AFP

Israël doit cesser de tuer des journalistes

Nous, soussignés, journalistes et travailleurs des médias, condamnons sans équivoque l’assassinat de journalistes palestiniens à Gaza. 
En dépit de la condamnation répétée par des organisations internationalement reconnues dans le domaine des droits de l’homme et des médias, Israël continue à tuer et à mutiler des journalistes palestiniens à Gaza. Il a également intensifié ses attaques contre des journalistes au Liban.

Prendre des journalistes pour cible constitue une attaque contre la liberté de la presse et une violation du droit international.

Cela doit cesser.

Les journalistes palestiniens sont à Gaza les yeux et les oreilles du monde, en documentant les attaques israéliennes, notamment celles qui tuent délibérément des civils brandissant des drapeaux blancs, ainsi que la torture de Palestiniens en détention. Ces journalistes ont été menacés de mort, mutilés ou tués par les forces israéliennes même lorsqu’ils n’étaient pas en activité. Leurs familles ont aussi été tuées par les forces israéliennes.

Les journalistes ont continué à faire leur travail malgré la surveillance d’Israël, tout en pleurant la perte de leurs familles, de leurs amis et de leurs maisons et en survivant aux sévères restrictions alimentaires imposées par Israël qui ont provoqué une famine dans toute la Bande de Gaza, selon les Nations Unies. 

Le Comité de protection des journalistes rapporte que les attaques israéliennes ont tué au moins 123 journalistes et travailleurs des médias palestiniens à Gaza en un an, ce qui en fait la période la plus mortelle pour des journalistes depuis que l’organisation a commencé a recueillir des données en 1992. Dans un rapport publié le 4 octobre, le CPJ a déclaré “La manière dont Israël mène la guerre à Gaza a fait payer aux journalistes palestiniens un tribut horrible et sans précédent.” Selon le Service de presse du gouvernement de Gaza, le nombre de journalistes palestiniens tués serait même supérieur et attendrait 182 au cours de l’année écoulée

Lorsque l’armée israélienne a accru ses attaques au centre et au nord de Gaza, en octobre 2024, elle a tué deux journalistes palestiniens et en a grièvement blessé trois autres. Le 7 octobre, le caméraman d’Al Jazeera Ali Al-Attar a subi de graves blessures à la suite d’un bombardement aérien, alors qu’il couvrait les conditions de vie des palestiniens déplacés. Al-Attar se trouve actuellement dans un état critique, l’imagerie médicale ayant révélé la présence d’une grave hémorragie et d’éclats d’obus dans son cerveau. Deux jours plus tard, les forces israéliennes ont tiré une balle dans le cou du caméraman d’Al Jazeera Fadi Al-Wahidi alors qu’il était en plein reportage. Les médecins ont indiqué que la blessure l’avait paralysé à vie et il se trouve actuellement dans le coma.

Selon Al Jazeera, l’armée israélienne a refusé les demandes d’évacuation médicale pour les deux journalistes blessés. 

Le 9 octobre, des avions israéliens ont bombardé et tué le photojournaliste d’Al-Aqsa Mohammad Al-Tanani et blessé le reporter Tamer Lubbad, lui aussi d’Al-Aqsa. Lubbad a déclaré au CPJ que des “tirs répétés et délibérés” par les forces israéliennes avaient empêché pendant deux heures les ambulanciers de parvenir jusqu’au corps d’Al-Tanani. Tous ces journalistes étaient clairement identifiables en tant que représentants de la presse.

Le 23 octobre, l’armée israélienne a accusé six journalistes d’Al Jazeera au nord de Gaza d’appartenir à des groupes militants. Comme l’a souligné le CPJ, “Israël a porté à plusieurs reprises de telles accusations sans jamais apporter la moindre preuve.” C’est alarmant et dangereux. Ces journalistes doivent pouvoir faire leur travail sans être attaqués.

La situation des journalistes palestiniens à Gaza est déplorable et nous, leurs collègues, en appelons à

  • L’évacuation immédiate d’Ali Al-Attar, Fadi Al-Wahidi et tous les journalistes blessés.
  • La protection des journalistes qui restent sur le terrain.
  • Une information honnête sur Gaza et la situation desjournalistes palestiniens qui s’y trouvent.


Nous affirmons que nul n’est plus qualifié que les journalistes locaux pour faire connaître ce qui se passe à Gaza, et que tous les journalistes et institutions médiatiques ont le devoir d’assurer leur protection. Le gouvernement israélien ne permet pas aux médias internationaux d’accéder à Gaza, sauf s’ils sont soigneusement encadrés et cornaqués par des militaires. L’essentiel de que nous savons et sommes capables de raconter à partir des États-Unis sur la réalité à Gaza n’est rendu possible que grâce au travail infatigable et dangereux des journalistes palestiniens locaux.

Il faut donc que soit mis un terme au ciblage des équipes de presse, aux arrestations de journalistes en train de faire leur travail, à la destruction des infrastructures médiatiques, ainsi qu’à la suppression des journalistes en Cisjordanie et à l’assassinat de journalistes au Sud-Liban

Nous appelons les salles de rédaction à s’engager en faveur de la protection et de la sécurité de nos collègues palestiniens avec la même ferveur et la même ténacité que pour nos collègues qui couvrent les événements en Russie, en Ukraine et ailleurs dans le monde.


source : wsws

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