Le président accepte de parler des pressions qu’il a reçues de l’ambassade des États-Unis et de la manière avec laquelle il les a affrontées. Entretien exclusif pour le quotidien bolivien Cambio réalisé le 17 janvier 2010, 5 jours avant l’investiture de Morales pour son second mandat.
Evo Morales :
Il se souvient de chaque détail de sa vie et le raconte comme s’il avait eu lieu hier. Il se rappelle, par exemple, quand Felipe Quispe [1] lui a dit qu’il n’était qu’un “llok’alla” [2], trop jeune pour être candidat à la présidentielle. Malgré cela, Evo Morales a décidé, en accord avec les mouvements sociaux, de passer de la résistance au pouvoir.
Aujourd’hui à la fin de son premier mandat au Palais du Gouvernement, le président accepte de jeter un coup d’œil sur l’histoire du MAS [3], qui s’est converti, selon lui, en un instrument du peuple.
Arborant un physique d’athlète, bougeant constamment les pieds, Morales a reçu Cambio [4] dans un des salons du Palais jeudi dernier [5].
Au cours de l’interview rapportée sur les quatre pages suivantes, le président n’hésite pas à décrire comment les intérêts de l’impérialisme ont tenté de faire échouer le projet politique du MAS-ISPS, à expliquer les erreurs des États-Unis et son désir de réunir les mouvements sociaux du monde entier pour initier une croisade pour la défense de la Terre Mère [6], contre les bases militaires [7] et contre l’impérialisme.
Comment s’est passée votre première rencontre avec l’ambassadeur des États-Unis ?
Lors des premières rencontres, il m’a dit “tu ne peux entretenir de relations diplomatiques ni avec l’Iran, ni avec le Vénézuela”. Je lui ai répondu : “Mais qui êtes-vous pour me dire de ne pas avoir de relations avec le Venezuela, avec l’Iran ; nous sommes de la culture du dialogue. Nous voulons des relations diplomatiques avec tout le monde et nous les aurons”. Nous voulons que des relations qui ne se résument pas à se soumettre politiquement ou sous conditions. Je lui ai dit en face. Plus tard, des parlementaires des États-Unis sont arrivés et m’ont répété :
“vous ne pouvez pas avec de relations avec l’Iran”. Je leur ai demandé pourquoi. Et ils m’ont répondu : “à cause des armes nucléaires”. J’ai insisté : “dites-moi, vous, vous n’en avez pas, par hasard ?” Eux aussi en ont, bien meilleures que celles de l’Iran, si toutefois l’Iran en possède. Ils se sont trompés et m’ont dit “Nous sommes anti-impérialistes”. Alors de face je leur ai dit “dans ce cas, je veux bien entretenir des relations diplomatiques avec vous.”
Un exemple, quand Goni [8] agonisait politiquement, l’ambassadeur des États-Unis est allé le voir au Palais du Gouvernement et à la sortie a dit qu’il mettait 10 millions de dollars à sa disposition pour le défendre. C’était de l’argent provenant des fonds réservés. Désormais, lors des visites de diplomates étasuniens, ils ne me parlent plus de ça, ils me disent : “nous respectons votre décision, nous allons appuyer votre gouvernement”. Je ne sais pas s’ils nous appuieront ou pas, mais par contre ils continuent à conspirer. Imaginez à quel point ils sont impliqués dans les coups d’État. Retirons l’ambassadeur des États-Unis, et la droite se retrouve perdue.
Encore qu’ils peuvent toujours demander les instructions depuis là-bas (depuis les États-Unis). Par exemple, ces jours-ci, Mario Cossio [9] s’en est allé aux États-Unis, il était là-bas avec toute sa famille, je crois qu’il est rentré. Est-ce que ce n’était pas pour demander conseil ? Et les délinquants vont s’échapper [10]. Ceux qui perdront les élections de gouverneur [11], certains sont très impliqués (dans des procès ?), c’est sûr qu’ils vont s’enfuir. Souvenez-vous en.
Par exemple, j’avais dit que Manfred [12] allait s’échapper, et il s’est échappé, et je regrette beaucoup que le ministère du gouvernement [13] n’ait pas contrôlé ses mouvements. Je veux être honnête, face au peuple ; comme il a des attaches, on le contrôle. Il n’y a pas d’ordre de détention parce que ça, c’est le rôle de la justice, mais c’est la tâche de l’exécutif de contrôler où il se trouve. Maintenant, à partir du moment où il s’est échappé, c’est un délinquant qui a avoué. Combien d’autres vont suivre ? L’empire des États-Unis est la poubelle des délinquants Gonzalo Sanchez de Lozada, Carlos Sánchez Berzaín [14], Ernesto Asbún [15], Alfonso Revello [16], et maintenant Manfred, et d’autres sont au Pérou. Je ne sais combien de délinquants vont s’échapper, au moins maintenant nous avons la possibilité, grâce à une loi, d’enquêter sur les fortunes indues ou suspectes, parce que le pire ennemi du peuple a été la corruption.
Cambio : Avant 2002, vous avez senti des pressions de la part de l’ambassade des États-Unis ? Quelle a été votre perception de la relation de cette mission diplomatique avec le MAS ?
Evo Morales : Je crois que les ambassadeurs ont leurs conseillers politiques, notamment économiques, et l’ambassade des États-Unis est formée sur ce modèle. Ce qu’ils m’ont dit, par exemple, en 2002, c’est que le sondage de l’ambassade des États-Unis nous donnait gagnants (pour l’élection présidentielle) et pour cette raison Manuel Rocha [17] m’a accusé le premier d’être le “Ben Laden andin” et les cocaleros [18] des talibans. Ensuite, la deuxième menace était : “si Evo est président, c’en est fini de l’aide internationale”, et finalement, emporté par ses déclarations, il a annoncé : “Ne votez pas pour Evo Morales”. Et en réponse à ses déclarations, on a vu apparaître des manifestations du Parti Communiste, du Parti Socialiste, des mouvements sociaux qui disaient “votez pour Evo Morales”, et là j’ai senti que le peuple est anti-impérialiste. En fait, tout ça nous a aidé et j’ai dit que mon meilleur chef de campagne était Manuel Rocha, ambassadeur des États-Unis.
Cambio : Je crois qu’un peu avant, l’ambassadrice Donna Hrinak vous a aussi beaucoup attaqué.
Evo Morales : C’était en 95 pendant la campagne. En 95 et 96 elle nous a pas mal attaqués durant la marche des femmes et je me rappelle qu’une camarade [19] m’a dit : “si c’est une ambassadrice, qu’elle se comporte en ambassadrice, pas en “khatera” [20]”.
Pour moi, les États-Unis ont commis deux erreurs : mon expulsion du Congrès National, exactement un 22 janvier, et je vais d’ailleurs prêter serment comme président le 22 janvier prochain (rires). L’autre erreur est d’avoir placé de force Gonzalo Sánchez de Lozada comme président en 2002. Cette fois-là, en 2002, nous étions en deuxième place. Le MNR [21], Bolivie Libre, et les cinq partis alliés, nous ont battus pour moins d’1%. Comme nous étions deuxièmes, tout près, le Congrès aurait pu nous nommer président [22]. Mes camarades parlementaires pleuraient, disaient “c’est toi qui doit être président”. Je ne voulais pas, j’étais effrayé et surpris, tremblant de peur qu’ils me nomment président. Ça a été la grande erreur de la droite et de l’ambassade. Si j’avais été l’ambassadeur des États-Unis, j’aurais placé Evo Morales à la Présidence avec la droite majoritaire au Congrès. Moi, 27 députés et 8 sénateurs. 27 députés contre 130, qu’est-ce que j’aurais fait ? Rien. L’époque de l’UDP [23] se serait répétée, quel malheur, je ne sais pas combien de parlementaires ils avaient entre le MIR, le PC et le MNRI (les partis de l’UDP). Mais la majorité était du MNR et de ADN [24], et quelques dirigeants égarés politiquement faisaient campagne contre l’UDP. La majorité parlementaire de la droite, plus des dirigeants perdus ou vendus, vivants de pots-de-vins, contre l’UDP, ça a couté 20 ans de lutte au peuple bolivien.
Quand ils m’ont expulsé, je suis parti content parce que j’avais gagné ma notoriété. En 2002 ils se sont trompés, c’est pour ça que j’ai dit, quand j’étais en train de protester en grève de la faim, “je ne reviendrai pas seulement avec quatre députés, je reviendrai avec 30, 40, 50 députés, 60”. Maintenant on a 88 députés. Je suis revenu avec 27 députés et après avec 76, et maintenant 88, représentant divers secteurs de la société, pour ces élections.
Cambio : Comment êtes-vous passé de dirigeant de football à dirigeant du MAS ?
Evo Morales : C’est historique d’avoir réussi en partant de la base. Quand j’ai commencé à être dirigeant syndical, en 88, y compris quand je participais aux congrès de la CSUTCB (Confédération Syndicale Unie des Travailleurs Paysans de Bolivie), quand Genaro Flores en était à la tête, dans les discussions on débattait du pouvoir et du territoire. Le slogan disait “Pour le pouvoir et le territoire”. Pourquoi le territoire ? Le territoire c’est nos ressources naturelles, que ce soit dans le sous-sol, le sol ou le “sur-sol”, ou l’espace, tout ça est à nous.
Quand on parlait de la terre, on parlait de la terre pour la cultiver, ça c’est la terre. Et pourquoi le pouvoir ? En tant que propriétaires millénaires de cette terre, nous devons nous gouverner nous-mêmes. Comment ? Moi, nous, on va pouvoir se gouverner nous-mêmes. Dans les années 89 et 90 a commencé la campagne pour les 500 ans de résistance indigène populaire, on parlait de l’invasion espagnole, européenne, de l’année 1492. Avant l’Amérique Latine s’appelait Abya Yala.
En 1991 j’ai été invité à Quetzaltenango, au Guatemala, pour participer à un évènement pour les 500 ans de résistance indigène populaire. Le débat était : jusqu’à quand va continuer la résistance ? Pourquoi est-ce qu’on ne prend pas le pouvoir ? Ça a été un débat important du mouvement indigène au Pérou, au Mexique, au Guatemala, en Équateur. Là bas, on a décidé la prise de pouvoir en 1992, juste 500 ans après l’invasion. J’ai organisé une marche de Sacaba à Cochabamba ; j’ai des vidéos, des photos, c’était plein de wiphalas [25]. Géniale, la marche !
En octobre, à l’occasion des 500 ans de résistance, cette volonté de créer un mouvement politique a été en partie récupérée par le Mouvement Bolivie Libre, avec à sa tête Antonio Aranïbar. Je me souviens aussi de Paulino Guarachi. J’ai passé 1992 et 1993 dans le Chapare [26] et à La Paz [27], on voulait créer notre propre parti, notre mouvement politique, mais personne n’a pris l’initiative.
De l’autre côté, Goni, pour gagner les élections, a proposé le choix zéro ??? pour le Chapare. Qu’est-ce que c’était le choix zéro ? Zéro coca, mais aussi zéro terre pour les planteurs. La proposition allait bien au-delà de ce qui était annoncé. Ils se disaient : comment ces paysans, ces indiens !, peuvent-ils avoir le contrôle du chemin bio-océanique ???, avec leur force syndicale, comment ces indiens peuvent-ils posséder des terres contenant du pétrole et du gaz ? Le même type d’expérience s’est produite en 85, quand les mineurs furent remerciés avec une compensation de 1 000 ou 2 000 dollars par année travaillée. Les mineurs ont alors abandonné leur mine.
Au Chapare, le gouvernement a dit qu’il paierait pour la terre sans donner de montant, mais la rumeur parlait de 1 000 dollars par hectare pour chasser les planteurs de coca. Ensuite, ils proposèrent de laisser la région entre les mains de huit entrepreneurs privés, depuis Bulo Bulo, qui est la frontière avec le Brésil, entre Santa Cruz et le Beni, pour cultiver cinq produits phares, notamment ananas, bananes et palmiers. Mais ils n’ont pas réussi à trouver l’argent pour la compensation et n’ont pas pu nous chasser.
En 94, ils ont essayé de nous chasser par la force au cours de l’opération Nuevo Amanecer (Aube Nouvelle). Pour résister, nous avons organisé une réunion d’urgence, et ils ont failli m’arrêter. Finalement, nous avons décidé d’organiser une marche du Chapare à La Paz. C’était un premier avertissement. Je suis parti chercher un bus, et à un moment j’ai vu s’arrêter un taxi, ils m’ont attrapé et m’ont emmené à la préfecture en ambulance. Ils m’ont emmené dans une pièce qui était un vrai trou à rats, il y avait une souris qui passait et repassait, et il y avait des puces dans les matelas.
Il n’y avait pas de couverture. Un agent m’a dit : “Vide ton sac à dos”. “Je n’ai pas à vous montrer ce que j’ai dedans”, je leur ai répondu. Finalement ils ont appelé le juge qui m’a demandé de montrer ce que j’avais dans mon sac. J’ai tout sorti. Ils se sont énervés, j’imagine parce qu’ils croyaient que le sac était plein d’argent pour financer la marche.
Cambio : Vous aviez pris des précautions pour éviter que les agents puissent trouver quoi que ce soit ?
Evo Morales : En 94 nous avons subi de nombreuses répressions, mais quelles que soient les précautions que prennes, avec un tel dispositif, il te trouvent et t’arrête, c’est imparable. Ce que j’ai appris, c’est de toujours marcher avec mes affaires sur les épaules, dans le sac à dos, quand je voyage à l’extérieur. Les dirigeants du Parti Communiste m’ont orienté et m’ont dit que l’empire ne peut t’attraper que par le côté sentimental ou en fabriquant des preuves. Parfois ils peuvent mettre les preuves dans le sac à dos. Au Pérou aussi ils ont essayé ça. Plus tard encore, quand j’étais député. Par exemple, quand je voyage en avion, je garde le sac avec moi, je garde mes affaires et je ne les envoie jamais à peser ou à la soute, jamais. Je fonctionne toujours comme ça, pour prévenir. Mais quand ils l’ont décidé, ils le font. Et qu’est-ce qui te sauve ? C’est la force sociale, le pouvoir du peuple, le pouvoir syndical. S’il n’y avait pas le pouvoir syndical, ils te manipuleraient légalement, politiquement, et une fois en prison, pourraient aller jusqu’à te liquider. Imaginez-vous, s’ils m’avaient tué au Chapare, les gens, tous, se seraient levés. Je ne sais pas combien de fois ils m’ont sauvé la vie.
Cambio : A quel moment avez-vous senti qu’ils n’arrêtaient pas de vous traquer ?
Evo Morales : En 88, j’ai accepté la direction syndicale en connaissant les risques encourus, je savais que j’arrivais à la Fédération pour servir le peuple. Je savais que j’allais laisser mes terres, mes cultures, pour aller me battre. J’étais décidé. Mais après l’opération Aube Nouvelle qu’ont lancée les agents du CEIP (intelligence policière), je me suis mis en grève de la faim quand j’étais dans les cellules de la PTJ (police) de Cochabamba. La marche a continué et après 10 jours ils m’ont sorti des geôles grâce à la force syndicale. Pourquoi je vous raconte ça ? Parce qu’ils parlaient à l’époque d’un mouvement politique. A l’arrivée de la marche dans La Paz, nous sommes entrés par la Zona Sur [28] et les gens nous ont accueilli avec de la nourriture. Impressionnant.
Grâce à la marche, nous avons signé un accord avec le gouvernement de Goni qui craignait que cette mobilisation ne se transforme en révolution. Le ministre des affaires étrangères était Antonio Araníbar. Le gouvernement a accepté de lancer une campagne internationale pour dépénaliser la coca, mais après deux semaines, Antonio Araníbar a déclaré : “La coca, c’est la cocaïne”. Alors : à quoi a servi l’accord ? Ensuite, la marche a grandi. Il y avait Felix Santos, Zenón Garcia, Gisela Ortega. Nous avons fait le bilan de la marche et de l’accord trahi. À ce moment, nous nous sommes dits que les revendications seront prises en compte uniquement quand nous serons au pouvoir. Il faut créer un instrument politique, tous ensemble. J’ai demandé qu’on fixe une date et un lieu pour le premier congrès de l’Instrument Politique de la Terre et du Territoire.
Cambio : Qui a eu lieu a Eterazama ?
Evo Morales : Eterezama, en décembre 94. Nous avons décidé par consensus que ça serait à Santa Cruz. Mes camarades y sont allés en caravanes de vélos. Je n’ai pas pu y être dès le début parce que j’étais en Europe. Felipe Sánchez, Modesto Condori y étaient. Ce sont les fondateurs du MAS-ISPS, ce qui signifie que le MAS a du sang cruceño (de Santa-Cruz [29]), car il fut fondé là-bas.
Mais un problème s’est présenté : fallait-il être à la tête de l’instrument politique, ou organiser une commission. Nous nous sommes divisés. La majorité a proposé de créer une direction, ils m’ont proposé que je sois président de cet instrument politique mais j’ai refusé. Cette charge est revenue à Guido Tarqui, et plus tard nous avons décidé que chaque organisation pouvait envoyer un représentant à la direction, parmi eux Alejo Veliz [30]. Ceux du Parti Communiste ont abandonné là l’aventure.
Cambio :Quelle était la différence avec ceux qui ont abandonné ?
Evo Morales : Eux avaient déjà leur instrument politique, pour certains c’était Condepa [31], le MNR. Nous avons créé la direction et choisi le nom ASP, pour Assemblée pour la Souveraineté des Peuples. Au Chapare, nous avons cherché des signatures, un registre de procès-verbaux, toutes les formalités pour se faire enregistrer légalement. D’abord ASP, puis IPSP. Mais la cour électorale n’a jamais reconnu la légalité d’ASP. Après plusieurs années, les gens de la cour électorale ont dit : “si Evo n’est pas à sa tête, nous allons reconnaître la légalité d’IPSP”. Pour les camarades, la cour électorale avait posé des conditions et il n’était pas question de se soumettre. Plus tard, des ex porte-parole de la cour électorale nous ont dit que l’Ambassade des États-Unis les leur avait imposées. L’Ambassade n’était pas d’accord avec la légalisation de IPSP. Comme l’Ambassade finançait la cour électorale, la cour était dépendante et soumise.
Cambio : Quelles raisons ont-ils présentées pour refuser l’inscription ?
Evo Morales : Tout simplement en disant “c’est le parti des indiens”, c’est un “parti anti-impérialiste” au fond. Les ex porte-parole m’ont dit : “Evo, je veux t’informer pour avoir la conscience tranquille”. Ils m’ont dit que l’Ambassade refusait. Mais ils avaient l’autorisation pour diviser le mouvement indigène. En 2002, j’ai négocié avec Felipe Quispe. J’étais pour que nous fassions candidature commune. Je lui ai posé la question pour la candidature à la présidence, et il m’a répondu “Non, tu ne peux pas y aller, tu es un llok’alla (gamin), ça ne te correspond pas, moi en revanche j’ai la stature pour être candidat à la présidence, je serai candidat à la présidence (rires)”. Ma proposition était de faire un sondage pour la presse, la radio, et que les gens disent quel candidat ils préfèrent. Et Quispe m’a dit : “Je suis plus vieux que toi, tu n’es qu’un llok’alla, tu pourras te présenter une autre fois. Mais cette fois-ci, ça sera moi le candidat.”
Cambio : Vous avec été déçu après cette conversation ?
Evo Morales : Non. Pour faire de la politique, il faut beaucoup de patience, mais aussi beaucoup d’instinct politique. Il était important d’y aller ensemble cette fois-là. Mais si c’était souhaitable, ce n’était pas décisif. Mais la cour a reconnu la légalité de sa candidature, et à partir de ce moment, il ne m’a plus cherché. Le MIP, le parti de Quispe, n’avait pas réuni toutes les pièces requises pour être légalisé, mais la cour a dit : “encore des instructions de l’Ambassade : approuvez, pour divisez les forces paysannes dans la campagne électorale”. Si nous nous étions alliés en 2002 (Quispe et Morales), nous aurions gagné de loin, nous avions 21% avec nos 27 députés du MAS. Avec les 4% du MIP, nous aurions atteint les 25%, alors que Goni, le MNR, le MBL et les cinq autres partis alliés ont gagné avec seulement 21%. Ils ne nous ont battu que de moins de 1%.
Les porte-parole de la cour électorale ont justifié l’approbation du MIP de manière illégale par le fait que Quispe aurait organisé des blocages [32]. Mais de cette manière ils nous ont divisés.
Cambio : Une stratégie de division ?
Evo Morales : Diviser, en effet. Parce que s’il n’avait pas obtenu la personnalité juridique, il aurait fait campagne avec le MAS. La cour a refusé cinq fois de donner la personnalité juridique à ASP et plus tard à IPSP. Le MAS, à l’époque, était un parti appartenant à David Añez Pedraza, enregistré par la cour électorale et membre de (IU) Gauche Unie, mais qui n’avait pas de militants, pas de base. Pedraza nous a offert le sigle MAS. Grâce à son aide, nous nous sommes affiliés légalement au MAS, nous avons organisé un congrès pour faire les choses dans les règles et de cette manière nous avons récupéré la propriété du MAS.
Cambio : Comment avez-vous commencé ?
Evo Morales : C’est un parti sans ONG, sans fondations. En 95 ils ont participé aux élections avec IU (Gauche Unie). A l’époque, les partis traditionnels achetaient les voix a Cochabamba, aujourd’hui non. Ils donnaient de l’alcool, des cadeaux et de la coca au paysan pour le convaincre.
Ces pratiques se répètent d’ailleurs encore aujourd’hui dans l’orient [33]. Alors à Cochabama, nous avons inventé le slogan : “recevez de la droite, mais votez pour la gauche”. Lorsque les élections sont arrivées, nous avons gagné quatre députés avec IU à Cochabamba.
En 97, avec l’arrivée de renforts de la CSUTCB, quasiment par consensus et en plein milieu de la fête, ils m’ont nommé candidat à la présidence. Au retour à Cochabamba, je n’ai pas dormi et je me suis demandé : comment est-ce que je peux être président ? Ils ne se seraient pas moqués de moi ? J’ai convoqué l’assemblée et je leur ai dit que je ne serais pas candidat à la présidence et je me suis battu avec Alejo Veliz. Pour la candidature pour être député uninominal [34], nous nous sommes battus de nouveau. J’ai accepté d’être candidat uninominal de la circonscription C-27 et nous avons commencé la campagne.
Je veux rendre hommage aujourd’hui à Herminia Mamani de Carrasco : comme on n’avait pas d’argent pour les drapeaux de la IU, qui ressemble au drapeau bolivien, la camarade a récupéré des drapeaux du MBL, auxquels elle a ajouté la couleur verte, et comme ça nous avions des drapeaux de IU. Une autre camarade, Benita Garcia, s’est faite passée pour membre du MIR et a demandé de la farine, et c’est avec cette farine que j’ai fait campagne pour IU. Autre exemple. A Uyuni, ils m’ont presque fait pleurer. Des camarades de la campagne, avec leurs habits traditionnels, continuaient à coudre des drapeaux du MAS, en plein rassemblement. C’est une preuve de comment le peuple contribue, parce que ce parti n’appartient pas à une seule personne, il appartient au peuple. Au contraire, les partis néolibéraux sont dirigés par un patron ou financés par des patrons.
Cambio : Ces explications démystifient les versions qui disent que le MAS était appuyé par des ONG.
Evo Morales : Quand nous avons commencé, il n’y avait aucune ONG, aucune fondation, aucun mécène ; le peuple finançait. Parfois quand de nouveaux dirigeants, militants ou candidats arrivaient, ils me demandaient de l’argent. Mais il n’y a aucun argent, c’est le peuple qui apporte l’argent.
En 2002, j’ai rencontré des militants de Manfred qui m’ont demandé : Quel salaire reçoivent vos militants pour faire campagne ? Je leur ai dit qu’il n’y avait rien de ce genre chez nous. Dans les partis néolibéraux, c’est le propriétaire qui finance la campagne, et ensuite, il veut récupérer sa mise en volant l’argent du peuple. C’est l’origine de la corruption, la campagne est à l’origine de la corruption, c’est de là que viennent les pots-de-vin, les cadeaux.
Au MAS, les gens contribuent, cousent des drapeaux, il y a des contributions syndicales, les gens se mobilisent inconditionnellement. Là où cette conscience fait encore défaut, c’est au Beni et au Pando, où il y a encore des achats de voix. Un camarade du Pando m’a raconté qu’avant ils achetaient les voix avec de l’alcool et de la coca, mais qu’aujourd’hui ils offrent des machettes, des haches, des tronçonneuses, et ils offrent la viande pour les grillades. C’est comme ça que nos adversaires ont gagné au Beno et au Pando, mais là-bas, on s’implante rapidement.
Parfois, au MAS, en 95 et 97, certains camarades de la campagne refusaient tout diplômé, parce qu’il y a eu des précédents d’avocats qui ont fait beaucoup de mal au mouvement paysan. Par exemple, j’ai été victime d’un avocat nommé Iriarte à Cochabamba lors de formalités concernant des titres de propriété. C’est pour ça qu’avant certains camarades disaient qu’il ne faut admettre aucun diplômé, heureusement maintenant nous rompons avec cette règle et nous construisons un tissu de représentation des différents secteurs sociaux. C’est comme ça que nous avons avancé dans ce mouvement politique.
Cambio : Quelles sont les clés de la réussite du MAS ?
Evo Morales : Le MAS-IPSP ne s’est jamais éloigné des mouvements sociaux. Jusqu’à maintenant nous nous réunissons régulièrement avec tous les dirigeants pour recevoir leurs propositions, leurs préoccupations. C’est ça le grand avantage du MAS. Et maintenant, beaucoup nous rejoignent. C’est une des clés. La deuxième clé est de toujours accepter de nouvelles propositions, par exemple la modification de la loi sur les hydrocarbures a été travaillée avec le MAS, le Pacte d’Unité [35] et des organisations comme celle des retraités. Une autre clé est de dire clairement que nous sommes anti-impérialistes, anti-néolibéraux, anti-coloniaux.
Maintenant, pourquoi est-ce que nous sommes reconnus par la classe moyenne ? Parce que nous rendons la dignité à la Bolivie. La Bolivie n’est pas n’importe quel petit pays. Maintenant, non seulement la Bolivie est attendue, mais elle est respectée dans la communauté internationale. Lors de mes premières interventions dans des réunions de chefs d’états, personne ne m’écoutait vraiment. Maintenant quand je parle, tout le monde m’écoute en silence.
Voila quelques clés pour expliquer où nous en sommes.
Pour les prochaines élections [36], c’est une nouvelle expérience. Ma devise est : “gouverner subordonné au peuple”. Il y a un seul problème qui se présente en ce moment : gagner est facile, gouverner est assez difficile, mais le pire c’est la désignation des candidats. Avant personne ne voulait être candidat, mais maintenant ils ne se font plus prier, ils se battent pour être candidats. Il y a des camarades qui n’ont pas encore compris qu’il faut être un soldat. Ces luttes démoralisent une partie des camarades. Je veux demander pardon au peuple pour ces luttes internes. Il y aura toujours des combats de personne, mais ce ne sera jamais comme dans les gouvernements de droite. Je me rappelle quand les militants du MIR et du MNR ont sorti les poings et les révolvers. Il reste encore cet héritage de l’État colonial et des partis à orientation coloniale.
Je salue les présidents du MAS, dont quasiment aucun n’est candidat. Si un des présidents du MAS fait consensus, alors il peut être candidat, mais ce camarade ne peut pas diviser ou manipuler pour être candidat. Ils ont parfaitement compris : comme il n’y a pas consensus, aucun n’est candidat. Une autre recommandation est que quand il laissera sa charge de président, il sera prioritaire.
Cambio : Dans un parti aussi grand, il est difficile de générer des dirigeants de confiance, et si vous trouvez qu’il y a un manque d’engagement de la part de certains dirigeants, c’est qu’il y a une faiblesse, non ?
Evo Morales : Je vois là deux points : les dirigeants de la lutte frontale contre les politiques néolibérales, contre le néolibéralisme sont aux responsabilités, pas tous. Et il y a ces nouveaux dirigeants, qui ne sont pas des dirigeants contre le néolibéralisme, mais qui sont des dirigeants de ce processus de révolution démocratique culturelle, et ces nouveaux dirigeants viennent du processus et ont une autre mentalité, pas vraiment avec une mentalité idéologique. Ça me préoccupe. Ils sont des dirigeants du processus, mais ils cherchent seulement les responsabilités, ils font des embrouilles, et pendant ce temps ne luttent pas.
Et ça se passe aussi au niveau international. Par exemple, après avoir écouté le discours du président sud-africain, j’ai été très préoccupé. Mandela c’est quelque chose, c’est une lutte contre la discrimination, mais les nouveaux présidents tiennent un autre discours, rarement celui de Mandela.
Je dis ça parce que, pardon si je les dérange, et bien que je n’ai pas mon mot à dire, je suis très préoccupé parce que dans cette lutte contre le réchauffement climatique, avant j’écoutais l’Afrique du Sud qui donnait une ligne politique au niveau mondial, mais aujourd’hui je n’ai vu aucune ligne politique au niveau mondial pour défendre la Terre Mère.
En Bolivie, les nouveaux dirigeants qui n’étaient pas dans les marches, dans les blocages, dans la résistance, qui ne connaissent pas les gaz lacrymogènes, les plombs, les balles, ceux-ci ont une autre mentalité, et ça me préoccupe. Nous allons régler ce problème, nous devons bien sûr régler ce problème. Mais ce sont des dirigeants du processus, engagés. Moi je n’ai pas été un des dirigeants qui ont lutté contre la dictature militaire. Mais à tout niveau, mouvement social, dirigeant, il faut garantir la démocratie et continuer avec ce processus pour empêcher tout retour à la dictature.
Cambio : Pensez-vous que le MAS puisse s’étendre à d’autres pays ?
Evo Morales : Deux choses : un, sous la conduite de l’empire du capitalisme, il y a une hégémonie du monopole du capitalisme. Face au monopole, à l’hégémonie du capitalisme, à l’impérialisme à la tête des États-Unis, il faut une rébellion des peuples, un soulèvement des peuples, contre leurs gouvernements pro-impérialistes, capitalistes, coloniaux. Avant, les différents empires, les romains, les anglais, garantissaient les démocraties ; en revanche, les États-Unis garantissaient la démocratie si les libéraux gagnaient les élections, et quand ils perdaient, il y avait automatiquement un coup d’État. Et les autorités de l’Église Catholique sont complices ; durant la Colonie et la République, ils se sont servis de l’Église.
Cambio : Comment est-ce qu’il se sont servis de l’Église ?
Evo Morales : Comment l’Église peut-elle être complice de cette domination, de ce pillage, de cette discrimination, de cette humiliation, de cette pauvreté ? Quand ils n’ont pas pu dominer par la croix, ils ont dominé par la loi, et quand ils n’ont pas pu dominer par la loi, ils ont dominé par l’épée. A La Paz, par exemple, dans une famille d’oligarques, un frère était curé, un autre frère était avocat, et le troisième était militaire. Ils existent encore à La Paz. C’est comme ça qu’ils nous ont dominé.
J’admire et je salue la base de l’Église ; dans certaines provinces le curé est comme le maire : il fait construire des hôpitaux, des écoles, il est sain, honnête. Les sœurs prient. Ensemble, avec moi, nous avons offert une ambulance.
J’ai beaucoup vécu. Quand les gouvernements néolibéraux nous ont tués, nous ont maltraités, quel hiérarque de l’Église nous a défendu ? Personne. Mais quand nous avons marché ou bloqué et approché les murs du gouvernement, alors là l’Église Catholique et les médiateurs sont apparus. Par exemple, un curé de La Paz arrivait en avion pour me faire quitter le Chapare pour dialoguer à Cochabamba, un autre arrivait pour m’emmener à Santa Cruz, devant le cardinal, alors que le peuple se levait et cognait aux portes du gouvernement néolibéral. Mais quand nous nous sommes faits tuer, il n’y avait personne.
Tout notre respect à l’Assemblée des Droits de l’Homme, ensuite est apparue la Défenseur du Peuple, Ana María de Campero. Ana Maria de Campero a plus de bases dans le Chapare. Une fois, je me rappelle, des gens étaient détenus dans un hangar de l’armée de l’air à Cochabamba, et Ana María est apparue. Elle s’est plantée là-bas pour faire sortir tous les détenus.
Ainsi, si on pense à ces luttes depuis la Colonie, avant il y avait seulement Fidel Castro qui affrontait le capitalisme, mais ensuite sont apparus Hugo Chavez, et d’autres, et la liste s’agrandit. Et ce coup d’État au Honduras est un avertissement à ceux que Bush appelle l’”axe du mal”. Pour moi, ce n’est pas l’axe du mal, c’est l’axe pour l’humanité, qui grandit, un peu partout dans le monde. De l’autre côté, le congrès du Honduras a déclaré Micheletti [37] député à vie, c’est maintenant un autre Pinochet, suivant le même style de dictature. C’est la recette de Bush avant et de Obama aujourd’hui : protéger.
Avant il y a eu plusieurs coups d’État en Bolivie. Ici, ça me convient, bien que chaque année il y ait des élections, je suis très content, que ce soit un référendum révocatoire, de ratification, sur les politiques, c’est une manière de gouverner avec le peuple. Avant, en 24 heures, il y avait trois militaires présidents. Quand j’ai fait mon service militaire, en 78, j’ai connu trois présidents en une année. Quand je suis entré, c’était Hugo Banzer, après Juan Pereda, et j’ai fini mon service sous David Padilla. Mais ça se répète aussi avec les gouvernements néolibéraux. Lors des cinq dernières années de gouvernements néolibéraux, nous avons eu chaque année un nouveau président.
Consolider cette démocratie n’est pas facile, nous sommes heureusement en train de la consolider. Ils ont tenté un coup d’État et ils ont raté, de manière démocratique ils se sont plantés avec le référendum révocatoire, et aujourd’hui le peuple valide notre action. Ce qui ne s’était jamais fait, c’est que nous consolidons la démocratie représentative mais aussi participative. C’est la conscience du peuple ; de plus avec stabilisation macro-économique, mais il faut maintenant résoudre le problème de la microéconomie, voila le défi. Nous avons pris plusieurs mesures, les allocations pour les enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes, ça nous aide mais ce n’est pas suffisant.
Si c’est ça l’expérience, pourquoi ne pas partager avec les autres mouvements sociaux. Moi je suis heureux d’avoir expulsé l’ambassadeur des États-Unis, la DEA [38] n’est maintenant plus importante. Sa participation est souhaitable, elle n’est plus décisive.
Je me rappelle, par exemple, quand j’ai été élu, plusieurs membres de la Banque Mondiale, du FMI, sont venus, et je leur ai dit : vous n’allez pas décider de la politique, c’est nous qui allons décider. Ils m’ont regardé et ils sont partis. Ensuite, ils ne sont plus apparus pendant sept mois, puis ils sont revenus et m’ont indiqué qu’ils voulaient appuyer le Plan National de Développement de Bolivie.
Cambio : Est-ce que le FMI est venu ?
Evo Morales : Ils sont venus, mais nous n’avons pas besoin de recette. La meilleure recette possible vient du peuple, organisé, que ses forces sociales soient citoyennes ??? ou syndicales. Le peuple sait quelles sont ses revendications, quels sont ses problèmes, et quelles sont ses réponses.
Alors, pourquoi ne pas continuer à avancer ? Vous savez, la base militaire en Colombie, ce même peuple va la sortir du pays, c’est l’expérience que nous avons vécue ici. Ici, un parti lié aux mouvements sociaux anti-impérialistes a gagné les élections, et aujourd’hui il n’y a plus de base militaire, et la DEA étasunienne a été éjectée.
Dans cet aéroport du Chimoré où même le président et le vice-président devaient demander la permission d’entrer à l’ambassade des États-Unis, maintenant on accueille Lula, Chavez. Avant c’était interdit. Une fois, Carlos Mesa [39] m’a invité à venir débattre sur la chaîne de télévision PAT, et il m’a dit au téléphone : “J’ai demandé la permission à l’Ambassade pour qu’un avion entre et t’amène ici pour dialoguer”. Mais comme tout était bloqué, je n’ai pas pu aller jusqu’à l’aéroport.
Je voudrais organiser une grande rencontre avec les mouvements sociaux du monde entier, non seulement pour protester contre les bases militaires, mais aussi pour récupérer, défendre les droits de la Terre Mère, qui est une autre étendard de la lutte contre le capitalisme [40].
Obama a parlé de relations de respect mutuel, une relation de pair à pair. Sous des relations de respect mutuel, on ne peut pas installer des bases militaires, ni envoyer des troupes pour tuer. Lutter contre le capitalisme c’est lutter pour la paix sociale, c’est ça notre autre combat.
Source : Cambio
Traduction : Sylvain Bruja pour Primitivi
Notes:
[1] leader indigéniste, compagnon de route de Evo Morales et d’Alvaro Garcia Linera (le vice-président, avec qui il a été emprisonné pour ses luttes)
[2] muchacho, gamin
[3] MAS-IPSP, pour Mouvement Vers le Socialisme – Instrument Politique pour la souveraineté des peuples, le parti d’Evo Morales
[4] journal basé à La Paz, de gauche et proche du gouvernement
[5] le 14 janvier 2010
[6] aussi appelée Pachamama dans toute l’Amérique Latine, elle fait l’objet d’un culte, d’offrandes, etc.
[7] bases militaires étasuniennes en Colombie, cf Colombie : l’accord militaire entre la Colombie et les États-Unis a été signé
[8] surnom de Gonzalo Sanchez de Lozada, deux fois président de la Bolivie, la dernière fois de 2002 à 2003, date à laquelle il a du fuir le pays à la suite d’émeutes qu’il a réprimées dans le sang. Il est aujourd’hui en exil à Miami, et ne sera vraisemblablement jamais extradé en raison de sa double nationalité Bolivie-États-Unis
[9] préfet de Tarija, membre du MNR, le parti de Sanchez de Lozada
[10] après la victoire de Evo Morales en décembre 2009, son principal opposant, Manfred Reyes Villa, d’extrême-droite, visé par un procès sur sa gestion de la mairie de Cochabamba, s’est enfui à Miami. L’ancien préfet de La Paz, Jose Luis Paredes, est en Argentine. De même, Marin Brankovic, un entrepreneur très puissant et leader de l’opposition d’extrême-droite de Santa-Cruz, s’est enfui au Brésil
[11] les élections auront lieu en avril 2010. Après un mandat où les préfets ont été élus, et non plus nommés, la nouvelle Constitution les remplace par des gouverneurs élus au suffrage universel.
[12] Manfred Reyes Villa. Les principaux hommes politiques en Bolivie sont appelés par leur prénom ou leur surnom.
[13] pour comparer avec la France, le ministre du gouvernement et le vice-président se partagent en quelque sorte le rôle de premier ministre.
[14] ministre de la défense de Goni, défenseur de la manière forte lors des émeutes de 2003
[15] ex-président de la compagnie aérienne LAB. Voir à ce proposl’article de Benito Pérez sur risal Bolivie : opération toges propres
[16] ex-délégué de la Bolivie à la Banque Mondiale, il était chargé de la supervision de la privatisation dans le pays
[17] ambassadeur des États-Unis à l’époque
[18] les paysans planteur de coca (plante dont on peut tirer la cocaïne, mais qui fait partie de la culture andine depuis des siècles et qui est le symbole de la souveraineté en Bolivie
[19] NdT : je traduis compañero et compañera par camarade, même si le terme “camarada” existe et désigne le camarade au sens politique
[20] vendeuse qui aime se bagarrer – en gros, poissonnière
[21] Mouvement Nationaliste Révolutionnaire, de droite, parti de Goni.
[22] avant 2005 et l’élection de Evo Morales, aucun président n’a été élu à la majorité absolue, et le président était désigné par le parlement à la suite de tractations.
En 89, Jaime Paz a même été élu président après avoir terminé à la troisième place !
[23] Union Démocratique et Populaire, une alliance de partis de gauche dont le MIR (Mouvement de Gauche Révolutionnaire) et la Parti Communiste. L’UDP a gagné les élections de 78 à 82, mais sans pouvoir gouverner faute d’accords avec les autres partis.
Cette situation a en partie mis le pays en crise économique, que n’a pas pu résoudre UDP entre 82 et 85, lorsqu’ils ont enfin pu gouverner.
[24] Action Démocratique Nationaliste, parti d’extrême-droite de l’ancien président et dictateur Hugo Banzer Suárez, et de Tuto Quiroga, qui lui a succédé à la tête du parti et à la Présidence de Bolivie à la mort de Banzer.
[25] drapeau constitué de carreaux aux couleurs de l’arc-en-ciel, symbole des peuples andins
[26] région productrice de coca, où Evo Morales a déménagé durant l’adolescence pour trouver du travail, et où il a commencé le syndicalisme avec les planteurs de coca
[27] capitale de Bolivie
[28] quartiers riches du sud de La Paz
[29] Evo Morales précise que le MAS est né à Santa-Cruz parce que c’est un bastion de la droite, que le MAS cherche aujourd’hui à conquérir
[30] candidat à la présidentielle de 2009, où il a gagné autour de 1% des voix. Bien qu’il se réclame de gauche, ses accords avec le parti d’extrême-droite de Manfred au parlement lui ont coûté la crédibilité auprès de sa base traditionnelle.
[31] Conscience de Patrie, créé par Carlos Palenque, qui fut un des premiers indigènes boliviens à se lancer en politique. Mort en 97, il fait encore l’objet d’un culte en Bolivie.
[32] une des formes de lutte en Bolivie est de bloquer les routes (pierres, manifestations, etc.) Comme la Bolivie a un réseau routier peu dense, bloquer une route est un moyen efficace de lutter.
[33] la partie est du pays
[34] député rattaché à une circonscription, par opposition au député plurinominal, qui est élu à la proportionnelle au niveau national (le parlement contient une part de proportionnelle)
[35] Regroupement d’organisations indigènes, paysannes, originaires
[36] en avril 2010, élections de gouverneurs (pour les huit régions) et municipales
[37] militaire à la tête du coup d’État au Honduras qui a eu lieu en juin 2009
[38] Administration de Respect des Lois sur les Drogues, agence étasunienne de lutte contre la drogue, soupçonnée en Bolivie (et dans d’autres pays d’Amérique Latine) d’être une force armée étasunienne sous couvert de lutte contre la drogue.
[39] président de Bolivie après la fuite de Goni, jusqu’à 2005.
[40] Evo Morales évoque surement la conférence qu’il va organiser en avril en Bolivie, comme un contre-sommet de Copenhague.