A la demande de l’Association
Sénégalaise des Professeurs d’Histoire et de
géographie (Asphg) et la Direction de l’information de
l’Animation Culturelle de l’Université Cheikh Anta
Diop (Diacs), Monsieur Amadou Mahtar MBow, ancien
Directeur Général de l’Unesco, a donné le 13 Avril
dernier à la salle conférence de l’Ucad II, une
conférence sur le thème : Haïti : Histoire d’un Etat
issu d’une révolte d’esclaves africains, dans le
contient Américain.
Il n’est jamais très tard de bien
faire, dit-on, car la conférence faite pour commémorer
le bicentenaire de la révolution et la fondation de
l’Etat haïtien, le 1er janvier 2004, a permis de «
sauver l’honneur » des patriotes de l’ouest africains
et d’afrique d’une manière générale, si l’on sait que,
hormis le Président d’Afrique du Sud, aucun chef
d’Etat africain n’a eu le courage de se déplacer pour
aller assister à la fête. C’est pourquoi, les nombreux
intervenants n’ont pas trouvé de mots suffisants pour
féliciter l’Association des professeurs d’histoire et
l’Université Cheikh Anta Diop de leur initiative et
remercier M Amadou Moctar Mbow, pour sa brillante et
exhaustive conférence. En effet, pendant plus d’une
heure de temps, M. Mbow a non pas survolé le champ
de l’histoire, mais l’a soigneusement labouré pour
ainsi dire. Ceci en partant de 1446 avec les premiers
occupants de l’ile, les Aravacs, en passant par 1492
avec ‘arrivée de Christophe Colomb pour aboutir à la
révolution victorieuse, initiée et conduite par des
hommes aussi prestigieux que Toussaint Louverture et
Dessalines.
Faisant référence à De Las casas,
M Mbow a décrit les conditions infrahumaines dans
lesquelles vivaient les esclaves qui sont à la base
de leur soulèvement et de la révolution victorieuse
ponctuée par la bataille mémorable de Vetieres, en
octobre 1803 et la proclamation de l’indépendance le
1er janvier 1804.
En répondant aux nombreuses
questions du public,tournant autour de l’ignorance de
l’histoire d’Haïti, de ses rapports avec l’Afrique,
des causes du succès de la révolution haïtienne, de la
question de la réparation et de la situation qui
prévaut actuellement en Haïti, Monsieur MBow a montré
que la réussite de la révolution n’est due qu’à la
volonté des esclaves (500 000) de lutter dans l’unité
pour mettre fin à la tyrannie que leur imposaient les
colons esclavagistes blancs (30 000). Cette volonté
se traduisait, dit-il, dans cette sentence de
l’officier mulâtre de l’armée de Napoléon (la plus
puissante de l’époque), Alexandre Pétion qui rallia
les révolutionnaires : « Ma mère ne sera plus esclave
». Et aussi du cri de ralliement des esclaves des
plantations et domestiques des colons : « Vivre libre
ou mourir ». Par rapport à l’ignorance de l’histoire
d’Haïti par les Africains, l’ancien Directeur général
de l’Unesco a souligné que « nous ne connaissons pas
notre histoire c’est pourquoi nous ne connaissons pas
l’histoire d’Haïti » du fait que l’on subit toujours
le carcan hexagonal du point de vue historique et
culturel pour la bonne raison , précise t-il, qu’on a
fait avec Haïti( concernant la dette de 150 millions
de francs or, de l’époque) , ce que l’on fait avec le
tiers-monde avec le problème insupportable e la dette
De ce point de vue l’opinion de M. Mbow été sans
équivoque en ce qui concerne la réparation qui, pour
lui, ne peut se traduire que par une volonté politique
sérieuse de sortir les noirs dans la situation
désastreuse dans laquelle ils se trouvent dans les
anciens pays esclavagistes ( Etats-Unis, Brésil, les
Antilles, Caraïbes etc.) à travers des programmes
spéciaux touchant la santé ,l’éducation et
l’insertion sociale par l’emploi durable.. Point de
vue qui tranche d’avec celui d’esprits tordus envoûtés
par les démons du néolibéralisme qui, dès qu’il est
question de cette problématique de réparation, ils y
voient des « trébuchantes et sonnantes » devant des
guichets. M Mbow a par ailleurs souligné que si
l’histoire de la révolution haïtienne, qui est sans
précédent, a été occultée, au point qu’elle soit si
méconnue par beaucoup d’hommes épris de justice ,
c’est que Haïti constitue « la mauvaise conscience
des grandes puissances (Etats-Unis,
France,principalement) et tous ceux qui voudraient
ériger la discrimination raciale en règle de vie »
Elle sonna en ce sens , pour lui, le glas de tout le
système esclavagiste de l’époque. Ainsi ajoute t-il,
un blocus fut imposé par le gouvernement des
Etats-Unis .Et la France de son coté imposa à Haïti le
payement de 150 millions de francs or pour la
reconnaissance l’indépendance du pays.. Dans cette
perspective M Mbow a estimé qu’au regard de la
situation actuelle que vit le pays et compte tenue des
propos du Président Aristide qui dit avoir été
kidnappé et enlevé du pouvoir par la force, c’est
comme qui dirait l’histoire. se perpétue. Auparavant,
M. Mbow a précisé que des sénégalais, arabophones
,capturés lors de la baille entre l’Almamy Abdel Kader
et le Damel Amary Ngoné Ndella Fall,ont participé à
la Révolution de Saint-Domingue. Péripétie retracée
par le gouverneur Baron Roger dans son livre « Keledor
», en 1830
Pour terminer M. Mbow a
précisé que les Africains, la jeunesse en particulier,
doivent s’intéresser à leur histoire, contrairement à
la classe dirigeante africaine« tétanisée » par .les
institutions internationales et autres bailleurs de
fonds.
Signalons qu’il a été noté à
cette conférence, la présence du Recteur de
l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, de
l’historien, ancien Ambassadeur Saliou Kandji, du
Président des ONG du Sénégal, M Buba Diop, historien
de son état, du représentant du Grila, M Fall ,ainsi
que plusieurs membres de la diaspora haïtienne.
Dakar le 1 er Mai 2004
Ababacar Fall-Barros
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