Se dirige-t-on vers une nouvelle trêve humanitaire voire un véritable cessez-le-feu à Gaza ? Les discussions vont bon train. Les rumeurs aussi. Le média panarabe Al-Mayadeen a pu s’entretenir avec des responsables palestiniens et dévoile les conditions qu’ils posent dans les négociations en cours. (I’A)
Des négociations sont en cours en vue d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et d’un retrait complet des forces d’occupation israéliennes, ont indiqué des sources à Al Mayadeen dimanche.
Les stipulations de l’accord en cours d’élaboration comprennent les questions du cessez-le-feu, du retrait, de l’échange de prisonniers, de la reconstruction, des personnes déplacées, de l’entrée de l’aide et de la levée du siège imposé à Gaza.
Les informations obtenues par Al Mayadeen indiquent que l’accord de Paris a abordé l’échange de prisonniers mais a complètement négligé le cessez-le-feu et le retrait de Gaza, alors que la Résistance souligne que ces questions sont essentielles.
Il n’y a pas de clause confirmant un cessez-le-feu après la fin de la trêve, et il n’y a pas de garanties régionales ou internationales que l’occupation israélienne ne reprendra pas les hostilités après celle-ci ; il n’y a pas non plus assez de détails concernant les questions essentielles de la Résistance et de Gaza en soi, ont indiqué les mêmes sources.
L’accord de Paris n’offre pas non plus de garanties quant au retrait israélien de la bande de Gaza, les responsables israéliens affirmant vouloir établir une zone tampon à l’intérieur de la bande sous blocus.
« La Résistance craint qu’Israël ait l’intention de rester à Gaza et de compliquer les efforts de reconstruction dans le but de creuser un fossé entre la population de Gaza et la Résistance », a déclaré une source à Al Mayadeen.
En outre, il n’y a apparemment pas de base solide pour un projet de reconstruction ni pour la fourniture de logements temporaires aux personnes déplacées, car on craint que l’occupation israélienne ne cherche à entraver toutes ces initiatives.
« Le mouvement Hamas mène des consultations avec les organisations palestiniennes et ses alliés des partis et des forces régionales », ont déclaré les sources, révélant que l’accord a été soumis à la discussion au sein des échelons supérieurs du mouvement.
Al Mayadeen a appris qu’une réunion se tiendrait au Caire, en Égypte, dans les prochains jours, à laquelle participeraient des représentants de plusieurs autres pays, dont le Qatar.
Cette réunion devrait donner lieu à une discussion approfondie et globale qui sera suivie par les dirigeants du Hamas avant qu’une réponse définitive ne soit donnée.
Alors que les parties régionales ont tenté d’assurer au Hamas que l’accord conduirait pratiquement à un cessez-le-feu et que l’occupation israélienne ne pourrait pas poursuivre la guerre, la Résistance a souligné qu’elle voulait de véritables garanties et mécanismes qui conduiraient effectivement à un cessez-le-feu et au retrait de l’occupation de Gaza et qui empêcheraient l’occupation israélienne de reprendre les hostilités.
« La Résistance ne peut pas abandonner sa carte maîtresse, les captifs militaires, sans une garantie de cessez-le-feu, un retrait des forces d’occupation israéliennes et un accord sur la reconstruction et la levée du siège », ont souligné les mêmes contacts.
Aucun accord n’a encore été conclu
Une figure centrale de la Résistance palestinienne a déclaré en début de semaine qu’aucun accord de cessez-le-feu n’avait encore été conclu.
Ces remarques interviennent après que des organes de presse ont rapporté que le Hamas aurait approuvé en principe la dernière proposition de cessez-le-feu faite par des responsables qataris. Le dirigeant a qualifié la déclaration du ministère qatari des affaires étrangères de précipitée et d’inexacte.
Il a expliqué que le parti qu’il représente avait « reçu un message de la direction du Hamas concernant le document-cadre qui a été présenté sur la base de la réunion de Paris ».
Il convient de noter que la réunion a abouti à une proposition de cessez-le-feu temporaire, qui comprenait un accord d’échange de prisonniers en trois étapes. William Burns, directeur de la Central Intelligence Agency [CIA], ainsi que de hauts responsables égyptiens, israéliens et qataris ont participé à la réunion.
Cette personnalité a déclaré : « Il n’y a pas encore d’accord sur le cadre, et le Hamas a des remarques importantes (concernant la proposition) ».
Les responsables du Hamas avaient annoncé précédemment que ses représentants soumettraient une réponse commune, au Caire en Égypte, qui représenterait toutes les factions de la Résistance palestinienne.
« À ce jour, aucune délégation de la direction du Hamas ne s’est rendue au Caire et aucune date n’a encore été fixée pour une réunion » a indiqué le haut responsable.
Comme l’a répété à plusieurs reprises ce dirigeant, le document de Paris est actuellement étudié « sur la base des constantes nationales soutenus par tous ».
« La priorité sera accordée à une cessation globale de l’agression, à un retrait complet des forces d’occupation de Gaza, à la mise en place d’habitats temporaires pour les personnes déplacées et à l’achèvement d’un processus d’échange sérieux », a-t-il expliqué.
Il a également souligné que « les médias sionistes diffusent des informations fabriquées de toutes pièces et mensongères afin d’attiser l’opinion publique au sujet des négociations ».
Enfin, le dirigeant a déclaré que l’Égypte et le Qatar avaient unifié leurs efforts de médiation.
Un responsable qatari a de son côté déclaré à Reuters : « Il n’y a pas encore d’accord. Le Hamas a reçu la proposition de manière positive, mais nous attendons sa réponse. »
Dans le même temps, le conseiller pour la communication avec les médias du chef du bureau politique du Hamas a déclaré à Reuters que le groupe avait reçu la proposition de trêve de Paris pour un cessez-le-feu et la libération des captifs à Gaza, mais « nous n’avons pas donné de réponse à la proposition de trêve de Gaza », ajoutant : « Elle est toujours à l’étude ».
« Nous ne pouvons pas dire que la phase actuelle des négociations est nulle et en même temps nous ne pouvons pas dire que nous sommes parvenus à un accord », a déclaré le porte-parole Taher al-Nono.
En quoi consiste le document de Paris ?
De hauts responsables du Hamas et du Jihad islamique palestinien (PIJ) s’étaient entretenus avec Al Mayadeen lors d’une interview télévisée en direct afin d’évoquer les derniers développements concernant un accord de cessez-le-feu négocié avec « Israël ».
Ali Baraka, chef du département des relations du Hamas à l’étranger, a déclaré que le mouvement menait des consultations internes et externes avec d’autres organisations de la Résistance au sujet d’un accord anticipé.
Révélant certains détails de la proposition soumise, Baraka a déclaré : « Le plan proposé consiste en trois étapes pour les prisonniers ; la première étape est de 45 jours pour les civils, la deuxième étape pour le personnel militaire sans spécifier de délai, et la troisième étape est pour l’échange de dépouilles entre les deux parties, également sans spécifier de délai ».
Développant ce point, Baraka a déclaré que le Hamas a été informé « que la période de cessez-le-feu pourrait être prolongée, mais nous voulons des garanties arabes et internationales pour un cessez-le-feu ».
« En plus de notre demande de garanties, nous avons des demandes pour la reconstruction, le retrait [de l’occupant israélien] du secteur et la fourniture de logements d’urgence pour les déplacés », ajoutant que « la Résistance n’a pas perdu la bataille et se fera pas imposer des conditions [israéliennes] ».
Commentant les manoeuvres [israéliennes et occidentales] pour déterminer qui gèrera les affaires civiles de Gaza, Baraka a déclaré que personne ne nous « dictera comment gérer la bande de Gaza ».
Il est important de noter que le Fatah, dont les responsables dirigent l’Autorité de Ramallah, « n’a pas envoyé de réponse officielle au document des organisations concernant le [plan] d’une direction nationale unifiée ».
Pour sa part, Ali Abu Shahin, membre du bureau politique du Jihad Islamique, a souligné que « le principal moteur » des acteurs internationaux “est l’intérêt d’Israël, et le seul critère qui comptent pour eux est celui des prisonniers israéliens », soulignant que « la Résistance n’est pas en situation de se voir imposer des conditions ».
Source originale: Al Mayadeen
Traduit de l’anglais par Chronique de Palestine