Surarmé, fier de ses innombrables engins de destruction massive, du F-16 aux Apache en passant par les drones sophistiqués et les sous-marins nucléaires, l’Etat d’Israël s’est retrouvé jeudi à la merci d’un feu de forêt meurtrier dans le nord du pays.
L’incendie, qui faisait toujours rage vendredi 24 heures après le départ de feu, a fait une quarantaine de morts, des gardiens de prison dont l’autobus est tombé dans le brasier courant les pentes du Mont Carmel, tandis que des milliers d’habitants étaient évacués en hâte. Les gardiens de prison étaient en route pour faire procéder à l’évacuation de deux prisons menacées par les flammes, où sont détenus des centaines de prisonniers palestiniens.
Le gouvernement israélien a lancé des appels au secours à l’étranger, car ses moyens de lutte contre le feu sont dérisoires, et une noria d’avions anti-incendie, venus de Grèce, de Bulgarie, de Chypre et même d’Espagne sont venus à la rescousse.
La presse israélienne soulignait de son côté l’extrême faiblesse des effectifs de la protection civile. Faute de budgets, dans ce pays qui a d’un autre côté les plus fortes dépenses militaires par habitant du monde, le corps des sapeurs pompiers israéliens ne compte que 1.200 membres, soit 1 professionnel pour 6.000 habitants, alors que l’OCDE, le club des pays industrialisés auquel Israël vient précisément d’accéder, recommande 1 pompier pour 1.000 habitants.
A titre de comparaison, un pays comme la France, certes dix fois plus peuplé, compte 50.000 pompiers professionnels, auxquels s’ajoutent plus de 200.000 bénévoles ayant reçu une formation à la lutte contre le feu.
Ivre de sa puissance quand il s’agit d’écraser les Palestiniens sous les bombes, le gouvernement israélien se révèle ainsi incapable de protéger efficacement sa propre population face à une catastrophe naturelle.
Catastrophe naturelle ?
Au-delà de la question de l’élément déclenchant de l’incendie, et d’une imprudence voire d’un geste criminel, l’émigré israélien Gilad Atzmon souligne, dans un de ces billets d’humeur dont il est coutumier, la responsabilité historique du projet sioniste dans l’incendie qui ravage le Carmel.
Ainsi, l’agence foncière du sionisme, le KKL (Keren Kayemet Le Israel, ou Fond National Juif), n’a eu de cesse, depuis des décennies, de planter des arbres au fur et à mesure qu’il dépossédait les Palestiniens de leurs terres.
Arrachant les oliviers, le KKL a planté principalement des pins, pour effacer toute trace des villages palestiniens rasés, et pour affirmer, en plein Proche-Orient, que le projet sioniste était d’essence occidentale. « Il fallait que nos paysages ressemblent à la Suisse », résume Gilad Atzmon. Sauf que dans une région où il peut faire 31°C à l’ombre un 2 décembre, comme c’était le cas hier à Haïfa, même la « Suisse » peut brûler.
Source: CAPJPO-EuroPalestine