L’Empire est obsédé par des types de punitions perverses
La culture occidentale est clairement obsédée par les règles, la culpabilité, la soumission et la punition.
Il est maintenant évident que l’Occident est la société la moins libre sur la terre. En Amérique du Nord et en Europe, presque tout le monde est sous surveillance constante : les gens sont espionnés, observés, leurs informations personnelles sont extraites en permanence et les caméras de surveillance sont utilisées sans discernement.
La vie est synchronisée et gérée. Il y a peu de surprises.
On peut coucher avec qui on veut (tant que c’est fait selon le « protocole autorisé »). L’homosexualité et la bisexualité sont permises. Mais c’est à peu près tout ; c’est jusque là que s’étend habituellement la « liberté ».
La rébellion n’est pas seulement découragée, elle est combattue, brutalement. Pour les plus petits délits ou erreurs, les gens finissent derrière les barreaux. Résultat, les Etats-Unis ont plus de prisonniers par habitant que tout autre pays sur la terre, à l’exception des Seychelles.
En outre, presque toutes les conversations, mais en particulier les propos publics, sont maintenant contrôlés par ce qu’on appelle le « politiquement correct » et ses variantes.
Mais revenons à la culture de la peur et de la punition.
Regardez les manchettes des journaux occidentaux. Par exemple The New York Times du 12 avril 2018 : « Cette fois, la punition de la Syrie pourrait être plus sévère ».
Nous sommes tellement habitués au langage pervers utilisé par l’Empire qu’il nous frappe à peine comme étant tordu, bizarre, pathologique.
Ça pue la caricature sadomasochiste, ou l’image stéréotypée d’un affreux instituteur anglais levant une règle au-dessus des mains tendues d’un élève et criant « Je dois le faire ? »
Carl Gustav Jung a décrit en diverses occasion la culture occidentale comme une « pathologie ». Il l’a fait en particulier après la Seconde Guerre mondiale, mais il a mentionné le fait que l’Occident avait commis des crimes épouvantables partout dans le monde depuis des siècles. C’est probablement la raison pour laquelle les psychiatres et psychologues occidentaux ont généralement glorifié l’égocentrique et globalement apolitique Sigmund Freud, tout en ignorant, voire en diffamant Carl Gustav Jung.
La forme extrême du sadisme est une pathologie ; c’est une maladie. Et l’Occident a clairement manifesté des schémas de comportement inquiétants et dangereux depuis des siècles.
Regardons la définition du sadisme, nommé par les professionnels Trouble de la personnalité sadique (TPS), un diagnostic que l’on pourrait facilement poser pour les Etats-Unis et l’Europe.
Voici un extrait d’une définition courante du TPS, qui apparaît dans Medigoo.com et sur de nombreux autres sites internet :
« …Le trouble de la personnalité sadique est caractérisé par un ensemble formé de cruauté gratuite, d’agressivité et de comportements dévalorisants qui indiquent la présence d’un mépris profond et d’un manque total d’empathie à l’égard des autres. Certains sadiques sont « utilitaristes » : ils utilisent leur violence explosive pour établir une position de domination incontestée dans une relation… »
C’est familier, n’est-ce pas ? C’est le comportement de l’Empire à l’égard de l’Indochine, de la Chine, de l’Indonésie, de l’Afrique, de l’Amérique latine, de la Russie, du Moyen-Orient et d’autres parties du monde.
Et les symptômes ?
« Les individus sadiques ont un faible contrôle comportemental, qui se manifeste par un mauvais caractère, de l’irritabilité, une faible tolérance à la frustration et une nature dominatrice. D’un point de vue interpersonnel, on constate qu’ils sont durs, hostiles, manipulateurs, qu’ils manquent d’empathie, qu’ils sont froids et rudes envers ceux qu’ils considèrent comme leurs inférieurs. Sur le plan intellectuel, ils sont considérés comme rigides et portés à l’intolérance sociale, ils sont fascinés par les armes, la guerre et les crimes atroces ou les auteurs d’atrocités. Classiquement, on pense que les sadiques recherchent des positions sociales qui leur permettent d’exercer leur besoin de contrôler les autres et d’infliger des punitions sévères ou des humiliations… »
Il suffit de remplacer « individus sadiques » par « États sadiques » ou « culture sadique ».
Y a-t-il un remède ? Un sadique peut-il être traité efficacement et avec succès ?
« Traiter un trouble de la personnalité sadique prend beaucoup de temps… »
Beaucoup de sites et de publications comportent une clause de non-responsabilité claire :
« Les informations ci-dessus sont données dans un but thérapeutique. L’information fournie ici ne devrait pas être utilisée en cas d’urgence médicale… »
Aujourd’hui, l’humanité se trouve clairement à la croisée des chemins, confrontée à une annihilation, pas seulement à une « urgence médicale ». Le monde pourrait bientôt devoir littéralement se battre pour sa survie.
À cause du TPS de l’Occident et de son Empire.
Alors que nous réserve l’avenir, par exemple pour la Syrie ?
Qu’infligera le psychopathe sadique à un pays qui a refusé de plier, de se prostituer, d’implorer miséricorde, de sacrifier son peuple ?
Jusqu’à quelles extrémités la « punition » ira-t-elle ?
Nous venons d’assister au tir de 103 missiles sur Damas et Homs. Mais c’est seulement ce que l’Empire a fait pour divertir ses masses. Il a fait des choses beaucoup plus méchantes et cruelles à la nation qui refuse constamment de glorifier l’impérialisme occidental et ses dogmes néocons. Par exemple, les « professionnels » de l’Empire ont fabriqué, formé et armé les groupes terroristes les plus atroces et les ont injectés dans le corps de la Syrie.
La torture va continuer, bien sûr. Il semble évident que cette fois le scénario sera basé sur une adaptation tardive de l’œuvre du Marquis de Sade, son roman Juliette, et non Justine. Voyez-vous, dans Justine, les femmes étaient « seulement » ligotées, souffletées et violées. Dans Juliette, elles étaient découpées en morceaux, vivantes ; elles étaient brûlées et mutilées.
S’il est encore possible de lire Justine, aucun être humain normal ne peut supporter les 700 pages de pur carnage qu’est Juliette.
Mais notre planète s’est habituée aux horreurs perpétrées par l’Empire occidental malade.
Les gens regardent les événements dans des endroits comme l’Afghanistan, la Syrie, l’Irak ou la Libye comme des « informations » et non comme le dossier médical d’un patient psychiatrique gravement malade.
Le « roman » le plus terrible dans l’histoire de notre planète a été écrit, il y a des siècles, par l’effroyable brutalité et le sadisme de l’Europe d’abord, puis de son jeune co-auteur, les États-Unis.
Et les êtres humains en de nombreux lieux de notre planète se sont tellement habitués au carnage qui les entoure qu’ils ne vomissent plus ; ils ne se sentent pas horrifiés, ne se révoltent pas contre leur sort. Ils se contentent de regarder un pays après l’autre s’effondrer, être violé publiquement, être ravagé.
La maladie mentale de l’auteur est indéniable. Et elle est contagieuse.
À son tour, l’extrême violence qui a englouti le monde a provoqué chez les victimes diverses névroses et états mentaux (masochisme, formes extrêmes de soumission, pour n’en citer que deux parmi beaucoup d’autres).
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L’exposition à la violence extrême et permanente « prescrite » et organisée par l’Occident a plongé la plus grande partie du monde dans une léthargie névrotique.
Comme une femme enfermée dans un mariage avec un mari fanatique religieux brutal dans une société oppressive, le monde a finalement cessé de résister aux ordres et à la tyrannie de l’Occident, et a « accepté son destin ».
De nombreuses régions de la planète ont développé un « syndrome de Stokholm » : après avoir été enlevées, emprisonnées, tourmentées, violées et humiliées, les victimes sont « tombées amoureuses » de leur tyran, adoptant sa vision du monde, tout en le servant de tout leur cœur avec obéissance.
Cet arrangement, évidemment, n’a rien à voir avec une situation saine ou naturelle !
En Afrique, en Amérique latine, au Moyen-Orient, il se passe des choses bizarres ! Les gens de ces nations pillées et dévastées depuis des siècles par les despotes européens et nord-américains se sont envolés avec bonheur et fierté pour Paris, Berlin, Londres, Madrid, New York et d’autres villes occidentales, afin d’« apprendre », d’« étudier » comment gouverner leurs propres pays. En général, une prostitution intellectuelle aussi évidente ne suscite aucune honte ni aucun stigmate.
De nombreuses victimes rêvent encore de devenir comme leurs persécuteurs, ou même plus.
De nombreuses colonies, anciennes ou modernes, écoutent, sans broncher, les Européens leur prêcher (contre rémunération) la « bonne gouvernance », la « lutte contre la corruption » et la « démocratie ».
Les médias des pays non occidentaux reprennent directement les informations des agences de presse occidentales. Même les événements politiques locaux sont expliqués par ces Européens et Nord-Américains « sages » et « supérieurs », et non par des intellectuels locaux. On ne fait guère confiance aux locaux – seuls les visages blancs aux distingués accents anglais, français ou allemand sont pris au sérieux.
Pervers ? Est-ce que c’est pervers ? Bien sûr que ça l’est ! Beaucoup d’intellectuels serviles des États « clients », lorsqu’on les interpelle, admettent à quel point la dictature mondiale continuelle est malade. Puis ils quittent la table et continuent à faire ce qu’ils font depuis des années et des décennies. En résumé, le plus vieux métier du monde.
Une telle situation est vraiment insensée. Ou du moins elle est extrêmement paradoxale, bizarre, absurde.
Même une clinique psychiatrique semble plus sensée que notre bien-aimée planète Terre.
Pourtant, les psychiatres et les psychologues s’impliquent rarement dans l’analyse des névroses et des maladies psychiques de la planète brutalisée et colonisée. Ils n’« analysent » presque jamais les auteurs, et les dénoncent encore moins pour ce qu’ils sont.
La plupart des psychologues et des psychiatres sont occupés à chercher de l’or : encourager l’égoïsme humain ou même servir de grandes entreprises qui tentent de « comprendre mieux leurs employés » afin de les contrôler et les exploiter plus efficacement. D’autres « médecins » vont jusqu’à servir directement l’Empire en aidant à opprimer et à « pacifier » les milliards de gens qui vivent dans les colonies et les néocolonies de l’Occident.
En 2015, j’ai été invité comme conférencier au 14e Symposium sur les contributions de la psychologie à la paix, qui se tenait à Johannesbourg et à Pretoria, en Afrique du Sud (accueilli par la légendaire Université d’Afrique du Sud, l’UNISA).
Au cours de cette rencontre fascinante des principaux psychologues mondiaux, j’ai parlé de l’influence des guerres et de l’impérialisme sur la psyché humaine, mais j’ai également écouté, attentivement. Et j’ai appris beaucoup de choses choquantes. Par exemple, dans sa présentation terrifiante, « Les droits de l’homme et les fautes des psychologues américains : l’affaiblissement de l’éthique professionnelle à l’époque de l’”interrogatoire renforcé” », le professeur Michael Wessells de l’Université Columbia, New York, a parlé des psychologues américains et de leur participation à la torture de prisonniers politiques.
Au lieu de diagnostiquer l’Empire comme atteint de TPS et d’autres états violents et dangereux, de nombreux psychologues aident en fait à torturer ceux qui s’opposent à cet ordre du monde inacceptable.
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Ceux qui refusent d’« apprendre de l’Occident », de tomber amoureux de lui, ou au moins de le servir fidèlement, sont punis brutalement.
Les fouets frappent la chair nue. Des nations entières sont détruites, des génocides sont distribués à tous les continents. Le Timor oriental, l’Afghanistan, l’Irak : ça ne s’arrête jamais.
Je suis les discours des délégations américaines et en particulier britanniques, lorsqu’elles « discutent » de la Syrie et même de la Russie. Ce qui me vient à l’esprit, c’est le Punjab en Inde. Je me souviens de ces vieilles photos historiques d’hommes indiens pendus par les Britanniques, les pantalons baissés, et fouettés en public.
Ils font ce genre de choses depuis des siècles. Ils aiment ça. À l’évidence, ça les excite. C’est leur démocratie, leur respect des droits de l’homme et des autres cultures !
Si quelqu’un refuse de baisser ses pantalons, ils attrapent la personne, la violent puis la fouettent quand même.
Je me souviens aussi de ce que mon ami ougandais me racontait :
« Lorsque les Britanniques sont arrivés en Afrique, dans ce qui est aujourd’hui l’Ouganda, leur armée entrait dans nos villages et la première chose qu’ils faisaient était de choisir l’homme le plus grand et le plus fort. Ils le ligotaient face à l’arbre. Puis le commandant britannique le violait, le sodomisait devant tout le monde. C’est comme ça qu’ils montrent aux locaux qui commande. »
Quel symbole !
Comme elle est saine la culture qui a contrôlé notre monde depuis des siècles !
L’une des choses les plus effrayantes sur la maladie mentale est que généralement le patient ne se rend pas compte qu’il en souffre.
Il est temps pour le reste du monde de traiter l’Occident comme un malade mental, et non comme le « chef de file du monde libre et démocratique ».
Nous devons penser, nous rassembler, développer une stratégie sur comment faire face à cette situation malheureuse, en fait cette situation terrible !
Si nous refusons de comprendre et d’agir, nous pouvons nous retrouver pour finir dans la situation la plus dangereuse : comme serviteurs complaisants des caprices pervers d’un patient TPS frustré, extrêmement agressif et vraiment dangereux.
Andre Vltchek est un philosophe, romancier, réalisateur et journaliste d’investigation. Il a couvert des guerres et des conflits dans des douzaines de pays. Trois de ces derniers livres sont son hommage à « La Grand Révolution Socialiste d’Octobre », un roman révolutionnaire « Aurora » et le best-seller documentaire politique : « Exposer les mensonges de l’Empire ». Regardez ses autres livres ici. Regardez Rwanda Gambit, son documentaire révolutionnaire sur le Rwanda et la RD Congo. Après avoir vécu en Amérique latine, en Afrique et en Océanie, Vltchek réside actuellement en Asie de l’Est et au Moyen-Orient et continue de travailler autour du monde. Il peut être contacté via son site Web et son compte Twitter.
Traduit de l’anglais par Diane Gilliard pour Investig’Action
Source : Investig’Action
Les points de vue exprimés dans cet article sont strictement ceux de l’auteur et ils ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.