Le gouvernement US admet des mois plus tard que le ballon chinois n’espionnait pas

Le Pentagone a admis que le ballon chinois qui a traversé le territoire US en février n’espionnait pas, il a probablement été dévié de sa trajectoire par le vent. Mais Washington et les médias ont exploité ce scandale fabriqué au profit de la propagande de la nouvelle Guerre froide.

 

Le gouvernement US a admis que les accusations sévères qu’il a portées contre la Chine n’étaient rien de plus que du baratin.

L’officiel le plus gradé de l’armée US a clarifié que le ballon chinois qui a traversé le territoire US en février 2023 n’espionnait pas ; il a probablement été dévié de sa trajectoire par le vent.

CBS News a publié une interview ce mois de septembre du chef d’état-major des armées, le général Mark Milley, qui a déclaré que « La communauté du renseignement, leur évaluation – et c’est une évaluation de grande confiance – [est] qu’il n’y avait pas de collecte de renseignement par ce ballon ». Milley a concédé que le grand ballon a probablement été dévié par la puissance du vent.

Ce rapport, sorti sept mois après l’incident, a confirmé exactement ce que le gouvernement chinois avait déclaré à l’époque : son ballon n’espionnait pas les États-Unis, et n’est qu’accidentellement entré dans leur espace aérien.

Le gouvernement US a quand même insisté sur le fait que le ballon chinois avait de la technologie qui aurait pu être utilisée pour collecter de l’information – même s’il n’a pas clarifié si cette technologie était spécifiquement dédiée à la collecte de données sur les tendances météorologiques, ce que Pékin affirmait faire.

Mis à part cela, dans un autre coup massif au narratif de Washington, CBS News a reconnu dans son rapport qu’« Après que la Navy ait remonté l’épave du fond de l’Atlantique, les experts techniques ont découvert que les capteurs du ballon n’ont jamais été activé au-dessus des États-Unis continentaux ».

Donc même si le ballon chinois avait la capacité technique d’espionner les États-Unis, comme le clame Washington, le capteur n’a jamais été allumé.

Ce n’est pas la première fois qu’un officiel US de haut rang admet que le ballon chinois n’espionnait pas.

En juin, le porte-parole du Pentagone, le brigadier général Pat Ryder, a fait des commentaires très proches.

« Nous étions au courant qu’il [le ballon] avait des capacités de collecte de renseignement, mais c’était notre – et reste notre – évaluation d’alors qu’il ne collectait pas pendant qu’il transitait aux États-Unis » dit le porte-parole dans des remarques citées par ABC News.

Ces déclarations confirment que le rapport de Géopolitical Economy avait vu juste dans son analyse en février, qui synthétisait les preuves existantes à l’époque et concluait que le ballon chinois avait probablement été dévié de sa trajectoire par une météo inattendue.

Malgré ces affirmations fortes prouvant que tout ce scandale a été fabriqué, Washington et les médias US ont transformé cet accident météorologique en crise diplomatique, exploitant l’incident pour diaboliser la Chine et la dépeindre comme une menace « grave ».

Le pétage de plomb national rappelait la propagande crue de la première Guerre froide, quand le gouvernement US produisait des films « Baisse-toi et abrite-toi » apprenant aux élèves à se cacher sous leurs bureaux en cas de soudaine frappe nucléaire soviétique, ou quand Hollywood produisait à tour de bras des blockbusters implorant les Nord-Américains de suspecter leurs voisins d’être d’odieux espions communistes russes.

Aujourd’hui, les États-Unis mènent une seconde Guerre froide. Moscou est encore une cible, mais cette fois l’adversaire principal de Washington est Pékin.

Comme CNN l’a déclaré sans ménagement en février, « la crise du ballon chinois pourrait être un moment charnière dans la nouvelle Guerre froide ».

Pendant le scandale fabriqué, le département d’État US clamait que « l’équipement du ballon de haute altitude était clairement pour de la surveillance de renseignement » et était « capable de conduire des opérations de collecte de signaux de renseignement ».

Le Pentagone faisait référence à l’objet en caoutchouc en tant que « ballon de surveillance manœuvrable chinois » qui « a violé l’espace aérien US et la loi internationale, ce qui est inacceptable ».

La Maison-Blanche a accusé Pékin de mener un programme d’espionnage « global », déclarant « Nous savons que ces ballons de surveillance [chinois] ont traversé des douzaines de pays sur plusieurs continents autour du globe, dont certains de nos plus proches alliés et partenaires ».

Les politiciens US va-t-en-guerre, comme le parlementaire républicain Mike Gallagher, le président du Comité spécial de la Chambre des représentants sur le Parti communiste chinois, a déclaré que ce grand objet de caoutchouc « est une menace ici à la maison. C’est une menace à la souveraineté américaine, et c’est une menace sur le Midwest ».

Fox News a mis à l’antenne des activistes néo-conservateurs de think tanks financés par l’industrie de l’armement qui arguaient que Pékin utilisait le ballon pour espionner les Étasuniens afin de « préparer le terrain » pour la guerre.

Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a même clamé que l’objet de caoutchouc était une menace pour les autres gouvernements occidentaux.

Debout à côté du secrétaire d’État Anthony Blinken, Stoltenberg insistait : « Le ballon sur les États-Unis confirme une tendance du comportement chinois où nous voyons que la Chine a lourdement investi dans des nouvelles capacités, dont différents types de plateformes de surveillance et de renseignement… Nous devons être au courant du risque constant du renseignement chinois et intensifier ce que nous faisons pour nous protéger et réagir de façon prudente et responsable ».

 

Source : https://scheerpost.com/2023/09/29/chinese-balloon-was-not-spying-us-government-admits-months-later/

Traduction : Alexandre

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