’être tués de la même manière depuis 20 ans. »

Pour des activistes comme Musavuli, la violence au Congo est directement liée à l’exploitation des ressources de la région. « Lorsque les rebelles ont pris le contrôle de la région où se trouve le coltan, les Congolais en ont fait les frais ; ils sont morts à cause des missiles qui ont été largués. ” Le coltan, en tant que ressource, est utilisé par de puissantes entreprises comme carburant pour la « quatrième révolution industrielle », comme le décrit Musavuli dans une récente interview sur BreakThrough News.

L’extraction minière est la clé pour comprendre la violence de longue date menée par les groupes paramilitaires soutenus par le Rwanda et l’Ouganda en RDC, ces pays cherchant à s’enrichir grâce aux ressources qui émanent de la région.

« De nombreuses preuves indiquent que le Rwanda et l’Ouganda finançaient leurs dépenses militaires avec les bénéfices tirés de l’exploitation des ressources naturelles en RDC », indique un rapport de l’ONU recensant les violations des droits de l’homme commises en RDC entre 1993 et 2003.

Les attaques du M23 ont entraîné des conflits qui, combinés aux affrontements de divers groupes armés dans la région, ont provoqué le déplacement massif de plus de sept millions de personnes.


Source : Peoples dispatch

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