Âgé de 79 ans, Leonard Peltier a passé ces 46 dernières années en prison. Il y croupit toujours. En 1976, ce militant amérindien a été condamné pour le meurtre de deux agents du FBI après un simulacre de procès. Chaque année, une manifestation est organisée pour le Jour de Deuil national qui vise à informer le grand public sur la culture et les luttes historiques des communautés amérindiennes. Voici le message que Leonard Peltier a rédigé depuis sa cellule pour l’occasion. (I’A)
Sachez que mon esprit est avec vous en ce Jour de Deuil, honorant un passé taché de sang et de larmes, mais porteur d’un présent plein d’espoir et d’un avenir victorieux.
Depuis l’arrivée de ces navires en 1492, chaque jour est un Jour de Deuil. Et chaque jour nous a aussi apporté la lutte que nous menons pour rien de moins que notre liberté inconditionnelle.
Alcatraz est un monument à notre lutte ; Plymouth Rock, un témoignage de notre résilience.
Depuis leur arrivée, les oppresseurs ont essayé de nous pousser dans le précipice. Pourtant, nous sommes restés.
Nous répondons en étant ce que nous sommes et ce que nous avons toujours été : les Premiers Peuples, gardiens de la Terre Mère. Elle nous donne naissance, elle nous donne la vie, sa force coule dans nos veines.
Sa force est notre force. À la fin de notre voyage, nous retournons dans son ventre.
Le Créateur a tracé le chemin devant nous. Nous suivons ce chemin et nous ne reculons pas.
La cupidité des colonisateurs causera leur perte. La société coloniale n’a pas de véritable force. Leur argent dit : “In God We Trust” (En Dieu, nous avons confiance). C’est tout à fait juste. L’argent est le dieu de l’oppresseur. Ils dépouillent la Terre Mère par leurs politiques cupides et corrompues.
N’oublions jamais que note force vient de ce que nous donnons en retour ; elle vient de la protection que nous offrons à nous-mêmes, les uns les autres, à nos femmes, nos enfants, note Terre Mère.
J’ai passé la plus grande partie de ma vie en cage. Mais ils ne peuvent pas mettre en cage l’âme d’un Sundancer.
Mon grand-père m’a appris il y a longtemps ce que je devais être et faire pour mon peuple. Cela ne peut être et ne sera jamais mis en cage.
Nous sommes en train de changer le monde. Chacun d’entre nous doit saisir ce qu’il nous appartient de changer.
L’histoire ne se fait pas dans le vide. L’histoire se forge. Et nous la forgerons jusqu’à ce que nous soyons victorieux.
À la bataille de Greasy Grass, nous sommes victorieux. À Standing Rock, nous sommes victorieux. Aux Black Hills, notre site sacré et notre résistance, nous sommes victorieux.
Frères, sœurs, Two Spirit, vous connaissez mon histoire. C’est la même histoire depuis 1492.
Ils se sont arrangés pour me poursuivre avec des preuves fabriquées, et ils m’ont condamné à deux peines de prison à vie pour couvrir leurs propres méfaits, les meurtres et les atrocités commises contre notre peuple.
Mais plantez un arbre pour moi. Cet arbre gardera un souvenir. Et comme lui, vous devez vous souvenir de votre langue. Souvenez-vous de votre peuple. Souvenez-vous de votre culture.
Ma liberté est liée à la vôtre. Le moment est venu. Nous restons unis ou nous périssons séparément.
Dans l’esprit du Crazy Horse,
Doksha,
Leonard Peltier
Source: Worker’s World
Traduit de l’anglais par GL pour Investig’Action
Pingback: