Le psychopathe professionnel John Bolton a publié un article dans The Hill intitulé « L’Amérique ne peut pas permettre l’expansion militaire chinoise à Cuba » qui, par inadvertance, explique exactement ce qui ne va pas dans la façon dont l’empire américain continue d’amasser des forces par procuration lourdement armées aux frontières de ses grands ennemis asiatiques.
Citant un rapport du Wall Street Journal du mois dernier dans lequel des fonctionnaires américains anonymes affirment que La Havane a entamé des négociations avec Pékin en vue d’un éventuel futur centre d’entraînement militaire commun à Cuba, Bolton affirme que les États-Unis doivent recourir à toute forme d’agression nécessaire pour empêcher la construction de ce centre, ce qui peut aller jusqu’à l’interventionnisme en vue d’un changement de régime.
« L’éventualité d’installations chinoises importantes à Cuba constitue une alerte rouge pour l’Amérique », écrit M. Bolton, qui estime que de telles activités « pourraient bien camoufler des armes offensives, des systèmes de livraison ou d’autres capacités menaçantes ».
« Par exemple, les missiles de croisière hypersoniques, déjà plus difficiles à détecter, à suivre et à détruire que les missiles balistiques, sont des candidats naturels à l’installation à Cuba, une perspective que nous ne pouvons tolérer, tout comme de nombreux autres risques, tels qu’une base de sous-marins chinois », ajoute-t-il.
Autant d’arguments que la Russie et la Chine pourraient faire valoir, pratiquement note pour note, sur la façon dont les États-Unis menacent leurs intérêts en matière de sécurité, en installant des machines de guerre dans leur environnement immédiat.
Vers un renversement du gouvernement cubain ?
Arguant que les États-Unis ne sont « liés par aucun engagement limitant notre recours à la force », M. Bolton préconise « la révocation des relations diplomatiques avec Cuba, des sanctions économiques accrues contre la Chine et Cuba, et une application beaucoup plus stricte des sanctions existantes » comme réponse immédiate à ce développement signalé, préconisant un interventionnisme de changement de régime comme solution ultime à l’attitude désobéissante de Cuba.
« Si les présidents Eisenhower ou Kennedy avaient agi avec plus de force et d’efficacité contre Castro, nous aurions pu éviter de nombreuses crises périlleuses de la guerre froide, nous épargnant ainsi des décennies de préoccupations stratégiques, sans parler de la répression du peuple cubain », écrit M. Bolton, qui ajoute : « Avec la menace croissante de Pékin, nous ne devrions pas manquer le moment présent sans reconsidérer sérieusement la manière de remettre cette île géographiquement critique entre les mains plus amicales de son propre peuple ».
Bolton note que Guantanamo Bay « reste entièrement à notre disposition aujourd’hui » pour toute opération que les États-Unis choisiraient de mettre en œuvre pour renverser La Havane.
Il s’agit du même John Bolton qui, en 2002, a faussement accusé Cuba d’avoir un programme d’armes biologiques dans le but d’entraîner l’île dans le même élan guerrier post-11 septembre qu’il aidait les États-Unis à construire contre l’Irak avec une agressivité extrême.
Chaque fois qu’il y a le moindre murmure d’une puissance étrangère établissant une présence militaire dans le coin de Washington, les faucons commencent immédiatement à battre les tambours de la guerre et à exposer l’hypocrisie de l’empire américain qui insiste sur son droit à former des alliances militaires et à amasser des forces par procuration aux portes de ses rivaux géopolitiques. Les défenseurs de l’empire rejettent toujours les affirmations de la Russie et de la Chine selon lesquelles les empiètements militaires américains dans leur environnement constituent un risque inacceptable pour la sécurité et disent qu’aucune nation n’a droit à une “sphère d’influence” dans laquelle ses ennemis ne sont pas autorisés à pénétrer, pourtant, nous voyons bien que les États-Unis se réservent le droit d’avoir leur propre sphère d’influence à partir de leurs propres doctrines et comportements.
Au début de l’année, le sénateur Josh Hawley a posé une question inquiétante à son auditoire : « Imaginez un monde où les navires de guerre chinois patrouillent dans les eaux hawaïennes et où les sous-marins chinois rôdent le long des côtes californiennes. Un monde où l’Armée populaire de libération dispose de bases militaires en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Un monde où les forces chinoises opèrent librement dans le golfe du Mexique et l’océan Atlantique ». C’est exactement ce que l’armée américaine a fait à la Chine.
L’hypocrisie US dans toute sa splendeur
La chose la plus stupide que l’empire centralisé américain nous demande de croire est que l’encerclement militaire de ses deux principaux rivaux géopolitiques est une action défensive, plutôt qu’un acte d’agression extrême. L’idée que l’encerclement militaire de la Russie et de la Chine par les États-Unis est un acte de défense plutôt que d’agression est si manifestement idiote que quiconque y réfléchit de manière suffisamment critique la rejettera immédiatement pour l’absurdité écervelée qu’elle est, et pourtant, à cause de la propagande, c’est le récit dominant dans le monde occidental, et des millions de personnes l’acceptent comme vrai.
L’intérêt de souligner l’hypocrisie n’est pas que le fait d’être hypocrite soit un crime particulier en soi, mais de montrer que l’hypocrite ment sur ses motivations et son comportement, et de démonter les arguments qu’il avance pour défendre ses positions. Si les États-Unis interprètent une présence militaire chinoise à Cuba comme une provocation incendiaire, alors logiquement la présence militaire bien plus importante que les États-Unis ont amassée aux frontières de la Russie et de la Chine est une provocation bien plus importante selon ce même raisonnement, et les États-Unis le savent. Il n’existe aucun argument contraire qui ne repose pas sur des affirmations sans fondement du type “c’est différent quand nous le faisons”.
Exiger que la Russie et la Chine tolèrent de la part des États-Unis un comportement que les ÉtatsUnis ne toléreraient jamais de la part de la Russie ou de la Chine, c’est simplement exiger que le monde se soumette à l’empire américain. Ceux qui affirment que la Russie aurait dû tolérer que l’Ukraine devienne un atout pour l’OTAN ou que la Chine devrait accepter l’encerclement militaire des États-Unis au nom de la liberté et de la démocratie ne font en réalité qu’affirmer que les États-Unis devraient être autorisés à régner sans partage sur chaque centimètre carré de la planète.
Si ce que vous voulez vraiment, c’est que les États-Unis dominent chaque centimètre carré de cette planète de manière totalement incontestée, n’essayez pas de me dire que vous vous préoccupez en réalité des peuples d’Ukraine, de Taïwan ou de n’importe quel autre pays. Ne me pissez pas sur la jambe en me disant qu’il pleut. Soyez juste honnête sur ce que vous êtes et sur votre position.
Source : Caitlin Johnstone https://www.caitlinjohnst.one/p/john-bolton-accidentally-explains
Traduit de l’anglais par Michel Durand pour Investig’Action